strategies for a parallel universe (tintin)

an - 22 / naissance C'est un murmure lourd au travers des maigres maisons constituant le village ; une déception collective ressentie au travers des œillades et des sourires forcés. Désolés pour cette pauvre Saida, si petite et délicate, dont le coeur a été captif trop rapidement et brusquement par un homme qui n'en possède aucun sentiment. On la dit forte à l'observant dans les yeux tandis qu'elle transporte son ventre rond comme une pastèque sur ses maigres jambes, mais on susurre des paroles néfastes lorsque l'on parle en secret de son cas. C'est qu'elle était mignonne, la petite Saida. Une gamine un peu bête mais pleine de promesses ; elle aurait pu finir avec un bon mari, voire même le futur chef du village, mais le coeur est aussi bête que sa tête et l'enfant sera certainement aussi bête qu'elle. C'est ce que l'on dit, au creux du village, au travers des demeures. C'est ce qu'on ne regrette même pas lorsqu'elle lâche un dernier cri et un dernier souffle, lorsque l'enfant prend un moment à respirer, à hurler, tandis que la mère se tait pour toujours. Ainsi, c'est sur l'enfant que l'on pose un regard bien doux, auquel on offre des paroles douces, tandis que l'on murmure plus loin face à son triste sort.
an - 13 / neuf ans Il y a une étrangeté autour de l'enfant ; une malédiction que l'on dit, parfois. Les croyances sont nombreuses sur Endor. Elles n'appartiennent pas qu'aux Ewoks. Souvent, des batailles sont menées sur ce simple fait ; à qui appartenaient ces croyances, d'abord. Qui est le voleur ? Car il y a toujours un voleur, toujours un ennemi. Les prunelles sont pesantes, sur Saidatin. Sur l'enfant sans mère, sans père. Les voix sont nombreuses au travers du village à hurler son prénom, à lui imposer une éducation. Aucune n'est assez douce pour lui offrir un toit pour longtemps ou un peu plus que du lardon. Il est là. Il existe ; loth-rat entre les arbres, sur les branches et dans la jungle. Il hurle et se bat, toujours le poids levé vers les Ewoks du village voisin. Tant de rages dans le coeur du gamin ; c'est ce qu'on dit, c'est ce qu'on pense en rigolant, en l'observant. Il y a deux jedi sur Endor, cette fois-là. À croire que les conflits avec les Ewoks font parler depuis un moment. Deux Jedi dont l'iris de l'un d'eux se pose sur le gamin sans savoir qu'il est là, dans les arbres, avant qu'un fruit ne soit balancé violemment en leur direction. Il est étrange de constater que celui-ci vient d'une entière opposition. La femme sait pourtant ; c'est la Force. Le soir même, elle quémande au village l'autorisation de l'emmener avec eux. Saidatin quitte le village sans être retenu, après avoir mordu. Sur le coeur reste un goût amer. Pourtant il ne regarde pas derrière.
an -12  / dix ans Le sabre est orange entre les doigts ; les murmures ne cessent toujours pas. Longues ont été les négociations avec le conseil Jedi, un an plus tôt, lorsque Maitre Karaal l'a mené en ces lieux. Les genoux étaient salis, comme les habits : ramenés contre le corps tandis qu'il écoutait les arguments des plus vieux. Oh, ce n'était pas la première fois. Les oreilles de Saidatin avaient déjà entendu pire, plusieurs fois. Ils sont encore là, les commentaires. Le sabre est orange entre ses doigts et Maître Karaal l'observe encore et l'éduque, essaie de lui apprendre des choses précises et n'en reçoit que des pourquoi venant de l'enfant. Il ne connait rien de la normalité, de l'ordinaire. Il ne comprend pas pourquoi on essaie de le lui imposer mais souvent, il finit par se taire et s'exécuter.
an - 8 / quatorze ans Mais il ne se tait jamais, Tintin. Il parle plus qu'il ne devrait selon les dires et il commente, cherche les raisons et confronte, souvent. Maitre Karaal l'observe et pince les lèvres, calme l'émoi s'éveillant en elle et reste zen face à ce que l'adolescent lui offre. Elle essaie, du moins. Car elle voit encore en lui de grandes choses, car elle a vu quelque chose en lui, cinq ans plus tôt, dans cet arbre. Peut-être possède-t-elle le désir naif de trouver l'individu pouvant ramener l'équilibre quitte à ne pas l'être. Peut-être doit-elle s'avouer que Tintin n'est pas le Saint attendu. Elle le dit, une fois. Au travers d'une énième discussion finissant en dispute, elle offre des paroles qui ne sont pas murmurées, qui ne sont pas dit au détour d'un couloir. Non ; elle observe le gamin dans les yeux et lui dit ce que les autres disent, constamment, à son sujet. Et il la juge, Tintin, du haut de ses quatorze ans. Il suffit d'un moment avant que la mâchoire se braque sans douleur, qu'un hochement de tête soit fait et qu'il dise je n'en ai pas de besoin. L'instant suivant, le sabre laser est déposé devant la Jedi et l'adolescent s'en va. Il n'en veut pas, de ça. L'attachement était plus envers elle qu'envers l'art enseigné.
