wake up, sleeping beauty (nocturus)

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tw : alcool & pensées suicidaires

Il a bu plus que de raison pour ne pas changer, mais cette fois il bat un record. Sa salle privée qui rassemble ses trophées et ses trésors ne ressemble plus à grand-chose, les placards sont renversés aux sols et côtoient les cadavres de bouteilles. Pour peu on pourrait croire que quelqu’un s’est battu. Arcturus est seul et le seul qu’il affronte ce soir c’est lui même, le pronostic est mauvais. Il est en train de perdre et n’est pas motivé à reprendre le dessus. Il est plus simple de se laisser aller, de ne pas retenir les idées noires qui obscurcissent ses pensées. Elles sont trop nombreuses pour qu’il lutte, il n’en a plus la force, plus l’envie. Il pensait que boire réglerait le problème, c’était encore suffisant il y a quelques temps. Il pourrait avoir des remords pour la personne qui le trouvera dans cet état sauf qu’il n’en a pas. Il n’en a plus rien à faire des autres, ces autres sont mieux sans lui, il n’a fait que blesser ses proches ou leur porter malheur. Sa conscience s’est noyée dans les mélanges d’alcool qui marinent à l’intérieur de son estomac. Arcturus est fatigué, c’est plus profond que la nuit sans sommeil qui s’étire devant lui.
Il en assez de prétendre être cette étoile brillante dans la galaxie. Elle brille. Elle brille ce soir parce qu’elle est en train de mourir, que les plus belles étoiles, celles que l’on voit de loin sont peut-être déjà morte. Il paraît qu’il faut toucher le fond pour se relever, qu’il faut tomber de haut pour réapprendre à se servir de ses ailes. Arcturus est en chute libre, il sait qu’il va s’écraser dans une jolie flaque et qu’il ne s’en sortira pas, cela fait longtemps qu’il a touché le fond, il creuse juste jour après jour sa tombe. C’est un miracle qu’il soit arrivé jusque là. Vivant, pas entier. Il y a autour de lui des éclats de verre des vitrines brisées, ses mains ensanglantées. Il ne ressent aucune douleur. Il observe la peau déchirée, mais il ne ressent rien. Frappe plus fort. Plus fort encore, une cible imaginaire. Il trébuche, ne tient même plus debout et s’écroule par terre à genoux dans les tessons. Il n’a pas mal. C’est une bonne chose. Il est effrayé, tremblant, par contre. Il se relève pour terminer sa toile magistrale. Il se demande quelle une cela ferait (Et au fond il s’en fiche). Le pilote mégalomane qui se détruit métaphoriquement avant de mettre fin à ses jours. Il fracasse un à un les trophées, tous plus hideux les uns que les autres. Il ne peut plus les voir. Ne supporte plus ce reflet de lui même à des années lumières de la réalité. Sahleac n’existe pas. Il veut qu’il cesse d’exister définitivement, lui et son petit sourire satisfait. Une pensée brève pour la tête que son androïde fera quand il va constater le désordre qui règne dans la pièce et le reste de l’appartement. Le rangement n’a jamais été son fort. Il l’entend grogner. N’est-ce pas le moment où il lui demanderait pourquoi il va mal alors qu’il possède tout ? Ce serait le moment où il lui rabâcherait qu’il veut devenir humain. Eh bien, en voilà de l’humain. Il a enfin trouvé ce qui le comblerait ; ne plus avoir à se soucier de rien. Tout tourne en boucle dans sa tête. Il n’arrive plus à réfléchir. Peut-être qu’il ne veut pas vraiment que ça s’arrête là. Peut-être qu’il veut juste appeler à l’aide, qu’il est trop fier pour le faire à haute voix.

Il se demande si ça ne serait pas plus rapide avec un blaster. Aucune chance de manquer, pas de douleur. Une micro-seconde et c’est fini. Il a ravagé la pièce, méconnaissable. Il veut effacer ce passé. Tout appartient au passé. Il vit dans le passé, perturbé par ses retrouvailles avec Kael. Il n’entrevoit plus rien du futur, même les minces espoirs d’un bonheur aux cotés de Wazn ne sont plus suffisant pour équilibrer la balance. Ou peut-être est-ce les nombreuses liqueurs mélangées qui lui font penser tout cela. Il cogne contre quelques choses qui ne cède pas face à ses assauts d’ivrogne désespéré et ses doigts farfouillent les divers boutons dans l’optique de casser toujours plus. Puis, il y a un bruit et de la fumée, ce qui est nouveau. Il n’a pas le souvenir d’avoir un objet qui fait ça ? Arcturus recule et se frotte les yeux, retrouvant un peu de lucidité. Il ne se souvient plus de grand-chose dans son état, mais il réalise qu’il a la nausée et qu’il est probablement en train de pleurer. Est-ce une incarnation mystique de la force qui vient l’emmener avec lui ? La fameux tunnel blanc dont les gens parlent, avant de mourir ? Il plisse les yeux et regarde plus attentivement. Non. C’est juste Noe. Noe qui a dormi là dedans depuis une éternité. C’est Noe. Il sursaute, une main qui agrippe sa poitrine. Le coeur artificiel en a prit un coup. « What the... » Ah. Il a ouvert la plaque donc. Ce n’était pas prévu, ça. Ce n’était pas son plan. Il se trouve bien bête maintenant. Et c’est pire que le jugement final. « Damn that liquor really be hittin’ hard... » Il préfère ne pas penser qu’il vient vraiment de faire ce qu’il a essayé - brièvement – d’accomplir pendant ces deux dernières années – au début. Ça a ruiné l’ambiance.

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Le dernier souvenir est précis, clair ; il n'y a que cela. Un écho constant dans l'esprit de l'Atlande, des paroles qui résonnent encore comme si elles avaient été entendues il y a un instant seulement. Nocte ne sait pas. Nocte ne comprend pas. Le temps passé n'existe pas, dans son esprit ; il y a une seconde seulement, ses iris étaient posés sur le visage vide de Jun-0, à l'autre extrémité de la pièce. Le dernier souvenir est là ; comme le souffle entre ses lèvres, comme le rire dans sa gorge, la lueur dans ses prunelles. Il y a ça, et rien d'autres. Nocte n'a conscience de rien. Ni du temps, ni des absences, ni des douleurs profondes qui sont muettes, encore. Il est intouché ; loin des plaies qui malmènent son être à jamais, pour toujours. Il est loin de la vérité. Est-ce là une bulle temporelle ? Un nid douillet loin de la réalité ? Le mensonge est doux, dans le dernier instant. Le monde est arrêté depuis sept ans, maintenant ; sept ans à fixer Jun-0, c'est long. De longues et délicates années qui se passent en un battement de cils, le regard accroché à celui qui, sans savoir, l'a enfermé.
il existe encore. Il est là, dans son esprit, encore précis, intact, immortel.
Il existe et, brusquement, il disparait.
C'est le noir qui le remplace. Un océan de noir et de l'eau, infinie, si lourde, qui emplit ses poumons et sa tête, son corps, son coeur. Le rire n'existe plus. L'agonie le remplace entièrement. Il n'y a aucune main autour de sa gorge mais Nocte ne trouve aucun souffle. Il ne trouve rien ; ni la lumière, ni le rire, ni le bonheur, ni le visage de Jun-0. La vision est floue par les larmes qui se logent dans ses iris et le corps bascule brusquement vers l'avant. Ce sont les genoux qui percutent le sol d'abord ; une douleur qui le traverse, vive, tandis que son front claque ensuite contre le parquet.
Le souffle casse dans sa gorge. L'ironie ; il est incapable de respirer et pourtant, il sent le souffle qui se casse, qui se brise se fracasse à l'intéreur de lui comme si une chose explosait dans sa trachée et que les os se faisaient broyés. Il sent la morve contre son visage, il sent la bave au bord de ses lèvres. Le parquet est froid ; il est humide. Humide comme si on y avait pissé, pleuré. Humide comme s'il avait déjà été inondé par ses larmes. sau qu'il parvient à dire, qu'il se fait entendre. La voix fait mal ; par le bruit qu'elle crée, étrange, et par la chaleur abrasive qui envahit sa gorge et ses poumons, dés le premier son. Nocte ne bouge pas, contre le sol. Il n'appelle pas Jun-0, ni à l'aide. Il n'est pas bête, pas à ce point-là. Une part de lui sait que quelque chose a eu lieu, qu'il ne se trouve plus au même endroit. La carbonite a déjà porté son corps malhonnêtement pour le ramener sur Altan, quelques fois. La douleur n'a jamais été aussi brusque, déchirante que celle-ci, pourtant.
Les genoux glissent ; les genoux cèdent. Le corps s'écrase entièrement contre le parquet et des secondes passent, prises par des souffles avortés et des sanglots étouffés. Puis, il prend son souffle, essaie du moins, et appuie sur ses mains pour se retourner et finir sur le dos. ah. tsahey Il essaie de rire, Nocte. Il rit ; une chose cassée et déformée, dégueulassement triste entre ses lippes. Il rit face à la douleur, elle ne lui a jamais grandement fait peur. Mais il ne sait pas ; il n'ouvre pas les yeux, encore, et il ne sait pas. Il suppose simplement qu'il est pour une énième fois de retour sur Atlan.
Bon sang, qu'est-ce qu'il ferait pour ne jamais retourner là-bas.
S'en débarrasser, juste simplement.
Le rire prend fin ; il finit dans un soupir tandis qu'une main est ramenée contre ses traits. Nocte essuie ses larmes, sa bave, sa morve. Ce n'est pas la première fois. L'alcool le laisse souvent dans des états pire que cela. Et puis, les yeux s'ouvrent. Les yeux s'ouvrent et ce n'est pas Atlan. Pas le visage empli d'amertume de sa mère, ni la déception de son père. tsmukan Il appelle son frère avec un bonheur dans la voix. Un soulagement de le voir lui, et non un autre, finalement. Le corps est en guerre contre lui-même et Nocte sourit, soulagé de voir Arcturus. Il est content, ravi, soulagé, heureux. Le sourire grandit, encore, s'étire et puis, un rire s'entend, encore. Un rire un peu plus vrai, un peu plus beau, un peu plus bon. Un rire qui lui appartient, continuellement. La bouche ouverte à chercher ses mots, il met quelques secondes à les trouver, loin d'être dans sa langue maternelle. la peur, txeptsyìp. mon tête. Et il rit, encore. Il rit, Nocte, car il a toujours rit dans les pires situations. je ressens le mort. qu'il soupire à la fin de l'éclat. La main glisse hors de ses traits, le regard se pose sur l'autre, à l'envers. Arcturus paraît plus vieux. Arcturus a toujours ces ombres dans les yeux. tu ressens le mort aussi. qu'il constate, juste.

