our dark materials, deep as crystals ✶ r e m u s {flashback}

An 0, Régions Inconnues, à l'approche de la planète Ilum Le léger vrombissement du vaisseau avait bercé plus d'un initié dans un sommeil plus ou moins apaisé. Le voyage avait été long. Ils étaient tous assis dans le vaisseau, avaient dû quitter leurs cabines quelques temps auparavant car plus ils se rapprochaient de l'atmosphère d'Ilum, plus la traversée était agitée. Même l'espace autour de la planète semblait hostile à toute forme de vie, comme si tout était fait pour protéger férocement ces précieux cristaux qu'elle renfermait. Ceux que seuls les forceux, pouvaient espérer obtenir. Le danger était partout, et Eon se jetait dans ses bras. Etait-elle devenue folle ?

Bien des épreuves attendaient les aspirants j-sith, depuis leurs premiers pas au sein de l'académie. Mais aucune n'était aussi importante et aussi difficile que l'épreuve de la collecte. Nul échec n'était toléré. Pas de deuxième chance. Ils savaient tous à quoi s'attendre, ils pensent le savoir se corrige-t-elle, ses yeux parcourant les enfants, si jeunes, si innocents, si l'innocence existe encore, la majorité humains, tendant de deviner qui, parmi eux, réussirait ; qui serait forcé de retourner auprès de sa famille ou d'un orphelinat... Ils étaient tous assis vers le fond, ensembles. Eon avait préféré être proche de la sortie, un peu à l'écart des plus jeunes, hors de portée d'ouïe.

Devant elle, Remus.
Remus, qui lui avait fait la surprise d'être présent pour l'embarquement, et de monter avec elle, plutôt que d'attendre son retour. Et ce, malgré tous les devoirs qui lui incombaient, en tant que Seigneur haut-gradé d'un Empire encore en pleine construction. Eon était tout à fait consciente de la chance qu'elle avait. Contrairement à tous ces novices, qui ignoraient entre les mains de quel sith ils tomberaient, ni même s'ils seraient choisis, un jour... Elle savait. Elle savait qui était son maître, de quoi il était capable, et qu'elle n'était pas qu'un outil entre ses mains.
Pourtant... elle n'arrive pas à se réjouir. Elle ne ressentait pas de joie, pas de contentement, aucun prétexte à la célébration.  Juste... Juste quoi exactement ? Comment se sent une étoile qui à vu toutes ses sœurs aspirées dans un trou noir, qui à du changer de galaxie pour échapper à la solitude ?

Elle porte finalement toute son intention sur l'homme en face d'elle. Après une légère hésitation, elle détache le sabre à sa ceinture.

« Tu devrais le prendre. » Jusque là, elle l'avait gardé. Il lui fallait une arme, au cas ou la traversée ne se passait pas comme prévu. Il lui avait fallu une arme, encore avant ça, pour couper sa tresse de padawan et être présentée devant le Conseil Sith. Elle avait encore du mal, avec l'air sur sa nuque, passait parfois presque inconsciemment sa main, croyant trouver sa longue natte avant de se souvenir que non, elle n'est plus là. « Si tout se passe bien, je n'en aurais plus besoin très longtemps. » Elle ne pouvait pas entrer dans les grottes armée d'un avantage que les novices n'avaient pas. Même s'ils n'étaient pas sur un pied d'égalité, même si elle l'avait déjà passée, bien des années auparavant, il ne serait pas juste qu'elle ait un sabre, alors que eux, non. Bien que l'utilisation du sabre ne pourrait pas la sauver de ce qu'elle trouverait à l'intérieur... Elle frissonne. Si elle devait ne jamais en revenir... ou le faire, avec un esprit trop friable, trop éprouvé par ce que la mythique grotte lui réservait... au moins son ancien sabre serait entre de bonnes mains.

Elle ne lui dit pas, elle ne saurait pas comment lui dire, mais elle aurait préféré l'enterrer que le confier à n'importe qui d'autre. Mais c'est Remus, Remus dont la simple présence signifie plus que tous les encouragements du monde.

Elle tend les main, le cylindre de métal gris posé dans ses paume ouverte.

