confidences dans l'ombre ☽ okdrej

Pendant la nuit, les ombres se fusionnent à la noirceur et peuvent circuler librement sans avoir à suivre leur source. Kazia peut marcher dans son propre chemin sans se soucier des chuchotements du conseil noir. Le sommeil n’est pas venu la cueillir dans sa chambre car une présence particulière l’a attirée au-dehors, sur l’une des élégantes galeries autrefois attachées à l’aile des Jedi. Une silhouette qu’elle associe à son passé se trouve là, appuyée sur la rambarde. Sans un mot elle s’annonce. La Force réagit à son arrivée, elle glisse sous ses pieds, s’enrobe autour de son cœur scellé.

Ses coudes s’appuient à quelques centimètres de ceux d’Okdrej et elle ne lève pas la tête vers lui. Elle sait déjà qu’elle risque de se retrouver avec un torticolis le lendemain si elle le fait. La pensée lui arrache le souvenir d’un sourire.

Ça fait longtemps qu’il n’est pas passé par ici. Elle ignore pourquoi il se retrouve là à cette heure. Il n’habite plus à l’Académie et ne s’y rend que pour concerter avec les autres maîtres. A-t-il eu vent de la disparition du maître de Kazia ? Elle se corrige. Ce n’est pas une disparition, c’est littéralement une trahison. Une fuite. Un acte de lâche. Elle n’arrive pas à se faire à l’idée.

Y a-t-il des choses qui le tracassent aussi ? Ses parents ? Lui manquent-ils ? Probablement. Elle ne sait pas. Ils ne se parlent plus beaucoup depuis que le mur s’est bâti entre eux. Elle se sent mal. Malgré ses efforts, elle refuse de se libérer de cette sensation de malaise. « Mon père… » Elle hésite. Il n’y a rien qu’avec lui qu’elle hésite. Elle le connaît depuis si longtemps et pourtant elle a l’impression qu’elle ne peut plus tendre le bras et le toucher. « Il insiste à nouveau. » Elle n’a pas besoin de préciser à propos de quoi que ce soit. « Depuis le départ de mon maître. » Elle meurt d’envie d’aller chercher la manche de sa veste de son auriculaire mais reste immobile.

Qu’est-ce qui leur a pris ? Tout ça parce qu’elle s’est rebellée. Mais les rébellions ne mènent-elles pas aux blessures éternelles comme celle que vient de lui faire son maître ? « Tu t’es fait convoqué par le conseil ? » Pourquoi ? Les mots se bloque sur sa langue. Elle ne parle pas beaucoup. Elle parle encore moins depuis que Raedan s’occupe d’une partie de son entraînement. Les questions ne font presque plus partie de son vocabulaire.

Il est vrai qu’il ne vient plus à l’académie depuis tellement longtemps, vivant maintenant dans un appartement dans la capitale, tout simplement. Quand il vient, c’est pour les autres maîtres, pour méditer ailleurs que chez lui ou bien, aller dans la bibliothèque pour des recherches. C’est un homme calme, sage, cultivé, il ne se met en colère que très rarement. Mais s’il est là ce soir, c’est, car oui, il a su pour le maître de Kazia. A croire qu’il est spécialisé dans la chasse et donc, l’exécution des traîtres, alors que lui, cherche à tuer le moins possible. Il en soupire, alors qu’il est actuellement accoudé à la rambarde pour regarder l’horizon alors qu’il fait sombre. Okdrej aime quand il fait sombre, ou le noir, on le voit rien qu’avec sa tenue, un manteau sombre long, des broderies blanches et dorés la recouvrant dans le dos, les manches et devant. Une chemise noire, un bas de même couleur et ses bottes. Son sabre est sous le manteau. Ses cheveux ressortent tellement, comme ils sont bien blancs, ses yeux clairs et sa peau, quelque peu hâlée.

