(m) Capitaine du Golden Revenge, Maître du déguisement, Homines

Il se souvient parfaitement du plus beau jour de sa vie. L’odeur de l’herbe fraîchement coupée, l’humidité des bouteilles de mousseux qui reposaient au frais, le son des bouchons qui sautant, les rires, les danses, l’odeur du cigare de son meilleur ami, et puis surtout les cheveux roux de sa femme, ses douces lèvres lorsqu’elle a dit oui. Son mariage est le plus beau jour de sa vie.

Et puis, il y a eu l’Empire. Il a protesté sur Aldérande, criant à qui voulait bien l’entendre que l’Empire est dangereux, qu’il ne faut pas se laisser faire, qu’il faut réagir et prendre les armes. Il a crié, mais on ne l’a pas écouté. Pas les bonnes personnes du moins. L’Empire a entendu.

Un jour, il est partit d’Aldérande pour renouveler la garde-robe d’une nouvelle sénatrice, afin de la rendre impeccable pour le jour de son investiture. Lorsqu’il est rentré, plus personne ne l’attendait chez lui. Sa femme avait été tuée. Il arrêta complètement de fabriquer des tenues luxueuses et bientôt, cela devenait beaucoup trop difficile voir insupportable de vivre sous ce toit. Il a vendu la maison pour s’acheter un petit appartement.

Djal a vécu quelques semaines dans un appartement insalubre, vide, excepté de la présence d’un matelas et d’une hélice pour l’air climatisé. Couché sur ce matelas mouillé de pisse et de vomis, entre cadavres de bouteilles d’alcool et autres vidanges à moitiés remplies, il fixait l’hélice en s’apitoyant sur son sort, malheureux et dans l’impossibilité de digérer l’amère vérité. Les regrets ne voulaient plus le laisser dormir, pourchasser par ce qu’il n’avait pas fait, ce qu’il aurait dû faire.

Et puis un jour, Djal s’est relevé. Il n’était plus le même. La paix, plus jamais il ne trouverai avant de s’être vengé. L'Empire venait d'accomplir la plus incroyable des magies : changer un ourson fait d'amour en un monstre.