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AVATARS PAR doom days & bavboule

Il est la, et la certitude dans le regard d'Arès est comme un baume sur les émotions débridées de celle qui s'imposait à nouveau l'épreuve. Comme une punition souffle la voix, comme un châtiment pour la trahison. Mais non, non, c'est bien plus que ça, elle en a besoin, pour s'élever au-dessus des attachements qu'elle conserve de son ancienne voie, pour être certaine d'être celle qu'Arès voit en elle. Eon n'a jamais compris, ne comprendra jamais ce qu'il a cru déceler dans une gamine traumatisée, mais il l'a fait, et elle a confiance en lui. La douceur du sith et ses encouragements à demi-mots rallument les flammes dans ses prunelles obsidiennes. L'équilibre. C'est tout ce qu'elle désire, elle aussi, équilibre et égalité, pour la Force, pour les Siths, pour tous.

Sans un mot de plus, dans un dernier regard elle se détourne et marche parmi les enfants, apprentie et novices, qui s'approche d'un des lieux les plus sacrés du monde. Le large temple d'Ilum, qui semble avoir échappé au temps et à la guerre, se tient droit et digne et ornés de cristaux. Et tout près, la grotte les attend, bouche béante qui aspire un à un les sensibles en son ouverture glacée.

Ce n'est d'abord qu'une sensation. Physique, le froid qui rentre dans ses os, malgré les couches de vêtements supplémentaires. Forceuse, ses sens lui crient au danger, et lui rappellent que la orce est ici d'une telle concentration qu'un peu plus et elle pourrait la toucher. Le cristaux qui couvrent les parois dégagent une légère lueur blanchâtre, mais aucun ne l'appelle. Alors Eon continue d'avancer, sans chercher à réfléchir, à trouver un chemin, elle a déjà essayé la prochaine fois mais rien ne peux arriver tant que les visions n'ont pas commencées. Malgré ce qui l'attend, elle se sent calme, à sa place au milieu des galeries plusieurs fois millénaires.

C'est alors que ça commence. Elle l'entend, d'abord. Le son qu'elle avait appris à craindre. Le sable projeté par le vent violent, qui s'approche d'elle a vive allure. Elle se retourne. La tempête. La peur. Eon cours.
Elle cours comme si sa vie en dépendait, pour échapper à une tempête de sable, il lui faut un abri, mais il n'y a rien que de la pierre et des cristaux. Elle cours, même quand le sable la rattrape, commence à lui brûler la peau, l'adrénaline fait battre son cœurs si fort qu'il menace de s'échapper de sa poitrine pour partir devant, sans elle. Pas une grande perte, à son avis. La tempête est là, sur elle, et le vent la balance contre une paroi, sans qu'aucun cris ne sorte de ses dents serrées. Elle ne peu plus bouger. Elle n'est plus dans la tempête, elle est sous le sable. Les grains l'oppressent, l'écrasent, menacent de remplacer son air avec cette poussière granuleuse qu'elle hait et craint tant. “Tu as déjà surmonté cette épreuve, Eon.” Un éclair de lucidité, et elle se laisse tomber sur le dos et, lentement, trop lentement, laisse la peur s'envoler, la remplace avec la colère de s'être laissée avoir. Elle est meilleure que ça.
Les hurlements du vent s'interrompent.

Eon se relève. Continue, elle boîte légèrement.

Elle sait ce qui l'attend pour la dernière peur. Elle a failli la faire échouer, la première fois. Mais maintenant, elle est sith. Plus forte, plus à même de vaincre ses démons.
Lorsque les hommes attaquent, elle est prête. Lorsqu'ils l'empoignent, la traîne, la battent, elle est prête. Cette fois elle n'attend pas, ne laisse pas la sérénité l'envahir pour dissoudre la vision (la vision, quelle vision, c'est si réel). Cette fois elle retient un énième coup, brise un poignet tenant un poignard. Cette fois elle se bat, féroce. Cette fois elle les bat.
Lorsqu'ils sont tous au sol, la vision se dissout.

Elle a réussi.

Mais lorsqu'elle ouvre les yeux, elle est toujours là, et ses mains sont vides, et l'instinct de danger est toujours d'actualité. Elle ne comprend pas.
Eon cherche, tâte les murs, elle semble bloquée dans une plus grande caverne, mais aucune galerie ne permet d'en sortir. Il doit bien y avoir une solution.
Elle prend une forme inattendue, la solution.

