show me your teeth (pum)

show me your teeth Nuit déconstellée sur Naboo. Son carcan ombrage le temple Jedi. Une lumière comme une autre dans l’obscurité. Une silhouette s’esquisse. Arpentant les corridors de la bâtisse, le minois juvénile d’un apollon se devine. Sa chevelure ébène contraste avec la pâleur de la pierre. Sabre en main, le cristal azuléen luit dans l’abysse labyrinthique de la Grande bibliothèque. Une épée de Damoclès portée à bout de bras par l’anti-héros de l’Ordre Jedi. Surveiller les locaux est un mal nécessaire. Rituel nocturne subi par tout padawan de garde. Une tâche éreintante à laquelle Eos s’affaire sans grande ambition. Soupir. Au moins ici il trouve la solitude, songe-t-il en faisant tournoyer son poignet. Les minutes s’égrainent comme des heures. Ennui du technopathe qui n’a pas de jouet sur lequel mettre la paume. Rien ne ravi plus son oeil que les circuits d’un droïde récupéré, sans honte, à la décharge de la cité. Rien. Jamais. Sauf peut-être le visage basané d’un visiteur occasionnel. Un être qui s’apparente plus à un spectre qu’à un homme. Mirage brumeux qu’Ishtar confond parfois, reflet de la monotonie du quotidien. Un quotidien qui crispe sa musculature. Fait frissonner l’échine. S’il garde le silence, il aimerait hurler. Crier au monde combien l’existence monastique lui est douloureuse. Chaque fois qu’il croise le fantôme, le fantasme d’une filature le tient éveillé.

Des bruits de pas se font entendre. Eos éclaire adroitement le couloir et se précipite jusqu’à l'entrée. On pousse les portes gigantesques et criblées de pierreries du sanctuaire et il apparaît enfin. Avançant à pas de loup, un sourire moqueur se dresse sur le visage du garçon. Echappé de ses filets, le voilà de retour sur les lieux du crime. “You again, deserter boy.” Le surnom fuse et les mots se déversent de ses lèvres avec un naturel déconcertant. Il approche et ses joues s’empourprent. Non, il n’a pas oublié les mots échangés entre eux le mois passé. La manipulation désobligeante n’a pas manqué d’éveiller en lui des pulsions vengeresses. Mais malgré la fuite, il ne peut ignorer les sentiments, naissants, pour le contrebandier. Un pas. Puis deux. Puis trois. Il glisse une main dans le dos de l’autre avant de plaquer brusquement ses lippes contre les siennes. Enfin. Action naïve de l’adolescent inexpérimenté. C’est ici que s'échange leur premier baiser, au clair de la lune sur laquelle Pum s'apprête à déguerpir. Moment de faiblesse auquel ce dernier succombe à son tour. A cet instant, les dents du Jedi percent le labre de l’ennemi. Morsure punitive qui lui arrache un rictus au sauvageon. Il se détache de sa victime: “You were really asking for it, Moony. I must say you taste better than I imagined.” Note-il avant de regagner son mutisme caractériel. Et puis : “What are you looking for this time?”  

show me your teeth Du haut de sa tour d’ivoire, l’oeil du Jedi se pose sur l’humain. Intrusion nocturne au sanctuaire. Le défi au regard, la présence de l’autre lui arrache un sourire narquois. Exotisme au bord des lèvres. Celui qui vient d’au-delà des portes du temple n’a de cesse de l’intriguer. Depuis la première visite du pirate galactique, la jalousie s’est emparée du chevalier. Sacrifier les rôles attribués pour une lubie, voilà ce qu’Eos aimerait. Autel de la convoitise sur lequel il voit sa fierté le quitter en un instant. Lui, criminel de bas étage, est parvenu à passer entre les mailles de la surveillance galactique. Les lèvres pincées, le technopathe observe l’invité. Les méfaits s’accumulent et son intérêt pour lui ne tarie pas. Bien au contraire, la fascination perdure. L’existence monastique a tout à envier à celle du malfrat. La liberté qui lui farde le visage, voilà ce qu’Ishtar désire plus que tout. Cela, et autre chose également. Il le sent au plus profond de son être. Une sensation nouvelle, inconnue avant son avènement. Plus encore que l’envie de dérober son quotidien, Eos est surpris par un sentiment qui le prend aux tripes. Il affiche une moue confuse. Impossible de le nommer, pourtant il le sait. Il suffit de voir les joues qui s’empourprent soudainement face à lui. Les flammes qui s'échappent de ses iris ambrées et qui semblent caresser le corps de l’Apollon dans un moment de passion tacite.

Sabre brandit en sa direction, Blyst décolle subitement du sol. Lévitation induite par la Force que domine l’autre. Blaster mis à nu lui aussi. Le rictus de l’insolent trouve un écho immédiat dans les babines de son némésis et son admirateur secret. “You keep coming for more, of course I am following you.” crache-t-il. Darling, le mot retentit en son crâne et le trouble un instant avant qu'il ne puisse rétorquer. “I do wish you could stay this time. Tea for two?” plaisante-t-il en récupérant son arme. Il n’a pas envie de le remettre en cellule, pas plus qu’il ne souhaite lui donner l’information qu’il cherche. Ce qu’il veut, c’est lui. Le connaître véritablement. “I will not try to stop you, no. Now, tell me.” L’échine secouée d’un frisson, Eos l’observe, hésitant. Puis il pose à nouveau ses lippes contre les siennes, avant de reculer, presque honteux du geste reproduit. “This is what I want.” Confession arrachée. Le silence retombe brutalement entre eux. Puis il relâche son emprise sur lui, sans toutefois relâcher celle du blaster.