sau [sa.ˈu] intj. exclamation upon exertion, urgh
tsahey [ˈt͡sa.ˈhɛj] intj. expression of warning or frustration, ‘crap!’, ‘ah, hell!’
tsmukan [ˈt͡smu.kan] n. brother
txeptsyìp [ˈt’ɛp.t͡sjɪp̚] n. dear or cute little fire

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Il essaye de se souvenir, la dernière fois qu'il a pleuré. Vraiment pleuré. Qu'il s'est écroulé par terre, le souffle coupé, incapable de reprendre son souffle, balayé par les émotions qui déferlent en lui, et qu'il ne peut pas arrêter. Quand son corps l'oblige à s'adonner à ce spectacle. Toute sa vie, il l'a passée à fuir des choses, en éviter d'autres, en inventer certaines. A se construire un idéal. Une belle illusion, un paradis sur terre qui pourrait lui rappeler Atlan. La seule planète sur laquelle il aurait pu rester, sans regret.
C'est le plus beau cadeau qu'on ait pu lui faire ; il se fiche des vaisseaux, de l'argent, des décorations excentriques qui habillent son appartement d'or et de couleurs criardes. Il veut l'air frais d'Atlan et sa paix qui irradie du moindre brin d'herbe. Un véritable paradis terrestre, dans lequel il aurait pu se perdre encore et encore sans jamais se lasser des découvertes, comme un enfant qui serait toujours émerveillée par la même histoire, bien qu'il sache comment elle se termine. Il en écrit le chapitre final, agenouillé dans les restes de ce qui fût et ne sera plus jamais. Plus jamais le même champion qu'hier, plus jamais l'étoile indétrônable. D'autres se sont allumées.
Il meurt pour que Nocte puisse vivre. Il est fatigué de lutter contre lui même, contre la noirceur de ses pensées. C'est à peine si il prête attention à la présence qui vient déranger son dessein. Il répète les mêmes erreurs en boucle, incapable de tirer des leçons de ses expériences passées, tout juste bon à être victime de sa propre vie. Il n’a même pas la volonté de s’en sortir, Arcturus se laisse porter sans chercher à modeler son avenir, dans l’attente que quelqu’un le fasse pour lui, le pousse dans ses derniers retranchements. Il l’a perdu de vue son avenir, ne retrouve pas la flamme de ses débuts quand tout était un défi. Les exploits sont accomplis, sans doute a t-il fait le tour de tout ce qu’il y avait à rafler. Alors il continue sa ronde, poursuit des rêves par principe, parce qu’il ne sait pas ce qu’il pourrait faire d’autre de toute manière. Il n’est pas un héros, il n’est pas un résistant, un rebelle qui sacrifie son luxe pour offrir un avenir meilleur. Il n’y a pas de misère ailleurs que dans ses yeux brillants. On en revient toujours au même point. Il en revient toujours aux mêmes gens. Aux mêmes idées, à la même fatalité qui ne surprend personne. Il a toujours su qu’il ne vivrait pas longtemps, qu’il s’éteindrait jeune. Il ne s’est jamais imaginé croulant sous le poids de ses os, incapable de s’occuper de lui même. Son coeur s’est déjà arrêté de battre une fois, il n’est pas effrayé. Il doit juste trouver un moyen de le faire correctement pour qu’ils n’arrivent pas à le réparer cette fois-ci. Ce n'est même pas qu'il est brisé.
Il était déjà brisé quand ils l'ont remplacé.

Sauf que maintenant il y a Noe. C’est ironique, puisque tout a commencé avec lui.Avec Nocte, il n'y avait pas grand chose, un gamin les poches pleins d'épices qui implore des adultes de l'emporter dans leurs vaisseaux pour rejoindre sa famille, sa planète. Un menteur qui lui offre une opportunité, qui le lâche sur Naboo d'où il ne partira jamais. Une nouvelle maison, une nouvelle famille, il y a tant de personnes autour de lui, il en a le tournis. Ce n'est pas l'alcool. Il l'entourent, l'étouffent, si bien qu'Arcturus ne sait même pas pourquoi il ne supporte pas leur présence, pourquoi il se sent seul alors qu'il ne l'a jamais été.
Noe c’est toute sa vie. Toute celle qu’il s’est construit ici. Sans lui, il n’existerait pas. Alors c’est peut-être l’ordre naturel des choses qu’il cesse d’exister à ces cotés, que tout se termine là où tout a commencé. Noe c’est un pilier de sa vie qu’il a laissé dormir pendant deux longues années et ce ne sont que les années durant lesquels il était en sa possession. Il l’a gagné bien après son incident et ne sait pas exactement depuis combien de temps il était prisonnier là dedans. Loin de tout. Le pilote n'a pas su alléger sa peine, concentré sur la sienne.
Il est saoul et ne comprend pas tout ce qu’il lui dit, le langage de l’altan néanmoins réveille de vielle blessures, de vieux souvenirs. De vieux réflexes, un semblant de sourire. « 'Cause I'm dying, I guess » Sans douleur. Il ne saurait pas si ses organes étaient en train d'éclater. Un miracle qu'il ait tenu jusque là. « I drank too much. I was...something stupid. » Il a rire, qui n'est pas sincère, qui n'est pas chantant, qui est juste fatigué comme toutes les fibres de son être. « I'm sorry. I should have done something mate. » Il rampe pour arriver jusqu'à lui et le prendre dans ses bras. Sentir sa présence, sa chaleur sous ses doigts tremblants. Il a le souffle court et les idées qui ne vont pas plus loin. Aucune idée de ce qu'il est en train de faire, lui offrir l'embrassade qu'il aurait du lui faire deux ans plus tôt si il l'avait sorti dès le départ. C'est trop tard. Un peu fou, quand on y pense : le pilote qui arrive toujours en retard avec ceux qu'il aime. « Forigve me, forgive me, forgive me... » Il pleure dans son épaule. L'émotion de le revoir, de le retrouver, de l'avoir perdu, de le perdre à nouveau. « I don't want to hurt you, I want to hurt myself. » L'autre ne doit pas y comprendre grand chose. Dialogue de sourd, tous les deux les mots qui trébuchent.

