Trust me, you'll talk - feat Uriel and Aslaug

Le calme, le silence. C’est toujours ce que ressent Horion quand il se presse enfin dans ses quartiers, après une journée épuisante et des quarts de travails doublés. Il s’engage dans sa minuscule salle de bain, dépouillant son uniforme couche par couche qu’il jette négligemment dans la corbeille de linges sales. Les droïdes viendront surement s’en occuper demain, il trouve toujours des vêtements frais bien rangés dans ses placard. La station Impériale a une atmosphère aseptisée, tout y est toujours en ordre, impeccable, discipliné. Cela pourrait avoir surement certains attraits dans un autre contexte, c’est si différent de son dortoir sur la base de l’alliance rebelle. Parfois, souvent ces derniers temps, le chaos ambiant du bourdonnement de gens lui manque. Tout comme le contact chaleureux, jovial des autres rebelles, les conversations multiples de la cafétéria où on a du mal à s’entendre penser. Cela fait bientôt deux ans qu’il est ici, seul parmi ses ennemis, à tromper son entourage, à chaque instant. Horion faiblit, il ne veut plus de cette vie de mensonge, il veut retrouver sa famille, ses amis, Aziel. Il veut s’enfuir, laisser tomber les ordres et la mission. C’est une torture constante malgré son entrainement de Jedi, il a besoin de ses pairs, d’encouragement, d’avoir confiance, de pouvoir reposer clairement son esprit avec une dure journée de labeur.

L’eau chaude aide à délasser ses muscles sous tension mais cela n’empêche pas ses ruminations persistantes dans sa tête. Ses boucliers faiblissent avec le temps, les ténèbres menacent de l’engloutir, la lumière paraît si lointaine. Les tortures, les morts, les ordres, il ne peut plus faire ça. Ce n’est pas lui. Il a peur de ce qu’il pourrait devenir si sa détermination flanche. Il se sèche et attrape ses vêtements de repos, gris, d’une couleur fade, comme tout le reste ici. Il enfile un pantalon lâche qui pend sur ses hanches et un maillot de corps, gris aussi, qui épouse les peu de formes qu’il lui reste. Horion a perdu du poids, du muscle, le manque d’entraînement Jedi se fait sentir, il a la gorge noué, il a du mal à s’alimenter correctement. Dans la glace, il entrevoit les cernes violacés qui hantent ses yeux, il a l’air d’un fantôme, de l’ombre de lui-même. Il a perdu son expression chaleureuse, tournée vers les autres. Il souffre, il a mal.

C’est un bip persistant de son datapad qui le sort de ses réflexions déprimantes, c’est étrange, il n’y a pas d’alarmes, ils ne sont pas en dangers, pas d’attaque de prévue. Alors qui cherche donc à le contacter ce soir ? Cela lui semble inhabituel et un soupçon de peur se forme dans son cœur, lui enserre la poitrine, il sent l’angoisse qui monte. Il doit se ressaisir. Il ouvre sa messagerie, c’est un mail anonyme, il n’y a pas le nom de l’envoyeur mais le message est clair : il est en danger, ils viennent le chercher, il est découvert. Ca y est, les soupçons se sont confirmés, il va être amener, interroger dans la prison impériale de Theed. Horion sent les battements de son cœur s'accélèrent, il panique, il ne sait pas quoi faire, comment s’en sortir. Dans le couloir, il entend les pas d’une escouade de stormtroopers, ils viennent surement pour lui, pour le prendre. Il n’a plus le temps pour ses plans de sauvegarde. Il n’y a qu’un seul moyen. Il espère que le message arrivera au destinataire. Il tape frénétiquement le contact qu’il n’a  jamais oublié. Il n’y a qu’une personne à qui il peut demander ça. L’intelligence ne viendra jamais le chercher, c’était le jeu. Horion ne veut pas mourir seul, dans les cris, dans la souffrance, dans une cellule pourrie, oublié de tous. Aziel est son seul espoir.

