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T’entends ça, andré. Elle est voyante, ou quoi. Oh my god. André ! Il a appelé son insecte - son cadavre d'insecte - André ! L'idée lui paraît tellement saugrenue qu'en temps normal elle lui aurait arraché un sourire. En temps normal. Là, le jeune homme ne fait rien pour gagner son affection. Il ignore son espace personnel et lui crie dans les oreilles (un cri qui lui rappelle un Tie Fighter ni plus ni moins). Quelque chose est tombé près d'eux, elle sent l'eau sale l'éclabousser. Oh, comme elle aime le printemps ! Ah non. Nononononononon. Je ressens rien, je le vois pas. Je vous l'avais dit. Les paroles débitent à une vitesse folle de ses lèvres, la pilote peine à le suivre, à le comprendre. Elle le fixe, sourcils froncés. Cette fois elle ne va pas cacher son mécontentement, l'étranger le cherche avec obstination. Elle entrouvre la bouche pour lui intimer de se calmer - au risque que sa cervelle explose - mais les mots se coincent dans sa gorge lorsqu'elle saisit enfin ses paroles. Il ne les voit pas ? Serait-il aveugle ? Pourtant son regard se pose parfaitement où il devrait être. Il est fixe, un peu tremblotant dû à la peur, mais ce n'est pas celui d'un affecté par la cécité. Bon, après, ce n'est pas comme si Ran connaît beaucoup d'aveugle, elle n'en a jamais croisé à vrai dire. Généralement ceux qui ont un tel mal vont se faire soigner à coup de chirurgies.

Une créature s'approche. Pour l'instant le qualificatif qu'elle cherche s'arrête sur créature. Parce qu'un loth-cat ne fait pas ces bruits. Un loth-cat ne se présente pas en meute de cliquetis mécaniques et de yeux rouges brillants. Ce n'est pas un modèle avec lequel elle est familière non plus. La noirceur de la ruelle cache l'appareil mais quelque chose lui dit qu'elle n'a jamais touché ne serait-ce qu'un bout de tôle d'un truc pareil. Si son nouveau camarade se met à paniquer, elle s'abandonne à la réflexion. D'où vient-il ? Que fait-il dans les ruelles de Naboo, comme ça ? Sans personne ? Définitivement un droïde, et les droïdes ne se tiennent jamais bien loin de leur propriétaire. There is no such thing as independant droids. Contrairement aux androïdes. Ce droïde là n'est pas seul, mais ce n'est pas des sentients qui l'accompagnent.

Eeeeet l'inconnu la tire de ses pensées lorsqu'il saisit la lampe torche dont elle se servait il y a à peine une fraction de seconde et la lance à l'aveugle. Ça rebondit sur quelque chose en métal. Ran fige pendant un court instant. À cause de la menace ? Non, elle ne se sent pas menacée. Elle se contente seulement de détendre ses nerfs, parce que soudainement elle a une envie de jeter l'homme à la créature. Mais à quoi t'as pensé ? Une ombre se dessine sur le mur, elle est grande. Et presque inquiétante. Elle sent son rythme cardiaque légèrement augmenter. Oh et puis non ! Tout ça c'est à cause de l'autre qui s'énerve là. Voilà qu'il se faufile tout contre elle et enfoui le visage contre... contre... WOH ! Doucement ! Je suis pas ta maman. C'est tout ce qu'elle pense à dire. Non, la pilote n'a aucun instinct maternel, aucun instinct de protection. Surtout quand l'être en question fait presque une tête de plus qu'elle - il fait très certainement une tête de plus qu'elle - et est probablement plus âgé malgré l'attitude dont il fait preuve. Les seules personnes qu'elle laisse se coller à elle comme ça c'est ses parents et ses amis proches, et ceux dont elle a volé le cœur. À date, l'homme n'entre dans aucune de ces catégories. Elle ne peut pas dire qu'elle raffole de cette proximité. Elle veut mettre fin à cette situation, le plus rapidement possible. Elle sent l'homme tirer sur sa manche, il veut courir, fuir, s'en aller, mais elle a d'autres intentions.

