(tw) fight it or accept it, fear it or control it (veereen#2)

Shireen frisonne. Il n’est jamais bien vêtu, il se souvient encore d’Hoth et de sa température glaciale, la morsure sur sa peau au travers des vêtements. De l’espace et des quartiers privés sur les destroyers, où même un peu de chaleur humaine se faisait rare. Il oublie de se couvrir pendant la mauvaise saison, au moins une fois par an Shireen attrape un rhume par manque de délicatesse. La mode est encore quelque chose qu’il choisit pour l’esthétique, en suivant les conseils de l’Empire et la propagande. Il ne fait pas ses propres choix, se laisse guider par les stylistes et ce qu’ils considèrent être beau. Ses choix sont applaudit par les partisans de l’empire, mais il sent bien qu’ils ne font pas l’unanimité. Il est nerveux à l’idée de revoir Vee et ne pas lui plaire. La dernière fois, il portait son uniforme et se promener sans et encore une sensation a laquelle il peine à s’habituer. Il reste dans des tons neutres, ne cherchant pas à sa faire remarquer. Il se sent protégé par ses grades et l’emblème sur son épaule, intouchable. C’est pour le mieux si il s’en débarrasse aujourd’hui, il y a des gens qui n’aiment pas, qui considèrent ceci comme un mauvais présage.
Qui n’aiment pas l’empire tout simplement, et il les comprend, pour être de leur avis. Il ne veut pas attirer l’attention sur lui et potentiellement sur Vee.

Il a pas mal ruminé depuis leurs retrouvailles. Le médic n’avait pas le sommeil lourd entre ses bras, il a comprit que ses nuits devaient être hantées par des cauchemars depuis longtemps et que tout ceci était la faute de ceux qui se sont débarrassés de lui. Il est en colère contre eux, en colère contre lui même. Il aurait du agir depuis longtemps, mais il avait peur. Ce n’est plus le cas maintenant. C’est aussi ce qui le motive aujourd’hui, en plus de la joie de revoir l’homme qu’il aime. Il entrevoit un avenir potentiel pour eux deux. Il a envie de le construire, main dans la main, de décider de ce qu’il doit faire, de ce dont il a envie. Shireen refuse qu’on lui dicte sa vie une seconde de plus.
Il va en parler avec Vee, et lui dire qu’il s’est décidé. Il va dire à son père tout ce qu’il pense, soulager sa conscience et laisser son passé derrière lui. Il ne sait pas encore comment il va s’y prendre, il compte sur son aide pour trouver les mots justes. Savoir si il doit officialiser son départ et passer pour un pleutre le restant de ses jours ou faire du bruit. Il pourrait éveiller d’autres consciences. Il ne peut pas être le seul qui ne supporte plus les décisions de leurs supérieurs. Le seul qui a envie que les choses bougent.
Une vie de fuite ne lui pas peur.

Shireen s’invite dans le vaisseau, après avoir garé son speeder plus loin. Il l’explore, à la recherche de ses occupants. Il doit remercier Gabyn d’avoir prit soin de Vee et lui donner des informations en retour de celles qu’il lui vole. Reen a décidé de ne plus garder ses petits secrets et dire ce qu’il a à dire pour que l’équipage puisse passer hors des radars et ne jamais se faire embêter. Il ne veut pas qu’une fouille trahisse la couverture de Mavee. Un officier peu expérimenté ne cherche pas plus loin, mais si il venait à tomber sur un de leurs anciens camarades ou un Sith qui pourrait découvrir la supercherie, les conséquence seraient grave. Reen ne sait pas comment il pourrait le sortir de là, si il fallait le faire extraire d’une cellule en urgence, il n’a pas ce pouvoir. Maintenant, si le doit, il tuera tous ceux qui se dressent sur sa route. C’est directement sur Vee qu’il tombe, après avoir fait un tour du priopriétaire. Il l’accueil avec grand sourire comme il sait si bien le faire, retire son manteau et se dirige dans son direction. « hi, you. » Le soldat s’approche et se met sur la pointe des pieds pour déposer un baiser fugace sur ses lèvres et prendre ses mains dans les siennes. Il a décidé que ce serait son rituel. Il a besoin de sentir les doigts de Vee dans les siens, de la savoir là et lui rappeler qu’il est là aussi et ne partira pas sans lui. « I missed you vee !  how are you, you look very pretty ? » Bientôt, il n’aura même plus à disparaître pendant de longues semaines à bord du Stargazer.

Il y a un confort familier dans le vaisseau ; le bumblebee est plus présent dans ses souvenirs que cet appartement dans lequel ils se trouvent depuis quelques semaines. Pourtant, Vee n'y a passé que de courtes périodes à bord lorsqu'ils se trouvainet sur Tatooine. Aux rares instants où Acil et Gabyn se trouvaient sur la planète, le vaisseau restait au sol, prêt de leur demeure misérable. Alors, le Médic pouvait s'y perdre brièvement, apprécié la froideur des métaux et le calme de l'endroit, loin du soleil et du sable irritant. Il y a quelque chose de familier, dans le métal ; comme si, une grande partie de sa vie, Vee l'avait passé dans les cieux et non sur terre ; pourtant, les premiers instants à bord, quand ils ont quitté tatooine, ont été pénibles. Il y avait un mal de coeur dans ses tripes, un mal de tête dans son crane. Une panique sourde dans ses veines sans qu'il n'en sache l'origine. Vee sait, quelque part ; il sait que retourner dans les cieux lui donnerait cette impression, encore. Peut-être est-ce pour cela qu'il grimace et refuse toues les missions que ses collègues lui offrent, dans l'univers. Il n'en veut pas. Il préfère encore les attendre ici, tout en bas, loin des étoiles. Il préfère encore avoir les narines pleines, un mal de tête désagréable et les yeux rougis que cette sensation effroyable dans ses veines. Elle est là, toujours ; un écho lointain dans son coeur, une ombre qui ne cesse de l'effleurer et qui guette un instant d'obscurité. C'est une chose qu'il tait ; une sensation qu'il garde sous silence, comme les absences et les migraines, comme les peurs et les colères, en lui. Il arrive encore, par moment, que les hurlement quittent ses lèvres et que les paroles soient violentes envers Jun-0. L'androide a compris comment y répondre, maintenant ; ses dernières mises à jour lui mettent de lui répondre d'une manière méritée et d'être aussi agressif dans ses mots, non sans toujours lui offrir son aide malgré tout. Mavee ne saurait dire où il serait, sans lui. Il a conscience de la chose mais elle fait partie des silences. De maigres paroles ont été dites à ce sujet, face à Reen, la dernière fois. Pourtant, l'idiot n'a pas quitté ses côtés. Pourtant, les messages n'ont pas cessés depuis leur rencontre et Vee, malgré ses envies multiples d'oublier et de continuer sa route, de le laisser derrière comme sa mémoire a décidé de le faire, s'est vu répondre à ses messages et à lui en envoyer d'abord, à propos de tout et de rien, à de multiples moments.
Il y a cette pensée, encore à l'instant, dans son esprit. Celle de balayer tout souvenir de leur rencontre et des sentiments confus et envahissants prenant par à l'intéreur de lui. Pourtant, Vee se trouve dans le vaisseau, nettoyant les saletés venant de la dernière mission de Gabyn. L'esprit est concentré à la tâche et une grande part reste portant axée sur la venue de Shireen. Il n'est pas certain que ce soit une bonne idée. Le passé ne lui apparvient plus. L'homme se trouvant dans le coeur de l'autre est mort pendant le crash il y a un moment, déjà. Les doigts sont douloureux, serrés autour du torchon, tandis que Vee essaie de faire disparaître une étrange trace de graisse dans le compartiment principale du vaisseau. hi, you. La tension des doigts s'accentue alors que celle des épaules se calme. Vee se redresse, sourcil froncé. Il lui offre une mauvaise mine qui est vite stoppée par un baiser, bref, posé sur ses lèvres. Déjà, un souffle quitte ses narines et certes, il reste bourru de longues secondes encore, mais les prunelles sont plus douces, un brin, posées sur lui. I missed you vee !  how are you, you look very pretty ? Les doigts tiennent les siens en otage et Vee grimace, l'iris allant sur ses habits. Il ne porte rien de spectaculaire. Les vêtements ont été choisis rapidement avec l'idée que la chose n'allait pas avoir lieu, aujourd'hui. Un message attend sur son holo, en brouillon, qu'il a écrit cent fois et qu'il n'a jamais envoyé. La bouche se tord et d'un mouvement doux, quoique brusque et aussi, tremblant, il effleure de son pouce le revers de sa main. fine qu'il dit, bref, à déposer son torchon et à hausser des épaules, tout bonnement.
La bouche se tord, un peu, et l'iris lorgne sur les habits de l'autre. Vee fronce des sourcils, un brin. tu fous quoi habiller comme ça ? Déjà, les doigts quittent les siens et les deux mains se posent contre ses bras, les frottant brièvement. La mine se fait plus sombre. farg, t'es g'lé. t'avais quoi comme idée en tête, exactement ? si j'avais un truc pour les glaçons j'serais allé m'installer sur hoth, pas ici. Le regard reste sombre et empli de jugements tandis qu'il frotte ses bras pendant presque une minute, encore. Puis, un peu plus certain de sa température, il expire encore par les narines, comme un boeuf, avant de laisser ses mains s'arrêter sur ses épaules. L'une d'elles coule jusqu'à sa nuque qu'il capture et il lui vole un baiser à son tour, plus accentué, vorace. idiot. et ça s'dit commandant. Il reste là, un court instant. Au bord de ses lippes, une main contre sa nuque, son front appuyé au sien. Puis, Vee se défait de la faiblesse et de la tendresse de l'instant. La main se défait de lui et les lèvres pincées, il reprend son torchon pour l'envoyer dans une corbeille, plus loin. c'pas parce que tu passais ta vie à v'nir me voir à l'infirmerie que tu dois tomber malade pour v'nir ici, idiot. reste chez toi la prochaine fois si t'as pas une meilleure idée que ça.

