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@wazn c-679

C'est le seul endroit sur cette planète qui ne lui apparaît pas comme un chez soit  ; c'est le seul qu'il nomme ainsi. La décoration des prestataires s'en sont chargé, dernière mode, on lui fait souvent remarquer le bon goût. Générique. La propreté des lieux impeccable ne laisse pas imaginer qu'un fêtard y organise chaque semaine des soirées plus folles les unes que les autres. On nettoie pour lui ses frasques. Depuis qu'il a quitté Coruscant, pas un seul balais n'a eu le privilège de bénéficier de son regard, il y a toujours quelqu'un pour le faire à sa place. Un certain temps que Wazn s'en occupe, c'est pour cette raison qu'Arcturus le garde. Son androïde, son majordome, qui a tout d'un esclave, soumit à la moindre de ses volontés que ça lui plaise ou non. Est-il seulement capable de faire la différence ? Ressemblance à s'y méprendre à un homme, un vrai, même la sensation de sa peau contre la sienne donne l'illusion d'éteindre une âme de chair et d'os. Ses yeux en revanchent, ne traduisent pas cette émotion particulière des vivants. Il ne nie pas y croiser quelques choses, prétend qu'il s'agit d'un reflet. Essaie de ne pas trop y penser, ne s'intéresse pas à ce qui se passe dans ses circuits. C'est un objet comme un autre dans ce décor aseptisé. Juste un tas de ferraille qui devrait s'estimer heureux de l'avoir pour maître. Peu d'exigences, tant que le travail est fait et bien, la pilote n'hausse pas la voix. Ronchonne, de temps en temps. L'ignore, dans le meilleur des cas, évite les conversations. Les tentatives sont nombreuses. Il faut croire que Wazn fait des efforts, essaye d'être quelqu'un, montre tant de bonne volonté que s'en est dérangeant. Il est parfois gêné (il ne devrait pas pourtant). Mal à l'aise devant une telle dévotion. Il ne lui rendrait jamais la pareille.

Étrange qu'il ne soit pas là quand il rentre. Pincement au coeur. L'homme le cherche dans tout l'appartement sans trouver sa trace, hésite puis décide que son prétexte justifie plus d'investigation. Les caméras de surveillances lui permettent de vite le localiser. Il ne regarde jamais, se fiche bien des allées et venues de l'androïde. Ne s'est jamais demandé de quoi sont faite ses journées en son absence. Si il est capable du même ennui qui le guette. Plus souvent chez lui que dehors, Arcturus ne fait pas non plus attention à sa présence. Invisible, sauf quand il a faim, ou qu'il lui faut une nouvelle chemise. Wazn n'existe que pour remplir un besoin primaire, pour servir,  lui faciliter son existence au maximum. Il a faim, il est fatigué et veut qu'on s'occupe de lui, qu'on lui donne de l'attention. La pièce que Wazn a investi lui est inconnue, il a du l'oublier. C'était un débarras. Il entre sans s'annoncer, la porte s'ouvre automatiquement, ses empreintes digitales autorité suprême en ces murs. L'androïde est occupé, sur quelque chose qui ressemble à un vaisseau. Mais qui n'est pas le sien de vaisseau. « Qu'est-ce que tu manigances ? » Il souffle et croise les bras sur sa poitrine. Et si Wazn jouait bien son petit jeu ? Qu'il voulait se barrer ? Avec toutes ces conneries de révolution, ces androïdes qui parlent de droits alors qu'ils ne sont pas nés mais crées.  « Et c'est quoi ce bazar ? J'espère que tu as de solides explications. » Est-il si malheureux que ça ? Au moins, Arcturus ne le frappe pas... « Je suis très déçu de ton comportement. » 

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@arcturus sahleac

Se sent-il chez lui ici, dans l’antre de son maître ? N’a-t-il aucune maison, aucun endroit qui lui appartienne vraiment ? Les androïdes n’ont pas les mêmes droits que les hommes, bien que Wazn s’efforce tant bien que mal de leur ressembler. Il aimerait être l’un des leurs, plus que tout au monde. Mais il n’est que l’esclave d’un autre. Pourtant, il ne lui en veut pas. Non, Wazn est heureux d’être encore ici, sur ce monde. Il est encore capable de fonctionner, de marcher, fabriquer des choses comme il a été conçu, comme il aime. Aime-t-il ? Tout est incertain. Constamment, il se pose des questions, se demandant si ce qu’il ressent est un sentiment humain ou quelque chose qui vient directement de son processus. Il se demande constamment ce qui le distingue des hommes, comment leur ressembler davantage et si ce qu’il a dans sa tête, c’est différent d’eux ou si ça fonctionne comme il voudrait. Ce sont des questions qui se répètent, qui n’obtiennent aucune réponse puisqu’il n’y en a pas vraiment. Mais s’il n’y a pas de réponses à un problème, ne lui a-t-on pas enseigner que c’était parce qu’il n’y avait pas de problème ?
Tout semble confus. Qu’est-ce qui le distingue de la machine sur laquelle il est en train de travailler, si ce n’est une apparence humaine. Ce qu’il y a là-dedans, au milieu des rouages mécaniques, est-ce que c’est humain ? Leur ressembler est une grande chose, mais qu’en est-il d’être l’un des leurs, d’être considéré comme tel ? Arcturus n’a jamais daigné lui offrir cette opportunité de se voir comme un véritable être. Il n’est que paraître. Chaque jour, lors de ses voyages entre la tour d’ivoire et le métro, il profite de ce temps pour se mouvoir au milieu du monde, pour se documenter davantage sur les hommes, en apprendre plus sur ce qu’ils écrivent, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils sont. Et plus il se rapproche d’eux, plus il a la sensation que son maître le traite de plus en plus inférieur, comme un objet, comme une machine. Comme le vaisseau sur lequel il travaille d’arrache-pied depuis des semaines. Les finitions sont loin d’être terminées. L’objet possède sa forme finale, mais les couleurs métalliques ne lui plaisent pas assez. Il aimerait quelque chose qui corresponde vraiment à Arcturus, quelque chose de complètement personnel, qui le reflètent dans son intégralité. Mais il ne savait pas comme prendre l’essence même de l’homme pour le placer sur une machine.