show me your teeth Leurs visages illuminés par la lueur azuréenne du sabre, les deux hommes s’observent. Deux mondes opposés que rien ne prédestine à une quelconque amitié, qui plus est une relation de quelque sorte. Pourtant, le Jedi se sait irrémédiablement attiré par l’intrus. Il représente la liberté qu’il envie tant. Douce illusion de l’autre non assigné a une existence de guerroyeur monastique. Il écoute son timbre s’élever dans l’éther avant de lever les yeux au ciel. Discours entendu. Les joues se colorent quand bien même la commissure de ses lèvres s'étire doucement. Une flamme particulière jaillit de ses agates, celle de la curiosité maligne. Malgré les interrogatoires répétés de Blyst, l’Ordre n’a pas su tirer la moindre information. L’autre est une page vierge dont il ignore encore tout. “An allergy. Is that it? To avoid going to jail hun, you could start by not breaking the law.” Le surnom quitte à son tour ses lippes charnues et la rencontre du troisième type poursuit son cours. Pum a beau être un criminel, la colère d’Ishtar le pousse à bien des gaucheries. Il meut son corps vers l'éphèbe avant de déposer un nouveau baiser sur son visage de bronze, le myocarde pompant furieusement en sa poitrine. Envie assouvie, il se détache du malfrat et l'écoute. Maudit vœu de célibat qu’il refuse. “The Jedi Code isn’t exactly my favourite book to read.” avoue-t-il enfin. Le cuivre s’attarde sur lui et ses tentatives avortées de briser le code de la console. Contrôle nerveux de la porte de la Grande bibliothèque. Échec. Un sourire s’esquisse soudainement sur le minois nivéen d’Eos. Il sursaute avant d’émettre un rire sonore. “Who sent you here anyway? Is it the beehive?” demande-t-il en s’asseyant contre le marbre. Il ne détache ses ambres que pour les poser sur les touches, manipulées maladroitement par les outils de Pum. “Need help?” Il se relève et, lentement, le technopathe fait tourner le loquet par le biais de ses pensées. Des sons métalliques retentissent dans la salle.

Il porte sa veste d’un bras et ancre son œil dans le sien: “If I help you, will we see each other elsewhere?” A ces mots, le bruit entêtant d’un autre sabre se fait entendre. Écarquillant les yeux, le Jedi fait signe au vis-à-vis de garder le silence. Le loquet s’ouvre et ils se précipitent tous deux dans le coffre, renfermant la valve derrière eux. En plein cœur de la pièce maîtresse des archives. Eos tend l’oreille, conscient de la présence qui ne tarit pas derrière eux. “You really are trouble.” murmure-t-il la mâchoire serrée.

show me your teeth Les paupières se lèvent en sa direction. Ses cils charbonneux papillonnent un bref instant avant qu’il ne s'égare dans les iris de bronze de l’autre. L’Apollon n’est donc pas de Naboo. Intrigué, Eos l’observe tel un objet de curiosité. Il tente de deviner l’endroit d'où il vient, mais l’étranger reste pour lui une énigme. Poussant un soupir, le Jedi répond sans trop s’attarder : “Well, the Order might disagree and send you right back to your little cell.” Le rictus qui quitte ses lèvres lui donne envie de suivre. Sensation étrange qui lui enserre le cœur. Comment peut-il fricoter avec l’ennemi de la sorte ? L’attirance est pourtant indiscutable. Il le sent sous sa chair. Le myocarde vibre malgré lui au son de sa voix. “Oh, this is your job?” souffle-t-il pour le taquiner. Il est d’humeur joueuse, il n’y a que Pum pour égayer son temps au temple. Rien de plus au monde ne l’ennuie plus que cet endroit. Le toisant du regard, il admire silencieusement l’humain et son stratagème. Il sort ses outils et bidouille le cadran qui mène au coffre. Magouille trouvant écho en son crâne, Ishtar fait usage de la technopathie encore naissante. Ces heures passées auprès de ces êtres qui le répugnent ont enfin trouvé une utilité. Les machines deviennent pour lui un passe-temps agréable. Now you're just showing off, dit-il quand bien même la porte des archives s’ouvre à eux. Sourire en coin, le brun n’attend pas pour rétorquer : “Don’t you like that?” Miroir temporaire dans lequel ils s’observent tous deux. Ils sont à mille lieues l’un de l’autre et pourtant quelque chose d'indicible les rapproche. Une alchimie qui ne laisse pas Eos de glace. Il s'apprête à ajouter une phrase lorsqu’un bruit les sort de leur converse. Sursautant, il pousse le malfrat dans la pièce interdite et referme la porte derrière eux. Pum récupère son arme et il lève les yeux au ciel, lui intimant de garder le silence en plaçant son index sur ses lippes. “Will you stay quiet for a second? You’re ruining both our chances now.” Il lève le menton et active une alarme de l’autre côté du bâtiment. “Alright, can you speed it up? What is it that you are looking for anyway? Telling me about it might help.” La proposition est acceptée, les joues s’empourprent soudainement. La verve insolente de Blyst étire de nouveau la commissure de son labre. “I like wild and hm, I like you.” renchérit-il, couvrant la sirène de son timbre grave. La confession sonne. Enfin. “We could try not to rob a place, for a change. Unless your bee hive daddy needs you for something nastier than this... In which case wild would be an understatement.”