holding on to you

On le regardait avec des regards curieux, parfois moqueurs, parfois plein de pitié. Un bien piètre spectacle, le pilote sale et aux habits tachés de sang qui semblait avoir le feu aux trousses. Aziel n’avait plus aucun contrôle. Homme perdu et plongé dans une détresse qui ne lui était pas tolérable, sillons de larmes creusant ses joues, bras croisés contre son torse retenant avec tout le désespoir de la galaxie ce qui lui restait de son plus fidèle ami. Les sanglots immondes lui bloquant la gorge, visage hagard se précipitant dans les rues des bas fonds de Theed sans jamais desserer sa prise de son précieux chargement contre sa poitrine.

Rhil. Par chance, le vaisseau de Rhil était tout prêt. C’est sur ce chemin que l’adrénaline de la traque pour retrouver BB s’était évaporée. Après qu’il ait descendu sans aucun remords le reste des criminels présent dans la planque qu’il avait finalement découverte, fou d’une rage inouïe qu’il n’avait que rarement connue….. avant de retrouver les restes d’un droïde blanc et rouge déjà mis en pièce - et de tomber à genoux, mains tremblantes osant à peine toucher les pièces, l’urgence de la situation seule lui ayant permis de se secouer, se remettre suffisamment d’aplomb pour faire quelque chose.

Ce n’était qu’à cet instant, en route vers la seule personne à laquelle son esprit tétanisé pouvait penser, qu’il avait commencé à se décomposer sous l’effroi que lui inspirait une vie sans celui qui était la seule famille qu’il avait. Une souffrance même physique alors que son estomac se tordait violemment à cette idée qu’il ne pouvait concevoir, qu’il ne pouvait accepter. Le silence de son communicateur interne était assourdissant. Il n’avait cessé de l’appeler, désespérement - en vain.

“RHil” C’est à peine un cri qui s’échappe d’entre ses lèvres, son aigü et brisé par les sanglots le secouant comme un enfant alors qu’il débarque dans le crius. Quelle fierté ou contrôle pouvait-il avoir, à cet instant? Quand il se retrouvait justement aussi seul que des années auparavant, dans la chambre crasseuse gracieusement donnée par Kapak. Il ne sait même pas s’il reste quelque chose à faire. Il se voit déjà à devoir vivre sans lui. Ses sanglots étranglés, cependant, furent suffisant, pour que C1 et Rhil se rendent compte de sa présence. C’est une crise de panique qui manque de l’étouffer alors qu’il peine à trouver son oxygène. “please help-plea-se” Ses propos sont incohérents, alors qu’il est secoué par les larmes et que ses bras ne desserrent pas leur prise comme si, s’il le faisait….. “Th-they --he-- BB” … c’était la fin de tout. “dis moi que- que tu peux - you’ve got to- fix him” spasmes des sanglots incontrolés.

Il n’y avait rien de bien raisonné dans son comportement. A vrai dire, BB était peut être mort depuis qu’il l’avait récupéré quelques instants plus tôt dans ce repaire de criminels. Il manquait tant de pièces. Tant de choses semblaient abimées. Il ne l’entendait plus via son communicateur interne. Il ne lui répondait plus. Mais Aziel n’était pas quelqu’un qui baissait les bras facilement, et surtout, il était tout simplement impensable pour lui de penser à cette alternative. Et bien qu’il ne pouvait faire autrement, que cette idée le hantait, il s’était déplacé avec l’énergie du désespoir jusqu’au Crius, pour demander de l’aide à la seule personne qu’il connaissait qui pourrait sauver son droïde, et, surtout, la seule personne capable d’une telle chose, et, en laquelle il avait confiance. Il lui confierait BB les yeux fermés.

