▬ friction • eon

And your heart is beating 'Cause you know that you gotta Get out of the middle And rise to the top now You can't fight the friction, so, ease it off -- @kazia sidra

Eon ne réagit pas (physiquement du moins) lorsqu'un claquement de talons derrière elle lui indique que Kazia fait enfin connaître sa présence. Non nécessaire, pourtant, elle l’avait déjà ressentie. Tout de noir vêtue, l'apprentie continue son chemin vers les hangars. La loth-souris qui la suis était familière, et pourtant sa présence réveille les instincts combattants d'Eon. Comme une voix qui susurre, danger, danger, danger à son oreille. Kazia est dangereuse, ce n'est pas pour rien qu'elle est envoyée pour ce genre de mission. Mais pour Eon, Kazia n'est pas dangereuse parce qu'elle manie l’épée comme personne, parce qu’elle se faufile comme une petite souris ou elle veut, quand elle veut. Elle est dangereuse parce qu'elle en sait trop. Beaucoup trop.

Et le savoir est dangereux. Surtout un savoir qui pourrait les faire tuer, toutes les deux. Ou du moins, faire douter de leur loyauté. Sa seule rassurance est qu’elles ont autant à perdre l’une que l’autre. Peut-être Kazia plus encore (quoique, elle doutait que le maître de l’apprentie ferait de même que que son maître à elle, s’il savait pour Eon… Et Raedan… Elle en aurait presque peur. Presque. Eon n’a pas peur de souffrir. Pas vraiment).

Kazia apparient à la fois au passé et au présent. Elle est une ombre dont elle ne peut se débarrasser. Donc elle ne veut pas se débarrasser non plus -si Eon était honnête avec elle-même, et pas rongée par la lave corrodante du maelstrom de ses émotions.

Elle coupe le dangereux fil de ses pensées, pour s’ancrer dans le présent. Sa marche est silencieuse, les bottes ne font pas un bruit malgré la démarche rigide. Elle ne se retourne pas, elle sait que Kazia est là. Il va falloir qu’elle s’habitue, elles vont être ensemble le temps de la mission, plusieurs jours au minimum. Eon ignore à qui elle en veut le plus, pour cette situation. Mais les ordres sont les ordres, et lorsque le TIE Phantom qui les attend apparaît, la petite voix ironique souffle qu’il est à leur image. Noir, pratique, discret. Le vaisseau idéal, qui cache une redoutable puissance de feux comme deux apprenties trop facilement sous estimées pour leur fragilité physique apparente.
Elle n’a pas particulièrement envie de piloter, mais cela lui donne un semblant de contrôle. Une impression de. Sans chercher à savoir si Kazia est d’accord – mais elle a bien vu qu’elle l’a laissée volontairement entrer la première, alors elle prend ça comme un tacite accord – la jeune femme se glisse dans le siège du pilote et commence immédiatement les différents check pré-décollage. Les machines étaient plus compréhensibles que les êtres vivants. Elles obéissaient aux ordres, ne touchaient pas sans autorisation, répondaient seulement à la logique et à leurs codages. (si on mettait à part les androïdes, mais pouvaient-ils réellement être considérés comme des machines, Eon en doutait, surtout quand elle se souvenait d’Atlas).
Après un moment, elle sent le poids du regard de sa comparse. Eon veut d’abord l’ignorer, mais elle finit par tourner ses prunelles sombres vers les siennes, comme aimantée. Kazia est froide, comme la toundra de Hoth. Ça ne devrait pas énerver Eon. Qu’elle n’arrive pas à savoir ce qui se passait dans les rouages de son esprit. Ça ne devrait pas l’énerver. Et pourtant… Elle ressentait presque la même chose que lorsqu’elle fixait son reflet dans le miroir. La même… haine.

Elle laisse un temps, entre la question et sa réponse, quelques battements de cœur, quelques secondes de précieux silence. Enfin, elle hoche la tête, sèchement, sans daigner utiliser ses mots. Eon n’avait jamais été une bavarde – c’était l’euphémisme du siècle – et cela n’allait pas en s’arrangeant. Elle parlait quand on attendait plus qu’une onomatopée en réponse à une question. Elle parlait pour donner des ordres. Elle parlait de manière utilitaire, nécessaire ; considérait la parole de la même manière que son speeder ou sabre laser. Pas par envie, par plaisir. Par devoir.

Elle rompt le dérangeant contact visuel pour détacher la passerelle qui les retenait, et faire s’envoler le vaisseau. Les coordonnées pour Coruscant sont entrées, mais elle répugne à utiliser le pilote automatique. Elles s’envolent, les apprenties, malgré le poids sur leur cœur.

« Débriefons la mission. » Qu’elle dit, une fois qu’elles ont quittées l’atmosphère de Naboo. L’air pur lui manque déjà. Elle déteste Coruscant, sa pollution et son inégalité sociale. S’il n’y avait qu’Eon… S’il n’y avait qu’Eon, cette hiérarchie aurait été détruite depuis longtemps. L’empire qu’elle imaginait ne devrait pas tolérer un système pareil. « Je serais l’appât. Elle me reconnaîtra et baissera sa garde. » Elle n’en avait rien dit, devant les Conseil. Après tout, elle avait tiré un trait sur son passé –l’avait-elle ?- avant sa renaissance et son baptême de feu. Mais elle connaissait Ysra. Et cela serait un atout dans leurs manches. Ce Jedi n’était pas à prendre à la légère. Aucun ne l’était. Eon brûle. Elle essaie de ne pas penser, à sa mission. Elle n’a pas de scrupules, pourtant, c’est pour le plus grand bien.

Elle ne regarde plus Kazia, l’excuse de regarder devant elle pour piloter suffisante. Elle ne veut pas la voir, l’entendre. Elle préférerait être seule et, elle en mettrait ce qui reste de sa main à couper, que Kazia pense pareil.