Je mène une vie tranquille, depuis que je suis de retour sur Naboo. Qui l'aurait cru ? La proie qui rentre directement dans la tanière du chasseur. Caché aux yeux de tous. J'étais pas convaincu. Peut-être que j'avais envie de mourir, au moment de me poser là. Persuadé que ça ne durerait pas. Et pourtant... la routine s'est installée. Si j'aime ça ? Disons que ça repose. C'est plus facile pour penser. Je me suis remis à méditer plus longtemps que d'habitude, dernièrement. Enfin... "que d'habitude", c'est vite dit. Disons que depuis la mort de mon Padawan, méditer n'était plus vraiment une option. Peut-être que j'aurai dû. Il se moquerait bien de me voir maintenant, tiens. J'étais le genre de Master à mettre à profit la moindre seconde de pause pour méditer. Ouais, même en plein champ de bataille. Aujourd'hui, j'ai le temps. Simplement plus la patience. Sans doute que je n'ai surtout pas envie d'entendre ma conscience donner tort à tout ce que je fais depuis la montée de l'Empire. Je n'ai pas envie de paix. Que ce soit avec l'Empire, la République ou moi-même. Surtout moi-même. La seule paix que je veux, c'est qu'on me la foute.
C'est ainsi que je pars, dans les montagnes, prétextant manquer d'une pièce ou d'une autre pour aller m'aventurer là où je pourrais m'en procurer facilement : le cimetière des vaisseaux. Toutes les planètes en possèdent un. Toutes. Il faut juste avoir les bonnes informations. Aucun endroit de la galaxie n'a été épargné par la guerre. Il faut juste savoir quand et à peu près où. Ici, à peu près tout le monde le sait. C'est pas pour autant qu'on ose s'y aventurer. Disons que j'ai ma petite technique secrète pour être peinard et croiser personne.
Avant d'aller vraiment me chercher de quoi agrémenter mon atelier, je passe dans la forêt, à l'abris des regards et du reste, me faufile entre les arbres, avant d'arriver à une grotte semi-naturelle abritant mon bon vieux
Bolt. C'est ainsi que j'ai nommé ce défenseur léger, hérité d'une époque révolue. Pas vraiment à moi, jamais rendu. À moitié réaménagé par un Mandalorien complètement cinglé. Pléonasme. Sont tous dingues, ces ahuris de la gâchette. Mais c'est de bons souvenirs, finalement.
Je retrouve automatiquement une certaine sérénité en passant la porte, malgré les fantômes qui se promènent. Le silence. L'ambiance. Une certaine luminosité qui perdure... Je me dirige rapidement vers un placard de la pièce principal. Ce qu'il contient ne m'intéresse pas, non, mais j'y ai aménagé un faux fond bien particulier. Grâce à une sorte de technologie holocronique, cette deuxième porte ne peut s'ouvrir qu'à l'aide de la Force. Et pour cause : tout mon passé s'y trouve, ou une bonne partie en tout cas. Un vieil uniforme. Le sabre laser de mon ancien maître, décédé en première ligne, à l'Académie, tentant de secourir les plus jeunes. Celui, rouge, d'un des deux Sith ayant achevé mon Padawan... Vengeance ? Possible. Ce jour-là, j'ai décidé de lui transpercer le cœur avec la lame verte du sabre qui appartenait à mon élève, alors que la mienne était prête à le faire. Pas très Jedi.
J'essaie de ne pas penser. Automatisme. Ouvre cette porte. Dépose-y les infos que t'as récupéré, même si tu sais pas quoi en faire. Ne regarde rien de ce qu'il y a autour. Referme cette porte. Barre-toi. Pas de méditation pour aujourd'hui. Je replace la nature alentour pour dissimuler mon vaisseau, et repars vers mon objectif principal : le pic de la Beltegeuse. Dangereux pour un tas de raisons. C'est là que mon ancienne vie peut m'être utile. Je peux éviter les humains en sentant où ils sont et trouver un autre coin. Les bestioles ne me font pas peur. J'ai mon blaster à la ceinture, et mon sabre, en plusieurs morceaux qui ont l'air indépendants des fois que quelqu'un tombe dessus. Je peux le réassembler en moins de temps qu'il ne le faut pour le penser.