Il aimerait simplement lui faire plaisir, l’aider, l’aimer. Mais le pilote intergalactique ne semble pas du même avis. Il débarque en trombe dans la petite salle que Wazn avait investie. Il espérait tant bien que mal qu’à cet endroit, il ne serait pas trouvé, puisque son maître avait cessé de voguer dans les tréfonds de son lieu de prédilection. Néanmoins, il venait de passer la porte et dans ses yeux, Wazn n’y repérait que de la déception, le dernier sentiment qu'il aurait voulu voir naître dans le regard de son maître. Il aurait aimé y voir de la joie, du bonheur, de la surprise, de la fierté, un quelconque attachement, une forme de remerciement, de reconnaissance. Il n’y avait que du dédain. Aucune estime, aucune considération. Wazn le savait : c’était son quotidien. Il espérait pourtant que cette attention, au milieu de toutes les autres qu’on lui accordait, sortirait du lot.
Lorsque la porte s’ouvrit brusquement, Wazn était allongé sous le vaisseau, travaillant sur le châssis de l’engin pour le rendre parfait. Pris de panique, il sortit du dessous de la voiture mais se cogna brutalement contre la carrosserie en tentant de se relever précipitamment. Il ne ressentit rien, mais pas réflexe, afin de ressembler aux humains, il lâcha une onomatopée signifiant la douleur. Sur son front, sa fine peau humaine s’était fissurée pour laisser entrevoir quelques câbles alors qu’il se mettait debout. Comme il savait qu’Arcturus allait le voir encore plus comme un androïde, il se précipita pour se réparer après une alerte lancée par son système.
Il encaissa ensuite le mécontentement de son maître. « Je suis … Je suis désolé mon maître. Je vous jure qu’il n’y a que de bonnes volontés derrière cet engin, rien d’autre. Je vous suis redevable, pour m’avoir sauvé. Comprenez, maître, que cet engin est en réalité une … surprise. Un cadeau. Il s’agit d’une reproduction de l’un des meilleurs vaisseaux de Naboo, avec des inspirations de Nar Shaddaa. Certains moteurs de vaisseaux là-bas possédaient une excellente puissance que ne possède pas votre podracer PR-3. Cet engin n’a pas encore de nom, mais il devait être créer en votre honneur. Je devais vous le montrer une fois terminé. C’est dommage que vous l’ayez aperçu si tôt. Avez-vous besoin de moi, maître ? Est-ce pour cela que vous êtes descendu jusqu’ici ? Vous ne vous sentez pas bien ? Laissez-moi vérifier. » dit-il en venant poser sa main sur sa joue pour prendre sa température et étudier chacune des constantes de son maître. « Vous semblez aller parfaitement bien. Quelque chose est-il à ranger, à préparer ? »

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@wazn c-679

Arrêt sur image quand Wazn lui fait face, blessé. L’envie pressante de lui demander si il va bien, si il n’a pas mal, avant de se rappeler que même si il souffre, il n’en mourra pas. Qu’il n’est qu’une machine qui se répare et n’a pas besoin de sa compassion. Automatiquement, il baisse le regard pour fixer un point imaginaire juste en dessous de ses yeux, prenant garde à ne pas fixer ses lèvres et risquer de lui donner la mauvaise idée sur ses intentions. Pas d’humeur. Quand est-ce qu’il est d’humeur en ce moment ? Il n’ose pas se confier sur toutes les choses qui le tracassent, se demande si en plus de laver son lingue sale, l’androïde va devoir lui servir de psychologue. Il ne pourrait même pas comprendre tout ce qui le traverse. Ses émotions ne sont que des lignes de codes, qui reproduisent à la perfection les vraies. Lui n’y voit qu’un mensonge. Une illusion enchantée et malsaine. Wazn lui dira ce qu’il veut entendre et un éclair de lucidité lui suffit pour réaliser que ce n’est pas ce dont il a besoin. Plus maintenant. L’androïde se confond en excuses  qu’Arcturus n’écoute pas. Il a cessé lorsqu’il a prononcé le mot "cadeau", le souffle coupé.  Il  ne se voit pas froncer les sourcils et ouvrir la bouche pour ne rien dire. Un cadeau ? Pour lui ? En quel honneur ? « Ce n’est pas mon anniversaire. » Se défend t-il rapidement, comme quelqu’un qui a quelque chose à se reprocher. Vilain maître qui déverse son venin alors qu’on s’occupe de lui au-delà de ses espérances. Arcturus ne sait pas comment réagir, c’est nouveau, ça. Un cadeau ? Il a du mal à y croire. Elle est là, la vraie surprise. On lui offre des choses régulièrement, par politesse, des amis lui ont acheté tant d’objets dont il n’a pas besoin. A croire que personne avant n’a pensé à juste se fier à ses goûts, lui demander seulement ce qu’il aime. La vitesse évidemment, la musique, les tableaux, le bon vin. L’intention plus que tout, derrière son air satisfait une fois le papier déchiré. Sourires forcés et poignées de mains fermes, c’est tout ce qu’il connaît des cadeaux, souvent empoisonnés.

Il se pince les lèvres lorsque Wazn s’approche, n’a toujours rien trouvé d’autre à dire. Veut le repousser lui et son don. Lui et cette générosité qu’il ne mérite pas. L’espace d’une seconde, il fantasme. Rêve de caresses, d’attention qui ne soit pas dictée par ses ordres. Que l’autre le fasse simplement parce qu’il le désire, le veulent tous les deux. Il recule et s’arrache aux geste, brûlé par le contact. Bien sur qu’il va bien. Tout va très bien. Tellement bien qu’il se dit parfois qu’il faudrait un accident, une grave maladie pour qu’il se passe enfin quelque chose dans ce quotidien monotone. Un vrai fauve en cage, une cage dorée qui plus est, qui ne fait plus briller ses yeux depuis longtemps. L’éclat se ravive quand il s’approche, ose enfin toucher la bête. C’est un beau vaisseau, un seul coup d’oeil suffit pour confirmer que les finitions sont parfaites. Son androïde sait faire son travail. « Je n’aime pas le couleur Qu’il maugrée avant de s’approcher et caresser la carlingue. Avec un bon coup de peinture, ça fera l’affaire. Oui. Un cadeau. Le pilote fait volte face. « Pourquoi ? Je ne te l’ai pas demandé. » Ignore royalement toutes ses interrogations. Il veut savoir, veut comprendre ce qui s’est passé. Cette étincelle de libre-arbitre. Étrange. Fascinante ? 

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@arcturus sahleac

Le cadeau partait pourtant d’une bonne intention : faire plaisir à son maître. Il savait que celui-ci avait pourtant pour habitude d’aimer lorsque Wazn lui faisait plaisir sur demande. Il espérait donc que lui faire la surprise, lui offrir quelque chose de complètement personnalisé, et parvenir à le faire sourire de manière inattendu. Il aurait aimé détecter dans ses pupilles une expression de reconnaissance, un brin de fierté brillant dans son regard, mais il n’y avait depuis longtemps plus aucune étincelle. Il n’était qu’un corps en dérive dont l’âme avait décidé de se détacher pendant un temps, n’osait pas revenir pour reprendre sa place qui lui revenait pourtant de droit. Elle se cachait derrière le sarcasme et l’ennui, préférant de loin se réfugier loin du monde, loin des gens, plutôt que de supporter cette stupide et monotone routine qui n’avait jamais déranger Wazn. Malgré son immense curiosité vis-à-vis de l’être humain, l’androïde n’avait jamais ressenti l’ennui des mouvements machinaux ni l’excitation d’une aventure, d’une chose nouvelle. Il repérait cela dans les yeux des enfants, un émerveillement dont il n’était pas capable, qui le différenciait encore et toujours de ce qu’il avait toujours voulu être : un homme dans un corps d’enfant.
Wazn affichait une expression d’incompréhension. « Je ne comprends pas, maître. Ne peut-on pas faire de cadeau en dehors des anniversaires ? J’ai pourtant vu des humains offrir des cadeaux à d’autres humains simplement pour leur faire plaisir et les rendre heureux. Je voulais simplement vous rendre heureux, maître. » avoua-t-il, cherchant encore une explication au problème.

