Find your limit [Taliesin & Taheer]

Fuck. T’as mal.

La porte de ton appart coulisse devant toi et tu rentres, BB-J22 sur les talons, qui te dépasse vite pour foncer dans la salle de bain, dans une mélodie discordante de protestations et de remontrances.

Tu grimaces, te calles dans l’entrée pendant que la porte se referme et vires tes bottes avec une grimace avant de boiter vers la salle de bain, dents serrées. Quand t’arrives, il y a déjà Bzz qui brandit tes antiinflammatoires et tu le remercies d’une voix étouffée en les attrapant pour avaler deux cachets.

T’as pas beaucoup d’avance sur Taheer et Taliesin, complètement conscient qu’ils ont pas loupé ton état et qu’ils vont te le mettre sous le nez.

Fuck.

T’as merdé, t’en es le premier conscient.

Juste un entraînement, pourtant, mais un entraînement où tu t’es poussé trop loin, où la volonté de le mener à bien à submergé tes limites, t’as fait ignorer le moment clef où ta jambe t’as soufflé qu’il fallait ralentir, mieux, arrêter, avant de partir sur la mauvaise pente.

Et là, tu la déboules la pente. Et ça fait MaL. Pas juste physiquement.

T’es en colère. Colère d’être limité, colère contre toi de déconner, colère pour ce connard qui t’as abattu.

Tu vires tes fringues sales, les laisses tomber par terre pour claudiquer dans la douche et lancer l’eau, bouillante. Tu laves la sueur, ce coude eraflé pendant l’entraînement, masse longuement ton genou, le souffle raccourcis par la douleur.

Quand enfin tu sors, la peau rougit par la chaleur, Bzz à jeté tes vêtements dans le panier. Tu le remercies à demi-mot avant de te diriger vers ta chambre pour enfiler des vêtements confortables et récupérer une de tes béquilles avec déplaisir pour te glisser dans la cuisine et fouiller dans le frigo, en sortant une bière… Avant de soupirer longuement et plutôt opté pour un de ces jus que Taheer te fait acheter. Tu te remplis un plein verre et t’asseois à table pour le boire à petites gorgées.

T’as pas de mal à imaginer la tête de tes deux collègues et amis quand ils vont te rejoindre, t’étonnes presque qu’ils ne soient pas déjà là et sors ton holotablette de tes poches pour errer un peu dessus et ne pas céder à l’envie de t’enfermer soigneusement dans ta chambre pour mâcher ta douleur tout seul en paix.

Comme si une porte pouvait les empêcher de te rejoindre.

Tu détestes tellement l'voir comme ca.

C'peut-être passé inaperçu auprès d'certains, mais toi t'as bien vu les signes. Sa démarque plus raide, une latence dans ses mouvements, ses mâchoires serrées, la lueur d'colère dans ses yeux aussi... Sherveen a mal. Mais il est fier, ton chef d'escadron, et c'pas toi qui vas lui dire quoi qu'ce soit là-dessus devant tout l'monde. Alors tu l'as surveillé d'loin tout l'long d'votre entraînement physique.

T'aurais voulu aller l'voir immédiatement après, l'rattraper alors qu'il gagnait les vestiaires, mais l'sergent responsable des entraînements t'a retenu quelques minutes pour t'demander d'l'aider demain avec l'entraînement d'pilote des nouvelles recrues. L'temps qu't'accepte, qu'vous vous donniez rendez-vous ici l'lendemain et qu'tu gagnes les vestiaires, Sherveen avait disparu.

T'as juré, sauté rapidement sous la douche puis dans tes vêtements avant d'quitter la base de d'gagner ton véhicule. Honnêtement, t'as hésité, une fois assis derrière l'volant. T'as toujours cette petite crainte d'en faire trop, d'dépasser les bornes d'votre amitié en t'inquiétant à c'point pour lui. Tu t'dis qu'il va finir par en avoir marre, qu'il va t'dire qu'c'est pas ton rôle d't'occuper d'lui.

Mais c'ton meilleur ami.
Pas qu'ton chef.
Et puis merde, quoi.

Alors t'démarres et prends la direction d'son appartement. Tu l'SAIS comment ca peut être un problème quand il pousse trop. T'as été là, pendant ses longs mois d'réhabilitation. Tu l'as vu déraper, grogner, tomber, trembler d'douleur... et pas question qu'tu l'laisses dans cet état seul chez lui. Il a personne pour s'occuper d'lui. Toi t'aurais ta mère, si t'étais blessé. Lui vit seul.

T'arrive rapidement devant chez lui, t'gare et dans l'temps d'le dire, t'cogne deux coups à sa porte.

