des nouilles, des fleurs et une calvitie (tintin)

Il y a quelque chose qui apaise le feu en lui lorsqu'il est derrière les fourneaux ; longtemps, Saidatin n'a eu qu'à nourrir sa propre personne. Loin des villageois généreux, enfant sauvage incapable de se trouver une place dans une moindre demeure, il a d'abord volé à plusieurs reprises de nombreux aliments pour se concocter de maigres repas d'enfant. Son court passage à l'académie n'a pas changé la chose ; les mains plus souvent dans les poches des autres que dans les siennes, il lorgnait sur les repas offerts aux apprentis et grimaçait, incapable de concevoir le fait qu'il devait dévorer un tel repas sans saveur. Les mains salies par la nourriture, il concoctait avec un petit feu, souvent, à l'extérieur - ou à l'intérieur - de l'académie de la force ses repas d'orphelin.
Un calme, une précision ; la même qu'il possède lors de la construction de ses inventions, la même qui découle de cette étrange patience lorsqu'il s'affaisse à créer un repas quelconque. Il a fallu des années pourtant pour que ses plats soient mangés par une autre personne que lui-même. Il a fallu San.
Maintenant, il n'est plus. En son absence, le saint rat a laissé cinq monstres qui demandent des repas constants ; une chose qui n'accentue pas, jamais, la patience de Tintin. Il prépare pourtant le repas des enfants plusieurs fois par jour, s'évade à l'occasion au coeur de Theed pour entendre les rumeurs et sourire grossièrement aux gens de l'Empire désirant dévorer ses repas.
Les cheveux défaits, la barbe et la moustache un brin trop présents, il ne ressemble en rien au parfait personnage se trouvant sur la demande de prime à son sujet ; il s'agit d'un Saidatin d'autrefois, un peu plus droit et heureux, toujours aussi fou, mais qui prenait soin de soi ou plutôt, qui laissait son époux s'occuper de sa crinière et de sa barbe. San avait cette manière lente de poser la crème contre sa chair avant de laisser une lame, fine et aiguisée, faire disparaitre sa barbe et sa moustache. Il y avait quelque chose de calme dans l'instant tandis que la lame, aiguisée, coulait le long de sa chair. Un message de confiance sans le moindre mot, au travers de gestes et de regard.
Aujourd'hui, Tintin oublie plus souvent qu'autrement. La barbe est moindre, faible mais foncée tout de même. Rares sont les occasions où son iris croise les reflets ; son apparence lui importe peu. Il préfère consacrer son temps à s'occuper de la fourrure chaotique de chacun de ses enfants.
Saletés de monstres.
Ils n'ont pas cessés de faire du bruit pendant l'heure de pointe ; déjà débordé par la présence accentue des clients, Tintin a du à plusieurs occasions lancer de forts cris pour les calmer.
Maintenant que les clients ne viennent plus - le ventre est plein, le travail recommence - ils dorment ; du moins, certains. Tintin ne leur offre qu'un maigre repas. Un outil à la main, il inspire doucement pour ne pas frapper fort contre son lave-vaisselle modifié et dévisage plutôt l'appareil, cherche un moyen, une idée de le réparer plutôt que de lancer les plats sales à la main. Il n'en a pas envie. Il pourra toujours, à la limite, rentrer au village et trouver un moyen pour qu'un autre s'occupe de la tâche. Peut-être Zhin...
Les lèvres pincées, un humement entre les lèvres, il observe moindrement l'appareil lorsque le vaisseau vacille un instant. La tête se redresse, mouvement brusque, un hurlement au bord des lèvres. Il s'apprête à disputer les ewoks lorsque les prunelles tombent sur une couronne de fleurs mais surtout, sur l'homme la portant.
Il aurait préféré un de ses ewoks.
- pas pour moi qu'il répond face à ses paroles, fronçant des sourcils. Déjà, il se met debout, l'outil toujours à la main, posé contre la hanche. j'peux savoir ce que tu fous là ?
Peut-être qu'il pourrait lui demander de nettoyer la vaisselle, quitte à être présent. Mais Cassandr fait déjà son circle, bougeant et s'emparant d'un ustensile quelconque. Tintin se rassoit au sol devant son lave-vaisselle, l'observant un moment parler et gigoter pour accompagner ses explications. Il a pris l'habitude, souvent, à porter peu d'attention à ce qu'il peut bien dire. Il hume à l'occasion pour lui faire croire et le laisse continuer la conversation ; une méthode qu'il use également avec les gamins démoniaques.
- tu racontes quoi encore ? qu'il marmonne, essayant une nouvelle solution pour son lave-vaisselle. Si elle ne fonctionne pas, il lui demandera de tout laver. Pour le dérangement. c'est encore une de tes visions ? la force t'a mis en garde contre l'homme de ta vie ? j'peux comprendre qu'il soit énervé en découvrant ta tête. Il lui lance un regard de côté, un fin sourire moqueur sur les lèvres.