Il ne comprenait pas pourquoi Arcturus refusait le bonheur, préférant un monde morne et sans saveur. Wazn le regarda faire glisser ses doigts le long de la carrosserie du bolide secret, finalement découvert avant l’heure. Si Wazn avait été un être humain, il aurait été terriblement fier du résultat, ressemblant à la perfection à ce qu’il avait dessiné sur des plans, réfléchissant, modelant l’objet en analysant simplement son maître. Il se souvenait que Geppetto avait toujours adoré que Wazn lui fasse des cadeaux et en retour, son créateur continuait d’étudier l’être humain et l’androïde afin d’offrir davantage de ressemblance à sa création, son fils, son monde.
Mais Arcturus critiqua la peinture. « Il me semblait pourtant, maître, en vous étudiant, qu’il s’agissait de la couleur parfaite. Que préférez-vous ? » lui demanda-t-il sans l’once d’une émotion dans la voix. L’un des plus gros défauts de Wazn en tant qu’androïde était une tolérance extrême, voire un peu trop excessive, le rendant moins humain, plus machine. « Un cadeau n’est jamais demandé, maître. Savez-vous que je suis capable d’initiatives ? Mais évidemment, je peux détruire l’objet si vous le demandez. » ajouta-t-il en contemplant le chef d’oeuvre. « Maître, puis-je vous demander quelque chose ? J’aimerais … » commença-t-il avec hésitation. « J’aimerais ressembler davantage à un être humain. Je possède déjà de nombreuses émotions : la joie, la colère, la peur, la tristesse, le dégoût, l’anticipation, la surprise et la confiance. Pourtant, j’ai constaté chez l’homme des émotions dont je n’étais pas capable : l’ennui, la songerie, la distraction, l’appréhension, l’acceptation, la sérénité, l’intérêt et la contrariété. Vous croyez que vous pourriez me les ajouter, maître, s’il vous plaît ? »

Tout son discours est d'une logique implacable, normal, il est fait pour être logique, répondre à des lignes de code, un besoin, une demande. Rentrer dans un cadre et ne pas en sortir, Arcturus a horreur quand les choses échappent à son contrôle et bien souvent il fait tout ce qui est nécessaire pour qu'elles déraillent. Inconsciemment. Se sabote comme un grand, avec l'aide de personne. Il se dit que toute na négligence l'a mené seul à ce point crucial, ce changement imperceptible dans leur relation qui redistribue toutes les cartes. Un simple cadeau qui en dit plus sur le lien qui les unit, cette étrange relation de maître et de servant qui lui paraît glauque si en plus Wazn fait tous les efforts du monde pour faire de lui le plus heureux des hommes. Ce n'est même pas ce qu'il cherche. Pas certains de le mériter. He's got a point. Sauf que Wazn n'est pas humain. C'est un tas de ferraille, rien de plus, rien de moins, un investissement qui ne lui a pas coûté cher, qu'il pensait valoir une fortune en constatant la docilité du spécimen. On lui a pourtant expliqué qu'il avait été tripatouillé par un type, avant, qu'il n'était pas neuf sorti d'usine. Un risque considérable. Arcturus est étonné. Il a gardé dans un coin de sa tête la porte ouverte à la possibilité que le robot ménager se transforme en tueur et lui reproche toutes les petites choses qu'il lui a fait subir. Les maltraitances verbales dont il assaille autant ses congénères. Les petits abus qu'il s'est permit, persuadé que de toute façon, la machine ne saurait faire la différence. Le pilote est bousculé et ce n'est franchement pas agréable de réaliser les choses comme ça après une journée qui l'a déjà suffisamment éprouvé. Pour cette raison que ses mots n'en démordent pas de cruauté. Il n'a pas anticipé qu'il veuille à se point bien faire, presque effrayant de constater la soumission. « Oui, sauf que tu n'es pas humain Wazn. Donc tu n'as pas besoin de faire... ça. » Il n'est pas comme lui. Arcturus le laisse poursuivre, complètement dépassé par les événements. Sa requête l'achève.

Tout ça, ce n'était  pas prévu au programme. Il se demande si c'est juste lui qui n'a pas fait attention au signe, ou si en se cognant, Wazn a abîmé quelque chose. Impossible de cacher la rougeur en faisant mention de la colère qui - en théorie - devrait lui convenir. Le pilote se trahit en faisant volte-face pour admirer de nouveau la bête. Le rouge du mensonge et de la honte imprimé à l'arrière de sa nuque. Si lisible que ça ? « Non. Tu ne vas pas gâcher ton travail... » Il pense à ce qu'on lui demande. Envie de donner son avis cynique sur la chose. Qu'être humain, c'est complexe et ce n'est pas à la porté d'un être comme lui. Ce n'est même pas souhaitable dans le fond. Lui est humain. Il n'y a qu'à le regarder. « C'est contre nature Wazn. Alors quoi ?  Tu veux pouvoir souffrir ? Tu trouves ça... intriguant peut-être ? » Le maître est effrayé. A l'idée qu'il élargisse encore plus sa conscience et réalise l'obscénité de ce qu'il a pu lui demander. Il craint pour sa réputation personnelle. Il craint de perdre l'affection synthétique de l'androïde qui est la seule dont il bénéficie au quotidien. Et pourtant, aucune raison de lui refuse une mise à jour. Pourquoi pas. Il se dit. Pourquoi pas... « Pourquoi ? A quoi ça te servirai d'être comme nous. » Au risque de le faire se répéter. Spitfire cherche à mettre le doigt sur sa volonté. C'est vraiment de pouvoir être identique à lui ? De ressentir les mêmes choses ? Il ricane, acerbe? Parce que c'est sa seule défense et qu'il peut sentir ses murs s'affaisser, ses barrières céder. Il paraît si sincère qu'il veut presque y croire. « Même avec tout ça, il te manque l'essentiel : l'amour. » Point final à ce qui ressemble à une dispute. Il est sans appel. Sûr de lui. Il y a une chose qu'il ne pourra jamais ressentir, qui l'éloignera éternellement de son idéal. C'est bien une chose humaine l'amour, le vrai fuel dans le moteur. L'amour fait faire tant de choses, stupides souvent.