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Dans le rire, il y a le sentiment de liberté. La liberté profonde de ne pas être en prison, une nouvelle fois, sur cette planète qu'il fuit constamment. Nocte sait, évidemment. Il devra s'y rendre, bientôt, rapidement peut-être, pour aller chercher son gamin. Evi approche de ses seize ans, maintenant. Et il a promis ; des paroles emplies de rêves et d'idéaux, un monde plein de trésors et de chasses. Le gamin a des étoiles dans les yeux, comme son père. Mais il voulait connaître Atlan, d'abord, avant de se perdre dans le reste de l'univers. Et peut-être que Nocte voulait qu'il sache, un peu, d'où il vient. Avec son langage commun cassé, il n'arrivait pas à lui expliquer correctement. Liberté acquise de ses propres mains ; Nocte la sent dans ses poumons, dans ses veines, dans son être. Elle fait écho dans le moindre de ses rires, dans ses traits marqués par le bonheur si souvent ressenti. Il est jeune certes, mais les rides sont là, évidentes déjà. Les traits d'Arcturus sont marqués par quelque chose d'autres, de nouveau. Des marques qui semblent tristes, qui portent la mort, fort. Nocte dévisage et le rire se fait, un peu, doucement, entre les lippes. Il observe et essaie de comprendre, mais il ne comprend pas. Il ne voit pas les traces du temps. Le temps n'existe pas. Il ne s'est rien passé. Nocte est loin ; il est sept ans plus tôt, dans sa tête. Il est lourd, dans sa tête. Lourd dans son corps, dans ses membres. Les gestes apportent un inconfort qu'il ne supporte pas. Sa vision est floue, étrange, dans l'un de ses yeux. Que se passe-t-il ? Et Arcturus tangue. Non pas que la vision soit cassée, brisée.
Arcturus tangue. Comme un bateau, comme un navire. Comme si l'univers entier était une mer sans calme, juste folle. La tête toujours au sol, comme le corps, Nocte l'observe. Nocte dévisage, la vue à demi accessible.
Le rire est mort. Le sourire est là, encore, sur les lèvres. Un sourire un peu faible, un peu hésitant, comme un souffle restant. Un reflet de son soulagement.
- 'Cause I'm dying, I guess Nocte comprend la langue commune plus qu'il ne la parle. Il comprend les mots, alors. Il comprend la peine mais ne la voit pas. Elle déborde pourtant, sur les traits, juste là. I drank too much. I was...something stupid. C'est Arcturus qui rit, cette fois. Un rire brisé. Un rire qui se casse. Une brisure qui ne cesse pas.
Nocte bouge, malgré la douleur. Le souffle est cassé, en dedans, mais pas autant que ce qu'il voit. Il pose un coude sur le sol et tente de s'asseoir.
- what ? tsmukan, what ? qu'il demande, la voix encore rauque, les gestes casses. Le ton est doux, un peu agité. Les yeux sont grands, la vision petite, pourtant. Où est le bonheur ? Il est au creux de sa gorge. Il s'éteint doucement.
Arcturus a ce problème, avec la boisson. Arcturus a autant de problèmes qu'il aimerait avoir d'enfants. Énormément.
- I'm sorry. I should have done something mate. Le corps qui ramasse le tient et qui le tient soudain, fort. Nocte a mal. Mal à son corps, à son coeur. Le souffle est encore perdu, hésitant. Son oeil sans visible qui fait mal, une lourde sensation qui semble être le battement de son coeur. Il pose une main contre son dos, pourtant, et frotte, frotte, frotte. Forigve me, forgive me, forgive me... Il entend les excuses et ne comprend pas. Il sent les larmes, Nocte, et frotte encore le dos un peu trop vivement. Peut-être qu'il tente de chasser les larmes. La chose fonctionne avec Evi, parfois. I don't want to hurt you, I want to hurt myself. Et le geste cesse, dans le dos. Le regard se fait fixe sur le mur et Nocte reste là, un moment.
- pelì’u ? qu'il fait, perdu. L'esprit est confus, embrouillé. Il tord son cou, observe autour. Le regard tombe sur le cadre, derrière eux. Derrière lui. Arcturus pleure encore, dans ses bras.
- te ble - blessure ? blesser ? tu veux te blesser ? Il trouve les mots, difficilement. Il trouve les mots, l'oeil accroché au cadre, à cette chose qu'il reconnait et qui amène des questions. Il en pose d'autres, pourtant. Il en pose d'autres car Arcturus pleure dans ses bras, inondé par ses larmes et aussi l'alcool, en dedans. Mais il y a une colère, en lui. Une colère face à cette chose qu'il décide d'ignorer, car il ne veut pas savoir, car ce n'est pas le moment, et car Arcturus pleure et parle de douleur, demande pardon et porte des marques du temps sur ses traits qui n'étaient pas là, la dernière fois. Ça ne fait pas si longtemps. Il lui semble l'avoir vu il y a quelques jours, seulement, juste pour lui présenter Jun-0, justement.
Le corps se défait. Le corps se défait du sien, juste un brin. Il reste contre lui, il reste juste là, Son torse près du sien, juste ses doigts sur ses joues. Du moins, les doigts qui lui restent. Ceux-ci sont froids, il ne les sent même pas. Il y a un engourdissement, comme s'il allait en perdre d'autres, dans un moment. Il faudrait les agiter. Mais Nocte a les traits d'Arcturus, son frère, entre ses doigts, et il dévisage son visage envahi par les pleurs.
- txeptsyìp. tu faire quoi ? toi avoir fait quoi ? please. rutxe. Il efface les larmes de ses doigts. Efface les larmes comme il efface des questions, aussi, dans son esprit, mais les doigts essuient et les rides se font plus visibles et les questions résonnent plus fort. Nocte est doux, Nocte est bon, mais il y a quelque chose de profond et d'étranges. Les doigts qu'il ne sent pas et la vision qui est brisée encore, comme son corps. Il ne comprend pas. tsahey ! qu'il jure, inspire mais ne se calme pas. Les sourcils sont froncés, maintenant. Le rire n'est plus là. arc' turus' tsmukan, dis moi Les larmes sont là, encore. Celles d'Arcturus. Celles de Nocte. Il n'en efface aucune. Il trace les marques d'un temps inconnu sur le visage de son frère. Il trace les questions qu'il ne pose pas sur ses traits.

pelì’u [pɛ.ˈlɪ.ʔu] inter. what (word, utterance)
txeptsyìp [ˈt’ɛp.t͡sjɪp̚] n. dear or cute little fire
rutxe [ɾu.ˈt’ɛ] intj. please
tsahey [ˈt͡sa.ˈhɛj] intj. expression of warning or frustration, ‘crap!’, ‘ah, hell!’
tsmukan [ˈt͡smu.kan] n. brother

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Si il avait eu toute sa conscience, Arcturus aurait gardé pour lui la violence de ses pensées. Ce n'est pas ce dont Nocte qui persiste à l’appeler frère a besoin, réveillé de son sommeil cryogénique. Il a besoin de chaleur est le pilote est aussi glacial que la plaque qui l'a gardé intact pendant ces sept années. L'alcool le rend sans filtre. Tout ce qui lui passe par la tête passe aussi la barrière de ses lèvres, donne naissance à des mots qui seront vivement regrettés. Nocte n'a pas besoin d'entendre tout ça, il n'est même pas sensé l'entendre. Il n'y a que Arcturus qui se le répète avant d'aller se coucher à la manière d'une comptine. Qui se rappelle à quel point il est capable de porter une haute estime pour se personne et l'instant d'après se poignarder en plein coeur. Car il s'aime autant qu'il se hait, comme il aime les gens autant qu'il les délaisse. Incapable de se constance, sauf sa débauche. Il n'a jamais été aussi fidèle qu'à l'infidélité, persuadé qu'il souffrira moins s'il souffre constamment. Il a peur de se retrouver seul avec lui même, sans ses problèmes. Ils sont sa vie, sans eux, il n'est pas grand chose, il ne recevrait pas la même attention dont on le gratifie aujourd'hui. Peut-être n'est-il qu'un enfant qu'on a laissé à la dérive et qui recherche absolument une main de fer pour le recadrer. Il ne trouve pas cette relation avec son compagnon androïde, alors il se rend minable pour tous les autres. Nocte a besoin de lui mais Arcturus a besoin du monde. Il ne sait pas comment lui avouer la vérité. Qu'il l'a laissé là sans s'en soucier. Qu'il l'a rangé dans un tiroir, qu'il reçu le traitement d'un papier important qu'on aurait la flemme de remplir. Des jours qui se transforment en mois et dans son cas, c'est années. Des virements sur le compte de son fils qui ignore que son père dort dans les quartiers de son trop généreux donateur. Une manière de soulager sa conscience.
Mais est-il seulement capable de remords ?

Il en a, un peu. A le voir ainsi, à le voir s'inquiéter même si c'est lui que l'on devrait bercer. Arcturus le serre encore plus fort contre lui. Il ne risque pas de l'étouffer avec son amour. Le pilote évite sa question, n'y prête pas entièrement attention. Il aura ses réponses, mais pas de suite. Il lui expliquera peut-être comment accidentellement, ils se sont peut-être sauvés la vie mutuellement. Comment il a mit fin à son supplice par erreur, parce qu'il était sa propre cible. Désorienté, il ne voit pas par où il doit commencer. Entendre l'atlan fait quelque chose à son pauvre coeur. Cette planète lui manque, comme Nocte lui manque. Le retrouver n'est pas une sensation magique. Elle est pire. « Nocte, what year are we ? » Il trouve la force de le faire avec délicatesse. Il pourrait lui hurler qu'il s'est réveillé trop tard, que trop de temps a passé, que c'est la merde. Mais la vérité, c'est qu'il ne sait pas exactement combien de temps Nocte est parti. Il y a le temps où il l'avait en sa possession et celui qui défilait quand d'autres le gardait dans leurs caves, comme lui l'a fait. Il n'est pas certain des chiffres à lui annoncer. Des nouvelles qu'il doit lui donner. Il ne sait pas où est Evi et ne l'a pas prévenu de la situation. L'empire à gagné, les Jedi sont morts. Il ne sait pas si tout le monde va bien, il y a eu tellement de morts. Kael est vivant, il va bien. Il ne sait pas si il va bien. Il va mal. Kashyyk. Les informations se confondent dans son esprit. Il se recule pour prendre une grande inspiration, jure quand ses mains rencontrent le verre coupé. Il se tient la main ensanglanté. « Fuck... fuck... I... Need to do something. » Il titube, essaye de se mettre debout et commence par ses genoux abîmés. « Can you walk ? » Quels sont les effets de la carbonite à long terme ? Et si son ami restait à jamais paralysé parce qu'il s'y est prit trop. Arcturus panique, son coeur ne s'arrête pas de battre, violemment dans sa poitrine. Il est à bout de souffle à la fin de chacune de ses phrases. Difficilement, saisit son bras pour le passer par dessus son épaule et essayer de le lever. Ils doivent parler. Pas ici.
Pas maintenant. Lui dit une voix dans sa tête. Sauf que c'est exactement le moment. Fini les secrets.