C’était, en tout cas, et dans les faits, ce qu’il s’était toujours dit. Mais maintenant qu’il se retrouvait à serrer contre lui les restes d’un droïde qui représentait tant pour lui, au bord de la crise d’angoisse, il était difficile de lâcher prise, de l’abandonner aux mains de quelqu’uns d’autre, son ami, son BB, son fidèle compagnon. Mais, finalement, Rhil prend sa grosse voix et Aziel s’exécute. Lui ne peut plus rien. Lui n’est pas en état de faire grand chose, alors qu’il tremble comme une feuille. Ses yeux rivés sur les gestes de Rhil, ceux de C1, qui s’activent, qui fouillent, qui testent. Son communicateur interne reste complètement silencieux. Et puis, finalement, Rhil qui s’arrête, qui le considère gravement, et son coeur qui se brise. Le couperet tombe - une voix aigüe qui s’étrangle de contestation, de refus, alors que l’air manque. “comment ça tu-” Son ami le coupe, continue dans sa lancée en se remettant en action, Aziel l’observe et l’écoute et sa tête lui tourne, il a envie de vomir. Mais il se raccroche autant qu’il peut à ses mots, à ce petit espoir, il s’en fiche, lui, de l’aspect physique de son ami, s’il lui revient. La diode qui s’allume le fait trembler, il se raccroche brutalement au bord de la table. Un silence, l’espèce de deux secondes. “BB veut être un androide” Il exhale, les sanglots toujours coincés dans sa gorge. “il m’a demandé y a quelques années, j’ai pas - je- tu pourrais?!!! - et Gen et Fives?” Ses propos sont décousus alors que la panique de la situation lui tord le ventre “ils ont des morceaux non? ou ou des corps vides je crois” l’urgence se rappelle à son bon souvenir et lui permet de se mettre en action,suivi de près par Rhil et C1.
*
Ils ont volé une plateforme dans les rues de Theed - Aziel n’est pas encore en état de regretter ou de culpabiliser par rapport à ce geste, mais se promet de faire amende honorable plus tard. Il n’y a eu aucune hésitation de sa part. Il pourrait faire n’importe quoi, pour BB. Ils filent à une vitesse loin d’être recommendable et autorisée en dehors de la ville, dans la zone canis majoris, jusqu’à la ferme aux Banthas des Vod’ika et leur atelier clandestin; ayant prévenu leurs amis de leur venue dans un holocom urgent détaillant la situation. Les yeux d’Aziel rivés sur la diode clignotant doucement dans ce qui reste de son ami.

Holding on to you Les banthas broutaient paisiblement à l’horizon. La Zone Canis Major était calme et paisible. La ferme, immobile, paraissant presque inoccupée. Gen et Fives étaient dans l’atelier, une arrière-salle construite au fond de la grange, aux murs encombrés de casiers et de pièces détachées. Outils, membres cybernétiques, silhouettes immobiles. Cela aurait presque eu l’air macabre si ce n’était le soin et l’attention que les occupants des lieux leur prêtait.
Le couple était assis de part et d’autre d’un moteur, Gen nettoyant soigneusement les pièces que Fives démontait et lui donnait. Gen à son tour les passait aux jumeaux, qui les rangeaient aux emplacements appropriés avant d’en ramener les pendants fonctionnels à Fives, qui les remplaçait enfin sur le moteur. Une routine silencieuse et bien huilée. Late, déplaçait par moment une pièce que les jumeaux avaient mal rangée dans leur précipitation. Hip-hop, sur l’épaule de Gen, éclairait de sa lampe les pièces qu’elle nettoyait, tout en diffusant la musique qui passait sur Theed holonet, auquel il s’était branché. Gen et Fives relevèrent le nez quand le droïde coupa le son.
Hip-hop : Beedeebeep beep beep. *
Gen: C1 ?
Fives : Play it.
L’hologramme de C1 leur apparut, ses signaux stridents et déformés. (par la fréquence ? par la panique?) Au milieu des alarmes et des jurons, ils reçurent cependant très nettement les éléments importants de la communication.
C1 : Warp warp warp-wa-warp.  Warp warp warp-wa-warp. Wa-warp wa-warp wa-warp. Wa-wa-warp warp ! **
Gen et Fives échangèrent un regard. Comme du temps de Mandalore, ils n’eurent qu’à trouver dans le regard l’un de l’autre la détermination qui leur était propre. Et ils se mirent en action comme un seul homme. Sans un mot, ils agissaient en parfaite coordination, s’aidant l’un l’autre, leurs actions se complétant à une vitesse effrénée. En un rien de temps, le plan de travail avait été dégagé, le moteur à réparer mis de côté, les outils rangés et ceux estimés probablement nécessaires alignés avec une précision chirurgicale.
Late, à qui Gen avait demandé de retourner à la maison, était à mi-chemin quand la plateforme déboula dans un nuage de poussière. Mais ce fût le nuage de désespoir débordant d’Aziel qui la prit à la gorge, l’empêchant de respirer. Il lui fallu un moment pour s’en protéger et se remettre, moment que saisit Fives pour guider Rhil, C-1 et ce qu’il restait de BB à l’intérieur de l’atelier. Hip-hop, à pas incertain et délicat, passa du bras de Gen à celui d’Aziel, et monta peu à peu sur son épaule, observant les traits du pilote de son petit objectif inquiet.
Gen, ayant retrouvé le calme paisible et stable omniprésent dans la Force, pénétra à l’intérieur de l’atelier avec un certitude et une confiance rassurante. Sans se mettre sur le chemin de Fives ou Rhil, elle s’agenouilla devant les pièces de BB et posa deux doigts délicats sur sa carte mémoire. Les yeux fermés, elle déploya sa technopathie à la recherche du droïde. Elle parcouru les circuits comme un labyrinthe de couloirs froids, sombres et désertés. A la recherche d’un bruit. A la recherche d’une lumière. La lueur était ténue, fluctuante, faible.
Gen : BB…
C’était à peine un souffle sortit de ses lèvres, mais la lueur se fit plus lumineuse, plus stable. La fermière suivait les signaux électrique, sa conscience passant d’une pièce à l’autre. Enfin, une présence, une conscience.
Gen : I’ve got him.
Signal que les ingénieurs pouvaient passer au travail. Quoiqu’ils fassent, quoi qu’il se passe, elle s’assurerait que BB tienne le coup.
Sur l’épaule d’Aziel, Hip-hop émit quelques signaux qui se voulaient rassurants.
Hip-hop : Bee-dee-beep. Beep beep beep. ***

