... the sun will shine on us again (azurus, flashback)

the sun will shine on us again

@Aziel Osrick

Le mauvais temps, celui des ruminations, la brouillasse qui ternit le paysage et renforce la grisaille sur son teint, dépossédé de toute chaleur depuis longtemps. Des cernes aussi noires que les nuages. Il n'a pas beaucoup dormi, le sommeil  léger comme une plume sur son oreiller, à fixer le plafond comme une peinture aux motifs fascinants, tendre l'oreille tel un mélomane au moindre son. La ville elle aussi est insomniaque. Arcturus pense encore à Addler, chaque nuit depuis l'annonce de son décès. Martelé par ses pensées, il n'est plus là. Addler est parti, aller sans retour possible. Il est étrange de parler de lui au passé, le garder vivant au travers de ses réminiscences, pour mieux remuer son absence par l'absence de réponse. Cela fait un peu plus d'un mois que le manège dure. L'appétit récalcitrant du pilote aux abonnés absent, il trouve du réconfort ailleurs, sa manière à lui de gérer la nouvelle. Surréaliste. Rien n'a changé, les heures vont et viennent, l'ennui le guette à chaque coin de rue, les souvenirs sont intacts et quand il les rejoue, il a l'impression que c'était hier. Hier, Addler était vivant. Il n'en a définitivement pas suffisamment profité. Lui tout craché.

Il se dit parfois que ça aurait pu être Az à sa place. Il  triture du bout des doigts le pendentif de son père, envisage ce scénario et se pince les lèvres, manque de foncer dans un passant qui s'écarte en grommelant. Dans sa vie, la mort à une place particulière. Elle est joueuse, elle a fauché nombre de ses concurrents, il a dansé avec elle quelques temps. Le coeur artificiel qui bat dans sa poitrine lui rappelle qu'il vit en équilibre, sans prendre part au conflit. Elle est comme la foudre. Révoltant d'imaginer un seul instant qu'elle puisse s'en prendre à l'autre moitié du duo, qui n'en est plus un.  Le deuil est un étrange mécanisme. Au lieu de pleurer, Arcturus n'est que plus révolté. Cette inquiétude rampante qui a motivé son geste. Contacter Aziel et lui proposer de se voir, sans avoir à attendre la prochaine rencontre hasardeuse, orchestrée par un destin qui croise leurs routes quand ça l'arrange. Prendre le taureau par les cornes. Il est une constante dans sa vie, la seule. Depuis qu'ils sont gamins.

Arcturus l'a vu grandir. Se métamorphoser en l'homme qu'il est aujourd'hui. Vieillir aussi, sans y être préparé. Réaliser un matin en lui souriant qu'il y a de nouvelles rides, les éternels enfants jouent dans leurs coeurs, mais le temps a fait son oeuvre. La dernière chose dont il veut être témoin, c'est son trépas à lui aussi. Le pilote a choisir un endroit neutre, un bar d'ambiance intime, neutre. Il arrive en retard, les mains dans les poches qu'il laisse vagabonder uniquement pour prendre Aziel dans ses bras. « Comment tu te sens ? » Il met les deux pieds dans le plat. Les retrouvailles ne sont pas sa tasse de thé. « Tu prendras quoi ? J'offre. » L'argent son seul levier, il n'a aucun moyen de le réconforter, pas dans ses cordes. Sa vision du bonheur est artificielle et commence par sa richesse. Il l'étale sans honte devant son compère, sans retenue, c'est une habitude, un peu comme respirer. Ses vêtements froissés ne payent pas de mine, pourtant ils viennent d'une boutique bien trop onéreuse pour ce qui est proposé.  

