wake up, sleeping beauty (nocturus)

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N'est-il pas important de prendre soin de ceux que l'on aime ? Nocte est persuadé que si. Il pense aussi, bien souvent, que c'est une chose à laquelle il possède diverses lacunes. Son coeur est grand et la place est immense pour plusieurs. Nombreuses personnes y prennent place et de nombreuses autres s'y ajouteront encore au cours de sa vie. Il sait pourtant que le temps possède une limite et qu'il peut leur accorder autant de temps qu'il le désire. Son coeur en saigne un peu, à l'occasion. Ce ne sont que des simples pensées fantômes qui durent un moindre instant et qui le blessent malgré tout. Nocte pourrait s'excuser pour des choses sur lesquelles il ne possède aucun contrôle. Le temps lui échappe. Il vient de lui échapper pendant sept longues années. Les excuses coincent au bord de ses lippes. Il a envie de dire pardon, de serrer Arcturus fort contre lui et de compenser pour toutes les années perdues à ne pas avoir pu le serrer contre lui lorsque son frère avait besoin d'une pareille attention. Le coeur déborde de tous ces sentiments qu'il aurait pu vivre pendant ce temps qui ne lui appartient plus. Le prince est triste. Triste pour des choses sur lesquelles il ne possède aucun contrôle. Le monde est grand et son pouvoir se limite à Atlan. Il essaie d'être un baume et une joie sur et dans le coeur des gens qu'il chérit, mais son pouvoir ne peut être plus grand que sa personne. Nocte essaie malgré tout ; son bonheur passe par le leur. Il suffit d'un sourire pour que son palpitant chante doucement l'émoi le traversant.
Le regard coule vers son frère, une seconde ; il parait minuscule, juste là, dans son slip à attendre l'eau du bain. Il parait petit et fragile, à vif, comme Nocte ne cesse de le voir, constamment, même lorsqu'Arcturus a les plus beaux garçons à ses bras et un prix entre les mains. Juste un homme et ses blessures, ses peines et son coeur, honnête. Le prince sait qu'il possède une honte face à la chose ; qu'il ne veut pas s'observer dans le mémoire et se voit aussi petit et humain qu'il peut l'être. Pourtant, il s'agit du Arcturus qu'il préfère au travers de tous les visages que l'on peut connaître de l'homme.
- Ca sent bon. Tu es sur que tu ne veux pas le garder pour toi ? Je peux attendre pour un bain.
Les yeux roulent de manière exagérée et Nocte rit, secoue la tête.
- Non non. ton bain immense. toi et moi dedans. Ce n'est pas la première fois, et Nocte est loin d'être pudique. L'est est chaude et lui donne envie. Et quelque part, il n'a pas envie de quitter Arcturus des yeux une simple seconde. Sept ans sont passés sans qu'il ne le réalise, mais le manque se fait terriblement sentir dans son coeur. Il souffre.
- I love you Nocte. I need you to know. Les paupières papillonnent tandis que le prince ferme l'eau et tourne son regard vers son frère, encore. Il reste un moment interdit et un peu bête, la bouche ouverte et ébahi devant un Arcturus larmoyant et sensible.
Puis, la bouche se tord en une moue et le corps se redresse, s'avance et capture fortement l'homme contre lui.
- I love you too, tsmukan qu'il fait, contre ses cheveux, avant d'y déposer un baiser. Ils goutent et sentent l'alcool. Il a besoin d'un verre. naer. qu'il annonce, juste, avant de déposer un autre baiser et puis dix autres, puis de se défaire de l'accolade. Il ne demande pas, sans manière, s'il peut prendre quelque chose. Va uniquement dans la cuisine et s'empare d'une bouteille de breuvage. Sur le chemin de retour, ses vêtements sont abandonnés au fil de ses pas, outre un slip étrangement trop petit pour le corps qu'il possède. Heureusement, il couvre tout.
- bath ? go. come on. Le sourire est grand, la bouteille à la main. Nocte pose la seconde contre le bord de la baignoire pour y entrer sans tomber. Il tapote à deux occasions pour être certain de sa prise, un brin aveugle, avant de se glisser dans l'eau confortablement chaude. ah ! good good. Le sourire est encore grand. Les bulles sont trop nombreuses. Elles vont déborder du bain, mais qu'importe. Il faut un peu de joie, juste un peu, après tout ce qui vient d'être vécu.

