gotta keep on going looking straight out on the road (eon)

Les jours passent et se ressemblent tous. Ils n'apportent aucun réconfort, aucune distraction, toutes les couleurs du ciel se sont effacées, il lui semble. Il voit le monde en gris. Reen ne sait plus quoi faire de son temps libre, il n'aime pas se retrouver seul avec ses tourments. Il n'a même plus la motivation de manger, il dort mal et son ventre crie famine. Il lui semble que si il ouvre la bouche pour avaler quelque chose, il n'arrivera pas à le garder dans son estomac. Cela fait quelques jours que la crise dure sans vouloir lui laisser de répit. Depuis qu'ils ont annoncé la mort de Mavee. Passé le choc de la nouvelle et les circonstances de son décès, il s'est retrouvé submergé par sa tristesse. Aujourd'hui était sensé être un jour spéciale, ils auraient du avoir ce rendez-vous. Il n'a pas eu le coeur d'aller travailler et reporter à une prochaine fois le jour de permission qu'il a demandé. Maintenir les apparences est plus important que qes états d'âmes. Shireen est occupé à ne rien faire, accroupi derrière la bar de sa cuisine. Il profite de ce moment de solitude pour pleurer. Il n'a pas envie que les autres sur la base le remarquent. Qu'ils posent des questions. Il a senti tous les regards se tourner vers lui lorsque leur supérieur leur a annoncé que Mavee avait été neutralisé, parce qu'il était un traitre. Le voir tomber en morceaux leur ferait trop plaisir. Il s'écroule dans l'intimité de ses quartiers. Il a pu récupérer les effets personnels du médic et a promis de s'en débarrasser ; en vérité il les a gardé dans une boite qu'il a rangé sous son lit. Il lui fait passer à autre chose, mais il a l'impression que cette douleur ne finira jamais par s'atténuer. Shireen sait que seul le temps peut faire son oeuvre. Il lui a fallu des années pour accepter que sa mère les a quitté, il était entouré. Cette fois-ci, il ne sait pas avec qui il est sensé partager ce poids. Il a trop peur qu'on pense qu'il était complice avec le médic et qu'on lui fasse subir le même sort. La survie reste sa priorité. Trop de personnes jalousent pour qu'il se confie. Mavee était en réalité la seule personne avec qui il pouvait parler, pas sans peur d'être jugé, mais parce qu'il savait qu'il ne le ferait pas pour les mêmes raisons. Il a aimé se sentir aimé, ça n'a pas duré longtemps, mais c'était intense et ça valait la peine de souffrir aujourd'hui.


Il ne sait pas combien de minutes ou d'heures s'écoule, son dos commence à le tirailler, accroupi de la sorte. Il sursaute quand quelqu'un sonne à sa porte et entre. Ce doit être quelqu'un qu'il connait, il demande toujours à ses inviter de rentrer sans l'attendre, souvent il est dernière les fourneaux et il est préférable qu'il surveille la nourriture. Et puis, personne d'autre ne sait où il habite, sans doute son chef, qui n'aime pas l'avoir dans ses pattes. Shireen aime servir, nourrir les gens qu'il aime. Recevoir est tout un art, le soldat se montre généreux avec tous ceux qui viennent manger à sa table. Les traits tirées et le teint gris, Reen se redresse de derrière le comptoir et titube pour voir qui s'est introduit dans sa maison. Il s'attendait à voir son droïde, ou un membre de son régiment. Il a complètement oublié qu'il devait faire goûter une de ses recettes à Eon. C'est vrai qu'il lui a proposé aujourd'hui pour ne pas avoir à ruminer la romance avortée avec son médic. C'est raté. A la hâte, il essuie le coin de ses yeux et tente de cacher ce qu'il était en train de faire : s'apitoyer sur son sort. « ah...eon... » L'apprentie de son frère. Il s'entend curieusement bien avec elle depuis qu'elle a rejoint l'Empire et les Siths, il ne connaît pas grand chose de son passé, seulement qu'elle a suivi le mouvement et que Remus est heureux de l'avoir à ses cotés. Il la surprend dans les couloirs, souvent des regards noirs à l'intention de ceux qui l'emmerdent. Il a envie de lui dire que ce n'est pas nécessaire, qu'il a l'habitude qu'on se moque de lui, qu'on le prenne pour un bleu. Qu'on le sous estime. Ce n'est pas le genre de sujets qu'il abordent. C'est agréable aussi d'avoir quelqu'un avec qui parler d'autres choses que toujours l'Empire, la victoire et la purge de Jedi. Shireen ne veut pas repenser à ce qui s'est passé ce jour là et ce qu'il a dû faire. La fierté du guerrier n'a duré qu'un temps, il est persuadé d'avoir basculé de l'autre coté - le bon- lorsqu'il a réalisé jusqu'où ceux qu'ils soutenaient pouvait aller. Raser une planète entière, supprimer des centaines de vies. Ce n'est pas ce pourquoi il veut se battre, il ne veut plus se battre du temps, surtout en ce moment. Il lui faudra trouver le courage de faire le burger. « je suis.. je suis désolé j'ai totalement oublié. mais installe toi. » Il renifle et saisit une pince sur le comptoir pour s'attacher les cheveux. Une part de lui espère qu'elle ne fera pas de commentaire sur ce qu'elle vient de voir. Ou l'inverse. Il ne sait pas si il est prêt à en parler, seulement qu'il devra à un moment donné mettre des mots sur ce qui s'est passé à l'intérieur de son coeur, si il veut pouvoir être apaisé.