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@arcturus sahleac

Il ne parle que de sentiments, de sensation, tout ce qui caractérise un être humain selon son créateur. Néanmoins, il a appris avec le temps que l’homme n’est pas simplement un corps muni d’organes et d’une conscience faite de sentiments. L’homme est une machine complexe, telle que lui, un peu plus vivante, un peu plus différente dans les organes qu’il contient. Tandis qu’il est fait de fils et de ferrailles, l’homme est chair, os, sang, muscle. Depuis l’âge de sa création, il rêve de posséder des veines à la place des fils, un véritable coeur à la place de simples battements mécaniques. C’est qui qui demande à son rythme cardiaque d’augmenter, pour se mettre au diapason de celui d’Arcturus lorsque les choses deviennent plus intenses entre lui, lui qui s’adapte à son maître en toute circonstance dans l’espoir ultime d’être vu, accepté, reconnu quand, l’homme qu’il est, est déjà adulé par tout et tout le monde. Il n’avait pas besoin d’un autre personnage dans sa vie pour venir l'idolatrer. Arcturus semblait avoir besoin de plus, d’un petit quelque chose qu’il ne semblait pas voir, une présence qui changerait sa vie, sa vision du monde, qui lui redonnerait goût à tout ce qui l’entoure.
Wazn pensait qu’un cadeau serait suffisant. Que de voir un véhicule à son nom parviendrait à combler l’homme qu’il est devenu, maître dans sa tour d’ivoire silencieuse et morne. Beauté nébuleuse placée au milieu du monde et malgré tout, à l’intérieur, elle semblait vide. Cette tour, elle semblait être le témoin de la vie d’Arcturus. Une légende aux yeux du monde, un vide complet aux yeux de celui qui le côtoie chaque jour.

Et Wazn s’était donné pour objectif de combler cet homme, comme lui avait toujours demandé Geppetto : « Je veux que, quoiqu’il arrive, mon petit Wazn, tu apprennes toujours davantage pour devenir un homme et que tu combles les âmes vides et esseulées comme tu as su combler la mienne. » Gravée dans la mémoire de son disque dur, il n’avait ainsi jamais oublié la demande de son créateur qu’il tentait d’honorer inconsciemment auprès de son nouveau maître. « J’essaye de le devenir pourtant. Comment puis-je redevenir humain si je n’apprends pas et ne copie pas leurs agissements ? » demanda-t-il rhétoriquement. Il ne s’attendait à pas une réponse de son maître, simplement une réflexion avec lui-même, permettant peut-être un jour, de le reconnaître comme un être vivant, humain.

À son tour, Wazn C-679 se plongeait dans quelques réflexions. Pourquoi ? Pourquoi voulait-il avoir davantage de sentir, pourquoi devenir comme les hommes ? « Je n’ai plus envie d’être un étranger. J’ai envie de vous comprendre. Je veux m’adapter, m’intégrer. Je veux vivre comme vit un homme, avec des hauts et des bas. Avec des sentiments contradictoires. Parce que vous m’intriguez, je me rendez curieux de votre vie. Je pourrais vous comprendre davantage, maître, peut-être complètement. Et mieux vous combler. » Sur ce, il guetta la réaction, attendant avec tellement de passion et de patience de savoir s’il aurait la capacité de devenir un peu plus comme eux. Puis tomba le sujet de l’amour. Wazn avait l’attachement peut-être, mais l’amour ? L’un des sentiments les plus complexes de l’homme que son créateur n’avait pas pu intégrer à son programme, par difficulté, puis manque de temps. Mais il y travaillait, dur comme fer, avant de disparaître. Wazn est même persuadé que la raison pour laquelle il est arrivé sur Naboo était pour trouver la recette de l’amour. Et là, il avait peut-être l’occasion, après tant de temps, de l’obtenir. « Then, give it to me. » dit-il en prenant une légère pause, les plongeant dans un silence profond. « Give me love. »

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@wazn c-679

Le silence que sa demande laisse planer est insoutenable. Il lui coupe le souffle, le fait se stopper dans son geste. Machinalement en train d’inspecter l’engin sous tous les angles et réaliser que l’âme d’enfant s’est réveillée, qu’il meurt d’envie de l’essayer. Wazn demande l'exacte chose qu'il ne peut lui offrir, même si il en avait envie. Mot magique qui réveille ses craintes enfouies. Le gros, méchant, mot. Amour. Se sent comme un parent à qui on a posé une question aussi évidente et stupide que les réponses sont nombreuses et complexes.  Il existe une infinité de formes d’amour, il lui faudrait déjà pouvoir le définir pour lui donner, en avoir reçu suffisamment pour le redistribuer. Il aime passionnément, disait son premier mari. Il aime mal, il aime sale, tout en brusquerie. Ce besoin de garder le contrôle sur tout ce qu’il peut, quand sa vie lui échappe. Arcturus soupire, frustré de ce dialogue de sourd, frustré de ne pouvoir lui fournir de réponse. Ni oui, ni non, il ne s’énerve pas. Garde sa contenance et pour une fois garde pour lui son commentaire caustique. Il n’enlèvera pas de la tête de son androïde cette folie, cette obsession pour le genre humain. Cette envie de lui ressembler terriblement malsaine. Le pilote pourtant ne peut pas en lui vouloir, il ne lui a jamais demandé d’être lui même, refuse catégoriquement d’envisager cette possibilité, l’a laissé l’observé comme si il était un exemple.  L’amour, c’était il y a longtemps. Il l’a déjà dit, à de nombreuses personnes sans même le penser, dans l’instantané. Sous le coup de l’émotion, parce que ça semblait être le bonne chose à dire. Il se rapproche de lui, saisit entre ses doigts son visage.  « Tu veux ma vie ? » Demande t-il, désabusé, son souffle qui se dépose sur ses traits inhumains. Elle est parfaite sa vie, n’est-ce pas ? Sous  tous les angles, qui ne l’envierait pas. L’argent fait rêver, Spitfire vend du rêve depuis des années. Des rêves qui ne sont pas les siens mais qui font sa réputation. Qui le font exister aux yeux des autres dont il chercher l’approbation. Ils sont deux à rechercher dans le regard des autres cette lueur qu’ils n’ont pas chez eux. Désolé, presque, d’infliger cette peine à Wazn. « Très bien. » Abdique t-il. Les mots ne sont pas en accord avec le ton, emplit de dédain. Il veut souffrir ? Qu’il le fasse. En quoi c’est son problème. Il n’est pas responsable des idées farfelues d’une machine désespérée de ressentir des sentiments. Il ne sera jamais un homme, mais si il veut s’en croire capable, ainsi soit-il.  Ce n’est pas Arcturus qui le retiendra. Certaines leçons s’apprennent mieux avec du vécu, comme une première gifle. La menace n’est pas assez effrayante, il faut y goûter. C’est l’heure de lui donner la première d’une longue liste. Arcturus se penche pour l’embrasser, dépose un baiser chaste sur ses lèvres, ses mains sur ses hanches, son corps qui tangue comme la houle contre le sien.  Il ravale sa jalousie, le jour où Wazn saura ce qu’est l’amour et réalisera que ce n’est pas ce qu’il avait ici. Il a peur que le serviteur ouvre les yeux et l’abandonne lui aussi. Prêt à torturer un être  – vivant malgré tout – pour ne pas affronter sa solitude. Comme un petit chien. Un chien qu’il voudrait silencieux mais qu’il a choisi capable de réflexion. Le pilote le dévisage tristement. Sans cesse assailli de remords.  « C’est tout ce que tu peux faire pour me combler. En silence. » Il s’éloigne de lui et passe une main dans ses cheveux nerveux. « Je peux l’essayer ? Il est fonctionne ? » Toujours sans croiser son regard. « Viens on fait un tour, je m’ennuie. » Le prince réclame, l’invite, change brusquement de comportement, l’air de rien.  