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tw : alcool & pensées suicidaires

Il n'y a rien de plus sincère qu'Arcturus dans cet état, aussi brisé puisse t-il être. Il s'observe comme les statues au nervures noircies, c'est dans ses fêlures que se lit son histoire, prisonnier de toute ce costume de pierre, à des lieux d'être le connard insensible qu'il peut prétendre être et très loin d'être aussi stable. Il n'y a que l'amour qu'il proche à ses proches qui reste figé dans le marbre, sa confiance suit le rythme de la foule. Sans doute n'a t-il jamais été aussi beau qu'à l'instant présent, sans artifices. L'homme dans ce qu'il a de plus brut, dans ses larmes et la douceur de ses mots. Tout l'amour qu'il peut porter à Nocte a défaut de savoir comment s'apprécier avec une telle dévotion. Ce sont les autres avant tout, les autres avant lui, les autres qui comptent. Il n'est pas le plus heureux, mais il est le plus chanceux, d'avoir dans son entourage autant de personnes prête à accourir au moindre signe. Prête à la retenir dans sa chute qui lui paraît inéluctable. Pourtant ils essayent de lui donner une raison pour continuer. Il pleure un peu plus fort en songeant que même après avoir brisé le coeur de Kael, il pourrait toujours compter sur lui.
Peut-être qu'il ne l'a pas vraiment brisé, peut-être l'a t-il abîmé, cassé, mais il a pu se reconstruire et avancé. Celui qu'il a réellement brisé c'est lui.

Il laisse l'Atlan s'échapper pour aller chercher de la boisson, il n'a pas bougé lorsque l'autre revient, perdu dans ses pensées sans qu'elles ne se dirigent vers quelque chose de particulier. Des minutes se sont échappées, à ne penser à rien, à ne rien ressentir. A être là, sans vraiment l'être, encore enveloppé dans la chaleur de Nocte et la sensation de ses mains, de sa présence tout simplement qui lui donne envie de pleurer à nouveau, plus fort encore, au moins cette fois-ci ce n'est pas de la peine. A quel point il a besoin de ce contact, à quel point il désire être touché, être tenu dans des bras fermes, être protégé. Il faut qu'on lui dise ce qu'il est sensé faire, toujours ; lui qui se veut si libre aurait bien besoin que quelqu'un tienne les fils. Comme un androïde il obéît, s'approche de la baignoire et s'immerge après avoir observé les profondeurs qui le tentent. La chaleur chasse la douleur dans ses muscles et l'enveloppe dans une bulle de sureté. Il ne veut plus sentir une seule goutte d'alcool au bord de ses lèvres, il sent qu'il pourrait vomir cette fois - du moins pour ce soir. Il se connait bien et ses travers ont encore de beaux jours devant eux. Il repose sa tête contre le bord de la baignoire et observe le monde à travers le rideau de mèches moites tombées devant ses yeux. Des bulles jusqu'au menton, il chasse la mousse pour apercevoir Nocte de l'autre coté en soufflant de dessus. Dans l'eau, Arcturus ramène ses genoux contre sa poitrine. Après toutes ces années son regard n'a jamais changé ; Nocte est un frère. Nocte est un grand frère qui a toujours prit soin de lui même quand il ne savait qu'il en avait besoin et qu'il n'avait pas conscience de ce que c'était.
Le monde pourrait prendre qu'il n'en aurait pas grand chose à faire. Il n'y a que Nocte qui présentement, il y a entre eux sept années qui continuent de lui donner le tournis. « Yes, it's good. » Il essaye de s'encourage en faisant onduler l'eau avec le revers de sa main. La baignoire déborde légèrement. « I don't know what to say. » Tout se bouscule, se remet doucement en ordre, comme si on avait fait du bowling avec les planètes du système, sauf que tout se passe dans ses têtes et que les planètes sont ses idées. « Speak. » Il préfère quand Nocte parle, quand Nocte prend les devants. Il se demande ce qu'il va faire maintenant, où il va aller. Arcturus a besoin qu'il reste encore un peu, qu'il ne disparaisse pas aussi vite qu'il est reparu. Il n'est pas certains d'y survivre une seconde fois, ou il trouvera le moyen de composer avec. De toute façon, ça finit toujours de la même façon. Il se débrouille mais à quel prix ?