the sun will shine on us again

@Aziel Osrick

Arcturus lui est redevable de ne pas mentir sur ce qu’il ressent. C’est plus facile pour lui, alors, d’accepter qu’il est aussi vidé, comme passé dans un compresseur. Il a l’impression de voir le temps défiler comme des courses qui s’enchaînent, sans qu’il ne puisse se reposer. Dans le même temps, il est incapable de s’arracher à cette folle adrénaline dans ses veines, ce besoin de garder son esprit accaparé, ce rush constant qui le maintient au bord du précipice. Il se doit de rester fort pour lui même et pour Aziel dont il ne peut qu’imaginer le mal-être. Il n’est pas dans les habitudes du pilote de faire preuve d’autant d’empathie. La douleur de l’autre homme est palpable, il peut presque la toucher du bout des doigts, ressentir cette électricité quand il presse son épaule de manière réconfortante. Sa petite personne qu’il chérit avec tant d’amour et tout ce qui lui importe dans cette galaxie. Pourquoi s’attacher aux autres, ils finissent toujours par partir, lui même a foutu le camp. La mort est une vieille amie dont on ne peut jamais se séparer, les personnalités qu’ils fréquentent toute plus fausses les unes que les autres. Et on critique les androïdes et leurs émotions robotisées alors que dans le fond, ne sont-ils pas pire ?  Menteurs comme des arracheurs de dents. Il ne peut nier l’attachement qui continue de grandir pour son acolyte. Il peut se défendre autant qu’il veut, prétendre que c’est son statut de pilote qui lui donne autant d’importance, leur amitié est enracinée plus profondément. Arcturus ne la trahira jamais. Il n’est pas courageux pour un chromium, si il doit donner sa vie pour une seule personne dans cet univers, ce sera Aziel.

Toujours là pour lui. Toujours là pour le ramasser. Trop tard pour l’abandonner, si il avait voulu le faire, il aurait dû des années auparavant. Il est responsable du gamin qu’il a aidé dans sa fuite. Sauvé de lui même. « J’y pense tout le temps. Avoue t-il. Il commande une liqueur cosmique et s’accroche à son verre quand le droïde leur apporte leurs boissons. « A Aldder. » Qu’il trinque. Il ne trouve pas la force de tremper ses lèvres dès maintenant. Connaît trop bien sa descente et la vitesse à laquelle il va s’accommoder à la douce embrassade de l’alcool. Il veut rester sobre, encore un peu, pour dire ce qu’il a à dire et écouter les confidences de son partenaire. Si ça ne tenait qu’à lui, Arcturus lui proposerait de partir loin de tout ça. Loin d’ici. Il peut leur trouver une jolie villa sur une planète paradisiaque. Du temps pour eux, ne plus penser à rien. Aziel est plus droit que lui, il l’a toujours été, tellement plus fort même si il ne s’en rend sans doute pas compte. Ce sont les êtres les plus résistants qui paradoxalement sont les plus simples à briser. Il ne le mérite pas. Le pilote nourrit seul dans son coin l’hypothèse d’un nouveau départ.  Ni lui, ni l’autre ne seront capable de quitter ce qu’ils sont. « Et toi  le travail, ça se passe bien ? » Tentative de sourire, de s’intéresser. Il ne prend pas parti. Refuse de s’engager sur ce certain...Il a l’ange Aziel sur son épaule et le démon Lyham sur l’autre. Arcturus est comme ça, il s’écoute lui, au grand dam des deux entités, bien et mal. « Rien d’excitant de mon coté. La saison se termine, je suis toujours le meilleur. » Ricane, fier comme un paon.  « A deux doigts de prendre des cachets pour dormir. » Il soupire et s’affale contre le dossier du tabouret. Le jour et, soudain, la nuit. « Je t’interdis de replonger. »

Quand on cherche on trouve toujours un exutoire. Surtout dans de telles circonstances. Plus simple de trouver les ressources pour fuir cette réalité que celles nécessaires pour l'affronter. Mais, ce n'est pas de la faiblesse, c'est vouloir s'épargner une douleur qui n'est pas supportable. Qui aime souffrir ? Arcturus se sent mal de devoir lui faire la morale alors qu'il a sombré depuis longtemps, qu'il est le premier à encourager des malheureux pour amasser un pactole. Il n'est pas un cas d'école. Fuit ses problèmes plus vite qu'il décroche la victoire, n'y connait franchement rien à la peine. N'a pleuré aucun membre de sa famille, l'a effacé sans que ça lui fasse quoi que ce soit. Des inconnus qui ne profiteront jamais de sa gloire, alors qu'ils ont sans doute plus besoin de ses richesses. Il en connait un rayon, la haine de soit même, la fatigue. C'est devenu comme une habitude pour lui, matin, midi et soir, sa dose quotidienne d'adrénaline puis de synthèse pour que son cerveau soit capable de lui faire ressentir quelque chose. Dépravé, débauché. Aziel est tellement plus glorieux que lui, il ne veut pas voir cette lueur s'éteindre chez lui. Il est tellement courageux, il ne le sait même pas. Arcturus fait tourner le contenu de son verre comme une liqueur précieuse, même si ce qui se vent ici est sans doute coupé et l'avale d'une traite. Au début, il grimaçait, maintenant, il fait ça comme les grands bandits. C'est ce qui l'aide à maintenir la face, faire semblant, tellement habitué à croire ses mensonges qu'ils deviennent sa réalité. Parfaitement satisfait de la tournure pathétique qu'il prend. Il faut des héros.
Il n'a jamais voulu en être un.
Alors ça, c'est le job d'Aziel.

