Brothers don’t let each other wander in the dark alone [Nocte]

Il y a l'ivresse dans le ventre et aussi celle dans les veines. À un moment, les deux se rencontrent et se mélangent ; l'alcool et la mélancolie, la tristesse douce et lourde au creux de son coeur qui résonne, fort, même le soir. Nocte a le rire au bord des lèvres malgré tout, un semblant de bonheur artificiel. Il n'est pas heureux ; il nie être malheureux. Il pourrait fuir ses malheurs pour rester dans la routine des années passées, mais la situation est d'une terrible ironie. Il n'y a rien à fuir car il n'y a plus rien, maintenant. Que lui, que son propre sang, que son propre reflet. Il ne reste que lui de son peuple selon les évidences qu'il possède, aujourd'hui. Il n'a pas cherché d'autres vérités. Pour l'heure, il possède encore le goût de la cendre au creux de la gorge, le reste des siens sous ses ongles. Il est lourd et amer, terriblement seul et triste. Et pourtant, il boit ; l'alcool glisse dans sa gorge et contre son menton, loin du Bumblebee. Jun-0 ne serait pas heureux de le voir encore ivre une énième fois depuis qu'il squatte la chambre de son ami. Ou une autre cabine, maintenant, étant donné que le disparu est revenu. Ils s'observent d'un oeil étrange dans les couloirs, sans savoir quoi se dire, chacun bien conscient des démons de l'autre. Ils préfèrent ne pas parler ; ignorer la douleur de l'autre comme ils ignorent la leur, aussi, avec aisance. Le roi remarque bien qu'il n'est pas le seul, dans le vaisseau, à faire disparaitre les bouteilles d'alcool. L'ami de Noon en fait tout autant. Il n'a pas demandé son prénom ; il n'a jamais été doué pour s'en souvenir et, dans l'état actuel, il n'est pas enclin à faire mine de l'être.
Nocte préfère boire. Boire et se vider la tête comme il se remplit le ventre. Il boit, encore, et encore, chaque fois. Certains, il rit et se perd au travers de caresses qu'il n'apprécie pas véritablement, mais qui l'aident à être loin, pendant un court temps. Juste un brin de chaleur. Juste une illusion de quelque chose. Il ne demande pas à Jun-0. Il lui donne déjà trop, accepte sa présence et ses larmes et le toucher, parfois, malgré ce qui laisse une noirceur sur son passé. Nocte pourrait lui demander, un jour, ce qu'il a vécu en son absence. Il préfère ne pas le faire. Il préfère ignonrer et croire que la chose n'existe pas.
Le déni a toujours été l'un de ses super pouvoirs.
Et il se mélange avec le vomi, le déni. Tandis qu'il n'est pas mieux qu'une carcasse morte sur le sol, l'esprit aussi embrouillé que clair. Il y a une ironie, dans la chose. Dans la manière où, même incapable de se redresser correctement suite à la quantité d'alcool prise dans les dernières heures, Nocte est frappé par des souvenirs clairs de son passé et par les erreurs commises, encore et encore, l'ayant conduits à l'endroit où il se trouve, aujourd'hui.
Seul et froid, dans sa merde, dans sa crasse, incapable de faire autre chose que rire et boire. Les larmes ne coulent plus depuis un moment. Les yeux restent secs peu importe la quantité de liquide qu'il peut bien voir. Il pisse plutôt que pleurer.
Son nom résonne, dans la nuit. Les iris s'ouvrent un brin, se ferment aussitôt. Les neons sont nombreux dans le secteur et lui attaquent la rétine. Il gronde quelque chose, avant de rire. Une crassure dans sa gorge plus qu'autre chose. Il dormirait bien là, mais quelque part, il sait bien que Jun-0 finira par venir le chercher. Il n'y a qu'un bruit qui s'évade de sa gorge lorsque son corps est soulevé et qu'une personne le trimballe sur plusieurs mètres. Ses pieds tentent de suivre la danse, mais au final, Nocte se laisse plus trainer qu'autre chose. Il ne s'agit pas de Jun-0. La force est similaire, certes, mais l'androide limite les contacts physiques. Il lui aurait balancé de l'eau au visage avant de tenter quoique ce soit comportement un toucher.
La chose lui arrache un sourire. Il finit en grimace.
Il grince des dents quand on le dépose sur des caisses. Une douleur lui traverse les côtes face à la position et pourtant, il ne prend pas la peine de se redresser. Autant subir. Il mérite, de toute manière.
Il mérite plus que cela.
- « Dans quoi est-ce que tu t'es fourré, mon frère ? »
La voix l'interpele. L'appelation est douce amère. Les yeux s'ouvrent une nouvelle fois et se pose sur les traits, enfin, pour une première fois. Ithan n'a pas changé, depuis la dernière fois. Il y a quelque chose d'attendrissant, chez lui. Les choses ont toujours été ainsi. Les yeux mi ouverts, prunelles posées sur son frère, Nocte dévisage l'homme assis sur le sol, à la manière d'un enfant, le dévisageant comme un lothcat pourrait le faire, certaiement. Les lèvres se tordent finalement. Sourire ou grimace, il ne le sait pas véritablement. La tête posée contre la brique du mur derrière lui, Nocte l'observe et se voit frapper pour la énième fois de la journée par une vague de tristesse. Et elle se traduit en faible rire.
Il s'est toujours dit qu'il était mieux de rire que de pleurer. Aujourd'hui, ses cordes vocales sont erraflées par tout ces ricanements dénudés de bonheur.
- mon frère qu'il souffle en Atlanien. Le corps se redresse un brin, ou du moins essaie. Nocte grimace sous la douleur et rit, encore un instant, sans parvenir à faire quoique ce soit d'autres. tu es si petit. qu'il ricane sans grand but. Il détourne son regard du sien, incapable d'affronter longuement les iris dorés de son frère. Il y a des choses qui doivent être dites. Nocte se refuse de les prononcer. Ça ne changera pas le passé. tu veux - boire ? qu'il demande, plutôt, se redressant sur l'une de ses mains, contre une caisse, pour se relever. Le mouvement est lent et vite abandonné. Il vacille, à peine mettant pression sur ses jambes, et son dos percute le mur, derrière lui. Le souffle se coupe et cette fois-ci, le rire ressemble plus à un sanglot qu'autre chose.