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L'eau est confortable. Elle est familière ; les bains d'Atlan lui manquent, un brin. Grands et confortables, ils lui apportaient toujours un confort. Et la vue ; certes, Theed possède de nombreuses ressemblances avec Ey'wa, surtout le secteur Nord, mais il reste difficile de ne pas être empli d'un brin de nostalgie. Altan possède une beauté d'autrefois, une alliance avec la nouveauté et la nature qui ne se perd pas. Naboo est différente ; transformée en son coeur. La technologie est vorace et envahie la verdure, ne lui laisse aucun air pour respirer. Il n'imagine pas l'extérieur. À quel point la ville a-t-il changé, en sept ans ? Nocte a longtemps été impressioné par les batiments si rapprochés et hauts des quartiers Sud, par l'absence de ciel à certains endroits. Il n'a jamais aimé Coruscant. Theed en porte des échos, parfois. La chose n'est pas belle. Elle est hideuse, dérangeante. Elle en perd son âme. Pourtant, la force reste un murmure familier même dans la noirceur du métal et dans la fumée maudite. La force est puissante ; elle garde un souffle peu importe si on en détruit ses conduits principaux. Elle s'adapte continuellement.
La chose n'a pas d'importance, à l'instant. L'esprit de Nocte pourrait partir ailleurs, dans tous les sens. Il ne possède pas ce talent. Il n'en possède pas la capacité, face à ce qui vient de survenir. Encore, il se perd dans une brume lourde qui se fait un peu plus délicate, mais qui ne perd en rien de sa grandeur. Il serait normal de se demander combien de temps la chose va durer, mais une pareille question n'apporte aucune réponse. Il suffit d'attendre. De laisser le temps faire les chsoes.
Pour l'heure, l'eau est chaude, la mousse est bien présente, et Arcturus s'est calmé. Certes, il semble minuscule dans le bain, les jambes ramenées contre lui-même, mais il est présent. Il est là, sous ses yeux.
Nocte n'en demande pas plus.
- Yes, it's good. L'eau danse autour d'eux et quitte le bain, à peine. Nocte ne s'en accomode pas. Il est doué pour les dégâts. La chose lui est plus familière que l'ordre. I don't know what to say. Arcturus n'a jamais été doué avec les mots. Les vrais. Pourtant, ils pèsent lourd sur son coeur. Il en est empli. Il suffit de regarder dans ses yeux pour les entendre, les voir. Nocte a compris, avec le temps. La chose ne le dérange pas particulièrement. Il a l'habitude, de toute manière, de comprendre à demi mesure et de faire des erreurs, parfois. C'est ainsi que l'on apprend. C'est ainsi que l'on s'apprivoise. Speak.
La demande est précise. Elle vient du coeur plus que de la voix. Nocte l'entend autrement.
Il étire ses jambes alors, lentement. Il ne se garde pas de toucher son frère ; ainsi, elles reposent tranquillement contre son corps, sur les jambes relevées et contre son taille. Un contact rassurant. Le cou s'étire lentement et Nocte réfléchit, un moment. Son esprit est encore embrouillé. Il ne saurait que dire. Mais il est toujours en réfléchi, toujours habitué d'écrire et encore et encore. Il lui faudra demander ou se trouver son carnet ou en demander un nouveau. Qu'importe, pour l'heure.
La voix se racle. Il commence. C'est l'atlanien qui se fait entendre, familier et inconnu à la fois, pour Arcturus. L'homme en connait certains mots et l'intonation depuis des années.
- Un instant, il est là. Face à moi ; je me souviens de son visage neutre, de l'éclat terne de ses iris, son regard observateur et long, analysant, qu'il pense constamment. L'instant suivant, il disparait. Il n'est plus. Les yeux s'ouvrent et la douleur nait. Elle envahie le corps en entier. Les yeux s'ouvrent et ne voient rien. Une seconde naissance ? Une mauvaise soirée ? Les idées sont nombreuses, la logique m'échappe. Je ne trouve pas. Je ne trouve pas, rien, sauf le sol dure sous mes genoux et la tête qui tourne, et la douleur dans mes muscles. Le verre cassé sous ma paume et puis, une voix. Celle d'Arcturus. La voix s'arrête, un brin. L'un des pieds fait un peu pression contre la jambe qui s'y pose. Le regard est plus doux, fraternel. Il continue dans sa langue natale : La douleur se calme alors. La douleur se calme face au frère, dans à la familiarité offerte. Car peu importe l'endroit, peu importe le temps, peu importe les peines, il y a un confort à savoir qu'il est là. Arcturus, la belle étoile. L'étoile qui ne s'éteint pas.