« Tu parles de ce que je pense ? » Tentative de ne montrer aucun jugement. « Evidemment, tu n'es pas du genre à prendre des vacances. » Pourtant, dans son regard, il y a une lueur - de la déception ?  de l'incompréhension ? de la pitié ? - et si c'était tout à la fois ? De la colère contre l'existence même qui n'a pas envie de foutre la paix à son ami, leur foutre la fin car ils sont un tout quand ils sont ensemble. N'a t-il pas suffisamment souffert par le passé ? Ce n'est pas juste. La vie est injuste. Il le constate chaque jour, s'enrichit sur des malheureux, des pauvres qui préfèrent s'endetter. Pour cette raison, Arcturus ne cherche pas à rejoindre l'Empire ou une Alliance obscure. Au diable les institutions. Il plonge ses doigts dans les boucles d'Aziel et masse son crâne du bout des doigts. La chaleur humaine est la seule chose qui vaille quelque chose. « Don't make me lose you too... » Il croasse, fatigué, las. Il est prêt à promettre de ne pas recommencer pour que lui non plus ne soit pas tenté. Croix de bras, croix de fer, si il ment, il va en dans un enfer pire que celui sur terre. « Je vais pas te laisser tomber. Ton droïde à coté c'est une partie de plaisir. » Dans tous les sens du terme. Il ne le laissera ni s'écrouler si retomber dans ses vieux travers. Parce que c'est lui, autrement, il aurait baissé les bras depuis longtemps, prit la poudre d'escampette pour vivre son deuil tout seul et ne pas devoir porter la tristesse de quelqu'un d'autre. Il n'a même pas besoin de se forcer avec lui, c'est naturel. C'est une telle évidence. Il le voit encore comme le gosse avec son vaisseau et lui qui lui donne des conseils et le voit capable de devenir meilleur que lui. La fierté de celui qui apprend. Lui qui a horreur d'être dépassé, qui veut toujours rester le maître incontesté. Il veut tout lui donner. Il vendrait tous ses biens si ça pouvait ramener Aldder... « Ne t'en fais pas pour moi, je gère, je suis pas tout seul à la maison. Ce connard d'androïde me laissera pas crever hélas.... » Il renifle avec mépris, se redresse sur son siège. Prend de la hauteur, c'est lui l'aîné du duo. Celui qui n'a pas le droit de baisser sa garde. « Tu sais ce que c'est : une solution temporaire à un problème qui ne l'est pas. Et après, t'as un problème supplémentaire... » On repassera pour la délicatesse, c'est la pure vérité. Elle est pire à avaler que le plus fort des alcools. Là dessus, il commande un verre de plus en entame sa lente décadence. Il y a une chose dont ils ne vont pas se protéger, ce sera la cuite monumentale qu'il regrettera demain. Il trouve ça plus festif que la poudre.