Il sentit la présence, avant même qu’elle ne se déclare, il sourit, il apprécie Kazia, depuis qu’il est petit et les soucis de ses parents à elle comme lui, il les oublie, le mariage est loin derrière lui et il est plutôt content. En repensant à sa famille, il eut un petit soupir triste, mais il se reprend rapidement en l’entendant alors dire. Tournant son regard vers elle.

« - Ne prête pas attention. Tu sais très bien qu’il ne peut te forcer, et il ne peut pas me forcer non plus. »

Après tout, il décide lui-même maintenant, et il ne veut pas que son amie, même si un mur s’est créé, soit forcé de se marier, avec lui, ou un inconnu, il ne veut pas de ça. Puis, la question vint, il soupire un peu, la regardant de nouveau.

« - Oui, pour ton maître. »

Comme dit, ils le prennent pour le spécialiste des maîtres traîtres…

Elle soupire. Il le dit comme si tout est aussi simple. Comme s'il n'y a pas des politiques en jeu. Parce que oui, c'est juste son père, c'est juste sa famille, mais cette famille est à la tête d'une planète. Une planète qui est peut-être déjà au courant de la rumeur et qui l'enrobe d'un sentiment de hâte. Le peuple a soif. Soif de nouveauté. Soif de drame. Elle aimerait partager la légèreté d'Okdrej. Elle aimerait s'en foutre elle aussi. Elle est capable de se foutre de bien des choses - de la mort, de tuer, de l'avis public. Alors pourquoi ne peut-elle pas ignorer le stigmate de princesse qui lui colle à la peau même si elle essaie de s'en débarrasser depuis trop longtemps ?

Pourquoi ne peut-elle pas ignorer les attentes ? Sont-elles vraiment tout ce qui la compose ? Ne réfléchis pas. Obéis. Ses pensées la ramène sur le droit chemin. Un mariage ? Il n'y en aura pas. Okdrej l'a dit. Si l'un des partis s'y refuse, alors elle n'a plus besoin de se justifier. Elle n'aurait pas été capable d'être celle qui s'y oppose. « Okay. » C'est tout ce qu'elle dit dans un souffle bas, si bas, presque un chuchotement. Un mot qui lui échappe. Un mot qu'elle s'arrache. Tu as raison. C'est comme tu veux. Je te suis. La phrase aurait pu être plus longue, mais Kaz ne sent pas qu'elle a la force suffisante pour cela. Elle mentirait. Elle croit en Okdrej, mais par-dessus tout ? Même si elle le connaît depuis si longtemps ? Elle veut.

Il arrive si bien à assumer sa place de sénateur tout en restant fidèle à sa nature de Sith...

Le sujet change et elle soupire presque de soulagement. « Ça ne m'étonne pas. » Enfin, enfin elle fait un pas vers l'arrière pour se permettre de le regarder. De le lire. Elle cherche un indice. N'importe quoi. Du rejet. De la tristesse. Mais dans la noirceur, à peine dispersée par les lanternes, difficile de distinguer quoi que ce soit dans la position de sa silhouette sombre. Il n'y a que ses cheveux blancs qui tranchent. Elle-même cherche à l'intérieur de soi de l'inquiétude. Elle se permet de ressentir. Et par télépathie elle tente de communiquer avec son ami d'enfance. « Tu pars quand ? »

Elle se rend compte trop tard de sa faute.
De sa première depuis longtemps.
Il y a une pépite d'angoisse dans sa voie. Si petite, si douce, si imperceptible. Sauf si on la connaît bien.

Et elle se rend compte qu'elle a envie de saisir cette craquelure et de tout laisser tomber. Rapide ombre. Furtif espoir. Ou plutôt désespoir. « Arrête. » Elle n'a pas pu se taire. C'est lui. Vient-il la chercher avec sa télépathie ou est-ce elle-même qui s'inflige ce sort ? Cette souffrance ? Elle qui cherche tant à clore son cœur, à clore celui de l'homme qui se tient à quelques pas de là.