"Sherv'? C'moi."

T'attends, t'mordant un peu la lèvre inférieure, inquiet. S'il est tombé, arrive plus à s'relever, s'il a perdu connaissance à cause d'la douleur... Alors quand t'as pas d'réponse tout d'suite, t'élève un peu la voix pour appeler son droïde.

"Bzz? T'peux m'ouvrir, buddy?"

Sherveen possède de nombreuses qualités ; Taheer pourrait, avec aisance, établir une liste précise de la chose et n'y poser aucun mensonge. Du même fait, l'homme possède divers défauts qui ne demandent qu'à être corriger et sur lesquels des promesses ont, à l'occasion, été faites. Un effort accordé à sa santé ainsi qu'à l'état fragilé de son genou a souvent été mentionné ; promesse faite sous les regards noirs et existants de Taheer certes, mais prononcer des mots leur donne vie et il reste profondément problématique de mentir. Taheer ne supporte pas la chose. Il ne saurait dire, à l'instant, ce qui dérange le plus ; le fait que son collègue ne cesse de lui accorder des paroles rassurantes pour ne pas les suivre ou qu'il soit, encore une fois, faible sur l'une de ses jambes. Il suffit d'un regard pour constater la chose. Même de loin - car Taheer ne fait pas parti de l'escadron - la chose est visible. Le casque, sur ses traits, cache l'ombre traversant son regard ainsi que le jugement présent.
Il possède des reproches. Ceux-ci sont enregistres dans son esprit, gravés à sa mémoire. Pour l'heure, d'autres choses sont prioritaires. Si le pilote semble dans un état encore plus problématique lorsqu'il le verra de nouveau, Taheer ne lui fera que des commentaires additionnels. La limite est imposée par Sherveen lui-même  ; il lui suffirait de prendre soin de sa personne de manière convenable pour que le stormtrooper se calme sur les paroles offertes et les avertissements. La chose, en soi, les enlèverait l'un comme l'autre un certain fardeau ainsi qu'un agacement bien existant.
Il prend un temps pour offrir un rapport  - son supérieur, dernièrement, demande ses retours face à certains entrainements - avant de procéder au nettoyage de son armure ainsi que de sa personne. Des vêtements propres - abordant l'emblème de l'Empire - sont déjà prêts et décidés, et Taheer les enfile avec habitude et confort. Il est rare, très rare, de le voir porter autre chose que des habits impériaux.
Il ne voit pas l'importance de posséder autre chose. Ceux-ci sont propres, confortables et chauds. Taheer ne voit pas l'intérêt de posséder des vêtements additionnels simplement pour les posséder. Ceux généreusement offerts par l'Empire comblent les besoins et suffisent.
Les transports en commun de Theed possèdent leur avantage ; Taheer s'engage souvent à les prendre pour le simple fait qu'il ne possède pas de véhicule personnel mais aussi pour exécuter une part de son devoir. Il n'est pas rare, à l'occasion, qu'il se doive d'agir face un individu pour le bien de l'Empire. La chose ne le dérange aucunement; dans son coeur, il ne quitte jamais entièrement ses fonctions.
Cette fois-ci, rien ne se passe. Les habitants de Theed sont calmes et Taheer apprécie la chose. Le caractère s'adoucit alors un brin, bien qu'une pensée reste opaque dans son esprit ; des choses doivent être dites, encore et encore, face son  ami.
Lorsqu'il parvient à la demeure après quelques minutes de marche, c'est pour apercevoir Taliesin devant la porte. Quelque chose ralentit dans la puissance de son pas, mais rien ne l'arrête. Le Stormtrooper ne s'arrête pas devant ce qui pourrait le déranger ; il est souvent préférable de confronter.
Aucun regard n'est offert au pilote tandis qu'il arrive à ses côtés.
- Tu attends depuis longtemps ? qu'il demande, juste, ouvrant le sac bandouillère qu'il possède. À l'intérieur, de nombreuses choses s'y trouvent. Tu ne possèdes pas de clé ? Une œillade est offerte à la connaissance du passé avant qu'un set de clés ne soit extrait du sac. Sans attendre, Taheer en sélectionne une et s'affaire à ouvrir la porte verrouillée. Il suffirait de lui demander. Il se garde de dire que les demandes ont été insistantes pour sa part et que Sherveen a certainement cédé d'excès. Qu'importe, au final. Taheer en possède tout les droits ; si Sherveen manque à se préoccuper de sa propre santé, il se doit d'être présent et d'offrir ce qu'il peut.
Le verrou défait, Taheer range ses clés et ferme son sac avant de pénétrer les lieux. Aussitôt, à sa vue est offert un Sherveen malmené, propre et en possession d'une béquille - une paire aurait été plus favorable - et d'un jus. Un sourcil s'hausse face à une telle vue.
- Un bon entrainement, je présume ? qu'il commente juste, s'arrêtant pour retirer ses bottes, respectueux. Bonne idée, le jus. Il lui doit bien cela.