Dire qu'il n'approuve pas est un euphémisme. Il ne fait aucun commentaire, le pilote est assez vieux pour prendre ses responsabilités et Arcturus ne peut le changer. Ce n'est pas son rôle, il peut lui donner des conseils, son avis sur la question, Aziel en fait ce qu'il veut. Si il décide de rester sourd à ses complaintes, pleurer plus fort n'y changera rien. Ce n'est pas baisser les bras, c'est accepter que les individus autour de lui prennent leurs décisions seuls comme il sait camper fièrement sur ses positions. Seul il choisit son destin, mais cela ne veut pas dire qu'il doit être seul sur le chemin qu'il a choisi d'emprunter. Ce qu'il peut faire, c'est être là pour l'empêcher de trébucher, surveiller ses arrières et lui rendre la tâche plus agréable. Repousser l'inévitable, ce qui lui pend au nez. Après ce soir, Aziel sera déterminé pendant quelques mois et après ? Arrivera un moment où il sera à court d'argument, lui le premier qui trouve du réconfort dans la drogue. Ne lui reste plus qu'à prier. Prier pour qu'Aziel se trouve un nouvel objectif, qu'il se raccroche à sa rage si ça l'arrange. C'est ce qui rend vivant. Arcturus n'est plus en colère depuis longtemps, il est terriblement las de tout et c'est là le danger, quand plus rien ne peut vous atteindre, surtout quand on a goûté à l'extase. « Tu dois être en forme pour le venger. » Un bon ami lui dirait sans doute que faire couler le sang n'y changera rien, que cela ne suffira pas pour le ramener. Rien ne le peut sinon les souvenirs. Arcturus n'est pas ce bon ami, il est cet ami qui a une vision réaliste des choses et plus cruelle. Une vie pour une vie, c'est ce qui lui semble juste rétribution. Lui aussi a perdu un frère. Il espère ne pas en perdre en autre, même si vie est dictée par les pertes. Il est tellement habitué à voir les gens s'éloigner, disparaître, qu'une part de lui a refoulé la souffrance de la mort d'Aldder pour rendre l'information plus supportable. Quand il l'imagine trop fort, il réalise que les détails de son visage s'efface et qu'il finira par l'oublier, lui et la peine, comme les autres avant lui, alors qu'Aziel ne s'en remettra jamais. Il ne sait pas lequel des deux est le plus à plaindre. C'est le moment où il perd le compte de ce qu'il commande et e noie dans les brumes savoureuses.

« Change toi les idées autrement... paye toi quelqu'un...apprend une langue » Plus facile à dire qu'à faire. Il est là le piège, il peut sortir le nez des substances, il n'arrivera jamais à se défaire de la douleur constante, parce qu'il ne voudra pas le laisser s'en aller. Lui a Wazn pour compenser, combler le vide. Se présenter comme une présence rassurante, comme un époux qui l'attendrait après son travail pour le prendre dans ses bras et lui faire oublier le monde extérieur exténuant. Wazn ne lui a rien fait et c'est peut-être ça le problème, dans le fond. Il aimerait avoir une bonne raison de le détester. Le mépriser. Les clichés contre les androïdes sont ancrés profondément en lui, il ne s'attendait pas à devoir se remettre en question, faire face à ses propres doutes. Tout ce qu'il voit, c'est un être comme lui, capable de ressentir des émotion et ça l'effraie. « C'est juste un robot sophistiqué Az'. J'ai connu meilleure compagnie.   Qu'il marmonne, lui même assez peu convaincu par ses propos. Ce n'est pas le sujet, pas la priorité. Il évite de porter l'attention sur lui dans ce genre de moment, le seul instant où il ne rêve pas des projecteurs sur son visage. Il veut que ce moment leur appartienne à eux pour toujours et qu'ils restent ces deux enfants malmené par la vie, qui s'entraident au lieu de se bouffer comme des fauves. Son agent lui a apprit à se méfier de tout le monde, trahir, mentir, déformer la réalité pour lui donner le visage qui lui plait, saboter les autres pour mieux s'élever lui. Il ne veut pas de ça avec Aziel. Il veut juste le pousser vers le haut, le voir se sortir de cette misère qui les guette à chaque coin de rue. Il n'aime pas ce qu'il entend, ce qu'il comprend. « Dis moi que tu n'es pas seul. Tu as de la compagnie là où tu es ? » La question est sincère, et inquiète. Il abandonne ses cheveux et le tape sur l'épaule. Retourne à son verre et regrette assez vite sa chaleur. Il espère être pour lui une présence aussi rassurante que lui l'est.

Qui ne donne pas son avis sur sa relation avec Wazn ? Tout son entourage ne se garde pas de faire ses commentaires sur la façon qu'il a de gérer son androïde. Ca rentre par une oreille et ressort par l'autre, le pilote fait ce qu'il veut de sa propriété. Il n'est pas là à critiquer l'étrange relation qui unit certaines personnes à leurs androïdes. Il est redevable envers BB et prendre soin de son cher Aziel. Il n'empêche qu'il n'est qu'un droïde, une création de l'homme dont ils sont les dieux absolus. Peut-on même parler de relation. Lui même n'en sait rien, est perdu, voudrait dans les faits se montrer aussi fidèles à ses discours dégradants alors qu'il n'est pas si contrariant. Il laisse l'androïde mener son existence sans attendre grand chose. C'est une habitude, un rituel, il a besoin de llui dans sa vie, mais il a conscience de surtout rechercher ses services. Il ne cherche pas à s'intéresser à lui si ce n'est pas quelque chose qui lui saura profitable plus tard. Il n'est pas le premier à agir comme ça enfin son androïde, il ne sera pas le dernier. C'est comme ça que les choses sont et si ils sont vraiment déterminés à changer les choses, alors d'ici quelques années les types comme lui seront les méchants de l'histoire. En attendant il n'est qu'un homme qui fait de son mieux, qui veut sauver son frère de coeur. Cela ne fait pas de lui un monstre. Il privilégie la vie, ce qui est fait de chair et d'os.