Alors sa main vient doucement effleurer le blaster caché sous sa veste. Qui se promène à Naboo ces temps-ci sans arme loyale soigneusement cachée sous ses vêtements ? Heureusement que la sienne est discrète et pratique. Rapidement elle évalue les risques. Si elle tire, elle va attirer l'attention. Et qui dit attention dit stormtrooper et la police. Et qui dit stormtrooper ou police dit encore plus de soucis. Elle hésite.

Hors rp, conséquences du lancer de dés :

Elle était venu admirer sa défaite, goûter à son passé. Passé qu'elle a repoussé d'un coup de botte agacé. L'hippodrome n'est plus qu'un souvenir lointain. Les expressions enivrées de l'auditoire aussi. Il était vide aujourd'hui et la nostalgie avait resserré ses serres autour de son cœur. Elle n'est pas resté très longtemps, elle a fait demi-tour et la voilà dans les rues calmes de Theed, à déambuler sans but précis. Elle n'aime pas cette ville. Ça n'a pas toujours été le cas. Lorsqu'elle avait posé les pieds ici, il y a de cela sept ou huit ans, elle a admiré son architecture élégante et sa beauté. Personne ne peut le nier, Naboo a son charme. Mais maintenant il ne l'affecte plus, elle le trouve trop gracieux, trop pur. Il est hypocrite ; il digère dans ses entrailles toute sa criminalité et ses dangers. Quelle prétention. Ran a l'impression de ne plus être à sa place en son sein. Peut-être est-ce aussi à cause de l'Empire et du serment qu'elle a fait de les combattre ; sait qu'elle n'est dorénavant plus à l'abri nulle part dans cette maudite ville.

Inconsciemment, perdue dans ses pensées, elle suit le court d'eau qui serpente entre les ruelles. La base n'est pas si loin, sa chambre l'y attend confortablement. Mais cette nuit-ci elle a envie de profiter de l'air froid qui lui rappelle celui des océans de Corellia. Elle n'en raffole pas, il est très inconfortable, mais les flocons sont presque mignons.

Elle s'arrête subitement et recule de quelques pas. Il y a une silhouette accroupie et alors qu'elle recule de quelques pas elle se redresse. Je crois qu'il est mort. Elle ne voit pas de quoi il parle. Il tient quelque chose dans ses mains, mais la noirceur l'empêche de voir quoi exactement. De la ferraille non loin est renversée, elle se retourne vivement vers le bruit, surprise. Peut-être un loth-cat. Vous entendez ces bruits, ou c’est dans ma tête ? Il se rapproche dangereusement de Ran qui ne bronche pas. Ce qu'il est bizarre lui. Elle distingue enfin ce qu'il tient dans ses mains. C'est un insecte ? Il s'inquiète pour un insecte ? Elle fronce les sourcils. Un de ses droïdes répugnants ? Le terme la fait tilter. Tu dis ça alors que tu tiens un cadavre d'insecte dans tes mains, elle remarque. S'il était encore vivant il t'aurait pincé. Ce sont de p'tits monstres. Encore du bruit. Elle voit l'homme - ou whatever it is - frémir. T'inquiète, c'probablement juste un de ces satanés tookas. D'autres p'tit monstres. Lorsque le bruit devient insistant, elle prend sa petite lampe-torche qu'elle a à sa ceinture et l'allume, éclairant le visage de l'étranger. J'te conseille de pas aller les prendre dans tes mains, ils font plus de dégât. Elle ne peut s'empêcher de sourire.

Il pose une main tremblante sur son épaule et elle fige sous le geste. Alors lui, il n'a aucun concept de la bulle personnelle. Elle lance un regard courroucé vers sa main et lève la tête pour affronter les yeux un peu trop doux et surtout gorgés de peur de l'homme. Elle lève les yeux au ciel et éclaire la poubelle. T'vois ? Bah non en fait, il voit pas parce que quelque chose a disparu dans l'ombre, furtivement. Et ce quelque chose n'avait pas l'air d'un loth-cat. Elle échange un coup d'œil avec l'étranger. Impulsion soudaine : et s'il décide de le suivre ?

Il semble assez lunatique pour oser.