Ça cogne. Tu relèves la tête vers la porte… Soupires. Et te sens automatiquement mal de tes propres réactions. Tes amis ne veulent que ton bien, ils n’ont pas à subir tes humeurs.

“Va ouvrir, Bzz, tu veux ?”

Le droïde émet quelques tonalités en roulant vers la porte, sans avoir le temps d’ouvrir que celle-ci coulisse déjà, laissant apparaître Taliesin et Taheer.

Et toi, t’en mènes pas large, là, assis, avec ton verre de jus à porté de doigt, ta holotablette qui affiche les dernières actualités de la galaxie et ton genou qui t’envoie des éclats de souffrance.

Taheer présume que tu as fais un bon entraînement et tu sais absolument qu’il SAIT que c’est faux. Ça te tire un grimace. Il fait exprès. Même s’il approuve le verre de jus que tu t’es servi. T’en prend d’ailleurs une gorgée pour te donner contenance.

Il est bon, ce jus, l’air de rien.

”Non, c’était ignoble. J’ai merdé.” Et c’est putain de désagréable de le dire à voix haute. ”J’ai suivi mon égo à la place d’écouter mes limites et je douille.”

Putain de douille. Ton lit est ridiculement tentant. D’y plonger pendant de longues heures de sommeil. La réalité, c’est que t’es pas sûr que tu pourrais dormir avec ces douleurs-là. Des heures de réjouissances à fixer le noir derrière tes paupières.

”Ça m’a énervé. Je voulais être capable. Je suis effectivement capable, mais ça ne me rend ni fier, ni heureux, au final, donc la prochaine fois, j’espère être moins bête.”

T’hausses légèrement les épaules, éreinté, soupires en te callant un peu mieux dans ta chaise, massant ton genou sans trop y porter attention.

”Et vous deux, ça va ?”

Retour de politesse, façon de peut-être changer un peu le sujet parce qu’une fois passé le fait que t’as déconné, le tour en à déjà été fait de multiples fois. Tu repousses une mèche rebelle qui vient coller à ton front et attrapes ton verre pour en prendre une nouvelle gorgée.

Et ton manque d’hospitalité te frappe et te fait grimacer.

”Et désolé, venez, assoyez-vous. Vous voulez quelque chose à boire ? Il y a de quoi faire dans le frigo, hésitez pas à vous servir.”

C’est pas comme si ils ne risquent pas de t’attacher à ta chaise si tu oses tenter d’aller les servir.

T'tends l'oreille pour essayer d'entendre l'roulement d'l'unité BB d'l'autre coté d'la porte, mais ton regard tombe alors sur la silhouette qui remonte l'même couloir d'toi plutôt et, comme à chaque fois, même si l'habitude en a apaisé les contours, t'marque un temps d'arrêt en reconnaissant Taheer. Y a rien à faire, c'va toujours être un peu... étrange d'le voir ici. Ici au sens Naboo et pas Tatooine.

Néanmoins, si t'es honnête, t'es pas surprit d'le voir là, et t'en est même un peu soulagé. Vous serez pas trop d'deux. T'lui offre un petit sourire en coin et comme l'autre s'embarasse pas d'salutations, t'répond directement :

"Non, j'viens d'arriver. T'as remarqué aussi?"

Pour sa jambe, ses douleurs, l'fait qu'il s'soit trop poussé aujourd'hui à l'entraînement. Puis il t'demande si t'as une clé et t'ouvre la bouche, un peu prit d'court.

"Hem... non j'ai pas osé demander?"

Lui oui, apparemment, et t'as pas l'temps d'dire qu'si Sherveen vient pas ouvrir, c'est p't-être qu'il veut pas voir personne qu'Taheer sort sa clé pour déverrouiller la porte. Il l'ouvre au moment où Bzz apparaît dans une tirade de bips inquisiteurs et t'inspire un coup silencieusement avant d'entrer derrière l'stormtrooper. Ton regard s'pose alors sur ton ami et l'inquiétude revient. T'retires ta veste et tes bottes en silence, écoutant Sherveen raconté qu'il a merdé avec une petite grimace compatissante, puis t'dirige vers lui, balayant ses excuses d'la main.

"Ca va, mais toi... sois pas trop dur avec toi même, okay? Même si... ouais, pour l'coup, moins t'pousser à l'avenir est pas une mauvaise idée."