Il est venu le temps des révélations, de se défaire de l’emprise que son père emploie contre lui depuis presque toujours. Le commandant ne désire plus donner d’ordres dans ces conditions. Reen ne nie pas aimer le pouvoir, mais sa vision de celui-ci ne conviendra jamais avec l’idéologie de l’Empire. Au fond de lui, Shireen a toujours su qu’il n’était pas à sa place, chez le Kirk aussi. Il n’a choisi ni la coté lumineux ni le coté obscur car il n’est rien de tout ça, il est l’ensemble. Il n’aurait pu être un Jedi ou Sith, se retrouver enfermé dans une case parce qu’on essaye de le faire plier. De lui trouver une place, pour que ce soit plus facile pour les autres. Ce sont eux qui ont le plus de mal à admettre qu’il est lui même et infiniment plus complexe qu’une bonne ou une mauvaise personne. Ils n’aiment pas, ils n’aiment pas être incapable de le cerner ou croire savoir de lui. Il leur montre ce qu’il désire montrer. Shireen veut mettre un terme à tout ça et enfin être en paix avec lui, que cela passe par la réalisation de ses rêves ou une fuite. Il peut aller jusqu’à mourir pour ça, car au moins, il mourra libre. Sa détermination ne connaît plus de limites. Si ses frères et sœurs l’aiment, alors ils comprendront. Il lui semble qu’il n’y a jamais eu d’amour entre eux, des règles, des idées, des espoirs. Pas d’amour. Mavee ne le laissera pas se sacrifier inutilement, il peut compter sur lui pour lui donner le courage de surmonter les épreuves qui suivront. Ce n’est pas un poids qu’il veut lui imposer, être un boulet, quelque chose qu’il devra assumer toute sa vie.
C’est la raison pour laquelle, avant toute chose, avant que ne Reen concrétise le plan qui se met en place, il lui faut en discuter et expliquer le déroulement. Pourquoi. Comment. Le rassurer, même si l’autre ne voudra pas l’entendre et cherchera peut-être à la dissuader. Le commandant est effrayé de sa réaction, voudrait rentrer dans le jeu de la tendresse et rester dans ses bras toute la journée et peut-être glisser sous ses draps pour se réchauffer. Il serait plus simple de reporter à demain les décisions qui doivent être prises fermement. Il ne peut pas prendre le risque de l’embarquer là dedans, de lui demander de l’accompagner. Cependant, il a le droit de savoir, si Reen doit ne jamais revenir, pourquoi il est parti. Pour leur offrir la perspective d’un avenir qui soit réel. Il veut du concret désormais, il veut pouvoir construire quelque chose de ses propres mains, qu’il a décidé et quand il le décide. Ne plus jamais laisser quelque d’autre lui dire ce qu’il doit faire et ne plus avoir à mener des hommes vers une mort certaine. Shireen ne pourra jamais effacer ses actes et faire taire l’attrait pour la guerre dans ses veines. Sa colère est au service d’un autre, le but est de la remettre entre ses mains là où elle devrait se trouver et prouver qu’il est capable, là où tout le monde pense qu’il va échouer. Reen n’est pas inquiet. Si demain il doit vivre de primes, il sait qu’il en sera capable. Mort ou vivant. Il a cette capacité de se détacher des autres pour ne se focaliser que sur ceux qu’il choisit. Il sait être égoïste. L’empire ne veut pas le voir, car ils sont attachés à l’idiot généreux qu’il leur a montré. Ils feront toujours des erreurs de la sorte et un jour peut-être, l’empire tombera définitivement et Reen ira danser sur les ruines. Ils ne sont pas sa famille.
Ils ne l’ont jamais été.

« warm me up then » Qu'il le tente, pour réchauffer l'atmosphère aussi. Shireen doute encore. Cette relation est nouvelle tout comme les sentiments. Ce n'est pas une chose pour laquelle il peut se baser sur des expériences vécues puisque tout est nouveau, tout est à apprendre. Il veut être patient et laisser Vee venir à lui quand il se sent prêt pour ne pas lui imposer quoi que ce soit. C'est ce contre quoi il lutte, il ne veut pas le mettre dans une posture désagréable. « but i have something to tell you before. » Il pose ses mains sur ses épaules comme il le ferait avec un soldat à qui il doit faire une annonce douloureuse. « unless you're too distracted now. » Il a l'impression que ce ne sera jamais le bon moment. Il a passé trop de temps à mentir, au point où avouer les choses aura forcément des conséquences. Il a de la chance que Vee ne soit plus du côté de l'empire, il espère. Après ce qu'ils lui ont fait.