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Arcturus n'a pas besoin de tout comprendre.
En réalité, c'est un mantra auquel il devrait s'accrocher. Il lui faudrait admette qu'il ne comprendra pas tout, que dans sa vie il y a des choses qui resteront son explication ; il ne pourra jamais déterminer pour quelle raison exacte il a trompé Kael même si il peut essayer de dresser toute une liste d'éléments qui ont joué en la faveur de son acte. Ce sont des influences. Ce qui doit arriver arrive et il gagnerait à laisser certaines choses lui passer dessus sans le toucher. Mais il prend les choses à coeur, il s'attache aux faits comme aux gens bien qu'il essaye de faire croire que c'est avec légèreté qu'il les laisse partir. C'est faux. Il a une forme de possessivité, il est surtout doué pour garder les choses au fond de lui comme ses je t'aime. A l'avenir, il n'aura pas plus de réponses. Certains mystères restent complet et des hommes ont déjà passé des siècles en vain à les percer.
Il n'a pas besoin de comprendre mot pour mot ce que Nocte lui dit. Ce n'est pas nécessaire car quelques mots, le ton de son camarade, suffit à ce que l'émotion soit présente et ravive des larmes qui viennent à nouveau brûler ses yeux. Il pleurniche en silence dans son coin de la baignoire, recroquevillé sur lui même, cherchant à se faire tout petit et redevenir un enfant. Il écoute attentivement le sage qui lui raconte une histoire ; son histoire. La tragédie d'un homme disparu dans l'univers pendant sept ans sans le savoir, seul dans le noir. Celle d'un prince retenu prisonnier loin des siens. Il entend son prénom, il entend l'étoile, l'un et l'autre ne sont qu'un tout. Sa mère a choisi ce prénom pour une bonne raison et il n'y voit toujours que l'aspect tragique comme en tout chose. Arcturus est quelqu'un qui pense déjà à la fin alors que le film vient seulement de commencer. Nocte en parle comme si c'était le début. Comme si il était possible de briller même quand tout semble noir autour. C'est sans doute ça, l'espoir.

Il se laisse aller à détendre ses jambes et contrôler le rythme de sa respiration. La baignoire est trop petite pour qu'ils se cognent pas. Il a besoin de cette présence de toute façon qui lui permet de ne pas perdre pied avec la réalité. Il est injuste pour Nocte qu'il ne puisse même pas lui en vouloir. Il comprend un peu mieux maintenant en quoi la générosité de Wazn est si belle et pourquoi elle est si précieuse. Il comprend pourquoi son androïde essaye toujours un peu plus fort de prendre soin de lui, qu'il y a certains personnes qui sont incapables d'être mauvaises non pas parce qu'elles sont naïves ou stupides. Bien au contraire. Cela demande une force que le pilote n'a pas, une résilience qu'il ne connait pas. Il comprend en regardant Nocte qu'il avait cette tendresse à coté de lui mais que comme souvent, il ne préfère pas voir à cause de ses craintes. Des craintes qui n'ont aucun sens. Qu'il sera dur d'arpenter ce chemin et de changer ses travers. « Qu'elle est la suite de l'histoire ? » Le passé est inscrit, il ne peut plus être changé. Il ne lui reste que l'avenir, c'est la seule direction dans laquelle il peut pousser Nocte. Il en sait de se perdre dans le passé. « You can stay here. Until you figure out what to do. » C'est une invitation. Voir même un ordre. Nocte ne peut pas partir. Nocte doit rester. Nocte n'a aucune raison de refuser. Ils sont bien tous les deux, comme ça, c'est rare qu'il se sente bien avec quelqu'un, assez pour montrer ses failles qu'il le veuille ou non. « Stay here, with me. » Juste le temps de quelques semaines ou quelques mois. Pour toujours. Jusqu'à la prochaine crise, j'usqu'à ce que ça aille mieux.