Droïds translated:

VOSTFR:

Petit objet mécanique où se mêlent le rutilant et l’ivoire, maculés par la terre, la crasse des années à rouler sur les chemins embourbés dans lesquels il se fichait lui-même, suivant indéfectiblement comme un toutou les pas d’Aziel, le sauveur d’une vie presque envolée. Quarantes années, comptées à la manière des hommes de Theed, à traverser des galaxies lointaines, dont plusieurs sont effacées de sa mémoire. BB n’est, à l’origine, qu’un pauvre tas de ferraille récupéré sur un tas plus immense encore que le grain de sable qu’il fut. Les morceaux recollés, les pièces ressoudées après avoir pris le temps de s’endormir lentement, jeté par son créateur, Bedee B-K4 avait eu une belle vie finalement. Il avait été sauvé, rafistolé, pour passer le reste de sa vie libre, mais devenant d’une certaine façon le boulet au pied d’Aziel et Aldder. Un boulet dont on aimait se servir parfois pour le refaçonner à la manière d’un objet bien plus utile dans le cas des missions.
Puis, quand il était à nouveau inutile, il redevenait boulet.
Mais Bedee B-K4 n’a toujours été qu’un programme logique dont les sentiments sont une notion abstraite et incompréhensible, qu’on cherche à lui expliquer ou non. Il n’a jamais vraiment trouvé de sens dans les choix du coeur de ses compagnons de route, pas plus qu’il ne comprenait le lien qui pouvait unir deux humains ; il s’agissait seulement de faits.
Au fil des années, Bedee était devenue plus qu’un unit rouge et blanc, roulant dans le désert. Il était subitement devenu un ami, un allié - bien qu’il n’en comprenne pas le sens. Il faisait les choix raisonnés et logiques pour son équipe, il apprenait aux dépens de celle-ci à parfois tenter de faire preuve de sentiment, de cœur et moins de raison. Mais il n’y parvenait toujours pas.