Mavee n'aime pas particulièrement faire le ménage ; ni dans sa tête, ni dans le vaisseau, ni ailleurs. C'est Jun-0 qui possède ce talent ; l'androide massacre tout sur son passage et impose son idée de la propreté aux autres. Peut-être que Vee devrait lui laisser s'occuper des lieux mais, en vérité, le ménage l'empêche aussi de se casser l'esprit avec sa tête. Et avec son coeur. Il y a trop de choses dans sa tête, dans son coeur, depuis un moment. Un bordel sans nom qui se confond, qui se perturbe. Le tout devient plus calme et plus bruyant dés que Shireen est dans son champ de vision. Il avait oublié la chose mais maintenant, elle l'attaque un peu vivement. Elle dérange. C'est un monde étrange dans lequel il se noie et tente de refaire surface et pourtant, y plonge une nouvelle fois. Vee ne saurait dire comment il se doit de doser les choses. Les souvenirs associées aux relations sont flous, mais assez précis pour lui faire comprendre que les sentiments n'étaient pas entièrement là. Du moins, aucun similaire à ceux qui, étranges et confus, importants, sont présents en lui. Vee n'est pas certain de vouloir la chose ; il y a trop de zones floues, de choses inconnues, et le médic en a déjà assez de cette tête qu'il possède, brisée et étrange, qui lui apporte des migraines et des douleurs particulières à l'occasion. Shireen est une source de douleur. Pour toutes ces choses qu'il lui rappelle, pour les échos qui viennent avec ceux-ci. Mais aussi, il est une source de douceur ; une étrangeté qui le percute et qui danse contre lui, qui le porte vers un meilleur étrange qu'il ne connait pas parfaitement. Il ne saurait dire si le sentiment est bon. Il ne saurait y mettre un nom exact. La chose est importante, lourde et aveugle contre lui, les iris posées sur Shireen, le corps tendu uniquement à son approche, uniquement face à la proximité. Pourtant, il ne veut que fondre contre lui et hurler, peut-être, l'insulter uniquement pour ces sentiments qu'il fait naître en lui. Vee n'aime pas la confusion. Pourtant, il y nage constamment. Il y a quelque chose associé à Reen qui est pourtant clair, trop clair, au point d'être aveuglant. Il ne peut l'observer que de maigres instants.
Comment quelqu'un de si aveuglant peut être autant glacé ? warm me up then Les paroles sont chaudes, contrairement à la peau. Vee braque sa machoire et garde une distance, encore. L'iris lorgne vers lui, s'accroche de nouveau à ses traits puis à ses bouclettes. Elles semblent humides, un peu. Peut-être qu'il y a mis un produit. for what ? qu'il gronde, bien qu'il est à deux doigts de le faire. Le ménage a déjà été abandonné, le torchon dans la poubelle et ses mains rêches par les produits ne veulent que se poser sur ses traits, encore. but i have something to tell you before. Les sourcils se froncent. Vee est porté à faire un pas de recul mais les mains sur ses épaules l'empêchent. Le regard ne peut que se poser au creux du sien, lui apportant un vertige. Il n'aime pas la situation. Il n'aime pas le ton de sa voix. Vee aimerait juste l'envoyer se faire foutre, déjà. unless you're too distracted now. Mais les mots frappent et il se braque de nouveau pour tout, pour rien. Les lèvres se tordent et restent pincées un moment, le coeur s'affole dans sa poitrine et il gronde. no i'm not. tell me now. Il expire par les narines, l'observe et fait la tête, un moment, avant de poser ses mains un peu brusquement contre ses avant bras. Il faut un moment avant qu'un geste doux ne prenne place, ses paumes glissant contre sa peau, un peu, de ses coudes à ses biceps. arrête d'avoir l'air sérieux et dis moi ton truc. c'est quoi, tu r'viens sur tes pas ? Il tente la plaisanterie, un brin, mais le simple fait de prononcer les mots crée une angoisse dans ses veines. Elle est visible dans ses yeux. Ses mains se referment sur ses bras ; Vee inspire pour ne pas serrer trop fort. reen ? qu'il demande, bas, le regard dur, les sourcils froncés. La peau de l'autre est toujours aussi chaude sous ses doigts ; le médic brule de chaleur, pourtant. Un mélange de confusion et d'angoisse, un élan d'émotions étrange qui le parcourt, brusquement. Il n'apprécie pas la chose. Il voudrait le garder contre lui, le réchauffer, retirer les mots de sa langue, déjà. Peut-être que Shireen possède des doutes. Peut-être que Vee peut les éteindre. et c'quoi ce bordel que j'dois attendre pour te réchauffer ? tu sais quoi ? arrête de faire le con, viens là. La pression est moindre, contre ses bras. Pourtant, Vee le quitte vers une des cabines, juste là, pour qu'il prenne place sur son lit. L'endroit ne possède rien ; elle est vide, outre les carnets de dessins qu'il possède et qu'il n'a pas encore ramené à l'appartement. Ils sont trop nombreux et les dessins ne ressemblent à rien, pour la plupart. Des portraits vagues venant de ses souvenirs. pose ton cul là qu'il exige en le poussant sur le lit, le forçant à s'assoir, avant de prendre un plaid acceptable. Le médic s'assoit à côté de lui, sa jambe valide repliée sous son corps, et les enfoui sur la couverture. bon dis moi. qu'il demande, encore, même s'il n'est pas prêt. Le regard est ailleurs. Vee a lié ses mains ; il joue avec eux nerveusement, de la même manière qu'il dévore sa propre lèvre.

Reen sent que la matelas de Vee s'enfonce sous son poids. Le confort de la chambre est rudimentaire, il lui rappelle celle qu'il possèdent sur le destroyer, bien que désormais commandant ses quartiers sont plus spacieux est agréable. Pour autant il n'en fait rien, décore à peine, il laisse la poussière s'accumuler sur les membres chaque semaine avant de faire le ménage et se promettre d'un apporter une touche plus personnelle. Il se sent bien mieux ici, les bras du médic y sont pour quelque chose. Il n'y a pas grand chose à regarder, mais il est attentif au moindre détail, curieux d'en apprendre plus sur ce Vee là. Dans les moindres détails, il veut connaître tout ce qu'il aime, si il y a une couleur qui revient souvent dans ses vêtements et qu'il serait susceptible de préférer, si il y a un parfum qu'il porte en particulier ou des objets qu'il aime collectionner. Il veut pouvoir se perdre dans ses bras. Shireen fronce les sourcils, pour la première exprimant réellement de la désapprobation et du jugement. Il pense qu'il va le quitter ? C'est bien loin de la vérité, ce n'est pas lui que Reen quitte, c'est l'empire et ses responsabilités. « c'est sérieux vee, mais ce n'est pas ça. je veux rester avec toi. » Si tout se passe comme prévu, il aura même le temps d'en avoir marre de lui.

« ça te plait, d'être avec les chasseurs de primes ?   » Il commence, faisant durer le plaisir et surtout parce qu'il cherche une manière de l'annoncer sans être brusque. "Je vais déserter" sonne bien trop dramatique, même pour lui et alarmant. Reen a préparé son plan avec une froideur extrême, il a tout planifié. Avec de l'aide, il sera ressorti à peine entré et il aura récupéré le seul souvenir qu'il veut emporter. « je n'aime pas l'empire. » Qu'il avoue simplement. Et ça pourrait s'arrêter là. On ne fait pas toujours ce qu'on veut sa vie. Ils sont nombreux à s'enrôler sans grande conviction, parce qu'il faut bien faire quelque chose et les campagnes savent se montrer convaincantes. Pour certains un repas chaud et un toit c'est une offre suffisament alléchante pour vêtir l'armure d'un stormtrooper et passer ses journées à surveiller des corridors vides. Il en croise qui s'ennuient, souvent et qui font mine de changer de conversation quand il s'approche alors qu'ils sait très bien que leur priorité concerne les dernières séries du moment. Il est prêt à parier que certains ont déjà oubliés le nom de l'empereur. Ils servent un homme qu'ils ne vont jamais rencontrer, de toute façon, alors à quoi bon retenir son nom. Ils devraient se concentrer sur leurs tirs.
C'est plus fort encore pour lui. Il ne l'aime pas et en plus il peut le trahir. Il va le faire. Il prend son courage à deux mains, finalement et se tourne vers Vee pour lui caresser la joue et lui faire face, enroulé dans le plaid. Ses genoux se cognent avec les siens, il frisonne de cette proximité nouvelle. Il réalise qu'il avait froid car désormais il est brûlant. Le métal n'y change rien. « mon père ne me laissera jamais partir alors il faut que je m'occupe du problème à sa source. je vais m'enfuir vee. je vais m'enfuir de l'empire et vivre la vie que je veux mener. » Il tient maintenant son visage en couple, tout sourire, euphorique. Vee ne comprend t-il donc pas ? Tout ce qu'il lui a apporté ? « c'est grâce à toi. tu m'as fait réaliser que c'est toi que je veux. pas de beaux grades. je veux juste être avec toi et loin d'eux. » Il l'embrasse, bien moins chastement que les dernières fois. C'est sa déclaration à lui. Vee est sans ancrage dans sa nouvelle vie, dans son nouveau monde. Il est la raison, pas l'excuse.