Elle se retourne, et son souffle se coupe. Dans ses tuniques marrons, une jeune femme la fixe avec son regard bridé et paisible. Une longue natte tombe sur son sein, jusqu'à sa cuisse. Un sabre laser bleu brille dans sa main.
Eon fait face à Nev-Ora. A son double. A elle-même.

C'est si simple, s'il suffit de la battre comme les autres assaillants. C'est ce qu'elle se dit, pour ignorer la vague paniquée qui l'envahie soudainement, la peur, la peur est un monstre affamé qui puise dans ce qu'elle cache au plus profond d'elle.
Eon se bat, mais elle a peur de blesser son alter-ego. Mais aussi peur que son double gagne.

L'obscurité et la lumière.

Cela semble durer des heures. Elle pare, se faufile, tente de rendre avec le sabre qui semble être apparu entre ses propres mains (la lame est dénuée de couleur, invisible, et pourtant elle est là), mais aucune ne prend l'avantage sur l'autre... Elles connaissent toutes leurs parades, toutes leurs techniques, comme si elles n'étaient qu'une seule et même personne.
Elle comprend finalement qu'elle ne peux pas gagner comme ça.

Il lui faut encore du temps, pour accepter l'inévitable. Eon agit en suivant son cœur et pas sa tête. Elle ouvre les bras, lors de l'attaque suivante, comme pour enlacer sa némésis. Elle renferme ses bras autour de Nev-Ora, bouche pressée contre son oreille. L'alter-ego hésite et retient son attaque, et lui rend son étreinte.

« Je suis désolée... » Eon murmure, avant de les transpercer toutes les deux de son propre sabre. Et c'est comme si elle était réellement transpercée par un sabre. La douleur est réelle. La brûlure. La roche qui pénètre ses genoux lorsqu'elles se laissent glisser au sol. Les larmes. L'obscurité.

Elle se réveille en sursaut, se redresse de sa position allongée dos sur le sol en inspirant une grande goulée d'air. Par la Force. Eon prend dans ce qui l'entoure, la même caverne, mais cette fois il y a un couloir qui n'était pas là auparavant. Elle se relève difficilement, corps endoloris, comme si tout avait été réel. Inspire, expire, inspire, expire. Elle continue d'entendre les murmures des grottes, mais cette fois ils ne sont plus menaçants, ils chantent comme une berceuse à ses oreilles, à son esprit tout sauf apaisé par cette plongée en apnée au fond de ses peurs.

Dans sa main droite, fermée, elle sent le cristal qui pulse.

Eon va en direction de la sortie, résiste à a curiosité de le voir dans l'immédiat. Elle marche pendant quelques minutes seulement jusqu'à ce que la lumière naturelle du ciel d'Ilum se brise contre celle des grottes. Jusqu'à ce qu'elle mette les pieds dehors, et respire, réellement.
Elle n'est pas la première sortie. La jeune fille ne s'attarde pas sur les autres, lorsque son regard se pose sur la silhouette encapuchonnée de noir, c'est vers lui qu'elle va, comme un aimant. Leur connexion de force qui avait été bloquée dans la grotte est enfin rouverte. Impassible malgré ses émotions frémissantes, Eon tend la main vers lui et, lorsqu'elle est assez près, l'ouvre.

Un cristal d'un vibrant violet est posé dans sa paume ouverte. De taille moyenne, il est pur et magnifique mais... Il est violet. Elle ne peut pas retenir une moue, mine déconfite, déception.

« Maître...  »

Elle ne sait pas quoi dire, il n'est ni blanc, ni rouge, il n'est pas teinté par la certitude d'avoir fait le bon choix, mais trahi plutôt ses hésitations. Il trahi ce qui vient de se passer, dans les illusions de Forces plus vraies que la réalité, qui l'ont fait, symboliquement, étreindre et tuer celle qu'elle était auparavant. Et elle-même.

La Eon qui est entrée n'est pas celle qui est ressortie. Et elle ne sait pas si Arès aimera ou détestera ce qu'il voit. Et elle voudrait juste se réfugier dans ses bras, un instant, et oublier ce qui est advenu. Et passer à autre chose, victorieuse en demi-teinte, mais victorieuse quand même.

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