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Ils possèdent tous des plaies. Tous des sanglots, des peurs, des peines. Ils sont humains ; et aux yeux de Nocte, il n'y a personne de plus humain qu'Arcturus. Beaucoup seraient ceux à dire le contraire. À porter des paroles offensantes envers son ami, son frère. Pourtant, il sait ; il sait que le coeur d'Arcturus est tant immense et si bon qu'il a brisé à un moment. Que même si le nouveau est fait de faux, il est plus vrai que bien d'autres. Il l'est trop, peut-être. Trop vrai et honnête. Arcturus est porteur de la peur ; une peur face à ses sentiments et face à sa propre sensibilité, ses propres faiblesses. Le prince les a toujoures vu ; au détour d'un regard, tard le soir parfois. À l'occasion d'un souffle ou d'un soupir, au travers d'un coeur brisé après un divorce pour un amour encore vibrant, entier. Pourtant, Nocte l'a toujours vu fort, entier. Nocte n'a jamais eu l'impression qu'il avait besoin d'être là à ses côtés pour avancer. Il s'est toujours dit, quelque part, que c'est lui qui avait besoin de lui plutôt que le contraire. Arcturus est plus fort qu'il n'ose le montrer, le croire. Il est aussi fort qu'il peut être fragile, à cet instant, tremblant et pleurant pour des peines qui ne possèdent aucun nom, pour Nocte. Qu'importe ; il ne demande pas. La chose lui importe si peu, en vérité. Si son frère a des larmes à faire couler, des pleures à libérer, il est là pour les écouter et le laisser aller.
Arcturus est dans l'excès et la retenue ; il faut l'observer pour savoir, selon l'émoi, sur quel pied est va danser. Nocte l'observe, toujours. Même loin, il l'observe avec son coeur. Il est toujours là, avec lui. Il a toujours été là, même lorsqu'il a été rejoindre Kael sur Seelos, après le divorce. Parce qu'il savait, quelque part, qu'Arcturus n'était pas celui des deux à avoir le plus besoin de sa présence. Peut-être qu'il avait faux, peut-être qu'il avait tort. L'acte appartient au passé et rien ne peut être changé.
Pour l'heure il est là, avec lui, dans l'eau chaude et les mousses. Il est là, à se baigner dans ses larmes.
- Qu'elle est la suite de l'histoire ? que lui demande son frère à la manière dont Evi le faisait, enfant. Et le prince sourit, lentement. Il l'observe avec tout les émois là, dans les yeux. You can stay here. Until you figure out what to do. Il le savait déjà. Arcturus n'avait pas besoin de le lui dire. Pourtant, le coeur se enfle à l'entente des paroles et Nocte sourit un peu plus. Le sourire n'a jamais de limite, sur ses lèvres.
Il sourit autant que l'autre pleure.
Il y a un reflet miroitant dans ses iris, comme il y a un sourire faible sur les lèvres d'Arcturus.
Il se complètent.
- yeah ? qu'il demande, la cuisse appuyée contre la sienne, la tête posée sur le bord du bain. Il est calme. Calme malgré son corps brisé, malgré son oeil qui ne voit rien. Il sent ses organes, à l'intérieur de lui, plus qu'il ne devrait. Son bras est engourdi. Son pied est lourd, plus que l'autre. Qu'importe. Arcturus est là, en sa compagnie. Le reste du monde est inconnu, mais les réponses viendront avec le temps. Son frère est en sa compagnie.
- Stay here, with me.
Nocte s'en va toujours ; il est libre, comme un oiseau. Il s'envole toujours à un moment. Mais une demande suffit pour qu'il reste. Une demande que son frère connait et prononce.
- Of course. qu'il répond, sa main allant serrer la cheville de l'autre, brièvement, pour lui montrer sa présence. Il aimerait le serrer dans ses bras.
Il se redresse alors ; il se redresse car Nocte ne possède aucune barrière, aucune frontière. Il est contraire à Atlan. Il se redresse et fait déborder l'eau du bain, fait valser la mousse et se laisse choir contre Arcturus qu'il presse, serre contre lui. Il le serre contre lui et il rit.
Un baiser est déposé contre la crinière humide, contre sa joue salée. Un autre échoue sur le front.
- staying with tsmukan. qu'il fait, le visage se pressant contre la tête de l'autre. Nocte ne s'écarte pas de la prise. Certainement qu'il en a de besoin plus que l'autre. la suite hmmmm.... Il hume délicatement, sa langue natale revenant. Il est triste d'être une étoile, dans le ciel. Une étoile au milieu du néant, brillant et loin de tout. Loin de tout car tout s'y brule, avec le temps. Arcturus brille, alors. Il brille fort pour attirer les gens, pour les éblouir et les captiver, mais il ne regarde jamais bien longtemps ceux qui sont captifs. Il ne comprends juste pas. Il ne réalise pas que ceux qui l'observent vraiment, qui l'aiment vraiment, s'arrêtent chaque nuit pour en observer la lueur dans le ciel et le chercher au travers de milliers d'autres étoiles. Il a plus souvent conscience de sa peine et ne réalise pas la véritable nature de sa bonté. Un autre baiser, là, dans la crinière. La tête s'appuyant contre la sienne. Il est l'étoile que son frère suit, dans le ciel, quand il est temps de rentrer à la maison.