La tête reste basse, les paroles rassurent ; les joues portent une teinte de rouge qu'il peut sentir. Le corps bourdonne par la chaleur parcourant son être ; Vee est vif. Vif de ses sentiments, vif de ses faiblesses, aussi. Sa chair porte des marques alarmantes de ces choses qu'il pourrait nier fort, à hurler et s'arracher la gorge. Il n'est pas désolé pour la chose ; il ne dit rien, plutôt, qu'importe le soulagement posé sur son coeur, qu'importe la douceur des sentiments qu'il ressent. Vee ne les comprend pas, encore. Le passé est une chose qui lui fait. Shireen fait parti du passé ; un souvenir sous forme humaine qui le percute et qui revient, mais qu'il n'a pas la force de repousser. Il le garde contre lui ; il veut le garder contre lui. Pourtant, lorsque le soldat n'est pas là, Vee est apte à affirmer haut et fort que sa présence le dérange, qu'il ne veut pas de lui, qu'il le rejetera la prochaine fois. La tête parle ; la peur, surtout. Cette manière brusque qu'il possède de rejeter toute chose proche de ses sentiments. Cette manière violente qu'il possède de cracher sur ses propres sentiments car il ne les comprend pas, car ils posent une peur lourde en lui. Vee ne se considère pas particulièrement égoisme. Il possède une vision propre de son monde, de sa personne. Il affronte des choses et ne recule pas, une fois décidé. Mais son coeur et sa mémoire, le passé et les blessures sont des choses qui le laissent figé, incapable de bouger. Il ne sait pas comment il était, autrefois. Il ne sait pas comment était Mavee, face à Shireen amoureux. Personne ne le connait du passé, outre l'homme face à lui. Personne n'a connu Mavee. Il pourrait bien chercher des gens, mais les paroles offertes par Shireen prouvent qu'il est un traitre et que sa tête est mise à prix, s'il reprend vie sous les yeux fous des gens. Mavee Waul était un traitre et il est mort. L'histoire se termine là, et le passé ne peut être changé. Vee ne désire pas le faire, non plus, il désire uniquement.
Uniquement.
Quelque chose.
Il ne sait pas. Le regard posé sur ses mains liées, le coeur serré et les joues rouges par les paroles réconfortantes, il ne sait pas. Il ne sait rien. Ni du passé, ni du présent, ni du futur. Il ignore son coeur et celui des autres, aussi. Il ne sait rien, sauf le poids de sa colère, contre la chaleur des mans de Shireen et aussi, le toucher de ses baisers. ça te plait, d'être avec les chasseurs de primes ?   La question tombe et détonne. Le médic offre un regard perplexe à Shireen, l'air de se demander si cet idiot s'est cogné la tête. Il garde un sourcil haussé, un moment, avant de grimacer et de répondre. j'suis pas chasseur de prime. j'traine avec une bande de chasseurs de prime. j'suis encore médic. qu'il grommelle entre ses lèvres. Il hausse des épaules, un peu. 'fin j'imagine que les missions sont pas toutes emmerdantes. qu'il offre tout de même, comme semblant de réponse .Pourquoi Shireen lui demande ça ? Vee est sceptique. Il espère qu'il ne lui a pas trouvé un travail respectacle, ou une bétise du genre. je n'aime pas l'empire. Les sourcils se froncent. Mavee l'observe, attend la suite, n'entend rien. Shireen fixe quelque chose, un peu plus loin. Okay ? qu'il fait, pour pousser la conversation. Il y a une angoisse, dans son ventre. Une autre forme de bourdonnement, dans sa tête. Elle ne vient pas de la chaleur du geste, de la proximité de son être. Mavee est tendu, un brin. Une tension qui se glisse dans sa machoire et qui éveille un maigre mal de tête. Ça arrive à tout le monde qu'il lâche, juste, parce que l'instant dérange, parce que la conversation ne mène nulle part. Shireen le perd avec ses mots et son désir d'avoir une conversation importante. Vee n'est pas patient ; il est habité par une force brusque et folle, et elle s'affolle.
Shireen bouge brusquement ; le corps de Vee se fige, presque, tandis ses jambes font face aux siennes et que son visage est capturé par ses mains. Le geste est intime ; il est déjà familier. Le regard fuit, un instant. Il fuit car il n'a pas l'habitude, car il a oublié déjà, car il y a trop de choses à voir, dans le noir de ses prunelles. Mais Vee est entêté et brave, parfois ; alors, il affronte son regard. mon père ne me laissera jamais partir alors il faut que je m'occupe du problème à sa source. je vais m'enfuir vee. je vais m'enfuir de l'empire et vivre la vie que je veux mener.   Il y a ce bourdonnement, encore. Non pas celui qui est confortable. Pas celui associé à son coeur, fou, et aux sentiments. Celui plus lourd, qui étouffe, venant avec ses migraines. Vee l'observe et ne cille pas. c'est grâce à toi. tu m'as fait réaliser que c'est toi que je veux. pas de beaux grades. je veux juste être avec toi et loin d'eux. Le baiser est bon, contre ses lèvres. Le baiser porte un pansement sur ce qui est ressenti. Il n'est pas magique, pourtant. Il n'est pas miraculeux. Si les baisers pouvaient guérir, faire disparaitres les mots, alors Vee n'aurait pas de travail. Mais il ne sait pas soigner ce qu'il a. Il ne sait pas, non plus, ce qu'il a. Juste que le corps est tendu, en entier, et que sa tête hurle, et que ses doigts tremblent. Ils tremblent tandis qu'il les pose contre les poignets de Shireen et qu'il les éloigne de son visage, en même temps qu'il éloigne celui-ci du sien. tu peux pas faire ça qu'il fait, la voix faible et rauque, le regard agité, les doigts solides contre ses poignets. tu peux pas quitter l'empire. tu peux pas fuir - tu - Le souffle s'affole, les yeux grand ouverts et le poul rapide. Vee tremble. Les pupilles sont immenses, les lèvres sèchent. Il y passe sa langue, une fois puis deux. faut pas trahir l'empire qu'il dit, avec plus de conviction, de certitude, et pourtant il parait perdu, presque. Le regard s'accroche au sien. grâce à moi ? qu'il demande, et la tête lui fait mal, si mal. Et les doigts tremblent, à tenir ses poignets, si bien qu'il fait agité ses bras, aussi, par le fait même. La voix est basse, faible, brisée. Les yeux s'embuent. faut pas quitter l'empire. pas la quitter, ni la trahir. ça se fait pas, reen. ça se fait pas, tu m'entends ? qu'il dit, encore, en boucle. Et l'une de ses mains lâche sa poigne pour aller se poser contre l'une de ses tempes. La tête lui fait si mal.

Il lui a fallu du temps pour accepter cette idée qui germait au fond de lui. Il ne peut pas prendre à la légère le fait qu'il est prêt à laisser derrière lui l'intégralité de ce qui l'a construit. Il n'y a eu que l'empire dans sa vie, depuis qu'il est enfant. Des discours de libération, de promesses de libertés. Ce genre de choses auxquelles ont veut croire lorsqu'on a dix ans, qui finissent pas avoir un arrière goût de publicité mensongère plus l'on vieillit. C'est comme croire à l'existence de Mando Klaus, il y a un jour où tout cela s'arrête et on réalise qu'aucune force supérieure ne régit l'univers. Ce sont des hommes qui le façonnent pour le meilleur et surtout pour le pire. Toute cette foi en l'humanité que Shireen garde précieuse s'éteint étoile après étoile dans la nuit de l'âme. Il doit pouvoir penser à lui. Il va lui falloir mourir pour renaître. Tuer son héritage pour devenir le vrai Shireen. Il est persuadé qu'il ne pourra le faire seul. Il n'est pas encore prêt à aller au devant de ses doutes et faire pleinement confiance à son instinct. Il aurait aimé avoir la Force lui aussi. Mais il n'a pas apprit à la tirer à son avantage, à user de ce merveilleux don que l'existence lui a offert. Ca n'a été pour lui qu'un fardeau. Un poids qu'il se traîne, des railleries et des moqueries de la part de ses frères qui ne comprennent.
Non, ils ne comprennent pas que Shireen en avait eu le pouvoir, il ne serait pas là à se poser des questions et il aurait déjà semé le chaos autour de lui.

Il peut sentir que Vee n'est pas totalement d'accord avec ses propos. Il en déduit dans un premier temps que Vee sait mieux que quiconque ce qu'ils sont capable de faire aux traitres et qu'il a peur pour lui. Sauf qu'il y autre chose dans ses yeux. Autre chose qui lui déplait fortement, qui brise quelque chose en lui. Shireen sait, lui, qu'il n'y a pas d'autres solutions. Il ne veut pas devenir le traître qui donne des informations à l'ennemi et alimenter cette guerre souterraine. Il en a assez des combats, assez de devoir faire des choix qui n'en sont pas. Assez de déterminer ce qui doit vivre et mourir, il n'en a aucun droit. Personne ne le peut. L'un comme l'autre ne sont pas bons, ce serait à nouveau tomber dans un schéma où il y aura quelqu'un au dessus de sa tête, des ordres, des devoirs, des dirigeants qui oublient la notion d'homme. Les dictateurs se succèdent sans cesse, le pouvoir rend fou. Il l'a vu chez son propre père. La seule solution, c'est de partir. Tout simplement. C'est d'abandonner. Parfois, il faut accepter la retraite, quelque chose que ses supérieurs ont du mal à concevoir car ils l'associent à la défaite. Shireen n'est pas en train de perde. Il n'est pas un lâche. Il gagne son propre combat. Il prend une décision qui aura des conséquences jusqu'au restant de ses jours. Qui sait, il pourrait être amené à devoir changer d'apparence. Il pourrait ne pas profiter de son repos, lorsque des chasseurs de primes viendront récupérer sa tête.
Toutes ces incertitudes pourraient le faire reculer. Au lieu de cela, il veut rester confiant. Ce n'est pas un choix lâche, de sacrifier son confort pour une vie plus en accord avec sa morale.