Il voudrait faire un commentaire, lui lancer une pique amicale pour lui montrer qu'il ne laisse pas l'ambiance descendre d'un cran, qu'il n'est pas venu pour broyer du noir avec lui, quelque chose comme "ah les hommes tu sais..." et rire grassement parce qu'ils sont des hommes, eux même...Il se contient. Trop souvent dans ses histoires, il a été celui que l'on attendait alors qu'il avait mieux à faire ailleurs. Combien de coeurs a t-il brisé en ne pensant qu'à lui et ses petits plaisirs ? Parce qu'il voulait être le meilleur, le héros, celui dont on clamait le nom ? Oubliant en passage qu'il n'y a qu'une supplique qui devrait faire soulever son coeur, une seule personne qui devrait avoir le murmurer ce nom avec tant de ferveur. Quand il n'a pas trompé ses partenaires avec de parfaits inconnus, il l'a fait avec son métier, à travers on existence même vouée aux autres, mais jamais à celui ou celle. A chaque bouffée d'oxygène, il mentait un peu plus sur la sincérité de ses sentiments. Rien ne lui procurera autant de plaisir que son vaisseau et ses courses. Il arrive encore à en convaincre certains du contraire, qu'il pourra y avoir de la passion, de la place pour une moitié. C'est à peine croyable qu'il y ait de la place pour s'inquiéter de Wazn. Il y a tout un monde pour faire d'Aziel sa priorité. Le pilote se pince les lèvres. Il a prit sa décision avant de venir. Il attendait le moment propice pour mettre en oeuvre son plan.

Arcturus se redresse sur sa chaise et retire le pendentif autour de son cou. Le dernier vestige de son passé. Il est temps de lui dire au revoir, il s'est préparé à ce moment sur la route. Il doute encore, espère qu'Az' ne lui en voudra pas si il découvre un jour la balise qu'il a planqué dedans. Le pilote sait qu'il pourra s'expliquer, s'en sortir toujours. Dans une autre vie, il aurait fait un bon arnaqueur, un commerçant hors pair et sans doute un contrebandier sulfureux. Dans cette vie, il profite, se délecte des plaisirs de ce monde avant de le quitter. Il fait des erreurs qu'il ne peut pas réparer. Et d'autres, sur lesquelles il essaye de revenir. Laisser Aziel repartir serait une erreur. Il devrait partir avec lui. « Tu sais que je ne peux pas. » Il soupire. Abandonner tout son luxe pour aller sauver le monde ? Très peu pour lui « Je serais toujours là. » Il sourit de manière énigmatique. L'autre aurait été sobre, il aurait sans doute comprit son sens-entendu, mais il ne l'est pas et c'est pour cela qu'il le lui dit. Arcturus passe le pendentif autour du coup d'Aziel. Il le regarde une dernière fois et le trouve à sa place là, au cou de son meilleur ami. De sa vraie famille. Celle qui s'est choisi. « C'était à mon père, je veux que ça soit à toi maintenant. » Même si ce père est parti. Même si il l'a laissé seul, l'a abandonné. Arcturus ne lui en veut pas. Il lui a pardonné il y a des années, pour ne pas vivre avec cette colère au fond de lui. Parce qu'il peut comprendre pourquoi on veut l'abandonner. Lui aussi si il avait su ce qu'il deviendrait, il se serait abandonné plus tôt. Aurait arrêté les frais. « C'est un porte bonheur, je n'ai jamais perdu une seule course avec. Maintenant il te protège. » Il vient coller son front contre le sien et ferme les yeux. Cela pourrait être eux contre le monde, mais Aziel a choisit une autre voie et Arcturus s'est perdu sur la sienne. Ils s'en sortiront, malgré tout. Ils ont déjà tant vécu.