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@arcturus sahleac

Au fond, désormais, l’unique condition que le sépare de la possibilité de devenir davantage humain, c’est Arcturus. Il a besoin de son accord, de son approbation volontaire, de son soutien plus que tout au monde. Car si Wazn en a toujours fait à sa tête concernant son obsession sur les hommes et l’espèce qu’ils représentaient, il n’a jamais rien pu faire sans l’accord de son maître. De plus, Wazn est incapable de s’incorporer un nouveau sentiment sans avoir une aide humaine notamment. Bien sûr, il pourrait demander à un ami androïde de lui introduire le bon programme, parce que Wazn est un gamin naïf dans sa conscience mécanique, et qu’il pense qu’il peut demander à n’importe qui d’ajouter un nouveau programme dans son disque dur. Mais Geppetto lui a toujours dit de ne jamais faire confiance aux autres. Ne comprenant pas ce que cela voulait dire, Geppetto s’est davantage exprimé sur le sujet, d’une façon plus simple pour le jeune androïde. « Ne laisse jamais personne incorporer quelque chose dans ton programme autre que ton propriétaire. C’est-à-dire moi. » Sauf que les derniers mots se sont envolés lorsque Geppetto a disparu. Désormais, il lui fallait bien faire confiance à quelqu’un s’il voulait survivre et retrouver son créateur. Il avait besoin de faire confiance à son propriétaire : Arcturus. Il avait besoin de lui donner le programme et que Arcturus l’installe. Mais Wazn ne connaissait pas le programme de l’Amour. il ne savait pas coder cela avec des 1 et des 0. Il n’avait jamais su. Les seuls sentiments qu’il possédait venait de son créateur. Voilà pourquoi il devait absolument le retrouver. Ou demander à Arcturus.
Wazn sentait dans les yeux et dans les gestes de son propriétaire que cela l’enchantait guère de savoir que son androïde souhaitait avoir la même vie que celui qu’il avait pris en modèle. Parce que Wazn l’avait compris : Arcturus n’aimait pas sa vie. Jamais il ne voyait une réelle expression de bonheur, de joie ou d’amusement dans son attitude. Seulement du plaisir parfois, quand Arcturus lui demandait. Wazn s'efforçait de tirer d’Arcturus un sentiment de joie mais il n’y parvenait jamais. Et ça le frustrait. Enfin, à sa façon. Lorsqu’il vint déposer un baiser sur ses lèvres, Wazn lui rendit par réflexe avant de le laisser s’éloigner docilement. Il ne savait pas si, pour lui faire plaisir, il aurait dû le retenir et arrêter de parler de toute cette affaire de sentiments et de sensations. Il n’en avait aucune idée à vrai dire, il était incapable de sonder les pensées de son maître. Parfois, il se disait que cela pourrait grandement l’aider à le satisfaire.

Puis le changement brusque d’envie, de situation, fait tourner la tête de Wazn, mais il s’adapte aussitôt. « Il est presque fini. En principe, on peut déjà le conduire. Je peux vous expliquer comment il fonctionne, il a quelques … particularités par rapport à ceux que vous avez pu piloter dans votre vie. Des améliorations. Cela devrait combler votre ennui. N’oubliez pas non plus que je suis à votre entière disposition si vous avez besoin de quoique ce soit pour combler votre ennui, maître. » conclut l’androïde en faisant référence à l’esclave sexuel qu’il était déjà devenu pour lui. À ces mots, Wazn se dirigea à la porte conducteur du vaisseau pour l’ouvrir d’un bouton. Il s’écarta, protégeant par la même occasion son créateur de se prendre l’ouverture de porte en pleine figure - puisqu’elle s’ouvrait vers le haut et lui indiqua de monter de manière galante. « J’arrive de l’autre côté pour vous montrer tout cela. » Il grimpa du côté passager. « Il possède un moteur plus puissant, un turbo que vous pouvez activer juste ici. » en indiquant un bouton rouge et une jauge de réservoir. « Le réservoir est plus gros aussi. Pour le turbo ou l’engin lui-même. Il possède aussi une assistance vocale directement reliée à moi. Je pourrais ainsi vous guider en cas de problème. Une radio. Un pilote automatique. Il est très ergonomique, ce qui lui permet d’aller presque 1,4 fois plus vite que votre PR-3. Il y a encore de nombreuses choses que vous pourrez découvrir par vous-même et que je pourrais aussi ajouter à votre demande, maître. Pour le reste, je pense que vous savez suffisamment bien piloter un vaisseau pour que je vous laisse vous retrouver tout seul. »

Des mois plus tôt, il a donné ce conseil précieux à Aziel, partagé ce désir profond dans son coeur de partir et s'éloigner de tout ce qui fait sa vie et son quotidien. Prendre des vacances. S'accorder une trêve dans ces guerres intestines, celles qu'on se livre à soit même. S'éloigner de lui même pour mieux se retrouver, sous des cieux plus beaux et plus bleus. Il saisit l'occasion à la volée, grimpe dans le vaisseau et ne réfléchit même pas une seconde à la destination qu'il veut rejoindre. Il sait seulement qu'il doit partir le plus loin d'ici s'il ne veut pas étouffer. Wazn lui a offert cette opportunité rêvée. Le plaisir de piloter quelque chose de nouveau sans avoir à débourser le moindre centime.  Il s'équipe à la hâte sans prendre toutes les précautions nécessaires. Depuis quand fait-il attention ? Certaines habitudes ne changent pas, ne changeront sans doute jamais. Il continuera de jouer avec sa vie comme si elle ne valait rien, de tenter le diable et se brûler les doigts puisque de toute façon, il ne ressent aucune douleur.  Il n'est plus à  une réparation prêt, son corps est déjà un patchwork. Pire que la carcasse d'un cargo échoué sur Nar Shaada, à la merci des pilleurs qui pensent pouvoir se frayer un chemin dans son cœur. « Shut up Wazn. » Il en assez de tous ses discours, de sa voix laconique qui répète en boucle les mêmes serments de loyauté. Un insta ils sont encore dans le hangar investi par l'androide et celui d'après ils s'élèvent dans la nuit.