Ses mains viennent se reposer sur ses cuisses qu'il frotte nerveusement, comme si cela suffisait à chasser ses craintes. Il a le regard ailleurs, qui quitte le visage de Vee et se passionne pour un mur neutre. La chambre de Vee est comme sa mémoire, elle est pleine de vide. D'apparence il n'y a rien qui cloche et puis quand il parle Shireen réalise qu'il y a eu des dégâts. C'est une toile à restaurer, mais comment pourrait-il l'aider alors qu'il en sait si peu sur lui ?  De là à dire que trahir l'empire c'est mal ? Le soldat déglutit difficilement. Il y a quelque chose qui se brise à l'intérieur de lui, son sourire qui malgré tout son énergie n'est pas capable de rester plus longtemps sur ses lèvres. Un mouvement de recul incontrôlable qui le prend, comme si soudain Vee émettait un champ d'énergie qui le repoussait. Comme prendre un tir de blaster, comme un écho à travers l'armure. Il ne comprend pas ce que Vee veut dire, il ne comprend pas comment celui qui a été envoyé dans l'espace, laissé pour mort par l'Empire peut encore avoir foi en lui. Et surtout, pourquoi.
Il veut croire que le médic qui parle, qui n'a pas envie de le rafistoler. Qu'il se rassure, Shireen a l'intention de revenir en un seul morceau, il ne veut pas perdre tout ce qu'il a construit avec lui et tout ce qu'il pourrait vivre en sa compagnie sous prétexte d'une vengeance qui tourne mal. Ce n'est pas une mission suicide, il n'assassine que sa carrière.  Il n'a pas l'intention de se laisser vaincre, il sait qu'il peut y arriver. Avec les bons alliés et les bonnes méthodes. Il a déjà tissé sa toile, il connaît des gens qui pourront l'aider au bon moment et qui ne comprendront que trop tard ce qu'il a en fait derrière la tête. Il est l'empire, il sait de quoi il parle. Il était là quand il s'agissait encore du First Order, il connait ses failles mieux que n'importe qui d'autre, pour en être une lui même. Une erreur dans leur programme d'endoctrinement parfait. il doit il y avoir d'autres erreurs comme lui qui sauront se réjouir de son acte solitaire. « vee... you don't get it. » Il souffle avec douceur. « after everything they did you you ? it's over now. enough excuses. enough being afraid. » Ce n'est pas ce qu'il devrait lui souhaiter ? Il sait que Reen est doux. Il sait que Reen n'est pas un tueur, il l'a été par la force des choses. « what is happening ? talk to me vee. are you hurt ? what did they do to you ? » Il a quelque chose qui cloche, encore, dans la tête de Vee. Qui le pousse à le reprendre dans ses bras pour le serrer fort contre lui. « you don't understand vee, I do this for us. for me. »

Il y a des bourdonnements, dans sa tête. Des tempêtes lourdes et immenses qu'il ne voit pas arriver, et qui l'agressent toujours brusquement, sans retenue. Mavee n'a pas le contrôle de son être ; il est impulsif, brisé et désarticulé. Les mots quittent ses lèvres avant même d'être formé entièrement dans son esprit. Il s'égare et se perd, toujours un peu plus, sans se trouver. Car la tempête est immense, elle est immense et infinie et il ne sait rien faire d'autres qu'en attendre la fin. Mais elle est là ; elle est, dans son coeur. Elle résonne avec ses paroles et ses pensées. Vee est la tempête. Il est une chose incomprise par plusieurs et par lui-même, surtout. Une chose qui ne possède pas de commencement, ni même de milieu. Une chose qui devrait avoir pris fin il y a deux ans maintenant et qui reste pourtant, à l'instant. Qui existe à cet instant précis, ébranlé et fissuré, empli de douleur et de supplice, empli de maux et de sanglots. Vee n'aime pas écouter ses peines ; il ne possède que cela, des peines. Des peines sans mots et des colères aussi hautes que bien des monts. Les interrogations résonnent dans ses os et dans son âme, hurlent si fort qu'il ne saurait pas les ignorer, même en étant sourd. Et pourtant, le médic sait être sourd. À ses douleurs, à ses besoins ; il est sourd face à cela. C'est ainsi, après tout, qu'il parvient à marcher. Qu'il parvient à avancer, et laisser cette impression d'être mieux, pour plusieurs. On croit souvent que Vee va mieux ; que les deux années de douleur se sont dissipé et qu'il possède un calme à son âme, maintenant. Qu'il a fait la peine avec ses maux et ses noirceurs, et qu'il va vers la lumière. Vee porte encore ses maux ; s'il semble être mieux, c'est pour les autres, pour les airs inquiets sur leurs traits et la lueur triste, dans leurs yeux. C'est pour Jun-0, toujours à son chevet, toujours trop présent, dans les deux dernières années, qui a tant fait pour lui. Qui mérite mieux que d'être au chevet d'un homme ne désire rien, pas même pas vie, pas même son propre coeur, alors que l'autre lui a offert sa jambe, comme ça, sans exiger rien.
Vee n'est rien. Vee ne s'est pas calmé. Vee est toujours une tempête ; un torrent de vents et de pluie, de froid et de tremblement. Il tait ses hurlements, il met fin à cette fermeture qu'il affichait toujours, avant. Combien de fois a-t-il hurlé au point d'en perdre la voix ? Combien de fois a-t-il continué d'hurler alors que ses cordes vocales saignaient tant il ne voulait rien savoir ? Les hurlements sont muets, maintenant. Il les garde pour lui, il ne les écoute même pas. Ils se perdent au travers du vent et des larmes qui le traversent parfois. Les pleurs de rage se font au travers des allergies et parfois, seul dans ses draps. Vee ne va pas bien. Il le laisse entendre ; il offre des brins de son coeur, des brins de paroles. Il donne le maigre offert qu'on lui a demnadé pendant si longtemps, et les gens s'en contentent. Voilà comment sont les choses.
Mais Vee, il ne va pas bien. Il possède un coeur, une tête et une âme. Trop de choses pour lui, trop immenses, tandis qu'il reste dans un coin et ne demande rien, en échange. Il ne vient rien de cela, déjà. Shireen ne devrait même pas être là. Reen n'a pas été calculé, dans les derniers mois. Et pourtant, le voilà là.
Les vents sont déjà puissants. La tempête fait rage mais Vee sait la garder calme. Shireen remue son coeur comme il remue sa tête, ses souvenirs et l'ensemble ne peut que constituer la tempête. Et elle gronde, à cet instant. Elle gronde, elle hurle et elle pleure. Et Vee a mal ; il souffre à sa tête, il souffre à son coeur. Il y a un bourdonnement, entre ses oreilles, qui fait terriblement mal. Et Shireen ne comprend pas. Évidemment qu'il ne comprend pas. Vee ne comprend pas lui-même l'ampleur de ses douleurs. vee... you don't get it. Il a envie de rire. Un rire court, sec. Rien de sort ; il manque de souffle, peut-être. after everything they did you you ? it's over now. enough excuses. enough being afraid. Est-ce une excuse ? Est-ce la peur ? Vee pourrait se demander. Il pourrait chercher à compendre, se poser des questions et enfin, trouver des réponses peut-être. Mais les questions semblent impossibles. Et les réponses, elles existent déjà. Elles tournent en boucle dans son esprit. Trahir l'empire ne se fait pas. Il ne peut pas. Il ne peut tout simplement pas. what is happening ? talk to me vee. are you hurt ? what did they do to you ? Qu'ont-ils fait ? Vee se demande. Vee se demande et juste avec la question, une douleur le frappe. Elle lui engourdit l'esprit. Elle le capture, comme Reen le fait avec la puissance de ses bras. Il étouffe à l'intérieur comme à l'extérieur. you don't understand vee, I do this for us. for me. Contre lui, il secoue sa tête. Il secoue sa tête et tremble, le front posé contre sa clavicule, le corps douloureux tant il est tendu et recroquillé sur lui-même.
Normalement, Vee n'est qu'hurlements. Il est une tempête folle et brusque, des cris qui reflètent ses sentiments fragmentés et entiers, en même temps. Mais Vee ne crie pas, à cet instant. Il ne crie pas, car la gorge est serrée, car la voix dans sa tête, cette mélodie répétitive, porte un ton calme et simple. Quelque chose qui s'évade de ses lèvres, quelque chose de si bas que Shireen n'entend peut-être pas. tu ne trahiras pas l’empire, waul. tu ne partiras pas et ne me trahiras jamais. tu ne peux pas me faire ça. tu peux pas faire ça, parce-que tu dois rester en vie. Les mots se déconstruivent au bout de ses lèvres. Marmonnement entier et brisé, ensemble de mots qui le font trembler, le regard dans le vide, le corps braqué. i can't. i can't qu'il fait, si bas, après de longues minutes perdu dans ce long murmure inaudible. i can't do that. i can't - Le visage se presse contre les vêtements de Shireen. Il inspire, lentement, mais le calme ne lui vient pas. Vee ne sait plus ce qu'est le calme. Depuis bien longtemps. où elle est ? qu'il demande, contre ses vêtements. C'est une supplication. où elle est, reen ? je peux pas. je peux pas la quitter. je peux pas la - La fin de la phrase étouffe entre ses lèvres. Il manque de souffle, d'air. Vee relève ses traits et les yeux sont grands ouverts, emplis de panique. Il manque de souffle. La chute est imminente. reen. tu peux pas. on - je peux pas. je peux pas. je dois - l'empire. Le mouvement est aussi brusque que le corps est brisé. Vee s'extirpe de ses bras, prêt à partir, prêt à fuir. Il s'extirpe de l'étreinte et, loin de son esprit, loin de la logique, il ne oublie ses membres et ceux qui sont absents, ceux qui sont de métaux, et ne fait que tomber au sol.
Il ne fait que tomber.