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Nocte ne chasse pas les inquiétudes ; elles restent éternelles contre sa peau, sur ses traits et aussi, dans son coeur. Souvent, elles débordent au bord de ses lèvres. Il ne les garde jamais bien longtemps en lui ; les paroles sont fracassées et étranges au bord de ses lippes mais il parle, il ne cesse pas, jamais, pour dire toutes ces choses qui sont présentes dans son esprit et qui ont besoin d'être dites. Nocte n'a pas de filtre ; les barrières sont tombées il y a longtemps, comme celles d'Atlan l'enfermant. Les barreaux n'existent pas, ni même les cages. Nocte est un être libre. Ses inquiétudes le sont aussi, alors, libres. Doux sentiments glissant en lui et naissant à peine créer ; le regard est honnête malgré les rires souvent présents. Il rit pour tout, de toute manière. Il rit avec ses larmes comme avec son bonheur, il rit quand il a peur et aussi quand il atteint le bonheur. À l'instant, il ne sait pas ; le coeur est quelque part en lui et ailleurs aussi, et sa tête est aussi éparpillée que le sont les étoiles, dans l'univers. Il y a quelque chose dans l'instant qui lui échappe. Il y a de multiples choses dans l'instant qui défile entre ses doigts. Son corps en est la première ; Nocte ne sait comment se placer, comment bien respirer. Seules les larmes coulent dans la plus grande des facilités. Elles débordent de ses iris en silence comme un rire pourrait le faire de ses lèvres. Il ne rit pas, pourtant, à l'instant. Les paumes contre les traits d'Arcturus, l'unique oeil fonctionnel accroché à son visage, il essaie de comprendre. Et Nocte a du mal à comprendre, parfois. Non pas qu'il soit stupide, mais qu'il peine toujours à envisager le pire, à imaginer la douleur la plus pénible. Il essaie de se tenir loin de ces choses, l'esprit éternellement trop brillant, comme s'il pouvait en faire disparaître les ombres, comme ça.
Elles ne disparaissent pas. Elles s'accentuent souvent et frappent fort, brusquement, comme à cet instant.
Nocte ne sait que faire. Il ne peut que se questionner, que vouloir savoir ce qui a lieu, là, sous ses yeux. Arcturus lui parait vieux. Il lui parait changé ; aussi, il ne l'a pas vu depuis bon nombre de mois déjà. Peut-être est-ce cela. Peut-être est-ce le divorce qui laisse enfin des traces sur ses traits. Parfois, le malheur est une chose qui arrive avec du retard et qui frappe fort. Peut-être qu'il est juste malheureux en retard.
- Nocte, what year are we ?
La voix d'Arcturus est douce, calme comme ses larmes. Nocte ne peut que froncer des sourcils, incapable de comprendre même si les mots sont simples. Pourquoi son frère lui demande-t-il pareille chose ? L'année n'a aucune importance. Il ne s'agit que d'un chiffre.
Il s'éloigne ; le corps se défait du sien, à peine, et Nocte essaie de le retrouver, de le garder contre lui. Il a besoin de ce contact, toujours, avec les gens qu'il aime. L'inquiétude ressentit ne fait qu'accroitre ce besoin. L'anxiété maigre dans ses veines et le mal de tête constant ne font que rendre son coeur un peu plus fou. Ses membres sont contre lui, aussi lourd qu'engourdis. Ses gestes sont terriblement lents ; il n'empêche pas le pilote de fuir et de poser ses mains dans la vitre.
- Fuck... fuck... I... Need to do something. Arcturus bouge et Nocte tente de le retenir. Arcturus essaie de se redresser et Nocte voudrait juste le capturer et l'empêcher de s'en aller. Can you walk ? Nocte a du mal. Du mal à réfléchir, à comprendre, à parler. Muet un moment, il laisse son frère le maintenir, le soulever ou tenter, du moins.
- arcturus stop qu'il fait, demande, à essayer de forcer aussi sur ses jambes pour l'aider, pour ne pas être un poids mort. Mais Nocte n'y arrive pas. Il n'y arrive pas ; les jambes ne veulent pas. Et il rit ; il rit, bas et simple, car il ne sait pas quoi dire, quoi penser de ça. ftang. qu'il fait, encore, les jambes déjà trop faibles pour si peu. Nocte les fixe. Ou fixe-t-il le sol ? Nocte a la tête baisse.
À quelques centimètres du sol, juste quelques secondes. Puis, les genoux y claquent de nouveau. Nocte a ce rire, faible, dans la gorge. Une main dans les cheveux, un instant ; la sensation est étrange. Il y a des insectes par miliers dans les doigts qui sont faits de chair.
- tsmukan. please. quelle année ? qu'il demande quand le rire a pris fin. Le regard, flou, ailleurs, se pose sur ses traits. Arcturus a changé. On ne change pas aussi vite. Pas même pour la peine d'un divorce. 2098 ? qu'il demande, bas. C'est l'année dans ses souvenirs. C'est celle qui est marquée dans sa mémoire. La main glisse de ses cheveux à son visage. Il la passe devant son oeil, la passe et l'y pose. Il n'y voit rien. La main ne change rien. Il y a du noir dans sa tête, dans sa mémoire et dans l'oeil aussi. mon oeil. mawl kakrel. qu'il dit, simple, car il ne sait pas quoi dire d'autres.
La paume appuie contre l'oeil, presque à lui en faire mal, et Nocte la dégage ensuite. La douleur s'atténue mais la vision ne revient pas. Nocte soupire ; il y a un noeud dans sa tête, une incertitude en lui, plus grande. La joie d'être ailleurs que sur Atlan s'est éteinte, doucement. Il y a trop de choses qu'il ne comprend pas. Alors, il cède un peu.
- do what ? walk where ? qu'il demande, un peu plus calme, un peu plus silencieux, aussi, à poser ses paumes contre le sol et tenter de se redresser par lui-même. Au final, il doit s'accrocher au meuble derrière lui pour trouver un quelconque équilibre.

ftang [ft·aŋ] vim. stop
tsmukan [ˈt͡smu.kan] n. brother
mawl [mawl] n. half
kakrel [kak.ˈɾɛl] adj. blind

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tw : alcool & pensées suicidaires

Tout va beaucoup trop vite dans ses pensées. Et pourtant, la vitesse c'est quelque chose que Arcturus connait, à laquelle il s'est accommodé. Juste pas comme ça, avec Nocte sur son plancher qui se réveille d'un très long sommeil - trop long il le sait. Il a besoin de se trouver devant le fait accompli pour ressentir la culpabilité. Les choses pourraient toujours être pire, il se rassure du mieux qu'il peut. Nocte aurait pu ne jamais se réveiller, ou sortir de sa carbonite trop tard, dans une époque où Arcturus ne serait plus là. Tous ceux qu'il a connu morts depuis longtemps, seulement leur descendance pour témoigner et se souvenir de l'Atlan, son fils devenu vieux. Arcturus se sent coupable et plus les minutes passent moins il a envie de devoir rendre des comptes à son meilleur ami. Peut-être peut-il le préserver de la vérité, encore un peu pour ne pas le brusquer. On ne sait jamais ce que cela pourrait faire à son coeur. Son corps doit être faible, reprendre doucement vie. Il commence à sincèrement s'inquiéter de son état de sa santé. Il se plaint de son oeil depuis un moment. Est-ce qu'il doit appeler un médecin ? Non c'est trop risqué. Wazn travaille à cette heure-ci, il ne peut même pas demander à son androïde ce qu'il est sensé faire, ou lui reléguer la tâche. Non, cette fois il va devoir se débrouiller tout seul, il a encore moins envie de devoir justifier le bazar qu'il vient de mettre. Il est juste là à poser ses mains ensanglantées sur les vieux vêtements de Nocte et le guider dans le salon. « We're at my place. » C'est quelque chose qui n'a pas changé, un repère auquel l'Atlan peut s'accrocher, au moins un. C'est la seule chose qui est resté figée, avec peut-être son propriétaire. Entre ses murs, il y a toujours la même ambiance, les mêmes souvenirs, il n'y a qu'une nouvelle décoration apportée par Kahl. Le reste est d'époque. Tant que Nocte ne s'aventure par à l'extérieur, il ne risque pas de réaliser que le monde n'est plus comme avant. Ils ont perdu la guerre. Arcturus ne sait même pas pourquoi de quel droit il se compte dedans, alors qu'il ne s'est même pas battu pour aider. Il est juste resté là à regarder son monde s'effondrer, c'est ce qu'il sait faire de mieux, pour mieux ensuite pleurer sur les ruines. Il continue de pleurer à chaudes larmes, de manière incontrôlée. La fatigue toujours présente dans la moindre fibre de son être, il voulait que tout s'arrête mais il a déchaîné l'enfer.
Arcturus garde le silence, ne trouve pas le courage de lui dire l'année exacte, de lui dire la vérité. Il n'a pas eu la force de le sortir de sa carbonite, il a fallu un accident et ce n'est pas ce soir qu'il va soudainement se découvrir une nouvelle morale. « Wait I'll be back. » Il a des réserves de bacta dans la salle de bain. C'est coûteux mais avec ses activités il est obligé de se réparer souvent et il n'aime pas fréquenter les hôpitaux galactiques. Ils lui rappellent que la dernière fois, il est rentré plus mort que vivant et n'est pas ressorti totalement entier. Il a de quoi se payer les meilleurs soins, alors il en profite et fait son stock. Plus pour les autres que pour lui même, il y a déjà eu des accidents avec des invités, l'alcool et les épices qui ne font pas bon ménage et du mobilier. Il en prend pour ses mains dans un sale était qui auraient pu ne plus jamais piloter si il avait laissé la plaie s'infecter. Quitte à vivre un jour de plus, autant pouvoir s'en servir. Il en aura besoin pour s'occuper de Nocte. Il essaye d'utiliser le bacta spray sur l'oeil du chasseur de trésor. « Does it work brother ? Please tell me it works. » Il ne prend même plus la peine de cacher sa panique. Il ne savait pas que la carbonite faisait ça. Il n'a jamais essayé. Il ne savait rien. Il ne sait rien. Il est perdu et n'arrive pas à réfléchir. « Fuck this is my fault. I did this to you. » Il recule, soudain le contact avec l'Atlan le brûle. « Shit what do I do now ? I wasn't supposed to live through the night what the fuck. » Arcturus ne porte pas la force dans son coeur. Elle l'a éloignée de son époux il y a des années, ou peut-être qu'il veut remettre la faute sur quelque chose qui n'est pas tangible. Il se demande à quel jeu joue son destin, si vraiment il y a une leçon de tirer de tout ça et une seconde chance à saisir. Les étoiles ne savent-elles donc pas qu'il ne changera jamais ?