Mieux vaut ne pas remettre le cadeau en question, le déchirement est assez important du coté d'Arcturus. Il n'a pas prit la décision à la volée, sans y passer des heures à réfléchir. C'est tout ce qu'il lui reste de sa famille biologique, celle qui ne l'a pas vu grandir parce qu'il est parti trop tôt, appelé par le voyage. Celle effacée, trahie par le changement d'identité. Ses intentions n'étaient pas mauvaises, rencontrer ses proches éloignés, aller couler des jours tranquilles sur Geonosis. Sauf que rien ne s'est passé comme prévu et c'est comme un effet domino, comme ces journées où tout s’enchaîne et rien ne va, à l'échelle d'une vie. Hors de contrôle. Il est hors de contrôle, têtu, pilote fou, cela se ressent dans ses actes comme dans ses décisions. Dans son parcours chaotique et s'est relations avortées. Pourtant, il n'a pas l'impression de trop en demander, seulement de savoir où se trouve sa place et si il y en a encore une qui l'attend, quelque part. Une quête éternelle, celle du sens de la vie. Certains diront que la véritable famille est celle que l'on se choisit, à défaut du sang, qu'il n'y a dans le fond rien de plus pur que des liens fraternels construits au gré des aventures et des péripéties. Ces unions indéfectibles, quand deux personne se sauvent mutuellement la vie, encore et encore, jusqu'à leur dernière souffle. Si l'un meurt, l'autre n'y survit pas. Il veut y croire. Aziel est de cette catégorie, il a réussi jusqu'ici à le préserver de lui même. Ne pas le garder trop proche de ses démons, ceux la même qui ont brisés Kaell. Alors oui. Il sait ce qu'il fait. Il sait dans quoi il s'engage, si par malheur Aziel devait dénicher cette foutue balise, il sera prêt à subir ses remontrances. Le faire suivre ? Ce n'est pas tant ça. Savoir où il est, qu'il est toujours vivant, c'est la seule chose qui importe. Il ne servira même pas du dispositif de localisation. Il veut juste se dire que si un jour le pilote est dans le besoin, il pourra faire quelque chose. Arcturus ne supporte pas d'être impuissant, passif, de devoir subir les choses. Ne pas savoir. Il lui faut prendre les devants.

« Oh come on, don't ruin the mood. » Qu'il marmonne, amusé mais épuisé. Il n'est pas d'humeur taquine, l'absence de sommeil pèse sur ses épaules, il manque de s'affaisser et rejoindre morphée d'une minute à l'autre. Il veut pouvoir faire "pause". « Giving is an art as much as receiving. » Ce n'est pas son anniversaire, mais c'est tout comme, c'est tous les jours quand on a quelqu'un pour veiller sur soit. Il est prêt à faire des efforts, être cette personne. « Considère ça comme une faveur, de la part de ton bien aimé mécène. » Il soupire et étouffe le rire qui manque de lui échapper, usant de beaux verbes juste pour se moquer du casse-cou. Il pourrait lui dire que maintenant que Aldder est mort, il a réalisé à quel point il a brillé de part son absence. Parce que sa présence n'équivaut pas toutes les fois où il aurait pu être à sa cotés, il a fait le choix de sa carrière. Il persiste, jusqu'à ce qu'il ait trop tiré sur la corde et que la mort le cueille ou tout simplement l'oubli. Sa plus grande peur, qu'il sera bien forcé d'affronter. Arcturus veut être une légende, mais quelle légende contera t-on de lui plus tard ? Il n'a pas d'enfants pour continuer l'histoire. Son héritage s'arrêtera à la prochaine overdose. Il vide d'une traite son verre, pour sceller le pacte avec son diable intérieur. Certaines choses ne changent jamais. Cette soirée devient trop morose pour lui. Au final, il est celui qui va partir et se trouver quelqu'un pour ne pas passer la nuit seul. Il ne dormira pas, c'est certain. Se rajoute à ses inquiétude la certitude qu'Aziel est en roue libre, plus rien ne l'arrêtera. Il veut sa vengeance, sa volonté qui caractéristique, si admirable, se retourne contre lui dans ces circonstances terribles. « Let's go home. Ca m'a fait plaisir de te voir. On se refait ça le moins prochain, je veux être plus présent pour toi. » Dernière tape sur l'épaule et il se lève, s'accroche à la chaise du bar pour ne pas chancelle. Il ne sait pas si les rebelles sont pour lui assez d'une maison. La sienne est vide, qu'importe les meubles et la décoration laissé par son amant. Sa maison c'est lui.
Un jour peut-être, il rentera à la maison.