Avec Vee qui tombe au sol, s'écroulent aussi une part de ses rêves, de ses espoirs. La bulle de sérénité dans laquelle il s'est enfermé à ses cotés vole en éclat. Il n'a jamais vraiment été en sécurité, peut-être même que ce qui il y a entre eux n'est qu'une illusion. Ils font semblant pour la forme, mais les problèmes sont enracinés, ils sont là et ils ne font que les ignorer. Tous ces signes qui devraient les séparer. Shireen aime un fantôme et Vee aime en retour un homme dont il a oublié la plupart des crimes. Il a au moins une certitude; ce qu'il ressent est vrai. Il ne l'a pas imaginé, toutes ces années à se morfondre en silence et regretter de ne pas avoir fait le premier pas. Il n'a pas pu le créer de toute pièce, il ne possède pas ce genre d'imagination. Shireen ne peut qu'observer le concret. A sa suite, Shireen quitte le lit et s'accroupit par terre à ses cotés pour le redresser. Il se place dos à la porte pour l'empêcher de s'enfuir. Il doit au moins finir ses explications avant que l'autre ne décide qu'il ne peut s'engager avec un traitre. L'empire était pourtant pour Vee. Peut-être qu'il ne l'a même jamais trahi, que depuis le début il est juste victime d'une erreur de jugement. Depuis le temps, c'est Reen qui trahi.
Vee est bien trop silencieux, ce qui inquiète rapidement le soldat. Il sait que quelque chose ne va pas, il peut le ressentir, une force invisible entre eux qui l'empêche de l'atteindre. Comme parle à un mur transparent, il voudrait hurler mais il est certain que même les cris ne sauraient suffire pour réveiller Vee. Il ne peut pas et Shireen ne lui demande rien. Il est le seul à porter sur ses épaules le poids de sa décision. Il ne lui demande pas de l'aide, il n'est même pas venu dans cette optique. Résigné à mener seul ce combat, la victoire ou la défaite doit venir de lui, de personne d'autre. Il s'agit de sa bataille. Il le garde dans ses bras, il ne veut pas qu'il s'en aille ou qu'il pense qu'il va l'abandonner. Il fait ce qu'il y a de mieux pour eux et pour sa conscience.

Si Shireen reste auprès de l'Empire, il ne sera jamais libre, jamais lui même. Il ne peut pas passer sa vie dans l'ombre des géants. Il ne veut pas prétendre, et n'être heureux que lorsqu'il passe du temps avec Mavee, se tuer à la tâche et se dire qu'une récompense l'attend chez lui. Pour qu'il revienne jour après jour avec une mine triste et désolée. Pour qu'il ne puisse jamais dire aux autres qu'il est fier de son petit ami ? Vee est sensé être mort, c'est plus pratique d'être mort à deux. « je ne te demande rien, tu dois me faire confiance. » Il a peur que Vee lui avoue que la confiance n'est pas possible entre eux tant que les souvenirs seront flous.  Il n'a pas le choix que de demander cela. « ce n'est pas ma place vee, je dois penser à moi. » Si il va bien, alors eux ne pourront qu'aller mieux. Ils ne pourront que s'épanouir un peu plus. Il peut devenir chasseur de prime quelque temps, il aura tout le loisir de réfléchir une fois que l'immonde insigne ne sera plus  sur sa poitirne. « de qui tu parles ? »  Il y a un nœud qui se tort dans son ventre, cette elle mystérieuse qu'il ne connait pas - ou peut-être. A t-elle les réponses ? Sait t-elle comment le sauver, ramener les souvenirs ? Elle semble être importante. « qui est-elle ? une amie ou quelqu'un qui t'as fait du mal ? » Parle, Mavee. Il sent sa propre nervosité prendre le dessus. Cette rage au fond de lui propre aux Siths, qu'il aurait pu transformer en arme, énergie dévastatrice. Ils ont quelque chose de mauvais dans sa famille, c'est dans les veines, c'est le sang. Cette colère qui ressort quand il est frustré, mit au pied du mur et qu'il doit se débattre pour s'en servir. Il ne veut pas retourner et faire comme si il était heureux des chaînes que l'empire lui impose.
Doit-il se méfier d'elle ou est-elle la clé pour ramener Mavee auprès de lui ? Il est confus, épuisé et tremblant. La peur de le perdre n'est pas la seule raison. Il se demande si l'autre ne serait pas capable de le dénoncer pour l'empêcher d'aller plus loin dans son plan, pour prétendument le protéger. Quelque chose rattache encore Mavee à l'empire. Elle ?