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Nocte a des problèmes de mémoire, parfois ; de petites choses qui lui échappent constamment. Pourtant, il saurait se souvenir de bien des prénoms et des visages. Il oublie juste, souvent, combien de fois il a pu compter telle ou telle histoire. Il y a l'enthousiasme, toujours, dans sa voix, quand il conte. Des récits un peu cassés par sa maitrise de la langue qui font plaisir, quand même, à entendre. Les mots changent, à chaque fois. Peut-être qu'après cinq, on finit par avoir l'histoire complète sans les passages manquants, sans les mots brisés dans une autre langue que l'on ne connait pas. Nocte a des problèmes de mémoire, parfois ; ils ne sont jamais vraiment grand. Sa mémoire est aussi large que son coeur, aussi grande. Elle possède des multitudes mais parfois, certaines choses sont mises de côté. Ça n'empêche pas qu'elles existent encore. Il a passé, après tout, deux ans avec Kael quand le divorce a eu lieu ; la chose n'a rien enlevé aux sentiments qu'il porte envers Arcturus, son frère. Il les aimait autant l'un que l'autre. Il les aime toujours un autant que l'autre. Parfois, il y a des choix à faire, et Nocte n'a jamais été doué pour faire les meilleurs, mais il fait toujours de son mieux. Il ne se dit pas qu'il aurait dit rester avec Arcturus, car avoir le coeur brisé le passé n'est pas utile. Ça ne change rien au présent.
Kael a pleuré, et Arcturus a pleuré aussi. Kael a cessé de pleurer, au bout d'un moment. Arcturus pleure encore, à l'instant. Nocte ne saurait pas dire pourquoi ; Arcturus a le coeur aussi grand que sa bétise. Il pourrait pleurer pour un millier de raisons, et Nocte ne saurait pas les nommer. Certains disent que son frère ne possède pas de coeur et que c'est pour cette raison qu'il joue avec celui des autres. Nocte sait que ce n'est pas vrai. Arcturus a un coeur ; il est juste trop immense et vaste, et il lui fait terriblement peur. La moindre chose se trouvant à l'intérieur créait de grands échos sans fin. Arcturus est beaucoup de choses. Idiot oui, mais un milliers d'autres aussi.
Nocte s'accroche à lui, alors. Pourquoi ne le ferait-il pas ? Il ne reconnait pas l'endroit, qu'importe si son frère dit qu'il s'agit de son appartement. Les murs sont à la même place mais beaucoup de choses ont changés. Arcturus est différent, aussi. Différent mais le même, en même temps. Il pleure toujours de cette manière qui brise le coeur. Nocte tend les mains pour essayer ses joues, mais son frère s'éloigne.
- Wait I'll be back.
De ses yeux embrouillés, Nocte l'observe s'en aller. Le regard tombe dans le vide, ensuite. La tête se vide. Combien de temps l'autre est-il loin ? Nocte ne remarque pas ; il ne pense pas, il ne réfléchit pas. Peut-être essaie-t-il de rester calme, les larmes encore sur les joues, le corps tremblant par la douleur, certains membres gelés et le coeur agité dans sa poitrine. Il n'a jamais été sujet à la panique ; elle l'effleure à l'instant.
Les mains de son frère tremblent. Certains gens disent qu'Arcturus est sans coeur. Ils ne le voient pas ainsi.
- Does it work brother ? Please tell me it works. Il y a cette peur, dans sa voix. Une panique si profonde qu'elle chavire le coeur du prince. Il sourit doucement, pose ses mains contre les joues humides et en essuie les larmes. Il ne voit toujours pas de son oeil
- yes. i see now qu'il répond juste, pour le rassurer. Arcturus a plus besoin de ces paroles que Nocte a besoin de son oeil. Il ne s'agit que d'un oeil. Il a bien deux doigts en moins depuis dix ans - plus ? - et il n'en fait pas un cas. Nocte a le sang du roi, dans ses veines ; il fait passer les autres avant lui, constamment. Son coeur est aussi immense que celui de son frère, mais il en connait les profondeurs. Arcturus, lui, s'y noie. Il n'a jamais appris à nager. Personne n'a pris le temps de lui apprendre.
- Fuck this is my fault. I did this to you. Le corps s'éloigne du sien et déjà, l'atlande fait un mouvement pour le suivre. Les mots suivant, qui tombent, l'empêchent de le faire. Nocte bloque dans son geste. Shit what do I do now ? I wasn't supposed to live through the night what the fuck. Le corps s'arrête. Le coeur aussi. Nocte se fige un moment. Une minuit, à peine. Car minuit n'est jamais éternelle ; minuit ne dure qu'une brève minute.
Déjà, le corps se remet en mouvement et les mains, de nouveau, se pose contre les joues de son ami. La pression est peut-être forte, trop. Il manque de lui mettre un doigt dans l'oeil. Quelque chose comme le karma, peut-être.
- what ? what ? qu'il demande, la gorge serrée. Une main va contre le front d'Arcturus, repousse les mèches collées par la sueur. Il essaie de dégager son visage. D'éclaicir sa vue et peut-être celle d'Arcturus, aussi. turus, non. non. La tête se seconde et le regard est agité, fou, à chercher des réponses dans ses yeux. Mais Nocte ne voit qu'à moitié et pour le reste, il n'est pas un esprit aiguisé. stay, tsmukan. don't go. stay. qu'il implore, demande, les sourcils froncés, les bras allant autour de son corps, et, malgré la faiblesse et la douleur, Nocte ne peut que le serrer avec puissance contre lui. D'un geste mécanique, d'un geste déjà fait un millier de fois avec son fils, Evi, lorsqu'il était parcouru par des sanglots similaires, Nocte berce son frère d'un côté et de l'autre, lentement. Les lèvres pincées, il hume un chant atlanien, une berceuse calmant les pleurs.

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tw : alcool & pensées suicidaires

Pour Arcturus, lâcher prise a un sous-entendu plus sombre et plus radical que simplement arrêter de porter autant d'attention et d'importance aux événement du passé. Il ne sait pas faire autrement qu'en détruisant les choses, même si ce dont il doit lâcher prise c'est lui même. Alors il se détruit, le processus est plus simple, plus rapide, plus douloureux aussi.
Certains transforment leur peine en colère, mais pour Arcturus ce n'est que du désespoir qui ne lui a jamais apporté rien de bon. Qu'il a ruminé toute sa vie et qui lui a plongé la tête sous l'eau, ne donnant pas de lui son plus beau visage. Qui ne se transformera jamais en une rage de vivre capable de tout consumer. Ce ne sont que des émotions dont il devrait se débarrasser, des choses qu'il devrait laisser derrière lui car elles agissent comme les des boulets attachés à ses pieds. Les larmes le font paraître plus humain. A pleurer de la sorte, il n'est plus le pilote scandeleux, se pavanant et abusant des luxes et des plaisirs à disposition.
Il redevient un garçon effrayé ayant besoin qu'on le prenne dans ses bras. Il a terriblement besoin qu'on l'aime et qu'on lui rappelle qu'il est apprécié. Mais il se tient à une distance suffisante de ses amis pour qu'ils ne remarquent pas ses exigences. Il refuse avant d'être repoussé, parce que c'est évident. Ça l'est, pour lui, qu'on a pas besoin de lui. Il se rend indispensable autrement. Il ne veut envahir personne avec ses états d'âmes. Il n'aime pas montrer à Nocte sa souffrance, ses blessures. Celles qui n'ont jamais pu soigner. Il ne peut pas entraîner Nocte dans ses draps pour détourner le sujet. Tout comme Aziel, il est pour lui l'équivalent d'un frère, un membre de sa famille. Ce qui ne veut pas dire qu'il lui fait des faveurs, mais il a une once de respect pour lui.

C'est ça. Il pense. Il l'aime tellement, le respecte tellement, qu'il a failli perdre la vue à cause de lui. Heureusement que le bacta fonctionne, si il avait réellement perdu son oeil, il ne sait pas ce qu'il aurait fait. Il lui en aurait payé un autre, plus performant. N'importe quoi pour se racheter, Arcturus à l'argent. Il sait qu'il ne peut acheter les gens. Les gens sont habitués à ses méthodes, à ce qu'il est. Une part de lui pense qu'ils peuvent comprendre que c'est sa manière à lui de dire je t'aime.
Arcturus ne veut pas rester, a t-il le choix de toute façon ?
« I'm not going anywhere for now. » Il doit rester, parce que celui qui est seul maintenant c'est Nocte. Il ne sait, n'imagine pas tout ce qu'il a perdu au cours de ces sept dernières années. Arcturus ne sait même pas où est Evi à l'heure actuelle, il ne peut contacter personne. A l'instant ou Nocte a disparu de sa vie, il a tout laissé tomber. Once again. Il n'apprend pas. Kael a grandi, Kael a fait le premier pas. Arcturus a reculé, comme il fait chaque fois que rien ne s’aligne comme il le voudrait. Arcturus le serre de toute ses forces contre lui et enfouit son visage dans ses cheveux. Il se cache. « It's okay. I'm okay. » Il peut toujours essayer de s'en convaincre. « By the way you stink, do you want a bath now ? You can sleep in my bed for tonight. » Il mime la colère, reprend son rôle. Celui de la diva, aux priorités déplacées. C'est comme ça que Nocte le connait et c'est ce souvenir là qu'il doit garder. Il ne va pas lui laisser le canapé pour sa première nuit hors de la carbonite. Il verra pour celles qui suivront. Arcturus n'aime pas partager son luxe et il ne pense pas que son ami soit à l'aise dans sa chambre personnelle. Il a peut-être une pièce d'ami à prêter le temps qu'il se remettre d'aplomb. Ensuite il faudra bien qu'il aille quelque part.