C'était une journée tranquille. Loin du monde, pas besoin de faire semblant avec une corde ou ce genre de fioriture encombrante. Pas besoin de restreindre mes capacités. La Force me permet de sauter plus haut, plus loin, plus profond. Pas trop non plus, on a nos limites aussi. Mais je peux me rendre dans des endroits bien plus difficile d'accès pour le commun des mortels. Ma technométrie me permet également de me diriger directement vers ce qui pourrait m'être intéressant.
Après quelques heures dans les entrailles d'un lightfreighter de type N3, je remonte tranquillement à la surface, au soleil, histoire de dévorer les sandwiches que je m'étais préparé. C'est là que j'ai senti une certaine mouvance inhabituelle dans la Force. Oh, rien de grave. Minuscule. À peine perceptible. Rien de dangereux. Rien de spécial, juste... un truc pas trop à sa place.
Je sursaute en le voyant, reculant de quelques pas alors que j'étais encore assis. Violente réaction face à une si petite chose, un miaulement si léger. Un...
loth-cat...?- What the fuck you're doing here, dude ?Impassible, il s'assoit en face de moi, miaule encore. C'est assez incroyable, comme situation. Je ne sais pas trop combien de temps on est resté comem ça, l'un et l'autre, à s'observer, se jauger. Je me demandais sincèrement ce qu'il foutait là. Sur Naboo. En plein Back Lands. Au milieu de carcasses métalliques. Bien loin des prairies de Lothal.
J'ai fini par lui jeter un petit bout de mon sandwich. Il a apprécié. Un autre. Un peu plus près. Encore un peu plus près. Et puis il a faillit se jeter dessus, alors je l'ai repoussé gentiment en riant :
- Be patient, young Padawan !Je m'étonnais moi-même que de tels mots sortent de ma bouche. Ça faisait si longtemps... Mais j'ai partagé mon repas, et quelques caresses, avec ce Loth-cat sorti de nulle part, avant de retourner jouer les Jawas dans l'antre d'un autre cargo. J'ai senti sa présence quelques temps, et puis, quand je suis remonté peu avant la tombée de la nuit, il n'était plus là.
Je suis resté dormir dans le coin, ce soir là. Dans le
Bolt. Trop tard pour rentrer. La récolte avait été bonne, je pourrais rentrer tranquillement au matin.
De retour dans mon atelier, je me remets à bosser sur le vieux speeder d'un client, avant d'améliorer un peu le mien. Reprise de la routine. Soirée à la cantina à jouer au Sabacc. Retour à moitié bourré à l'appartement. Nuit avec un inconnu. Retour à l'atelier. Quelques bricoles. Bientôt l'heure d'aller se montrer à la cantina.
La porte de mon atelier reste ouverte, quand j'y suis. Comme ça les clients peuvent entrer, tout le monde passe devant, et par habitude, plus personne ne se pose de question. Mais quand je relève la tête du droïde que j'étais en train de bidouiller, encore un tournevis à la main, mon regard se pose sur lui. Dans l'encadrure de la porte. Le loth-cat. Assis, tranquillement. Il miaule.
- Hey, buddy !Quelque part, je ne suis pas étonné de le voir. Sans doute avais-je senti sa présence autour de moi. Mais je me demande quand-même et toujours ce qu'il fout là. Que ce soit sur Naboo, ou là, devant moi.
Ça fait quelque temps maintenant qu'il me suit partout. Qu'il a l'air de jouer ou de se disputer avec Dizzy. Qu'il me ramène ses proies. Dort sur mes étagères. C'est mon nouveau Padawan. Mais faudrait pas que ça s'ébruite, alors, je l'appelle Padu.
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