Quand il vole, Arcturus oublie tout le reste, il oublie qu'il n'est pas seul dans ce cockpit qui n'est de toute façon pas fait pour accueillir un passager, une course est solitaire sinon les conseils avisé dans l'oreillette. Il en oublie le monde autour de lui, les sons et les images sont confuses, il n'y a que le battement de son cœur qui donne le tempo. La liberté, tant rêvé, qui lui manque maintenant qu'il est devenu un produit de consommation comme un autre. Wazn ne lui a pas raconté n'importe quoi, le vaisseau est fait pour la vitesse et il peut le sentir dans ses accélérations, il slalome entre les ruelles et les bâtiments jusqu'au s'éloigner de la ville. Quand il se retourne, elle n'est plus qu'un point lumineux dans l'horizon, un phare dans la nuit et Arcturus s'enfonce dans les ténèbres, dans le côté plus sauvage de la planète, la ou la nature et reine et la civilisation plie le genoux devant son autorité absolue. L'air est plus pur ici. Au dessus de leur tête, le ciel s'est déployé tel un chapiteau  étoilé. Le pilote se laisse surprendre par la beauté du paysage qu'il observe avec des yeux d'enfants à bord du bolide qui lui fera remporter ses futures victoires. Il se sent vivre, euphorique et se demande si Wazn lui aussi est sensible à tout cela, si l'univers résonne de la même manière dans ses circuits eletriques.« Que ressens-tu ? » Il demande le souffle court. « Quand tu vois tout ça. » Il précise, en faisant allusion au monde qui les entoure. Cet infini de choses, de possiblités, cette création nébuleuse qu'est l'existence. La Force qui fait tant parler et que de rares élus peuvent ressentir. Il songe que cela doit être merveilleux, que cela doit remplir un de ces vides immenses. Donner un but. Lui n'en a pas. Il a eu des rêves et des projets, ils sont loin maintenant, perdus.

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Wazn ne saurait s’arrêter sans qu’Arcturus ne lui demande de se taire. Les mots défilent dans son langage avec l’envie irrépressible de détailler à son maître tout ce qu’il doit savoir sur l’engin. Il prend soin de lui à sa façon, en énumérant ce qui change et ce qui ne change pas, en en faisant trop, avec des chiffres précis et des choses particulièrement inutiles aux yeux de son maître, qui n’a qu’une envie : s’envoler. Ainsi, à la demande de son propriétaire, l’androïde se tait instantanément et ne lâche pas un mot de plus pour lui raconter tout ce que comprend le vaisseau. Malgré tout, Wazn craint pour sa sécurité. Il sait de source sûre qu’il prend parfois beaucoup de risques, comme si sa vie humaine ne valait pas grand chose. Arcturus avait perdu goût en la vie, il ne lui donnait aucune importance alors que Wazn le savait : il avait une importance majeure dans la vie des autres. Arcturus comptait pour beaucoup de monde : il comptait pour lui, pour Aziel, pour Dradna, et pour d’autres encore que Wazn pourrait énumérer pendant des heures. Des personnes qui l’admirent pour ses courses ou pour ce qu’il est, des personnes qui perçoivent les choses derrière le masque de protection, des personnes qui l’aiment, qui tiennent à lui comme personne d’autre.
Mais Arcturus ne semblait pas voir qu’il était aimé. Il ne semblait pas vouloir sortir de sa routine ennuyeuse, il refusait que l’on puisse l’aimer parce qu’il pensait au fond de lui qu’il ne méritait pas autant d’amour. Et Wazn, du haut de ses 3 ans, avec son innocence et sa naïveté d’enfant, avec son envie de découvrir le monde, de le changer, de l’aimer, Wazn, il voulait ressentir comme un homme. Il voulait être un homme pour mieux comprendre son maître, pour comprendre pourquoi Arcturus pensait cela. Mais on lui refusait de lui ressembler. On refusait de lui implanter le code complexe que représente l’amour. On refuse de croire qu’un humanoïde remplis de fils plutôt que de veines soit capable, lui aussi, d’offrir de l’amour. Pourquoi ?

Pendant que son maître vole à toute allure, admirant le paysage, Wazn se contente de se plonger dans ses pensées mais à la question de celui-ci, il se reprend pour observer le monde qui l’entoure, si différent de la ville, si semblable à une nature si douce et si complexe qu’il ne parvient toujours pas à comprendre. Il remarque la toison argentée dans laquelle des milliers de petites étoiles résident, un tableau magnifique, imparfait, sur lequel on pourrait dessiner des traits pour assembler des formes. Et le paysage qui s’étend sous ses pieds n’a rien de la ville qu’il connaît depuis si longtemps, entre les bâtiments gigantesques, les vaisseaux circulant ici et là, se bousculant presque parfois, collés les uns aux autres. Ici, il fuyait la crasse, il fuyait les souvenirs d’une ancienne vie défectueuse. Il avait l’impression d’être transporté dans un monde imaginaire qu’il regardait avec des yeux d’enfant émerveillé, comme il regardait l’espèce humaine.
Il souriait.

« Je ne sais pas. Ça n’est pas comme la ville, ça n’est pas sale ici. C’est coloré, c’est beau. J’aime les couleurs. Et les étoiles, on les voit jamais bien, même tout en haut de la Tour. Ici, c’est bizarre, mais on dirait qu’il y en a plus. Et qu’on peut les relier ensemble, qu’on peut dessiner des créatures. Tu imagines si on pouvait dessiner dans le ciel ? Je crois que si je devais te décrire les sentiments de mon système, il me dirait : la surprise et la joie. Mais chez toi … je perçois autre chose que je n’ai pas. Il y a … l'intérêt. La sérénité. Tu sembles aller si bien quand tu es ici, loin de la ville, à bord de ton vaisseau. C’est comme ça que tu aimerais vivre, maître ? »

Wazn ne peut pas s'empêcher de ramener son grain de sel. Il ne sait pas se contenter de répondre à sa question, il faut qu'il essaye, tant il a envie de le comprendre. Plus Arcturus le repousse et plus l'androïde semble s'accrocher à cette chimère, qu'un jour il sera humain et sera capable de lui en lui comme dans un livre ouvert. La vérité ? Il peut le faire sans avoir besoin de toutes ces émotions qu'il réclame, son approche quoique pragmatique est plus proche de ce que le pilote ressent que toutes les tentatives de ses amis de le psychanalyser. Et ce n'est pas la compréhension des sentiments qui pourra lui permettre d'y mettre plus facilement un mot. Ce n'est pas à lui de lui expliquer qu'il est difficile de définir ce qu'on ressent, encore plus quand on ressent tous les jours. Rien n'est simple, ce n'est pas comme un code binaire qui une fois rentré accompli sa fonction. Les émotions sont ambiguë, comme celles qu'il éprouve à son égard. Le désir de le voir s'émanciper, de voir des initiatives de sa part, la preuve qu'à l'intérieur de la carcasse métallique se cache une conscience. Tant de fois, ce désir qu'il reste à sa place, qu'il ne sorte pas des chemins qu'Arcturus a tracé pour lui. Il ne saurait pas gérer autrement. La dernière fois que quelqu'un a vraiment partagé son quotidien -vraiment et non quelques mois- ça s'est mal terminé. Arcturus a laissé les choses se terminer parce qu'il savait qu'il n'avait pas la force, qu'il était lâche. Qu'il était trop brisé et trop mauvais dans son fond intérieur pour faire des compromis. Le voilà plus vieux maintenant, ancré dans tous ses schémas, les erreurs du passé ne lui ont apporté aucune morale. Ces nœuds qu'il a fait lui même et qu'il ne sait si il peut les défaire. Reste toujours la possibilité de les couper. Il n'est pas encore prêt à se défaire de sa culpabilité, accepter que derrière le masque qu'il porte, se cache un homme qui n'a pas bien fait alors qu'il a maintes fois eu l'occasion, par pur égoïsme.