Ce jour-là, il avait souhaité faire un choix on-ne-peut-plus raisonné ; un choix de protection de son équipe qui l’avait mené à sa perte. Un foutu programme qui faisait rouler les larmes le long des joues d’Aziel, maintenant les morceaux de ferrailles à bout de bras. Après tout, BB avait commencé tas de ferraille, il finirait tas de ferraille et il le savait. C’était déroutant, néanmoins, à quel point un tas de ferraille avait un impact sur le coeur d’un homme. Un impact insoupçonné jusqu’à ce qu’une âme s’empare de son être enfin vivant ; un être devenu semi-mécanique, semi-humain. Un cyborg, peut-être, même si c’était exagéré.
Le plus fou dans cette journée, c’était le black-out. Un arrêt sur image au moment où sa boule métallique s’endort sous les coups reçus, pour se réveiller soudainement avec une sensation étrange mué par une vague de sentiments incompréhensibles. Il n’avait aujourd’hui plus rien d’un robot aux choix logiques et raisonnés. Il était devenu un presqu’homme au coeur mécanique et aux choix irrationnels. « Qu’est-ce que c’est que ce bordel ! » C’était les premiers bip-bip qu’il s’apprêtait à débiter, pour se rendre compte qu’un certain langage venait de quitter sa bouche. Perturbé par la situation, Bedee eut le réflexe humain de se redresser en position assise pour contempler son environnement. Le fait le plus marquant ne fut par les personnes présentes autour ni même l’air carrément stressé d’Aziel qu’il n’a que lorsque des choses importantes arrivent, mais l’impression d’avoir deux caméras aux images retournées. Un paysage différent de ce qu’il est censé obtenir avant que l’image ne reprenne son orientation compréhensible.
Un réflexe, à nouveau, le poussa à venir tâter ses globes oculaires particuliers, très différents de ce qu’il possédait encore quelques secondes plus tôt - si seulement c’était vrai. Le black-out ne l’avait pas non seulement endormi mais il l’avait aussi complètement désorienté, comme s’il avait cligné des yeux. Au premier clignement, il prenait un coup dans le hangar, au second, il se réveillait dans un corps qui n’était pas le sien. « Qu’est-ce que c’est que ce putain de bordel ! » se répéta-t-il comme pour lui-même, constatant au même moment la présence de mains, reliées à son corps par des coudes et des épaules. Il avait la même anatomie qu’Aziel ! L’idée eut du mal à s’immiscer dans sa tête, mais une fois grimpée dans son cerveau artificiel, le visage déformé par les grimaces perdues de Bedee se muèrent en un sourire jusqu’aux oreilles, traduisant une joie intense. « Putain, Az’, t’as accep … » Il aurait aimé terminer sa phrase, mais le sol était trop surprenant pour lui permettre de terminer. Dans la tentative de se mettre debout pour aller prendre son ami dans ses bras et le remercier, Bedee venait de se confronter au fait qu’il n’avait encore jamais réellement marché avec son nouveau corps. « Je suis un androïde les gars, un putain d’androïde ! » Comme si la chute avait été anodine, elle avait déjà été écartée de ses pensées et il les regardait de ses yeux hagards, assis par terre, le visage d’un gamin découvrant le monde. Puis, subitement, comme un éclair de génie le traversant, Bedee perd son sourire et tout le reste de son visage se décompose. « Ça n’a rien d’une putain de soirée d’anniversaire. Surtout que c’est loin d’être maintenant - si vous m’avez pas endormi pendant des moins bande d’insensés ! » Ses yeux effarés roulèrent jusqu’à ceux d’Aziel. « Az’ … Az’, c’est quoi ce bordel ? Depuis quand, du jour au lendemain, t’accepte que je devienne un androïde ? Qu’est-ce qui m’est arrivé ? » Et pourtant, au fond de lui, il savait déjà. Il savait qu’il avait, à nouveau, été réduit à un tas de ferraille. Et qu’à nouveau, Az l’avait sauvé d’une mort certaine.