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Nocte n'aime pas les larmes, les chagrins. Nocte fuit les cris et les disputes, oublie les confrontements et les garde sous silence, loin de lui, le plupart du temps. Il n'est pas sans coeur. Il n'est pas supérieur à cela. Il préfère les rires, simplement. Il préfère les rires et les sourires, les yeux qui brillent et les coeurs qui en font tout autant. Mais les larmes sont là ; elles sont toujours là, au détour d'un soupir, après un pincement de coeur. Les peines et les sanglots débordent et Nocte est un lac, une rivière et ensuite un océan ; il ne sait pas quoi faire face aux chagrins. Il devient lui-même aussi lamentable que la personne en face de lui ; il ne désire pas les voir ainsi, mais il ne sait pas comment faire cesser la chose. Il ne possède pas les mots. Ou du moins, il les possède mais ne sait pas comment les prononcer correctement dans une langue qui est loin d'être la sienne. Nocte a toujours eu cette paressse d'apprendre à la perfection la langue commune ; elle fait faute, souvent, sur le bout de sa langue. Elle lui fait défait lorsqu'il devrait la manier avec un peu plus de talent, lorsqu'il devrait être apte à faire ce qui doit être fait, toujours, pour obtenir les mots et dire ce qu'il faut. Car le coeur déborde de douceur et il est bon, terriblement bon. Mais la langue est aussi maladroite que le corps et le prince parait idiot alors, perdu dans ses mots et incapable de faire quoique ce soit d'autres que de bercer son ami dans ses bras, à la manière d'un enfant, pour effacer les larmes. Il aimerait lui dire ce qu'il faut ; comment pourrait-il ? Il ne sait rien. Le temps est une chose qui ne lui appartient plus. Il lui a filé entre les doigts brusquement, sauvagement, et Nocte est là, démoli et entier à la fois, incapable de savoir quand il se trouve, s'il fait jour ou nuit, avec un Arcturus brisé entre ses doigts. Il sait reconnaitre ce qui est cassé. Il possède un amour, après tout, pour les choses du passé qui ont été malmené. Peut-être est-ce pour cela qu'il aime autant son frère.
- I'm not going anywhere for now. que lui dit Arcturus, perdu dans ses bras, mais les mots sont plus de mal que de bien. Nocte ne parle peut-être pas bien la langue commune, mais il la comprend tout de même. Et les mots sont petits et fragiles, ils tanguent et ils blessent, cruellement. Ils laissent des plaies contre le coeur déjà douloureux de Nocte. Ils laissent des larmes amères derrière ses paupières et le forcent à fermer les yeux pour ne pas les laisser couler contre ses joues. Il ne veut pas de cet émoi. Il ne veut pas de cette faiblesse qui le traverse à voir son frère ainsi que l'instant ne le concerne pas. Nocte n'en a que faire de la douleur de ses membres, de son oeil qui ne veut rien savoir. Il n'en a rien à faire. Il y a les mots d'Arcturus qui font écho et qui blessent, fort, et qui blessent, douloureusement, et Nocte manque plus de souffles à l'entendre qu'il en a manqué en quittant cette carbonite à la con.
- It's okay. I'm okay. qu'il dit, cet idiot, comme s'il savait ce qui avait lieu dans sa tête. Arcturus sait, surement. Après tout, Nocte le connait. Nocte sait qu'il est bon, avec les mots, pour détourner les choses de lui. Il noie les gens de ses paroles fausses comme il se noie dans l'alcool. C'est un duo qui le garde loin de ses souffrances. Elles savent nager, pourtant.
- By the way you stink, do you want a bath now ? You can sleep in my bed for tonight.
Il y a une similitude, entre eux. Un identique ; celui de s'oublier et de penser à l'autre. Arcturus semble plus solide ; il suffit d'observer ses airs de diva et d'entendre ses caprices. Pourtant, il est le plus fragile des deux. Nocte est plus fort ; il a cette étoffe de roi, après tout, qu'importe si le titre ne lui plait pas. Il a été éduqué pour porté le poids entier d'une planète sur les épaules et la chose ne lui a pas suffit ; il s'est envolé vers l'univers.
- for now ? for tonight ? qu'il demande, la voix calme. Les doigts quittent le dos, lentement. Le corps s'extrait de son étreinte désespéré. Si Arcturus va si bien alors pourquoi le tient-il encore si fort ?
Le regard de Nocte est froid. Dur. Il possède quelque chose qui fait écho de son sang.
- what are you - tsmukan. qu'il fait, et s'arrête. Les narines se pincent ; il inspire, lentement, pour garder son calme. Nocte l'observe un moment et secoue de la tête, le prend par les épaules malgré le fourmillement de ses bras. Le tient-il trop fort ? Il ne sait même pas. for now ? qu'il répête encore, plus brusquement. Dans la gorge, il a un rire bref, tranchant.
Nocte passe sa langue contre ses lèvres et le lâche. Son dos percute le dossier du canapé et sa tête se penche vers l'arrière. Il y passe ses doigts, dans sa crinière. Ils finissent dans son visage et il rit, encore, bref. Le rire n'est pas joyeux. Ou du moins s'il est, il se brise dans la tristesse et la colère.
- you are a - a - skxawng ! idiot ! how dare you talk 'bout - La voix stoppe, les mains frottent les yeux. Il ne voit rien, encore, de son oeil. La pression ne change rien. Ni sa vision, ni les larmes. Ni sa colère. death is not - kxitx keyawr. death not good. don't. tu parles de mort. tu parles de juste ce soir. tu parles de - pueur ? puanteur ? arcturus. Le nom tombe, brusque.
La voix gronde et claque, casse sur le nom de son frère. Les mains se poussent et les yeux sont rouges ; l'un plus que l'autre. Les yeux sont humides.
- just tonight ? for what ? for what after ? kxitx ? your death ? comme ça tu peux mort seul ? je fais quoi ? tu fais quoi ? Les questions tombent, en même temps. La colère s'éveille, avec les événements. Ses souvenirs sont confus et l'instant a perdu de sa magie, de son bonheur. Certes, il n'est pas sur Atlan. Une belle victoire. Une liberté. Mais le temps a passé et Arcturus ne lui dit pas combien. Le temps a passé et Nocte est là, dans l'appartment de son frère, et il n'en reconnait rien. Pas même le visage de son frère. Il est épuisé, usé. Il porte la mort comme si elle était une couverture pour l'apaiser. combien de temps ? qu'il demande, encore. Il veut savoir. Combien de temps depuis son dernier souffle ? Depuis combien de temps depuis qu'Arcturus rêve du sien ?

tsmukan [ˈt͡smu.kan] n. brother
skxawng [sk’awŋ] n. moron, idiot
kxitx [k’it’] n. death
keyawr [kɛ.ˈjawɾ] adj. incorrect, wrong, not right

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tw : alcool & pensées suicidaires

Il voudrait se ressaisir, mais l'alcool lui chuchote de faire le contraire. N'est-il pas bien comme ça ? Noyé dans sa médiocrité ? N'a t-il pas tout ce qu'il mérite ? Il recherche cette extase absolue parce qu'il a habitué ses neurones à supporter une euphorie constante, il souffre de la moindre contrariété. Elles se bousculent dans sa tête et peignent une toile atroce, pour qu'il se voit hideux à chaque fois qu'il se regarde dans le miroir, ose penser à sa propre personne. C'est ce que font ses drogues. Elles l'endorment et le conduisent dans des paradis artificiels. La réalité n'en est que plus douloureuse, insupportable. Il est vainqueur au jeu, là où il est un perdant en amour. Tout ce qu'il veut c'est d'être aimé, c'est d'être tenu car sans cela il s'écroule. Quand il est sous l'emprise des psychotropes, Arcturus oublie tous ceux qui l'aiment. Il prend dans ses bras sa vielle amie, sa haine envers lui même, choyée. Il n'ose pas admettre, avouer que pendant ces cinq dernière idée il a sombré à nouveau, d'une manière plus insidieuse. Toujours high de quelque chose, sexe drogues et alcools. Le cocktail explosif.

« You don't understand ! You never undestand ! » Il crie, en colère. Contre quoi ? Ils sont tous stupides, ils ne comprennent pas, ils ne voient pas. La descente est mauvaise, les émotions complexes et tordues comme un semblant de sourire cynique. Il a peur, terriblement peur. Il agrippe sa poitrine et prend une grande inspiration pour essayer de se recentrer. C'est lui qui a besoin de la douche froide. Il s'agenouille devant le roi Nocte parce qu'il ne peut pas tenir correctement debout au point où il en est. Les yeux brillants de ses larmes. Combien de temps ? « Seven years, as far as I know. » Mais ce n'est pas tout, ce n'est pas le pire. Les mots fusent, ils partent comme des tirs de blaster. « It is year five. After Kashyyyk. » Dans la mémoire commune, l'annoncée répandue comme une trainée de poudre dans l'univers alors que Nocte dormait paisiblement. Il n'a pas vu la guerre, il n'a pas vu la mort. Il était en sécurité dans sa carbonite. On lui a épargné cette peine. « They fucking blew Kashyyyk. It's gone. » Et avec ses milliers d'âmes et la sienne. Le bal d'impériaux ensuite, pour lui serrer la main, pour rechercher un partenariat dans sa personne. Les étreintes honteuses avec l'ennemi alors qu'il prétend être neutre. Quitte à être la pute de tout le monde, il se fait aussi pute de ceux qui asservissent le monde. Ils ont tous disparu. Evi. Il ne sait même pas où est Evi, si il est en sécurité, il ne savait pas où était Nocte. Inutile. Il ne sait rien, Arcturus, idiot jusqu'au bout de la nuit. « I was to busy being fucked up, I'm sorry Nocte. I'm sorry, I should have done something for you. » Il voudrait retourner sur Atlan, à cette époque d'innocence. Il voudrait tellement de choses, il remplirait à lui seul la hotte du Mando Klaus avec ses exigences dignes d'un prince arrogant. C'est quelque chose qu'il tient de Dia. L'héritier lui a apprit l'arrogance et la dépendance.