Sa vie est une suite de perte. Mavee a oublié ce détail ; il s'est perdu lui-même, après tout, en chemin. Sa vie est une suite de perte ; de son père d'abord, bien avant sa naissance. De sa soeur ensuite, minuscule, sa main délicate dans la sienne, allant rejoindre des grands hommes. C'est ainsi que leur père a annoncé la chose ; de grands hommes. Vee l'y a cru, qu'importe son jeune âge. Qu'importe s'il devenait déjà adolescent, lentement. Et puis, ils sont partis eux aussi ; leurs parents, morts, l'un après l'autre. Brisés par la vie, brisés juste par l'amour qui les unit. Mavee a pleuré puis sa tante lui a dit de ne plus pleuré. Elle avait déjà cachée ses larmes ; il devait faire de même. C'était la marche à suivre. Alors, le petit a chassé ses larmes et trop vite, il a grandi. Trop vite peut-être, le coeur est devenu amer. L'humour est devenu lourd sur sa langue, espiègle et malin, parfois vilain. Les paroles blessantes cachant ses propres blessures, ses propres manques, à se moquer de ceux des autres et à les tourner en rigolade comme il le faisait avec son propre coeur, dans le noir. Il a perdu et il s'est perdu, jour après jour, conquête après conquête, à chercher dans les toucher des choses qui ne venaient pas. Il a cherché et il a jeté. Laissé derrière lui des pardons et désolés sans parfaitement les penser car au fond, quelque part en lui, il s'était distancé de ce que cela pouvait faire, d'être abandonné. D'être laissé derrière par les gens aimés. Et il a continué. Il a continué, encore et encore, à cotoyer Hadassah contamment mais à l'appeler Meron, de vive voix, pour s'imposer une distance qui n'existait pas. À regarder Shireen dans les yeux et lui dire non à chaque fois, qu'importe si à l'intérieur, il y avait un oui léger, tremblant.
Et puis il s'est perdu, dans l'espace. Délaissé par la dernière, délaissé par la famille, la seule restante. Il s'est brisé et s'est perdu lui-même sur le sol, une jambe en moins et une part de son coeur ailleurs, mais surtout sa tête en milles morceaux, partout dans l'unviers.
Mavee est un tout et un rien. Il est un milliers de fracas, juste ici, et ailleurs à la fois.
Il est échoué sur le sol et brisé, là, à ressentir la blessure venant de chaque cassure se frottant à son coeur blessé, à son âme démentelé. Shireen le redresse mais qu'importe ; des multitudes restent là. Des multitudes lui manquent, trop déjà.
Il y a trop à l'intérieur, enfermé. Il y a trop ailleurs, abandonné et oublié.
La tête bourdonne, l'âme se fissure et le souffre se brise, plus fort. Vee a l'impression que son corps est la prochaine perte. Que l'âme et le coeur, et le corps aussi, sont en guerre et se diviser, lentement. Il perd quelque chose mais il ne sait pas ; Vee a cette pensée, souvent, qu'il ne lui reste plus rien. Pantin brisé sans mémoire, une jambe en moins. Il a rêvé souvent de la fin, il l'a dessiné les yeux fermés. On lui a demandé d'autres oeuvres, d'autres croquis faits de ses doigts tremblants et abimés, et il s'est exécuté. Le médic a perdu du coeur pour lui-même, ne sait pas s'il en possède, mais il veut bien le faire pour ceux qu'il aime.
Mais Shireen.
Shireen, il ne sait pas ce qu'il lui demande. Même Vee ne comprend pas. Il ne comprend pas la sensation, cette mort intérieur qui le prend, cette envie de vomir et cette cassure, en lui. je ne te demande rien, tu dois me faire confiance. ce n'est pas ma place vee, je dois penser à moi. Et Shireen essaie de lui faire comprendre, peut-être. Shireen lui explique de toutes les manières qu'il peut. Il tente car il veut, il désire que Vee sache, que le médic comprenne et accepte.
Vee ne peut pas. Ce n'est pas quelque chose que son corps lui permet. Ce n'est pas une chose qui doit être. Il pourrait mourir, à lui dire oui. Il pourrait mourir, à lui sourire. Voilà ce qu'il sent. Voilà ce que sa tête en bordel lui dit, ce que son souffle brisé, presque absent, fait résonner en lui. de qui tu parles ? Les yeux s'ouvrent, grand. Le souffle se braque, dans la gorge. Il se brise plus, ainsi. Mais Vee fixe. Il fixe le vide, l'univers, les absences. Il se perd ailleurs, à chercher qui. Qui est-elle. qui est-elle ? une amie ou quelqu'un qui t'as fait du mal ? Il secoue la tête. Le geste est lent, si lent. Puis, il s'accentue, lentement. Avec lui, le souffle s'évade brusquement de ses lèvres. Une haletation brusque et cassée suivi par un geint, rapidement. Les genoux se relèvent, se ramènent contre le dos. Le métal de sa jambe d'acier claque, brusque, contre ses côtes. Le médic sent la douleur et ne tilte pas. Le souffle est déjà agonisant. i don't know. just - i don't kriffing know qu'il pourrait hurler, mais la voix est saccagée par son souffle qui ne veut plus rien de lui, et les paroles ne sont qu'un murmure agonisant et essouflé.
Contre la porte, Vee laisse sa tête se pencher et le front s'appuyer contre ses genoux. Ses bras viennent à les encercler rapidement. Il se protège contre ses pensées, contre les paroles de Shireen également. Les colères ne grondent pas.
C'est bien le pire, que les colères ne grondent pas. Il y a quelque chose qui ne va pas. i don't know. i don't know. i don't - Il prend une inspiration et elle se brise dans sa gorge. Elle finit en plainte et en sifflement. i don't know her - ah. Le rire est sec. Le rire est triste. i don't know me. i don't kriffing know me. i don't - don't know you. just leave. L'Empire ou lui, Vee ne sait pas. Il ne prononce pas. Sa tête lui fait si mal. Son corps ne l'écoute pas. Même les yeux fermés, il y a des flashs de lumière, nombreux, embêtants. Il ne comprend pas.

La chute lui semble être  sans fin. Il le voit encore chuter et se voit chuter avec lui. Il a peur de perdre Vee, de le faire fuir avec toute cette rage nouvelle en lui. C'est comme si soudainement la colère du médic s'était trouvée aspirée par le coeur de Shireen ; c'est lui qui la garde dans sa poitrine cette colère qui se frustre de ne pouvoir la déchaîner. Secouer l'autre qui ne comprend pas, qui ne réagit pas. Il se demande ce qu'il a fait de mal pour le braquer à ce point, si c'est si grave pour lui de trahir l'empire. Ca l'est et sans doute le commandant kirk est t-il naïf. Il imagine des conséquences moindres, alors qu'il sera pourchassé à travers toute la galaxie. Ou l'affaire sera étouffée, ne voulant pas faire de vagues, avouer au monde que l'un de ses plus anciens servant s'est fait la male avec leurs petits secrets.
Shireen ne veut rien faire des informations, il ne veut prendre part à aucun conflit et n'a pas l'intention d'aider des rebelles qui n'ont aucune chance. Ils ne sont qu'une poignée, des petites groupes qui gênent l'empereur, comme une souris entre les pattes d'un chat l'énerve s'il ne peut l'attraper, ils finiront par se faire attraper, tous, les uns après les autres pour purifier Theed. Il les croit, les sait assez fou pour détruire tout avis qui leur est contraire parce qu'ils n'entendent pas. Ils n'écoutent pas. Ils ne tendent pas l'oreille aux demandes de ceux qu'ils prétendent sauver. Peut-être que si ça avait été le cas il aurait revu ses plans. Il aurait songé à une autre solution que tous les trahir parce qu'un lui a fait trop de mal. Shireen ne veut pas être regardé avec de la peur dans les yeux, il ne veut pas qu'on l'associe au massacre de Kashyyyk plus longtemps.

Il sait maintenant que c'est eux le problème, eux tous et ils ont aussi causé un gave tort à Mavee. Shireen le regarde, impuissant, brisé lorsque l'autre se recroqueville sur lui même. Si loin de ses bras. Il y a une brisure entre eux, qui pourra être réparé mais qui reste une brisure. Vee lui demande de partir. Vee dit tout un tas de choses stupides qu'il dit parce qu'il est perturbé. Shireen ne sait pas si il s'agit de la peur ou d'une forme de colère qu'il ne lui connait pas, lui non plus ne sait pas. Il est confus, assis en tailleur en face de lui. Il aimerait pouvoir lire dans son esprit et comprendre ce qui ne va pas. Malheureusement, ce n'est pas quelque chose qu'il peut faire. Il ne peut pas le soigner, peu importe le mal qui le rend ainsi. « you... you want me to leave? » Il est effrayé. Sa lèvre inférieur tremblante essaye de retenir un sanglot. Quoi qu'il arrive, peu importe qu'il soit tendu, il refuse de lui en vouloir. Il se fait violence pour ne pas le tenir responsable de son état. Mavee est une victime. Une victime du destin qui a voulu qu'il vive et qui a fait table rase de son passé, qui lui a offert une seconde vie ; une vie de trouble, de doutes, de questions. De leçons à tirer sans doute.
Alors quelle conclusion doit-il tenir ? Doit-il vraiment partir comme le demande le médic . « I don't want to leave you Vee but If you want me to go... » Il ne veut pas. Il veut qu'il lui demande de rester et il lui obéira, il reportera à plus tard si il le faut. Il est prêt à faire une petite concession pour apaiser son coeur. « sorry vee... sorry vee let's not talk about this anymore. let's just... let's go back in bed and cuddle. » Il lui offre avant que l'autre n'ait le temps de répondre et lui tend sa main. « you don't need to remember, you just need to live. we can live this moment. »