Don’t worry. C’est ce que hip-hop lui avait communiqué, avec son code binaire. Don’t worry. Bien sûr, l’intervention était adorable. Elle était pourtant sans aucun effet sur le pilote qui regardait les ingénieurs s’affairer dans l’urgence mais avec une précision chirurgicale - c’était le cas de le dire - et un calme olympien. Gen était là, elle restait en connexion avec l’âme de son fidèle compagnon, de son ami. C’était sans doute la seule chose qui lui permettait de ne pas s’écrouler, à Aziel. BB était encore vivant. Il était encore là, conscient, quelque part. Il ne pouvait pas baisser les bras, il ne pouvait pas se laisser aller, jeter l’éponge alors même que son droïde était en train de lutter, de tout ce qu’il restait de lui, avec toute la force qu’il avait - il en était certain. Alors, il gardait le contrôle, plus ou moins. Les secondes étaient passés avec une lenteur insupportable. A vrai dire, il ne se savait pas combien d’heures s’étaient écoulées. Il avait perdu la notion du temps. Il ne pouvait penser à rien d’autre, qu’à BB sur cette table d’opération improvisée. Il lui était impossible de penser à autre chose. Il n’y avait plus que lui, de leur famille, de sa famille. Aziel avait commencé par faire les cent pas. Il avait bien failli quitter la grange, un moment, mais il s’était ravisé; il ne pouvait pas quitter cet endroit, pas tant qu’il ne serait pas certain que son droïde allait définitivement s’en sortir. Il s’était assis à terre, le dos contre le mur, le visage enfoui dans ses mains à lutter contre des crises d’angoisse. S’il avait eu de l’opiacé cosmique ou de la poudre de lune, sans doute n’aurait-il pas été suffisamment fort pour lutter contre la tentation. Il s’était redressé. Il avait pleuré, beaucoup. Il s’était fait engueulé par Rhil- ou était-ce Fives? Ou C-1? Ou les trois, sans doute. Il avait fixé les opérations avec une intensité lourde. Il avait évité de regarder pendant si longtemps, en y étant toujours irrémédiablement ramené. Il avait repris ses cent pas.

Et puis soudain, la voix de son ami qui résonne dans le silence comme une déflagration à ses oreilles. «-Aziel !» Il retourne la tête, brusquement, du mur qu’il observe depuis - depuis il ne sait pas combien de temps, pour voir Rhil s’écrouler sur la paille. Son regard se pose, avec précaution, sur le corps humanoïde qui repose sur la table de fortune. Dans sa poitrine, le coeur bat à tout rompre - trop vite, trop fort c’est douloureux. Il a la tête qui tourne. Il se rapproche avec lenteur, hagard et hébété. Le torse de l’androïde se soulève avec calme et précision. Il y a un silence assourdissant, pour ses tympans. « Qu’est-ce que c’est que ce bordel ! » Il y a un sursaut, dans le corps d’Aziel. Les yeux sont rivés sur le corps de l’androïde. Son visage, maintenant, alors qu’il se redresse. Aziel y cherche les traces de BB-K4. Il n’en voit aucune, bien sûr. Il n’y a plus rien de la bb unit blanche et rouge, ou de sa petite tête et son petit corps ronds. Il regarde, un peu stupidement, alors que l’humanoïde s’examine sur toutes les coutures et continue de jurer - la chose est un peu rassurante, au fond. BB avait beau communiquer en code binaire, les jurons c’était son fort. La chose reste si étrange, néanmoins. Aziel a l’impression de faire à un inconnu. Son droïde n’est plus vraiment son droïde. La tête lui tourne. Il est épuisé.

Soudain, l’androïde l’appelle par son surnom, puis s’écroule, Aziel amorce un mouvement, puis s’immobilise alors que l’humanoïde reste assis par terre et continue de parler - rien de grave, il semble juste avoir perdu l’équilibre. Et puis il se fait appeler, de nouveau, les mots se déversent d’entre les lèvres de cet homme à terre, qui le regarde, lui, et Aziel tremble un peu, sous le choc. Est-ce vraiment lui? Il se rapproche, lentement; et s’agenouille à terre en le fixant, sans un mot, un instant. Il a l’émotion coincé au creux de la gorge. « BB? » Il appelle, avec hésitation. Sa main se lève pour venir lentement agripper son bras. « est ce que c’est vraiment toi? » L’émotion remonte à son regard. Il a toujours refusé, en effet, que BB devienne un androïde, trop cher, et surtout, surtout, trop dangereux; il craignait que son druide perde la mémoire, ou pire. Mais le risque, bien sûr, a été pris ce jour là. « I’m sorry BB they got you and - je suis arrivé trop tard » Il déglutit, le coeur battant avec force, un peu douloureusement sous l’angoisse. « Est-ce que… est ce que ça va? »