Tu t'assois près d'lui à table, lance un regard à Taheer et, doutant pas une seconde qu'c'est ca l'plan même si vous en avez pas parlé, ajoute :

"Et t'inquiète d'rien, t'bouge pas d'là. On va s'occuper d'cuisiner quelque chose. T'as pris tes médocs et mit ta crème, j'imagine?"

Sinon t'vas aller les lui chercher, mais comme il a les cheveux mouillés, t'devine qu'il sort tout juste d'la douche, alors il en a peut-être profité pour s'mettre sa crème avant d'se rhabiller. D'ailleurs, ton regard s'attarde quelques secondes de trop à ses mèches humides en bataille sur sa tête, les trouvant craquantes et réprimant l'envie d'en remettre une qui est particulièrement d'travers en place, avant d'revenir à son regard. T'dis alors un peu plus bas :

"Et t'en fait pas, on l'a vu parce qu'on t'connaît bien, mes j'crois pas qu'personne d'autre a vraiment remarqué. L'escouade s'demandait un peu où t'étais passé, après, mais sans plus."

Les reproches ne peuvent qu'être présentes dans l'iris de Taheer ; comment peut-il en être autrement ? Près d'un an s'est écoulé depuis le début de ses remarques sur la blessure et les paroles roulent si souvent sur le bout de sa langue qu'il pourrait les dire dans son sommeil. Sherveen agit tel un enfant ; certes, il est aisé de comprendre son sentiment. Taheer serait aussi en colère contre son corps pour une blessure qui laisse des échos, encore, qu'importe le temps passé. Il se garde de s'ouvrir sur la douleur ressentie dans son dos il y a un moment. Certaines choses n'ont rien à voir. Un nerf coincé est bien différent d'un genou en milles morceaux. Et pour sa part, Taheer préfère taire certains aspects de sa vie. Il n'apprécie pas s'ouvrir. Il n'apprécierait pas, non plus, parler de certains sujets face à Taliesin.
Il est plus important et confortable de poser un regard critique sur Sherveen et de juger son état. Certes, l'homme est assis et semble, pour l'instant, prendre soin de son état. Un jus est nullement trompeur, par contre. La fierté est moindre et n'efface pas l'iris sombre qu'il porte et le jugement faisant écho dans son esprit.
Taheer n'apprécie pas le manque de jugement de son ami. Il est déçu.
Taliesin, pour sa part, ne peut qu'offrir des commentaires rassurants et être bon. Taheer serre des dents et se garde d'un commentaire, face à la chose. Déchaussé, il offre un bref regard à l'androïde avant de se rendre dans la cuisine, déjà. Si les deux hommes ont besoin de se parler pour s'offrir une conversation menant à rien d'autres que se réconforter, sa présence n'est pas essentielle. Il ne ferait que les fixer.
Il ne demande pas pour ouvrir les armoires et chercher des items acceptables pour un repas. Certains aliments sont bons pour la régénération des tissus et des muscles. Il suppose qu'il peut s'en servir, sans problèmes, pour établir un repas acceptable. Bien que, pour l'instant, le coeur ne possède aucun envie d'offrir un repas à son ami. Sherveen mériterait d'être puni, comme un enfant.
Taliesin préfère le rassurer, bien évidemment. Le souffle s'évade des narines et Taheer s'arrête un instant, dévisageant les deux hommes se trouvant sur le canapé.
- Peut-être auraient-ils du le constater. qu'il commente, amer et honnête. un congé imposé te ferait peut-être réfléchir. qu'il ajoute, ouvrant un tiroir pour sortir un couteau. Déjà, il s'occupe de couper divers légumes pour le repas à venir. Te pousser pour être capable aujourd'hui peut t'enlever la chance de l'être demain. Écoute ton corps. Les paroles pourraient être lourdes s'il n'était pas occupé à couper des carottes avec tant d'attention pour les nourrir, tout deux, prochainement. Et finis ton jus. qu'il gronde en plus, telle une mère. Taliesin, à boire ?
Déjà, le voilà délaissant les carottes pour s'emparer d'une boisson pour sa vieille connaissance. Il ne demande pas son avis quand, les rejoignant brièvement, il lui offre un jus vitaminé similaire à celui de Sherveen. Un moindre instant, il en profite pour dévisager la jambe blessée. Ainsi assis à la table, Sherveen ne lui laisse aucune chance. Il gronde brièvement.
- Le canapé serait plus confortable pour le surélever. qu'il commente, juste, mauvaise mine, avant de retourner à ses légumes. Il se prend, par le même fait, également un jus.