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Nocte n'est pas bien intelligent. C'est ce que l'on dt. Ciel, c'est ce qu'il dit aussi, un rire au bord des lippes, une lueur moqueuse dans l'iris. Il n'a jamais cherché à être un fin savant, meilleur qu'un autre ou encore, à venter ses mérites. Nocte possède plus qu'il ne croit pourtant. Son coeur est grand, trop grand ; il s'y perd parfois. Il n'y a jamais, pourtant, trop de gens. La place existe pour rien et pas une fois il en oublie un visage. Ils marquent son passé et son présent, son futur aussi. Nocte donne, trop ; il donne et il donne et il reste plein, entier, toujours. Même perdu dans un lieu qu'il ne connait pas, même loin de ses repères, il ne se sent perdu. L'inconnue n'est qu'une chose qu'il en connait pas, encore. Une nouveauté qu'il rencontre et Nocte, il adore les nouveautés. Il est parti au travers de l'univers pour découvrir ces choses qu'il ignore alors pourquoi pourrait-il cracher sur une étrangeté dont il ne connait rien ? L'incertitude existe, oui, en lui ; elle tangue et elle vibre doucement, mais elle est à sa place et elle ne déforme pas les autres choses qui existent. Elle se fait entendre et Nocte l'entend, les doigts tremblants, le coeur un peu vif mais surtout, il y a un sourire, sur ses lèvres, immenses. Il y a aussi des lueurs, dans ses yeux.
Longtemps, il a pensé que l'inconnu ne lui ferait jamais peur. Peut-être qu'elle ne lui fait pas peur, à l'instant. C'est tout ce qu'Arcturus amène avec ces informations floues qui le bouscule, qui le rend tanguant doucement. Arcturus semble inconnu. Arcturus est une étoile, un trou noir ; l'un ne va pas sans l'autre. Il est entier et il est sombre, car il se perd lui-même, car il crée les noirceurs par peur de ne connaître aucune lueur. Nocte a écrit des mots, sur lui. Des pages entières noircies par des pensées liées à son frère. Arcturus est beau et immense ; le reste du monde parait si petit à côté de lui qu'il a cette peur constante de tout casser.
- You don't understand ! You never undestand !
Mais non. Non, Nocte ne comprend pas. Il ne comprend pas tout, c'est l'une des premières choses qu'il dit, constamment. Il ne sait pas tout. Il appuie plus souvent ses faiblesses que ses qualités. Il n'accepte pas les compliments, prend plutôt les insultes pour en faire autre chose, pour les travailler et les comprendre. Mais les compliments ? Il ne sait pas quoi en faire, sauf rire bêtement. Seven years, as far as I know. It is year five. After Kashyyyk. Le corps prend un temps d'arrêt.
Nocte souffle doucemnet ; c'est un réflexe, un geste qu'il fait parfois, pour rester calme. Il est bon pour un roi, toujours, d'être calme. Et certes, Nocte est une tempête de rires et de hurlements lorsqu'il est enthousiasme, mais il sait être calme.
Le regard est posé sur Arcturus. Arcturus qui tient son torse comme s'il voulait garder son coeur en place. Son frère qui ne ressemble qu'à un enfant empli de sanglots et de peine. Nocturus ne désire que le prendre contre lui. Il ne comprend pas ; ne comprend pas ce qu'est l'an 5. Sept années ? Ah. Certainement que la vue ne lui reviendra pas, alors. L'oeil restera ainsi.
- They fucking blew Kashyyyk. It's gone. I was to busy being fucked up, I'm sorry Nocte. I'm sorry, I should have done something for you.
Le coeur est serré, comme les lippes. Non pas pour lui. Nocte n'est pas égoiste. Il est si loin de l'être. Il l'est pour Arcturus. Et c'est vers lui qu'il se penche, qu'il rejoint au sol pour, une énième fois, l'encercler de ses bras. Nocte ne dit rien, d'abord. Il le prend uniquement contre lui, et hume entre ses lèvres, doucement, la même mélodie. Il le bercer et glisse ses doigts dans ses cheveux, plusieurs fois, comme il le fait si souvent avec Evi.
Le coeur se déchire. Evi. Sept ans. Son fils ne l'a pas vu depuis sept ans. Il l'attend depuis sept ans.
Le roi laisse son nez se presser contre la crinière de son frère. Il le berce comme il se berce, une maigre seconde, un petit temps de faiblesse. Et puis, il abandonne ses propres maux et se concentre sur ceux d'Arcturus.
- for me ? Arc' i was asleep. Il ne remarque rien, pendant le sommeil. Nocte n'a rien compris. Nocte ne comprend rien, encore. Beaucoup de questions existent, et Nocte les posera quand il le faudra. Pour l'heure, ses priorités sont ailleurs. i'm so sorry tsmukan. je suis là. Il caresse ses cheveux, encore, et pose un baiser contre son front humide par la sueur. plein de douleurs. plein de souffrance pour toi. je suis là, tsmukan. Il n'est pas là pour Evi. Il n'est pas là pour le trone, pour Noon, pour son peuple. Nocte ne sait rien de l'extérieur. Les années ont changés, le monde n'est plus le moment. Même Arcturus, entre ses mains, est différent. Mais il y a une familiarité, encore. Il y a son frère, dans ses bras. Et pour l'heure, Nocte y consacre tout son attention. tout est okay, arcturus. je suis là. Il ne peut pas offrir grand chose, à l'instant. Mais au moins, il peut offrir sa présence. C'est la seule chose qu'il possède.

tsmukan [ˈt͡smu.kan] n. brother

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Il s'affale dans ses bras, inerte, bercé par les caresses dans ses cheveux, par la tendresse et ferme ses yeux. Il veut de belles images, des souvenirs de leur rencontre. Arcturus étouffe un sanglot. La vie est un enfer depuis sept ans. Depuis longtemps, mais les choses étaient contenues. De nombreux murs se sont effondrés après le départ de Nocte. Arcturus n'a jamais été celui qui les tenaient en premier lieu. Il essayé d'empêcher le pire. En vain. Il se concentre sur les sensations qui effleurent sa peau quand il peut les ressentir. Il est tremblant comme une feuille, la fatigue et l'alcool qui font mauvais ménage. Il rêve éveillé, dans ses brumes il peut sentir flotter dans l'air le parfum de Kael. Il imagine parfois qu'il est celui qui le réconforte. Devrait-il l'avouer à Nocte ? Qu'il l'a revu et qu'il a réalisé qu'il ne l'aimait plus aussi fort ? Qu'il est en train de l'oublier ?

Rien ne va. Rien n'ira, c'est faux. Ce sont tous des menteurs. La vie est un mensonge. Une mauvaise publicité. Il n'aimera plus jamais avec la même ferveur, il ne sera jamais un bon frère. Il n'a pas l'impression qu'il s'en sortira un jour. « Leave me Nocte. » Il est celui qui abandonne en premier. Si il s'en va, alors les autres ne peuvent lui rendre la pareille. Ils ne peuvent trahir un coeur qui de toute façon ne s'est jamais ouvert, n'a fait que maintenir l'illusion d'une chaleur, alors que dans ses entrailles une tempête glaciale fait rage. Il se vide, sur le sol. Il devrait se vider de son sang, si Nocte n'avait pas été là. A défaut, Arcturus se vide de toutes ses larmes. Toutes celles qu'il a retenu pour de multiples raisons, quand il devait être le grand frère. Celui qui devait rester fort. Pour un être aussi faible que lui, ce poids n'est plus supportable. Il s'écroule, tout son corps lâche. Il hoquette, à force de se noyer dans ses larmes. Il ne mérite pas l'amour de Nocte, sa gentillesse. Son don de lui même.
Il finit par se calmer, miraculeusement. Bercé dans les bras de Nocte. Sa respiration retrouve un rythme normal et ses yeux papillonnent, chassent les larmes sur ses cils. La fatigue reste. Elle est différente. « I need to sleep. » Il demande à celui qui a assez dormi comme ça. Dormir, endormir ce qu'il reste de douleur, pour fuir cette réalité. « Or a cold shower. » Ou au contraire, s'accrocher au réel et cesser de repousser l'inévitable. Il ne sait pas si la crise est passée. Il se rassure tous les soirs avant de fermer les yeux. Tant qu'elles ne viennent pas l'oppresser le jour, il estime pouvoir tenir la route encore quelques temps. Jusqu'à ce qu'il craque ; ça lui semble inévitable. C'est le premier soir où lorsqu'il prend une inspiration supplémentaire, ses poumons l'accueille sans protester. La pression sur sa cage thoracique en moins. Les angoisses évaporées momentanément dans l'ivresse de leurs retrouvailles. « Thank you Nocte... » Il murmure, presque inaudible. « I don't deserve you. » Il se met en mouvement à nouveau. Il se redresse et lui fait face. Il le regarde vraiment, ses yeux s'adaptent à l'obscurité. L'image est nette, il se risque même à sourire. « Welcome back. I'm sorry... for the mess. Ts-tsmukan. »