“Demande d’extraction immédiate, je le répète, demande d’extraction immédiate. Ma couverture est tombée, je suis transféré sous peu à la prison impérial de Theed. Si tu peux, je t’en pris, viens me chercher. Je ne veux pas mourir sans te revoir. Horion”

Il le regrettera surement plus tard mais il n’est pas en état de pouvoir être cohérent. S’il y a bien une personne qui puisse le sortir de là, c’est lui. C’est risqué, et s’il se faisait tuer ? Emprisonné à son tour ? Horion le regrettera toute sa vie. Il a peur, il angoisse, cela ne va pas du tout. Il entend des coups brutaux à sa porte. Elle s’ouvre à la volée. Ils sont là pour lui.

“Lieutenant Kriss, vous êtes en état d’arrestation pour trahison envers l’Empire Galactique. Vous êtes déchu de votre statut d'officier. Vous allez être transféré dans la prison impérial pour un interrogatoire. Vous devez garder le silence. Toute tentative de fuite sera sanctionné.”

Horion a du mal à se rappeler ce qui s’est passé par la suite. Le temps lui paraît flou, rapide, comme s’il était dans une sorte de brume constante. Il est traîné dans une cellule froide, vide, sans eau, sans nourriture, sans couverture. Seul un vieux matelas au milieu de la pièce et des murs gris. Il n’a pas mangé depuis hier soir, il a froid, il a peur, il tremble légèrement. Il tente de se ressaisir, de contacter la Force. Ils lui ont mis un collier, il ne peut pas la contacter, ne peut pas se plonger dans une méditation, légère. Ils ont tout prévu. Il attend son heure, attend son procès, il ne sait pas ce qu’ils ont prévu pour lui. Il dérive.

@Uriel Quilter, @Aslaug Dunudyr

 

L'ordre est lâché. Depuis le temps qu'il avait posé les yeux sur lui, qu'il avait décidé de le surveiller, les soupçons grandissaient peu à peu. Pas de tromperie dans les rangs, la trahison et le mensonge sont ce qu'il y a de pire aux yeux du sith. Son mental, forgé dans la patience, lui a appris que tout vient à point à qui sait attendre. Et encore une fois, il ne s'est pas trompé. L'agacement présent, l'envie de tout éclater quand il sait la façon dont on s'est joué de l'empire. De grands plans qui s'annoncent, pas de doute possible. Ses poings se serrent et de desserrent alors qu'il tourne en rond dans son bureau. Attend qu'on place sa prochaine victime dans la salle prévu aux interrogatoires. Sa nuque remue, craque. Il sent la tension tendre son corps, ses muscles. C'est quand on vient le chercher qu'il s'anime enfin, comme poussé par une force invisible. Le moment attendu. Le sith doit se rendre à la prison impérial. Il sent qu'il va s'amuser. Avant de quitter son bureau, il se permet de contacter Aslaug. Il sait combien ça peut lui faire plaisir de venir interroger des gens. Le message transmit, Uriel se rend à la prison, très impatient de commencer. Ses pas lourds résonnent dans le couloir alors qu'il se dirige vers la pièce prévue pour l'interrogatoire. Quiconque le connaît sait qu'il n'est jamais bon quand c'est lui-même qui s'occupe des interrogatoires. Un homme aussi occupé n'a t-il rien de mieux à faire ? Il entre dans la pièce, froide, l'unique lumière blanche qui n'arrange rien. Les seuls meubles en acier, une table, deux chaises dont une déjà occupée. Rien n'est fait pour être agréable. Uriel laisse la porte se refermer dans son dos alors qu'il pose les yeux sur le rouquin. Un homme qu'il surveille depuis trop longtemps maintenant. Un homme qu'il a souvent rêvé de voir passer sous ses poins. Le sith qui retire doucement ses gants, les pose sur la table. « Comme on se retrouve. » Qu'il lâche. La voix rauque qui se répercute sur les murs de la pièce. Il glisse, tel une ombre, dans le dos d'Horion avant de lui attrape la tête pour lui éclater contre la table, la lâchant aussitôt. Uriel lâche un bref soupir de satisfaction. « Depuis le temps que j'attendais ça. Tu sais ce qui arrive aux infiltrés dans ton genre ? » Qu'il demande sans réellement attendre de réponse de sa part. En vérité, il s'en fiche un peu, il veut des réponses à ses questions. Mais avant, il veut jouer un peu.