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Rannie. La pilote sourit. Voilà des années qu’elle n’a pas entendu ce surnom et, à vrai dire, elle s’en serait passé. Il est le cicatrice d’une ère révolue, le symbole d’une amertume dont elle souhaite se débarrasser. Ce n’est pas qu’elle n’aime plus les courses, loin de là — elle ne manque jamais l’occasion de provoquer ses camarades — c’est plutôt l’auditoire, l’ombre qui se dérobe sous ses pieds dans ce monde-là. La saleté de la criminalité. L’absence de signification pertinente sinon exploser parmi tant d’autres appareils poussés à bout et faire bidonner un auditoire passif-agressif. Nay, les criminels et moi ça s’entend plus très bien. Ran est presque soulagée lorsque les stormtroopers viennent chercher la pirate. En même temps il y a une petite alarme qui s’active à l’arrière de son cerveau. Ça pourrait être moi la prochaine fois.

Bon. Combien de fois ne s’est-elle pas débrouillée ? Sorti d’un mauvais pas dans le genre ? Ça sera un jeu d’enfant, comme toutes les autres fois. Même pas besoin de renforts ! Pas question qu’elle se fasse encore une fois rembarrer par ses supérieurs ! Elle n’a qu’à se soucier de…

Ran... je vais avoir besoin de toi... Mozer est de retour dans la cellule.

La jeune femme relève la tête vivement et la surprise se peint sur son visage lorsqu’elle remarque l’air salement amoché de sa partenaire de cellule. Ouch, c’est tout ce qui traverse ses lèvres. Merde, s'il y a quelqu'un capable de faire ça à bord, faudra être vigilant. You must have really pissed them off one way or another. Ça lui donne une raison de plus de ne pas porter l’Empire dans son cœur. Leurs méthodes sont si… barbares. Arriérées. Autoritaires ? Oui, c’est plutôt avec l’autorité que la pilote a un soucis. Elle a un pincement au cœur pour Mozer et ça la surprend. Il faut croire que les vieilles amitiés ne la laissent pas tout à fait indifférente. Et puis elle lui en doit une. C’est elle qui la finançait et elle a quitté soudainement, comme ça, sans même l’avertir. Si elle ne veut pas s’attirer ses foudres…

Ah, t’inquiète, j’ai déjà un plan. Ran s’étire comme elle peut avec ses menottes. Il y a un petit bip, puis une série de beep-boop et un bruit métallique de connecteur qui s’insère dans une serrure électronique. Bah, c’était pas trop tôt, Tech. L’intéressé grommelle – autant qu’un astromech peut grommeler – et le mur laser disparaît. D’une manière ou d’une autre, le droïde a réussi à échapper au contrôle des stormtroopers. Ouais, je sais, ils sont partout. T’as repéré les hangars ? J’crois que j’ai une idée. Tu te souviens de… Puis elle soupire en réalisant qu’elle a Mozer à s’occuper. Après une hésitation, elle lui tend la main même si elle sait que c’est un geste inutile. Dans son état, faudra presque la porter. Elle n'a même plus son bras mécanique. Mais ça risque de faire foirer le plan. Enfin, l’idée qui germe dans son esprit. Tu peux marcher ? It’s prison break time. Question ridicule. Elle voit bien qu'elle n'est pas en état. Mais elle a espoir. Brièvement espoir. Elle jette un coup d’œil dans les corridors à droite et à gauche.

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