memories of an android (rhewa)

L’hippodrome est vide quand il plie ses bagages pour rentrer chez lui. C’est une ambiance particulière qui plane sur les gradins. Eux qui sont noirs de monde au quotidien, il n’y a pas âme qui vive, tout juste si on entend le ronronnement des moteurs au lointain. Arcturus l’a encore encore dans les oreilles, tout comme l’adrénaline qui pulse dans ses veines. Juste lui et sa fatigue, des personnes qui travaillent ici et qu’on ne remarque jamais, un silence qu’il comble en sifflotant tant il en est oppressant. Ce vide lui donne le tournis. La vision est impressionnante et lui rappelle à quel point il est petit face à tout ça, et qu’il pourrait bien finir par mordre la terre battue un de ses jours si il prend trop la grosse tête. Le melon, Arcturus l’a déjà, ce n’est pas nouveau. Tous ceux qui le connaissent savent que l’adversaire le plus redoutable qu’il puisse affronter, c’est son ego surdimensionné. A double tranchant, si il peut facilement s’énerver et revenir dans la course lorsqu’il réalise qu’il y a du laisser-aller, Spitfire se laisse souvent aller au caprice et blâme tout le monde sauf son manque de talent sur cette partie là.
Il se sent comme chez lui ici, alors il fait comme chez lui. Et se montre particulièrement insupportable si quelque chose lui déplaît, dans l’espoir peut-être de faire plier quelqu’un.

A peine alerte sur son environnement, il manque de lui rentrer dedans. Il se retourne pour se retrouver face à Rhewa. Pour une surprise, s’en est une. Un moment déjà qu’il ne l’a pas vue à l’hippodrome. Il aimait bien l’affronter, il a même cru à un moment qu’ils allaient devenir ami. Ironique.
Non pas qu’il s’inquiète, il arrive souvent que des compétiteurs disparaissent il ne sait où. La plupart du temps, une histoire de mauvaise chute ou de crash, et certains noms finissent par être oubliés. Sa longévité fait de lui une star certaine dans le milieu. Il a ses concurrents favoris aussi, ceux qui, à son humble avis, ont le mérite de l’affronter. Il aimait bien l’androïde, même si il ne l’avouera jamais, pas même sous la torture. Alors, quand il croit l’apercevoir, Arcturus ne lutte pas contre la pointe de curiosité que le pousse à l’aborder.

« Rhewa ? » Arcturus exagère la surprise. « Quelle surprise de te voir ici. Ou étais-tu passé ? Tu as prit des vacances ? » Il se rapproche d’elle, tout en gardant une certaine distance entre eux. Un malaise du fait qu’elle n’est pas humaine. Elle a su gagner son respect, mais il est encore difficile pour lui d’admettre qu’elle n’est pas juste une coquille de métal, dénuée de réflexion. Il est impossible de prévoir l’issue d’une course et à moins d’être un très bon tricheur ou de tirer les ficelles, personne n’aurait pu la programmer pour gagner. Ce qui veut dire qu’elle a quelque chose qu’il ne considère pas accessible à ses congénères : du talent et de la jugeote. Dans ses yeux, il ne lit aucune émotion et se voit froncer les sourcils. Il n’a pas l’impression qu’elle le reconnaît, ce qui est vexant. Après tout, il est là depuis plus longtemps qu’elle, il est son aîné et le préféré du public. Surtout pour ses travers. Il espère ne pas s’être trompé de personne.