an - 4 / dix-huit ans La rupture est brusque, drastique. Les livres sont pris, les habits aussi. Tintin lance un dernier regard à l'académie et s'en va encore une fois, rien sauf de maigres choses sur lui. La vie a déjà été autrement ? Il a été seul si souvent. Les choses sont mieux ainsi ; nul besoin de suivre des lois établies, nul besoin de se laisser mener par des enseignements aussi vieux que ceux qui les partagent, en avant. Les questions brulent ses lèvres et dérangent, constamment. Sa logique dérange, choque, se voit contredite trop souvent. Il n'a pas besoin de ça. Son coeur appelle ailleurs ; la Force résonne plus fort tandis qu'il s'éloigne du coeur de Theed et se perd entre les montagnes, entre les arbres. C'est aux pieds d'un temple de la Force que le pas s'arrête, près d'un simple village. Tintin s'y trouve calme. Les jours qui suivent, il s'y approprie une maigre demeure et s'y crée un atelier pour ses créations.  
an - 2 / vingt ans Les mains sont salies de graisse lorsque l'iris se pose sur un visage de marbre. Tintin observe, un moment, les phalanges se frottant contre son pantalon tout aussi sale. Il y a une familiarité dans les traits qui n'a pas changé avec les années, une curiosité qui le force à observer les environs à la recherche de son ancien maître. Elle ne se trouve pas ; seul, son nouvel apprenti parcourt les escaliers du temple et se pose en son sein pour une prière. Tintin observe, les cheveux défaits et l'iris maligne. Il y a un désir en lui de se moquer ; le moment est court car quelques minutes, moindres, s'écoulent avant qu'un véritable moine se dévoile et avoue la vérité au padawan. Tintin n'est pas un moine ; il est un squatteur. Le rire est fort, moqueur. Les yeux brillent et restent posés sur le visage de marbre. Il y voit un sourire, peut-être.
an - 1 / vingt et un an Il n'a jamais désiré retourner sur Endor ; l'attachement est moindre pour la Lune, et Tintin est absent de toute nostalgie lorsqu'il pense à l'endroit. San quémande pourtant ; une demande simple et précise, pour leur mariage. Pour leur seconde demeure ; les lèvres se tordent et les soupirs naissent, mais un maigre moment s'écoule avant qu'il n'accepte. Ainsi, Endor accueille le mariage secret de l'apprenti de Maitre Karaal et de celui l'ayant été avant lui. Tandis qu'il travaille à la fabrication d'une demeure convenable possédant un atelier acceptable, San devient le sauveteur de cinq bébés ewoks aussi laids que nombreux. Si Tintin argumente pendant un long moment, il ne gagne rien à la bataille. Il reste fier malgré tout : San assume ce qu'il désire sans suivre un autre avis que celui se trouvant dans son coeur.
an 0 / vingt-deux ans Rares sont les visites au travers de l'espace ; Endor l'abrite depuis un an, maintenant. Tintin aime les étoiles mais n'y trouve rien de bien profond, comme la Force. C'est au travers des murmures qu'il apprend la défaite des Wookies et des Jedi ainsi que la mise au pouvoir de l'empire galactique par les hommes et les Sith. Le coeur se serre et il ne tarde pas à se rendre sur Naboo en compagnie des Ewoks pour rejoindre San lorsque celui-ci ne revient pas à la date convenue. Il est incapable de rester en place. Elles viennent au fil des jours, les informations. Des murmures inquiets et d'autres fiers venant des habitants se rendant au temple pour prier. Le coeur palpite dans la poitrine, les poings se serrent et les cris sont plus forts envers les pauvres enfants Ewoks. La patience manque. Avec l'inquiétude vient la colère. Elle éclate d'une puissance en même temps que le temple ; l'Empire le détruit au bout d'un mois, brusquement. La facade n'existe plus tout comme la structure extérieur. Simplement pour une rumeur disant qu'un Jedi se cachait en ces lieux.
an 4 / vingt-six ans Le voyage vers Endor est lent et silencieux. Les enfants sont calmes, DUMDUM aussi, s'en occupant. Il y a une ombre sur le coeur de Tintin. San lui manque. Le manque est brûlant, étouffant. Les jours sont sombres. Les pensées le sont également. Sourde est la colère qui se répand dans ses veines. Il se tait ; l'idée est claire dans son esprit, si précise. Il n'a pas besoin de ces Ewoks. Il n'a jamais voulu de ces enfants. Pourquoi les garderait-il maintenant que San n'est plus ça ? Quatre ans se sont écoulés maintenant. Quatre longues années loin de sa moitié à s'occuper d'enfants dont il n'a jamais désiré. Il n'a jamais demandé à être père. Le destin en décide autrement ; un impact avec un météore l'oblige à s'arrêter sur une planète quelconque et trouver un autre vaisseau. Au bout de quelques jours, il offre ses services à un jeune homme ayant besoin de réparations. Lorsque celui-ci lui demande où il désire se rendre, Tintin lui répond qu'il ne sait pas. Il cherche le sentier le menant à San et ne le connait pas. Il rejoint le Convor à ce moment-là.
début an 6 / vingt-sept ans Les occupations ne peuvent que s'accentuer et se multiplier au fil des jours, des semaines, des années. L'espoir reste présent, lourd et délicat à la fois. Tintin a besoin de se tenir occuper ; la colère est une ombre sur lui et les émois peuvent prendre de l'ampleur rapidement. Il vague aisément entre le temple et son atelier, le convor et son second atelier ainsi que les missions, et aussi son restaurant volant. Tintin observe les jours passer comme il toise le montant de la prime à son sujet grandir.