Le cou craque quand la remarque tombe  ; qu'importe les années qui passent, les prémonitions à la con de Cassandr ne cessent jamais de le surprendre. Le regard surpris - et embêté - le mécano dévisage l'étrange de longues secondes pour savoir s'il s'agit d'une vérité ou d'un mensonge. Voilà une terrible chose ; Cassandra peut bien prévoir des choses trop souvent, Tintin en doute à chaque fois. Non pas qu'il doute de lui, mais plutôt que Cassandr ne sait pas réellement écouter tout le bordel qui se passe dans sa propre tête. Facile à comprendre ; Tintin a du mal à suivre simplement quand il parle, alors il n'imagine pas dans sa tête. Voilà bien un endroit dans lequel il n'a pas envie de s'aventurer.
Dans le regard, la noirceur s'accentue avec les paroles. Les lèvres se tordent et la moue se forme, et Tintin dévisage son ami sans grande discrétion de son embêtement. Cassandr lui casse la tête, souvent. D'une autre manière que Zhin, mais tout de même. Parfois, il se demande ce qu'il a mérité pour ça.  À trop avoir jouer au moine et trainer le mensonge à tout va, voilà comment la Force le remercie. San aurait tendance à dire que c'est son très cher Kin et ses merdes de grand moine, mais Tintin préfère encore lui rire au visage que le croire. Un tas d'os ne fait pas grand chose dans la vie, outre que du bon compost pour les plantes de Cassandr et Zhin. Et encore, le vieux est moindre depuis des lustres. La merde de Tintin et de ses nains est beaucoup plus effectives.
- arrête de dire n'importe quoi.
Que ce soit vrai ou faux, il aura droit à un vomi ou de la merde dans les prochains jours, peu importe la raison. Cassandr pourrait aussi bien lui prédire que le soleil va se lever demain, la chose reviendrait au même.
Le lave-vaisselle est plus importante, pour l'heure. Il peut même, à l'occasion, s'en servir pour nettoyer quelques vêtements. La détermination est tout ce qu'il lui faut. Parfois, il faut voir plus loin que le bout de son nez. Se limiter à ce qui est indiqué n'aide à personne.
Outils entre les doigts, sourcils froncés, Tintin se penche un peu plus vers le problème et semble le voir quand, de nouveau, Cassandr lui pose une pluie de questions.
Tintin est apte à travailler dans diverses situations. Il vit avec des démons depuis plusieurs années, après tout. Cassandr possède pourtant, quelque part, une étrangeté qui l'empêche bien souvenir de se concentrer entièrement. Peut-être s'agit-il de sa connexion avec la Force, si particulière, qui éveille quelque chose dans l'air et dérange, souvent, les sens de Tintin.
Son regard se tourne vers l'autre, de nouveau, et cette fois, le savant fou porte un regard hostile vers son camarade. Qu'il se taise, oui ? Tintin n'a pas la patience. Les clients ont été dérangeants, les enfants aussi. Maintenant que l'heure de pointe est finie, ils dorment comme des loires mais avant, ils étaient insupportables.
De vrais petits diables.
La tête se tourne vers le port quand les cris résonnent, plus loin. Quelque chose de doux, contre l'échine. Un pressentiment. Les yeux se ferment et il inspire, cherche un certain calme et prie, peut-être, une moindre seconde. La chose s'étire et il ose croire à un hasard mais, lorsque le calme le gagne moindrement, Cassandr parle encore et brise ses rêves.
Bien évidemment que cet individu possède un problème avec l'étrange personnage qu'est son ami. Bien évidemment. La Force possède des surprises et, souvent, elles ne sont pas bien belles. Tintin lui cracherait bien au visage.
- touche pas au volant qu'il gronde, laissant tomber ses outils enfin. L'un d'eux tombe sur le pied de Cassandr. Tintin grimace plus à le voir nu qu'à l'avoir blessé. Quelle horreur. tes pieds qu'il geint, mimant un haut le coeur qui s'accorde avec son sentiment. balance pas juste une pétale. Fous toi tes couronnes aux chevilles ou j'sais pas. et lâche le gouvernail !
Cette fois, il se regrette et le pousse sans demander son reste. Au delà du vaisseau, sur le quai, l'animation ne cesse pas. Tintin serre des dents et inspire un bout.
- Le moteur doit se réchauffer qu'il grince entre ses doigts, hautement dérangé. Il offre un regard à Cassandr, bien similaire à celui qu'il accorde souvent aux gamins. et dire désolé, ça te parle pas ? non ? qu'il gronde, commençant tout de même à démarrer le vieux vaisseau.