Elle a toujours été douce avec lui quand les autres n'étaient que violence. C’est étrange de sa part, il essaye de ne pas trop réfléchir. C’est son manque de confiance en lui qui veut toujours remettre en question les intentions des autres envers lui. Quand il est généreux, Shireen se ne pose pas de questions, à lui de partir du principe que c’est la même chose en face. + Rares sont les opportunistes qui pourraient lui en vouloir, il n’y a pas grand-chose à tirer. Peut-être peut-on envier son nom, mais ce n’est pas le cas d’Eon. Elle est une Kirk, à sa manière. Il la considère comme une membre de la famille depuis que Remus en a fait son apprenti. Shireen voit Eon comme une petite soeur qu'il n'a jamais eu, qu'il devrait protéger ; sauf que c'est l'inverse. C'est elle qui le protège, qui use de sa réputation pour que les autres le laissent tranquille. Il a laissé tomber l'idée de répondre aux attaques des soldats jaloux. Ignorer les autres est la réplique la plus efficace, ils finissent tous par se fatiguer. Ceux qui sont plus endurants font la rencontre de la Sith.

Elle lui demande et il ne sait pas quoi lui répondre, évidemment qu’elle allait s’inquiéter. Ce n’est pas quelqu’un sur qui elle pourra se venger, le mal est déjà fait. Ce n’est pas ce qu’il voulait non plus. Pour une fois qu’il commençait à bien s’entendre avec quelqu’un, il a fallu qu’il soit un traître. Il a fallu qu’il meure. Ce n’est pas nouveau. Reen n’est pas attiré par les bonnes personnes, son père lui disait que la part de lumière en lui était trop grande et qu’il faudrait y remédier si il voulait s’élever dans les rangs de l’Empire, lui rabâchant qu’un jour le doute gagnera. Même là alors qu’il en veut à l’univers tout entier, la colère n’est pas suffisante pour le faire sombrer dans les desseins de son géniteur. Il veut simplement pouvoir trouver la paix et au détour du chemin, un peu d’amour. Rien à voir avec l’ambition démesurée de l’homme qui n’a d’amour que pour le pouvoir. Pas même ses propres enfants. « personne. enfin, si, mais c’est compliqué. » Il ne pensait pas devoir si tôt se confier sur un coeur brisé. C’est peut-être mieux comme ça, que ça arrive maintenant, avant qu’il ne s’attache trop et qu’il veuille mourir avec lui. Ce n’est pas son genre, le sacrifice. Pas comme ça. « mais tu devrais t’asseoir… je suis un mauvais hôte ! » B1 surgit de l’ombre pour tirer une chaise et propose à Eon de s’y reposer.

Ses ingrédients sont prêts sur le plan de travail, il faut juste qu’il se relance dans sa préparation. Il allume le holo et choisit une chaîne qui diffuse un peu de musique qu’il laisse jouer en fond sonore. Il essuie ses joues et se relave les mains. Qu’on le regarde faire ne le dérange pas, il pourrait passer un concours sans problème, on l’a toujours regardé faire. Inspecté dans les moindres détails tel un rat de laboratoire, dans l’attente de performances surprenantes. Il a l’habitude de l’oeil inquisiteur de son maître d’arme par dessus son épaule. Il a fini par oublier qu’on le juge à chaque seconde, qu’on attend un geste de travers pour le mettre plus bas que terre. Il ignore le regard des autres. Quand il a ses instruments de cuisine en main, cette histoire d’Empire s’éloigne. Ce plat, il doit le réaliser, pour Eon, pour Mavee. « je suis juste un peu secoué.. il s’est passé quelque chose sur la base où je travaille. » Tu en as peut-être entendu parler. Il pense, mais ne partage pas. Il hausse les épaules et la regarde, elle aussi voilée par des fantômes. « c’est étrange comme sensation. » Le deuil, la peine, la culpabilité d’y penser. La vibrolame du couteau de cuisine tranche la viance et soudain, la vue du sang le fait reculer. Le coeur battant dans sa poitrine. Il se remémore des temps anciens. Une guerre. Dans ses cauchemars, c’est n’est pas Eos qu’il voit le supplier de le suivre, c’est Mavee. Et il tue Mavee. « tu connaissais mavee waul ? »