the imperial march (shireen)

the imperial march Dans la nuit noire, la guerre des étoiles fait rage. An 0. An nouveau. Une marée de corps meurtris secoue le cosmos incrédule. Destruction. Intimidation. Implosions. On parle de prise de pouvoir du peuple sur les oppresseurs et monarques. Puis de fin du monde. Taarq s'élève dans la mêlée sous les hurlements incessants des Wookie, faisant vibrer l'hémoglobine de la foule. La révolution levée, la galaxie est secouée par l’empire. Les murmures se répandent comme de la poudre ; on annonce bientôt la Purge Jedi. L’Ordre en alerte, on chasse les insubordonnés et les traîtres. La fuite est le premier recours aux menaces et pressions, exercées par les Sith. Sur la station spatiale, Eos a revêti des nippes de stormtrooper, espérant leurrer les troupes malgré lui. Le cœur au bord des lèvres, Ishtar serpente les couloirs glacés de la base. Il a le souffle court quand bien même ses oreilles sifflent au son entêtant de l’alarme qui le suit. Il le sait ; ou qu’il aille, il n’est plus le bienvenu. Le gamin qui n’a connu de famille qu’auprès de ses paires a vu les femmes de son existence disparaitre dans la nature. Peut-être survivront-elles ou peut-être ne les reverra-t-il jamais. Peut-être. L’incertitude et surtout la peur qu’il arrive quelque chose à Gen et Mara s'immiscent en lui comme un poison. Soudain, ses caprices de jeune premier têtu n’ont plus aucune importance à ses yeux. Le regret de ses remontrances et son attitude envers ses aînés maintenant disparus est immédiat. Il n’a plus cure du Code, parce qu’il n’existe plus. Les Jedi en voie de disparition, la guerre civile a pris le dessus sur ses préoccupations juvéniles, le rappelant à son égoïsme criant, lui, chevalier gâté jusqu'à la moelle.

Glissant entre deux vaisseaux, le guerrier fend l'éther et se retourne, une dernière fois. Eos jette un œil inquiet au chaos. Un modeste aperçu de la débâcle destructrice qui attend le monde. Le prix, douloureux, du mensonge et de la terreur. Du pouvoir saisi sans aucune légitimité. Il surveille ses arrières et un frisson particulier lui traverse l’échine. Il lève la paume dans l’invisible et, faisant usage de la Force, la porte d’un airspeeder dévoile le siège du pilote. Le déserteur n’a pas le temps de monter dans l’appareil qu’une présence familière se fait sentir. Shireen. Soupir lourd de signification, le myocarde du Jedi se serre au fond de sa poitrine. Brandissant le sabre, il dit plante ses ambres dans ses iris opales : “M-monte avec moi, Shireen.” Ordre lancé dans l'invisible. La voix tremblante de l’homme vient se loger dans l'oreille du prince galactique. “Ce monstre, ce n’est pas toi. Je sais ce que tu es. Je le sens. Toi aussi.” Il fait référence à la Force qui sommeille aussi en lui, ainsi qu'à la foi indescriptible qu'il a en sa personne. S’il n’ajoute rien, Eos sait pertinemment le traumatisme que son ami a vécu. La douleur et le conflit interne auquel il fait face à présent. Ne perdant pas espoir, Eos espère le ramener à la raison, lui qu’il considère comme son meilleur ami.

La bataille fait rage. Où qu'il aille, Shireen peut l'entendre résonner dans les couloirs, les cris de ses compagnons et ceux des ennemis, des appels à l'aide, la douleur. Au sein de cette marée humaine les corps des amis et des ennemis se confondent. Il enjambe des anonymes, des camarades peut-être sous ces casques, s'arrêter pour en avoir le coeur sûr serait signer son arrêt de mort. Il n'en sait rien, il ne sait plus. Il est seulement habité par cette rage de vaincre, cet instinct primaire qui le pousse à détruire tout ce qui se trouve sur son passage. Survivre. Cette passion que son grand-frère à instillé en lui. Shireen a le souffle court et il s'étouffe à chaque inspiration, l'air chargé de cette odeur de mort, de cendres. Alors c'est ça, le goût de la Victoire, lourd sur sa langue ? Le désespoir  est palpable à travers la Force, un désespoir si profond que lui même peut le ressentir. Malgré tout c'est le signe que son destin est en train de s'accomplir, il en a la certitude. Ce destin auquel on l'a préparé depuis qu'il est enfant, bercé aux ambitions d'un paternel qui a toujours rêvé de ce jour et qui jubile. Le jour où l'Empire prend le pouvoir et assoit son règne sur la galaxie, une victoire annoncée qui s'accomplit sous ses yeux. Il a rêvé de ce moment à ses cotés, la réalité ne saurait se rapprocher de ses fantasmes. Car jamais dans ses songes il n'a imaginé un tel carnage, une telle effusion de sang. Shireen est dégoûté, fatigué, mais il avance d'un pas décidé. Implacable.
Il est né pour ça.

Le vaisseau est en train de partir en lambeaux, l'apothéose ne va pas tarder. Il lui faut partir d'ici au plus vite si il ne veut pas se retrouver à flotter dans l'espace. Il n'est pas le seul qui a eu cette idée. Reen ignore combien de temps il leur reste avant que tout ne s'effondre. Il sait seulement qu'il n'en reste pas assez, que leurs minutes sont comptés. A eux. A leur amitié. Elle touche à sa fin et annonce un dénouement tragique. Un seul va quitter cette épave volante. Il relève la tête pour croiser le regard d'Eos, l'innocence dans ses yeux balayée par la peur, le dégoût et une froide détermination. Le sang sur son visage n'est pas le sien, il teinte son âme, même lavé il ne pourra jamais effacer cette marque. Ses mains ne sont plus innocentes. Il a déjà tué un Jedi. Cela fait de lui un héros. Détruire Eos ferait de lui une légende. De quoi enfin être le fils qu'on attend de lui. Les ordres de Remus comme un phare dans l'obscurité.Destroy the Jedi. Il ne peut plus revenir en arrière. Kill them all. Qu'ils les rejoignent où périssent. Inutile d'essayer, l'autre ne le suivra jamais. Il est le premier à lui proposer de s'enfuir, de mettre un terme à cette folie. Se sauver de lui-même. Il hésite une micro-seconde à saisir l'opportunité qui s'offre à lui, saisir la main du Jedi tendue et s'enfuir avec lui aux confins de la galaxie. Là où être un Kirk ne veut plus rien dire. Là où il pourra soigner ses blessures et purifier son esprit des ténèbres qui s'y engouffrent. Mais à quoi bon ? C'est sa nature, elle coule dans ses veines, c'est son sang, une source noircie qui puisse sa source le coté obscur, où aucune étoile ne brille. Un sourire triste passe sur son visage et il se met en garde. Ça a toujours été ainsi, le bien et le mal, le coté lumineux et obscur qui s'arrachent son coeur. Il est incapable de choisir, entre eux, entre Eos et sa famille. Il sait ce qu'il doit faire, l'option logique. « Il n'y nulle part où aller Eos. » L'univers est vaste. Il n'est jamais assez grand quand on est recherché. Il dégaine, les pulsions électriques de son arme projettent des ombres violacées sur son visage pâle. « Je suis l'Empire. Renonce à ton titre ou joins moi dans la victoire. » Il n'y a pas de rédemption possible. Pourtant, Reen tremble. Il ne veut pas le faire.
Il le doit.