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C'est sans doute ridicule, pourtant il a besoin de ça. Qu'on le serre fort dans ses bras sans arrière pensée. Non pas qu'il dénigre tout ce qu'il a vécu par le passé et il a conscience que ceux qui ont partagé son intimité sont loin de n'en avoir rien à faire de lui. Ils ont leur manière de s'inquiéter, ils ne voient pas certaines choses ou décident de ne pas y prêter attention. Les drogues savent rallumer dans ses yeux la lumière quand elle a été éteinte. Il ne laisse pas le temps de voir, il sait s'éclipser avant qu'on prenne le temps de prendre soin de lui. Peut-être qu'il est le premier qui part, qui trompe car il sait que personne voudrait le supporter au quotidien et devrait avoir à le faire. Il laisse Nocte venir à lui et s'allonger contre son corps, épouser ses formes. La baignoire déborde, il lui faudra éponger plus tard. Tant de choses à faire, du ménage qui l'attend, dans sa maison et dans sa vie. Il aurait du le faire plus tôt, mais Arcturus repousse toutes les échéances. Il ne veut pas accepter de grandir, d'avoir des responsabilités. Il préfère que ce soit les autres qui prennent les décisions à sa place, il préfère suivre des ordres, des principes. C'est la raison pour laquelle il a Wazn, pour s'occuper de lui quand il n'en est pas capable, bien souvent. Besoin qu'on le prenne par la main, qu'on lui montre et explique les choses.
Il est si calme à cet instant dans les bras de Nocte, la fatigue qui anesthésie son coeur douloureux, il sent le rythme s'apaiser et les sanglots s'arrêter doucement comme la fin d'une chanson, particulièrement triste. Ce soir est triste et même le temps dehors est triste. Il entend la pluie battre aux carreaux. Elle lui rappelle le soir où Kael est venu. Il doit ne plus avoir de larmes à forcer et si il n'y avait pas l'eau brûlante du bain, il serait en train de trembler. Elle l'aide à se détendre, en plus de la tendresse désintéressée de Nocte. Maintenant il veut connaître la fin de l'histoire. C'est tout ce qui lui importe, son histoire du soir. A une époque il aimait ça, les légendes. Nocte est une légende quand il pense. Il a rencontré des légendes, des princes, des généraux. Des gens qui n'ont rien d'insignifiant. Il n'est pas insignifiant non plus, il est Arcturus. Que ferait Nocte sans lui ? Et Aziel ? Il ne peut pas infliger ça à Aziel, Aziel à besoin de lui. Il s'accroche, aux épaules de Nocte à sa présence. Il s'accroche au bord du gouffre et il remonte. Il veut connaître la fin de l'histoire. Qu'elle est la fin de l'histoire ? L'histoire de l'étoile, de son étoile. De lui. Il s'accroche à tous ceux qui ne le laisseraient pas tomber. « Let's bring you home. » Il voudrait pouvoir l'emmener sur Atlan et lui dire que c'est là que se trouve sa maison, mais il préfère le serrer plus fort contre lui. Il est sa maison et Arcturus a envie qu'il reste, qu'il ne parte plus maintenant. Il peut le faire rester. « Thanks qu'il repète, encore. » Parce qu'il n'a pas encore prit la fuite et qu'il va rester avec lui. Ce soir il n'est pas en état, mais demain il promet d'être là pour lui. De faire tout ce qu'il n'a pas pu faire. « I want to go to bed. » Il se redresse légèrement et caresse sa joue. Il s'est changé les idées, maintenant il veut ne plus penser à rien, il veut dormir et faire taire définitivement ses pensées.