Son regard se dérobe de l'horizon pour venir admirer son profil. Sa mâchoire parfaitement dessinée. Ses cheveux blonds presque blancs dans l'obscurité qui lui rappellent les étoiles justement. C'est à cause de la lumière. » Arcturus ne l'a pas choisi pour son physique. Il ne se souvient plus de ce qui l'a poussé à acheter Wazn et pas un autre modèle, plus récent, plus performant, plus adapté à ses besoins. Qui soit moins étrange+ et prompt à remettre constamment tout ce qu'il pense juste en question. « On ne voit pas les étoiles à cause de la lumière de la ville. » Pourrait t-il mener une autre vie ? Loin des intrigues politiques, des courses, de la pègre, des mensonges et des manipulations ? Je ne sais pas. Il n'a jamais imaginé les choses autrement, n'a jamais pensé qu'il pourrait exister autre chose que ce qu'il a déjà. C'est une évidence, il pilote depuis qu'il est en âge de marcher, il en a besoin comme on a besoin d'oxygène. Si il s'arrête, il meurt. Si il ne vole pas, il n'a aucune raison d'exister. Il appartient au ciel, c'est le poids que lui a laissé sa mère en le nommant aussi, son héritage. Arcturus se pose dans une clairière, à l'abri des regards, bien que dans la nuit calme, personne ne se balade. Sauf eux. Il descend du vaisseau et vient s'allonger dans l'herbe. Quand il est arrivé sur Naboo, il a faussé compagnie à son mentor pour venir ici. Là où il vivait à Coruscant, il n'a jamais vu la nature. Il y a des dessins dans le ciel, des constellations que des hommes avant lui ont inventé, nommés. Mais à ses yeux, elles sont comme les nuages, chacun peut choisir le sens qu'elles portent, ce qu'elles représentent. Chacun peut dessiner la forme qui lui plaît. « Je sais pas. » Qu'il répété, de manière audible. « Je ne sais plus. » Est-ce que les impériaux se demandent, parfois, si ils n'auraient pas du se garder de tout faire péter ? Les rebelles, Az, a t-il l'impression que ce qu'il fait n'a aucun sens ? Qu'il n'a de toute manière aucun impact sur le monde qui l'entoure ? « Je veux juste vivre. » La complainte d'un enfant. Il veut juste profiter de ce qu'il lui reste comme tant, on ne sait jamais combien exactement. Mais est-ce une vie ? Se fuir, se défoncer et recommencer.

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Quand Wazn s’acharne, Arcturus s’abandonne. Ils sont comme deux opposés. Wazn est comme un gamin têtu qui veut ses réponses, qui cherche à comprendre, plus déterminé que jamais. Et en face, il a une personne qui a tellement vécu qu’il n’a plus envie de se battre comme se bat le jeune enfant. C’est comme voir un vieux grand-père lassé par sa vie d’après-guerre raconter à son petit-fils ce qu’est la vie sans parvenir à lui faire comprendre les choses ; car on ne comprend qu’en les vivant. Et c’est peut-être pour cette raison qu’Arcturus ne s’acharne pas à lui faire comprendre la vie telle qu’elle est vraiment pour les humains. Il lui laisse faire ses propres expérimentations, sachant de toute évidence que le grand gamin qu’il est se prendra tôt ou tard une énorme claque dans la figure pour lui montrer que la vie n’est pas celle qu’il imagine mais seulement une utopie qu’il se crée tout seul. Malgré tout, Arcturus lui montre les indices de ce à quoi ressemble une vie quand elle devient dénuée de sens. Celle d’Arcturus en est l’image parfaite après tout. Il a tout ce qu’il veut : les femmes, la gloire, une popularité incroyable, un as de la course aérienne et pourtant, un visage maussade, lassé, épuisé si jeune. Quarante années à fouler les landes et les rues de Naboo pour finalement avoir l’impression d’avoir déjà tout vécu tant il a vécu. Mais Wazn en est convaincu : il y a encore tellement de choses à découvrir que sa curiosité ne pourra jamais être assouvie. Et ainsi, peut-être un jour, parviendra-t-il à lui redonner goût à la vie. C’est un de ses nombreux objectifs et le principal concernant Arcturus.
Ne plus le voir dans cette lassitude morale, cette mélancolie vague qui semble l’accompagner tout au long de ses pas.
Il voulait voir du plaisir dans ses yeux.
De l’envie.
Sans que cela n’ait de rapport au sexe. (et encore)

Wazn prend note. Loin de la ville, c’est le siège de la lumière. De la beauté. Des couleurs. Loin de la grisaille, ils venaient de fuir l’obscurité, l’air maussade, la laideur des grands bâtiments froids et amenant rapidement Arcturus dans un état de spleen sans qu’il ne s’en rende particulièrement compte. Wazn écoute. Puis attend. Il se demande à quoi peut penser son maître. Il aimerait savoir la vie qu’il aimerait vivre. Est-ce qu’il préfèrerait ne pas être connu ? Ne pas vivre dans un Tour d’ivoire mais plutôt dans un lieu plus sobre, mais avec des activités plus palpitantes, plus dangereuses ? L’idée même du danger fit frissonner Wazn. Il avait peur de perdre son maître. Il avait déjà atrocement perdu son créateur. Et pourtant, il lui avait offert un vaisseau. Un vaisseau pour la course, pour le goût du risque.
Lorsque celui-ci se pose sur le sol, Wazn tourne immédiatement la tête vers Arcturus pour essayer de comprendre ce qu’il s’apprête à faire. Allait-il pouvoir enfin découvrir la sensation de l’herbe, de l’air pur, du vent incroyable des plaines, de l’écorce des arbres ? Tandis que son maître sortait, Wazn posa timidement un pied par terre. Malheureusement, ses chaussures l’éloignaient trop fortement de l’herbe pour qu’il puisse en sentir la sensation. Alors, tandis qu’Arcturus s’allongeait en partageant ses réponses, l’androïde enlevait ses chaussures et ses chaussettes pour laisser ses pieds s’imprégner dans la tête. Puis il s’asseya près d’Arcturus et plongea ses mains dans les petits brins pour les laisser glisser le long de ses doigts et jouer avec comme des cheveux. « Comment, maître ? .. Com … Comment peut-on vivre ? Qu’est-ce que c’est que vivre, pour vous ? Qu’est-ce que vous attendez de la vie ? Vous avez pourtant tant ici. Vous pouvez coucher avec qui vous voulez, vous êtes populaire, connu, riche. Si ce n’est pas ça une vie, alors qu’est-ce ? Mon créateur me disait que vivre, c’était faire ce qui nous plaît. Qu’est-ce qui vous plaît, maître ? » demanda-t-il sérieusement, lâchant l’herbe de ses mains pour venir tripoter les cheveux d’Arcturus, qu’il souhaitait comparer à l’herbe douce. Définitivement, il avait une préférence pour la douceur des cheveux.