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Il est lâche, peut être. Par moment, Nocte disparait. On ose croire qu'il oublie, qu'il ne pense plus et va ailleurs, simplement, sans dire et communiquer. Et pusi il revient un jour, avec un sourire aux lèvres, comme si rien n'était. Il se dit qu'il est ainsi, le Prince. Aussi libre dans ses déplacements que dans ses pensées. Peut-être est-ce le cas. Nocte ne se questionne pas, sur cela. Il ne se questionne pas sur ses départs et le temps d'absence qu'il laisse aux gens, à l'occasion. C'est juste un sentiment qui déborde à son coeur, soudainement, tandis qu'il se remémore de vieux souvenirs et qu'il se sent nostalgique. C'est là qu'il revient ; qu'il apparait de nouveau, un sourire sur les lèvres et les yeux aussi brillants que l'univers. Nocte oublie le temps ou peut-être les maux. Il oublie des choses ; ils ne restent pas dans sa mémoire, s'éloignent et ne revienne pas. Le truc est que, Nocte, parfois, il n'est pas toujours là. Il disparait comme un soleil lorsque la nuit tombe ; ailleurs, on attend son retour, simplement. Il disparait face à certains ténébres et ne pourrait dire à quoi il ressemble. Les mots sont un peu durs, parfois, à son sujet ; on juge ce que l'on ne comprend pas. Et peut-être qu'il se juge, parfois.
Il se juge un peu, à l'instant. Car le coeur est brisé face aux larmes de son frère et qu'il le tient fort contre soi, mais qu'une minime part de lui-même à envie d'aller ailleurs et chercher des visages, des noms, tous ces gens qu'il n'a pas vu depuis sept ans et qui pourraient être n'importe où, maintenant. L'angoisse est un poison qui monte dans sa gorge et qu'il éteint autant qu'il serre Arcturus contre lui, fredonnant plus fort pour étouffer ses pensées et ne plus sentir la panique monter. Leave me Nocte. Il ne le laisse pas. Il le serre plus fort, le berce plus brusquement, l'entend pleurer plus fort. Et peut-être qu'il le fait un peu, lui aussi, prisonnier contre sa crinière humide par la soirée passée. Peut-être qu'il y a des larmes silencieuses au bord de ses yeux, des choses venant des sentiments ressentis qu'il tait, pour l'instant. Car Nocte, il fait passer les autres avant lui. Il le fait constamment, si souvent, qu'il en vient à disparaitre un moment. Il disparait plutôt que de dire non, plutôt que d'être égoiste, car il ne sait pas le faire.
Il l'est malgré tout, d'une certaine manière, en s'en allant comme ça, quand l'humeur est meilleur.
Certainement qu'il quittera Arcturus aussi, quand les larmes ne seront plus et que la quantité d'alcool sera plus maigre, et que l'envie de mort sera décalée de plusieurs années.
La chanson fredonnée est une thérapie l'aidant à garder de la lumière dans son esprit et une régularité dans son souffle. Nocte ne cède que rarement. Il s'empêche de le faire constamment. Ce sont les rires qui éclatent, jamais les sanglots. I need to sleep. Or a cold shower. La mélodie se tait lentement et Nocte arrête progressivement de le bercer. Il ne le libère pas de ses bras. Pas encore, en tous cas. tu sens bon qu'il dit, ment. Arcturus a toujours senti l'huile, la grasse et l'essence avec un peu de parfum, dans ses souvenirs. L'odeur a toujours été différente de celles connues sur Atlan. Thank you Nocte... I don't deserve you. Les lèvres se scellent et les réponses se taisent. Il ne sait pas quoi dire, face à cela. Nocte ne sait jamais quoi faire des compliments. Pour lui, ils n'ont pas raison d'être. Le sourire qu'Arcturus lui offre lui suffit. Malgré les larmes séchées, ses rides et ses cheveux gris. Le sourire lui suffit. Welcome back. I'm sorry... for the mess. Ts-tsmukan. Et puis comme si rien n'était, le rire s'élève de nouveau. Un chant différent et plus commun venant de sa gorge. On l'a entendu si souvent ; Nocte rit pour tout et n'importe quoi, souvent. Son rire est sa vie, son âme aussi. No. Our mess. qu'il répond, posant une main dans les cheveux d'Arcturus pour les placer, presque. Il ne parvient à rien. De toute manière, Nocte ne sait pas coiffer les gens. Ton balei - ah. haleine ? pue. qu'il dit, encore, dans un rire. Il secoue sa tête et s'éloigne, se défait de l'emprise faite et laisse son dos se poser contre le canapé, derrière lui.
Il ferme les yeux, un momnet. Quelques secondes, peut-être une minute. Personne ne bouge. Peut-être qu'Arcturus reprend ses esprits, aussi. Nocte suppose que quelques instants ne lui suffiront jamais. Il lui faudrait sept ans. La chose lui arrache un rire soufflé. Et puis, les yeux s'ouvrent et les mains se posent sur les cuisses, pour se redresser. Il chancèle sur les premiers pas et se reprend vite. shower ? no shower here. just a - very very big bath. Il rit, sans dire, persuadé de savoir ce qu'Arcturus fait, dans son bain, comme le bon prince qu'il est. Il est comme Dia, souvent. Peut-être que c'est lui qui aurait du être prince, à sa place. Nocte n'a jamais eu la même signification de la valeur. Il a toujours tout eu, comme Dia. Dia a toujours voulu plus et Nocte, quant à lui, voyait les merveilles ailleurs. Certains pourraient regarder cet appartement luxueux mais lui, il ne voit qu'Arcturus de précieux, en ces lieux. clean bath or dirty dirty bath ? qu'il demande, haussant d'un sourcil, avant de rire.
Il tourne le dos, déjà, à pénétrer dans la pièce. Peut-être qu'il presse ses yeux un moment, frotte celui qui ne veut rien voir et espoir, une maigre seconde, mais rien ne change. Nocte se dévisage dans le miroir et ne voit rien. Aucun changement, aucune année passée. Son hier était il y a sept ans. Une ombre passe dans le regard et il se détourne de lui-même, secoue sa tête et ouvre les robinets du bain pour ajuster la température. Déjà, il se perd dans les produits qui trainent et en ouvre deux trois, en verse une quantité trop grande dans l'eau s'accumulant.

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Lorsque Nocte le quitte pour aller préparer un bain, Arcturus reste assis au sol le temps de reprendre son souffle. Sa chaleur lui manque déjà, c'est une chose à laquelle il pouvait se rattacher, s'accrocher désespérément. Nocte est capable de beaucoup de douceur, de faire passer les autres avant lui, quand bien même il devrait être sa propre priorité. Il est trop bon et le pilote sait combien il abuse de cette générosité, de tout ce que l'autre lui offre sans être capable de lui offrir quelque chose qui soit à la hauteur. Pour ce que vaut sa présence. Par le passé, ils ont toujours été très proche d'un de l'autre et ce n'est pas quelque chose qui doit changer. Puisque sept années se sont écoulées sans lui, il veut pouvoir rattraper ce temps qui a été gaspillé. Mais qui n'est pas forcément perdu à jamais. Il y encore myen de partager des moments et des choses, des histoires à raconter. Ils sont une famille, Kael, Evi et lui, même si aujourd'hui cette famille s'est déchirée pour plusieurs raisons. Arcturus les considérera toujours comme ceux qui l'ont construit, qui se sont tenu à ses cotés dans les pires moments ; sauf qu'il a été celui à les repousser. Le seul qu'il a su protéger, c'est Aziel. Addler lui n'est plus là.
Il est à nouveau seul, seul avec ses pensées, celles là même dont il est effrayé. L'Atlan a chassé quelques démons aux loin, ils n'osent plus revenir. Il y a encore des idées ne veulent pas s'en aller, qui refusent de le fuir et de le laisser en paix. Elles le hantent jour après jour et ce n'est malheureusement pas une étreinte qui est suffisante pour l'en protéger. Il a le cœur plus léger au moins et l'énergie de bouger un a un ses doigts cicatrisés.

Au prix d'un ultime effort, il se relève et se dirige nonchalamment vers le salle de bain. Nocte est en train de fouiller dans ses produits, nombreux. Diverses senteurs, qu'il ne termine jamais, il a rachète constamment ou s'en fait offrir. Le mélange risque de faire beaucoup de bulles et sentir dans tout l'appartement jusqu'au lendemain, en espérant que ce soit suffisant pour cacher les litres de liqueur cosmique qui se sont perdus sur son carrelage.
Il se déshabille et ne garde que son boxer, désireux de conserver un minimum d'intimité en compagnie de Nocte. Il a toujours placé ce genre de barrière entre eux, mêmes ils ont plus d'une fois fini dans des sales postures à cause de l'alcool qui coulait à flot et en général, il ne reste pas vêtu longtemps lrosqu'il est question de boire. Se mettre à nu devant lui et différent de se mettre à nu devant des gens qui l'attendent et qui ne verront en lui qu'un corps réceptacle de leurs désirs. Lui montrer ses failles est différent de juste retirer ses vêtements à la hâte et il ressent une gêne à se trouve là, nu comme un verre au milieu de la pièce pendant que l'eau coule dans la baignoire et qu'un terrible mal de crâne lui vrille les tempes. Encore plus ce soir, il ressent un véritable malaise face à son apparence négligée. Il n'a pas peigné ses cheveux ce matin et encore moins rasé sa barbe. Il semble manquer de sommeil, de nutrition, ou d'être malade.

Il ne sait pas quoi faire de la gentille de Nocte, elle dépasse tout ce qu'il connait, il lui est difficile de savoir de quelle manière il doit réagir. « Ca sent bon. Tu es sur que tu ne veux pas le garder pour toi ? Je peux attendre pour un bain. » La seule manière qu'il connaisse de faire plaisir aux autres est d'essayer de se sacrifier pour eux. Sa gorge se serre a nouveau, mais cette fois-ci aussi étrange que cela puisse paraître, les larmes qui l'étouffent sont des larmes de bonheur. Tout ça lui a manqué. Il ne s'excusera jamais assez d'avoir repoussé des retrouvailles dont lui même avait besoin. « I love you Nocte. I need you to know. » Il n'a pas eu a chance de grandir avec des frères et soeurs. Il a grandit tout seul. Il a du se débrouiller, jouer au plus fort et l'ironie des choses ? C'est qu'il est devenu pour certaines personnes une figure rassurante, pour Aziel et son ami. Pour un tas d'orphelins ou de jeunes égarés comme lui, alors qu'il n'avait même pas une seule idée de ce qu'il était en train de faire. Il écoute seulement son coeur et c'est peut-être ce qui le rend au moins un peu digne d'être auprès de Nocte. De mériter d'être un de ses meilleurs amis, son frère.
La générosité d'Arcturus se fait plus discrète et s'exprime souvent au travers de l'argent, mais elle n'en est pas moins réelle.

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