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Les mots s'arrêtent au bout d'un moment. Ils s'arrêtent toujours, à un moment. Nocte ne connait pas le futur. Il ne connait que le passé. Même le présent, parfois, lui échappe entièrement. Il n'est maître que de moindres choses ; des mots qu'il pose sur papier et de ceux qu'il prononce parfois. Arcturus est attentif, toujours. Il a toujours été attentif à ses histoires même à l'époque où il n'y comprenait rien. Combien de mois ont-ils passé, au tout début, à se comprendre au dela des mots ? Il y avait les sourires et les regards. il y avait plus que les mots et c'étaits suffisament, entièrement. Une grande part de sa vie a été prise sur Atlan à parler la même langue que ses parents. Et pourtant longtemps, il n'a pas été compris, ils ne se sont jamais compris. Même aujourd'hui, Nocte aurait de la difficulté à poser des mots sur ce que peuvent penser ses géniteurs. Ils sont là, ils existent et il les aime, souvent. Le coeur est plus entier envers eux lorsqu'il se trouve loin, pourtant. C'est un amour distant et entier qui se ternit sous le poids de leur regard, à l'entente des mots qu'ils ne comprennent pas.
Arcturus ne comprend pas ses mots, pas entièrement. Nocte se perd dans l'Atlanien et les paroles sont aussi fluides que douces. Les années sont nombreuses et la langue compliquée. L'homme n'en comprend que la moitié peut-être, mais il le comprend mieux que plusieurs. Il reconnait le timbre de sa voix, le poids de ses mots. Il entend le sentiment derrière, peut-être.
Il comprend.
- Let's bring you home.
Mais il doute de lui, aussi, constamment. Alors les doigts caressent la crinière, caresse la chair. La joue s'écrase contre sa tignasse tandis qu'Arcturus le serre encore, fort. Il étouffe si fort de lui-même qu'il tente de se libérer en serrant les autres. L'étreinte est douloureuse. Le corps est encore endolori par l'éveil et le long sommeil. Nocte se garde de faire un commentaire. Il nie la douleur, il nie les années passées. Le coeur n'est pas encore à cette étape. Il prendra un moment de digérer la chose plus tard. Elle est entière, dasn tous les cas. Une journée de plus ou de moins, elle ne changera pas.
- i'm already home qu'il répond, car c'est la vérité. La demeure du prince se trouve avec ceux qu'il aime et Arcturus est l'un des premiers a avoir pris son coeur. Il y a toujours un bout de lui avec l'homme. Une parcelle de sa demeure. Avec lui, il est à la maison.
- Thanks La caresse est aussi douce que douloureuse contre sa joue. Nocte l'observe un moment quitter l'eau et attend que son frère ait le dos tourné pour en faire tout autant. Dans son cas, le reste est plus lent, douloureux. Il peine à se déplacer dans l'eau et à se contortionner pour passer par dessus le rebord, et s'essuyer. I want to go to bed. que continue son frère, et Nocte hume. Les yeux fermés, il essuie son visage.
Il n'a pas la force de vider l'eau du bain. À quoi bon le faire ? Elle sera froide demain, et la chose pourra encore être faite. Ou le jour suivant, ou le jour d'après. Après sept années, les jours ne comptent pas. Les jours ne veulent rien dire.
- dormir, oui qu'il répond, un peu bas, un peu faible. Il est fatigué. Fatigué après avoir dormi si longtemps. L'idée de fermer les yeux laisse une angoisse dans ses veines, mais le prince a toujours ignoré ce genre de sentiments. Il le laisse être. Il sait qu'il se ternira avec le temps.
Alors, il quitte la salle de bain pour aller vers la chambre. Il en connait le chemin. La décoration est différente, mais l'endroit reste le même. Le slip, humide, se voit abandonné sur le sol et il ne demande pas pour fouiller dans les tiroirs et en prendre un autre, trop grand.
Arcturus se trouve déjà dans le lit, lorsqu'il y entre. À peine sa carcasse s'y glisse que l'autre s'approche. Le vide est creux pour l'un comme pour l'autre. Le prince laisse son bras passer autour de ses épaules et reste assis, presque, plutôt que coucher. Il lutte la fatigue, un peu.
- dors qu'il souffle, exige. dors. je veille. Juste un peu, juste à peine. Il s'endormira avec le souffle régulier d'Arcturus, quand l'idée qu'il est réveillé sera bien ancré dans son esprit agité. Il se met à humer alors, délicatement, tandis que de ses doigts fins, trop longs, il trace des arabesques contre l'épaule nue de son frère, pour l'endormir. Il s'endort à son tour plus tard, épuisé.
Pas pour sept années, cette fois.

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