Il y a des fragments, nombreux. Des multitudes coupantes qui entrent en contact avec sa tête et qui font écho un infini de douleur qu'il ne peut supporter. Vee aimerait être fort ; il doute de l'être, souvent. Il s'est avoué la chose plus d'une fois, tandis qu'il pensait à la mort et qu'elle pensait à lui, tout autant. Le médic ne s'est jamais relevé seul ; il ne l'a jamais fait pour soi, toujours pour les autres. Il ne sait pas qui il est, après tout. Il ignore son passé et se contente de vivre son présent. Il se laisse suivre la masse des gens l'entourant car sans eux, sans le courant, il serait déjà bien au fond de l'océan. Parfois, il aimerait regarder dans le creux de leurs yeux et découvrir toutes ces choses qu'ils voient, en lui, et tout ce qu'il est, pour eux. Il ne demande pas. C'est des paroles hurlées dont les réponses ne sont pas entendues, quand il ose les prononcer. Il désire savoir mais ne veut pas entendre. Il possède un souffle entre ses lèvres, mais le retiient parfois, si fort.
Comme à cet instant ; là, prisonnier de ses propres bras, prisonnier de soi. Vee pince ses lèvres et ferme ses yeux, fort. Il oublie le monde et pourtant, s'y sent beaucoup trop présent. Il entend les craquements venant des métaux du vaisseau, le bruit extérieur presque inexistant et aussi, le souffle de Shireen. Il entend son propre sang, trop vif, dans ses veines, et le battement fou de son coeur qui ne demande qu'à se taire ou s'en aller loin, loin de lui. C'est la tête, le problème. Cette tête cassée et malmenée, fragmentée et reconstruite. Cette tête qui lui hurle des choses qu'il n'a pas souvenir d'avoir entendu et qu'il n'a pas envie d'entendre. Et la nausée.
La nausée qui le prend fort et qui pourrait lui faire perdre la tête. you... you want me to leave? Oui. Non. La tête ne bouge pas, le corps ne se déplace pas. Vee reste prisonnier du confort de ses bras et entend les maigre sanglots souffllés des lèvres de Shireen. Et la tension monte, en lui. La colère gronde non pas face à l'homme en chagrin, mais face à cette tête qui hurle, hurle et hurle, et face à ce corps qui se brise, encore et encore, malgré le fait que la chute a cessé il y a deux ans, maintenant.
Il s'est déjà échoué sur Tatooine. Pourquoi possède-t-il cette impression d'être en perpétuelle chute, encore ? Pourquoi ne peut-il pas souffler, un peu ? Il y a cru ; un temps, quelques semaines du moins. Il a cru. Le pollen de Naboo est lourd et dérangeant, mais Vee a cru respirer pleinement, enfin, pour la première fois depuis l'accident.
Quel bordel. Quel mensonge cruel. I don't want to leave you Vee but If you want me to go... Non. La tension s'accentue dans ses épaules et le corps se braque plus fort, si fort, qu'il en a mal. Le souffle est lent, presque absent, entre ses lippes. Pourtant, le coeur est fou. Pourtant, tout va trop vite. sorry vee... sorry vee let's not talk about this anymore. let's just... let's go back in bed and cuddle. La voix est aussi douce que paniquée. Le corps reste tendu, mais le cou bouge, un peu. L'iris se pose sur l'homme face à lui. Sur la main tendue. Le regard brille de larmes qui ont coulé. you don't need to remember, you just need to live. we can live this moment. Il reste là. Là, les jambes relevées contre son torse, les bras contre les genoux et le regard posé sur Shireen. Shireen qui tend les doigts et son coeur aussi, peut-être, et Vee le déteste entièrement, pour cela, autant qu'il a besoin de lui. tu - Il veut quitter l'empire et on ne peut pas quitter l'empire. On ne peut tout simplement pas. C'est là, dans son esprit. On ne quitte pas, on ne trahit pas. me quitte pas qu'il souffle, à découdre ce qui résonne dans son esprit, à en faire son propre usage. Il renigle, sans grande manière, sans grande grace, et le souffle est tremblant entre ses lèvres mais entier, cette fois. Vee hoche de la tête, de manière décousue et saccagée. yeah. yeah. sure. let's do this. Le visage se presse contre la manche de son pull ; il essuie ses yeux humides et les irrite, en même temps. Qu'importe ; ils le sont déjà tellement. Le geste est rapide et déjà, il s'empare de la main de Shireen et tire, tire pour que son corps se ramène vers l'avant et que leurs fronts se cognent, se collent. let's kriffing do this. Le second bras s'enroule autour des épaules de l'autre, le presse contre lui et l'emprisonne tandis que les jambes s'écartent pour lui laisser place. Il le tient si fort contre lui, trop peut-être, pour tenter de s'oublier lui-même. Pour ne penser qu'à eux, ensemble. Pour oublier les limites de son corps et de son esprit et ne focuser sur eux, juste eux. kiss me please. qu'il demande. i don't want to think about it. kiss me. make it stop. Le front est toujours appuyé contre le sien. La tête bourdonne toujours si fort. Mais s'il est en chute libre, s'il tombe encore, c'est contre les lèvres de Shireen qu'il décide de se poser, une et deux fois, et un millier d'autres, ensuite, pour effacer tout ce qui ne va pas.

Peut-être qu'à cet instant précis, son monde arrête de s'effondrer, ou Shireen arrête de tomber avec. Il reprend son courage à deux main et il tente d'attraper Vee, de le retenir pour le ramener vers la lumière. Pour l'emmener loin de ces zones d'ombres qui obscurcissent son esprit et ses rêves, sans doute. A un maigre niveau, Shireen peut comprendre ce dont il s'agit, lorsque quelque chose se rapproche plus de l'obsession que de l'idée. Mais il ne peut pas comprendre et ne peut pas se mettre à la place de ce que ressent exactement Mavee, simplement imaginer et donner tout son corps et son coeur pour l'en protéger. Il a l'impression de ne pas faire assez, de ne pas être assez ; il n'a jamais eu de place nulle part, il est comme une pièce d'un puzzle qui ne s'imbrique pas, Reen a été placé dans le boite. Avec Vee c'est différent. Vee ne lui trouve pas une place miraculeuse, Vee lui permet de se sentir heureux et libre sans avoir à en trouver une, lui fait comprendre que l'on a pas besoin de rendre dans une case quelconque pour exister. Vee ne réalise pas comment en l'espace de quelques semaines il a changé toute sa perception de la vie, et rallumé les étoiles.
Il ne veut plus le voir souffrir de cet empire qui l'a éjecté dans l'espace il y a trois ans déjà. Il devrait avoir tourné la page, enclenché une nouvelle vie pleine d'aventure et de bonheur. Et pourtant l'Empire le retient encore. Une femme, visiblement, le retient encore dans son passé confus. Lui aussi, le retient, mais il a de bonnes raisons, une bonne intention. Il ne veut retenir que ce qu'il y a de bon en Vee et se débarrasser du reste. Ils n'ont pas besoin des souvenirs, ils n'ont qu'à en créer d'autres. Pour ça il doit rester. Il le veut, le peut et le fait.

Il se retrouve attiré contre Vee, à nouveau, et avec il peut reprendre sa respiration. Se rassurer. Il ne le quittera pas. Il n'en a pas l'ombre de l'intention. Si il pouvait vraiment, il lui ferait tout oublier. Il n'en est pas capable, Vee a déjà oublié, il peut momentanément chasser au loin cette voix dans son esprit et la remplacer par une autre qui serait plus agréable. Pour une fois, il ne grince pas des dents à l'idée d'obéir à un ordre. Vee veut qu'il l'embrasse, alors Shireen l'embrasse avec entrain. Tendrement une première fois, pour lui montrer qu'il est là et qu'il ne va pas s'en aller. Plus passionné quand s'y reprend, plus d'espéré. Même si le médic l'avait demandé, une petite lueur au fond de son coeur lui dit qu'il ne serait pas parti. Il aurait simplement changé de pièce, peut-être, il aurait attendu dehors que la crise de calme, mais il ne l'aurait pas laissé en suspens, au bord du vide. Des questions qui n'auront jamais de réponses, qui n'en ont pas besoin. De toute façon il ne bouge pas d'ici. Vee chute, mais Shireen veut lui montrer qu'il est là pour le rattraper. Il caresse lentement sa joue pour chasser les larmes qui n'ont pas été essuyés, attrape son visage entre ses mains et le retient. Il y a un peu de sel dans ses baisers, mais ce n'est pas grave. Shireen s'en fiche.
Pour une fois, il a l'impression de faire quelque chose qui est juste, qui est bon. Qui est positif. Si Mavee le serre, fort, Shireen voudrait le serrer plus encore, qu'il n'y ait plus rien entre eux. Physiquement et métaphoriquement. « I'm here vee. » Il souffle tendrement. Une main caresse ses cheveux et dégage une mèche devant ses yeux. Il embrasse son front à l'emplacement dégagé, sa joue, son cou. Il dépose un milliers de baisers comme des pansements sur son âme, qui essayent de contenir le déluge.