Pour lui, il a beau dire ça, non, ce n’est pas simple, rien n’est simple en soit à ses yeux, le monde est d’un compliqué naturel qui les fait nager dans une belle galère. Okdrej nage dans une déprime légère de temps en temps, et dans le remords d’avoir tué son maître, lui cherche surtout à ne pas tuer, mais dans le fond, tuer, se battre, provoquer des carnages sans fond, c’est presque sa nature profonde, ou bien, ça l’est tout simplement ? Bonne question. Lui-même ne saurait pas répondre, son esprit est sage et parfois, complètement en bordel et inclassable, intriable. Il vit avec, tout simplement et il ne peut faire autrement en soit. Et dans le fond, de sa tête, il ne s’en fout pas, il ne s’occupe juste pas encore de cette affaire, tant qu’elle n’est pas posée directement sur table, il n'y touche pas, il a d’autre lothcat à fouetter pour le moment.

Lui, aussi et un homme qui ne réfléchit pas et obéit en soit, si on lui dit de négocier, il le fait, si on lui dit tuer, il le fait, il exécute les missions toujours correctement et sans bavures, de temps en temps une loupé sur deux, mais pas toujours. Le sérieux est là, constamment là, présent en lui et dans son regard. Mais le mariage arrangé, ça ne passe pas. Ses parents avaient jugé bons au début, se disant que le mariage entre un fils de sénateur et une princesse, ferait en sorte, donc que les gênes seraient d’une perfection exquise, mais changement d’avis, puis deux décès et lui, dans le fond, ne souhaitait pas ce genre de chose. Il sourit au simple « ok » de son amie d’enfance, il tient à elle comme à la prunelle de ses yeux, il pourrait mourir et trahir pour elle à dire vrai quand il y pense, il pourrait tout pour elle. C’est sûrement, mal de dire ça, mais elle est la seule amie qui passe avant ses obligations.

Okdrej sait oui assumer sa place, mais être du sénat, pas encore, peut-être un jour et là, clairement, on verra s’il sait assumer ça et aussi sa nature comme en ce moment depuis qu’il a dix-sept ans, mais c’est aussi un lot de fardeaux et compliqué de gérer.

Il aurait été bizarre de ne pas être étonné de sa mission qui allait lui être donnée, et sûrement, qu’ils mettront Kazia avec lui pour sûrement faire ce qu’il faut faire et si elle n’y arrive pas, c’est lui qui se chargerait de tuer le maître de son amie. Il se retourne doucement en la voyant alors reculer.

« - Si tu avais été étonnée, ça aurait été bizarre selon moi. » Un haussement d’épaule accompagne alors ses dires, tout en la regardant. Okdrej est sombre, de sa tenue, et la surface de son esprit aussi, tout le reste est caché pour éviter d’être tout bonnement découvert. Mais il la regarde un peu plus fixement en entendant alors son message dans sa tête, il fit alors un pas, répondant par télépathie.

« - Pas maintenant si c’est que tu veux savoir. »

Il a perçu cette pépite d’angoisse, il la connaît tellement bien, qu’il l’a directement perçu, pas besoin de se creuser la tête pour se demander si on a rêvé ou non. Mais en entendant sa demande d’arrêter, alors qu’en soit, il ne fait quasiment rien d’autre que lui répondre, il ne cherche rien. Mais il finit par approcher, lentement d’elle, retirant ses gants tout en marchant, il vient alors saisir son visage entre ses mains douces, légèrement hâlés, ses doigts fin et long. Il la regarde dans les yeux, descend ses mains doucement sur son cou, ses épaules, puis dans son dos pour la prendre dans ses bras, doucement.

« - Je ne compte pas partir maintenant, je vais rester et aucunement te laisser seul. »

C’est au-dessus de sa nature de la laisser avec l’angoisse sûrement naissante en elle.