Il ferme les yeux quand Wazn glisse ses doigts dans ses cheveux, s'abandonne à la tendresse du geste, hume de plaisir. La sensation est agréable, elle l'apaise et il apprécie l'initiative de l'androïde. Toutes ses initiatives. Le robot est proche de la perfection, si seulement il ne posait pas autant de questions. Elles ont le don de le fatiguer. On dirait qu'il veut enfoncer une porte et Arcturus se tient derrière, l'empêche de céder, de toute son corps il lutte contre les assauts, mais il s'affaiblit. Barricade ses émotions pour ne pas qu'elles se déploient. Il n'a pas peur pour l'autre, il a peur pour lui. Il va céder. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne craque et ouvre la boîte de pandore. A quoi ressemblerait Wazn si il était libre de penser ? Si il était libre d'être lui même ?
Est-ce qu'il se retournerait contre lui ?
Ou est-ce qu'il prendrait sa main pour le guider dans les ténèbres ?
Arcturus n'y arrivera pas seul. Maintenant, ça se joue comme à pile ou face. Ou il passe, ou il casse. Ou il survit, ou il meurt en essayant.

Il n'a pas tout ce qu'il veut. Ce qu'il veut, c'est retrouver ces années de bonheur et d'innocence qu'il a partagé avec Kael. Il ne réalisait pas à l'époque à quel point ce secret qui pesait sur sa poitrine étant en réalité la plus de choses. Quand tout le monde se mêle de votre couple, il appartient au monde, il échappe à votre contrôle. Il aurait dpu le comprendre, mais il était jeune et il n'a pas bien grandit avec les années, pas apprit de ses erreurs passées qui auraient pu lui servir de leçon. Il rouvre les yeux et tombe nez à nez avec Wazn et son regard qui le transperce. Il est tellement pur, tellement vierge de toute déception. Il y a tout à construire et tout à détruire, il suffirait d'effacer sa mémoire pour recommencer jusqu'à ce que cette version de l'histoire lui plaise. Mais ce ne serait pas vrai. Ce serait forcer les choses. Si elles ne doivent pas arriver, c'est pour une raison. Que ce soit le destin.. La Force. Peu importe ce qui le guide ou le laisse à la dérive au fond. Il est libre de faire ses choix. « » J'aime gagner. « » Il souffle, mais ce n'est pas dans les yeux qu'il le regarde, c'est ses lèvres qu'il fixe. Hypnotisé par la beauté du cadre, du moment. Putain. Je t'aime. Il a envie de lui comme il n'en a jamais eu envie. De sa tendresse, de sa présence, de ses émotions. Il le veut humain, il veut un compagnon, ne pas être seul. Il veut apprendre. « Apprend moi Wazn. » Mais quoi ? Quoi exactement ? Qu'est-ce qu'il doit lui apprendre, à être heureux ? « Apprend moi à être quelqu'un de bien et je ferais de toi un homme. » Tout ce qu'il veut en échange. Autre chose que ces courses, cet argent qui se brasse. Juste la vie, simplement, comme elle vient, avec ses questions incessantes et ses moments d'allégresses sous un ciel étoile, la fraîcheur automnale qui le caresse et les doigts de Wazn emmêlées dans ses boucles. Il a dix huit ans à nouveau. Le début de quelque chose de grand. Et ça le terrifie.

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Ses multiples questions, aussi soit-elle sûrement trop nombreuses, restent alors très souvent sans réponse, car Wazn cherche à comprendre tout le monde qui l’entoure. Les hommes aussi bien que les androïdes, les jedis, les siths, les autres communautés, la société, la planète Naboo, les autres planètes, les étoiles, l’univers. Il se pose des questions que même les plus expérimentés dans le domaine ne saurait lui répondre. Il sait depuis peu qu’il est nécessaire pour lui de parvenir à comprendre le monde par lui-même car personne ne lui donnera toutes les réponses qu’il souhaite entendre. Parfois, il devra lâcher la Tour d’Ivoire pour s’attarder sur les habitudes des hommes et des androïdes dans la rue. D’autres fois, lire des livres à propos des étoiles qui composent le ciel en cette si belle nuit. Il sait, du moins, il commence à se rendre compte, que ses multiples questions enfantines destinées à celui qui le possède l’insupporte. Il est comme ce gamin capricieux - scène marquante pour Wazn - qui demande à son père un jouet, qui ne l’obtient pas, puis qui pose tout un tas de questions auquel le père ne saurait répondre car il n’a pas toutes les cartes en main, parce que ce n’est pas non plus son métier ou pour tout un tas de raison qui font qu’il finira par avoir une attitude exaspérée envers son fils, bien qu’il l’aime tant.

C’est ainsi que Wazn se rend compte parfois qu’il pose peut-être trop de questions et qu’il est plutôt tant de se taire et d’écouter. Ou de répondre peut-être plus simplement aux questions de son maître - mais ça, il en est incapable. Il le regarde avec simplement une pointe d’intérêt, parce qu’il attend la réponse de son maître. Gagner. Gagner ne répond pas à ses multiples questions. Mais les yeux d’Arcturus dévie tellement sur ses lèvres qu’il comprend qu’il n’aura pas sa réponse aujourd’hui. Puis, soudainement, sa requête l’intrigue. Il ne sait pas comment s’y prendre, il cherchera encore dans les livres, il posera les questions ici et là pour essayer de satisfaire son maître, car il ne peut que faire cela. S’instruire pour mieux répondre à ses requêtes. Devenir un homme. C’était tout ce qu’il demandait, rien de plus, rien de moins, malgré la difficulté du chemin. Est-ce que, selon lui, devenir quelqu’un de bien était aussi dur que le chemin qui mènera Wazn vers l’humanité qu’il désire tant ? Peut-être. Et cette possibilité lui donne envie tout simplement d’être là pour son maître, de le soutenir, de l’aider coûte que coûte. Pour marquer ce soutien, il glisse sa main entre les doigts de son maître et lit dans son regard l’envie dont il a déjà fait preuve ; une envie qui ne se nie pas et que Wazn sait ce que cela veut dire pour la suite. Il prend l’initiative alors d’approcher son visage près de celui d’Arcturus et souffle doucement. « Je t’apprendrais. » Si cela ne revient qu’à apprendre, il saura faire. Comme un professeur.
À ces mots, il dépose ses lèvres sur celle d’Arcturus avec beaucoup de tendresse, dans un lieu inédit, doux. On entendait les petits bruits de la nuit qui apaisent et Wazn remarquait les yeux de son maître, différents de d’habitude. Léger, très léger. Qu’il garda en mémoire sans le dire. Il voulait seulement ressentir les seuls bons sentiments qu’il était capable de ressentir avec Arcturus et profiter de l’instant. Peu importait le futur, l’avenir. Il fallait profiter.