the thing with feathers (veereen#3)

Il est en retard. Shireen le sait, il aurait du venir le voir dès son atterrissage. Au moins, il a pu se défaire du sang sur sa peau et son visage, il ne reste que la vilaine cicatrice qui lui barre le visage. Impossible de l'effacer juste en claquant des doigts. C'est dans une tenue plus respectable qu'il rejoint la ferme a banthas ou Vee réside - se cache ? Comment va son esprit de puis la dernière fois ? Ils n'ont pas eu l'occasion de beaucoup se parler, il a souffert de ce silence. Sa présence lui faisait du mal et il ne pouvait pas continuer à faire semblant, nier ce qu'il allait faire. Shireen veut être sincère avec lui, il ne supporte pas l'honnêteté soit une arme retournée contre Vee. Il maudit celui qui lui a fait tout ce mal, à son esprit et son corps balancé dans l'espace. Il veut pouvoir vivre sa relation pleinement et ne plus avoir à partager l'empire et son secret, il veut pouvoir le protéger pour de vrai, le prendre dans ses bras et ne pas avoir à se dire qu'il doit se lever pour aller tuer des gens aujourd'hui, alors qu'il voudrait juste rester là et l'embrasser. Son Vee, toujours vivant, toujours aussi beau. Son Vee qui est le centre de son monde, et il n'a pas honte d'être aussi niais, de n'avoir que faire du reste, de penser juste à l'amour qu'il ressent.
Shireen est enfin parti, il a prit son envol. Il se doute bien que le médic va lui en vouloir et juger la marque de son affront sur le visage. Elle est encore douloureuse et le tiraille. Cette douleur est presque réconfortante. Elle lui rappelle qu'il est en vie. Son choix lui cause beaucoup de souffrances, mais il était nécessaire. Il ne pouvait pas indéfiniment rester là commettre des actes qui le dégoutait. Jusqu'où ? Jusqu'à se haïr lui même ? Il empruntait déjà ce chemin dangereux qui ne mène qu'aux ténèbres. Celles dans lesquelles son père voulait le plonger la tête la première, l'y noyer. Le vieil homme s'est fait prendre à son propre piège. Le pire c'est sans doute l'absence de culpabilité. Ce n'est même pas chaque membre de son corps qui lui fait souffrir, la fatigue et l'appréhension qui le dévore. Juste, la triste constatation qu'après avoir fait une chose aussi atroce que s'en prendre à sa propre famille, il n'est ni satisfait, ni triste. Il est soulagé.

Il respire plus légèrement. Ses pas sont légers, il sprint pour arriver au niveau de Vee qui est dehors sous le soleil de l'hiver, sur le seuil de la porte. Il saute dans ses bras et le serre contre lui. Il ignore, sans doute, la colère qui gronde dans sa poitrine et les reproches qui vont pleuvoir. Les mots de Vee sont lourds comme l'orage et Reen n'en a jamais eu peur. Il est pourchassé, il ne pourra plus jamais vivre une vie normale, devra cacher son visage, se cacher, se faire oublier et tout ça, tout ça n'a aucune importante. Il est là avec Vee et des larmes coulent le long de ses joues, viennent picoter sa cicatrice encore fraiche. Ce n'était qu'hier, avant-hier peut-être. Le temps passe vite et lui échappe, il a fait au plus vite une fois débarrassé de l'homme et ses ewoks. « I love you vee. I'm sorry. » Il n'a pas menti. Il est revenu, il va toujours revenir et dans l'idéal, il va même ne pas repartir. Il encadre son visage de ses mains, elles aussi marquées par le combat et l'embrasse. Lui volant ses mots, son souffle et sa colère.

L'impatience est un monstre dans ses veines ; une bête sauvage qui ne demande qu'à être rassasier le plus rapidement possible. Pour la peine, Vee tourne en rond ; l'esprit est une bête indomptable qui ne sait être contenu et il lui faut s'occuper dans la demeure squattée pour ne pas perdre la tête. Le lieu possède des marques de sa présence depuis un moment, déjà. Vee ne saurait dire combien de jours, bien qu'il soit question de semaines maintenant. Il y a son odeur qui colle aux textiles, une traces de sa présence dans la salle de bain et dans la cuisine et dans le lit également. Les banthas sont familiers avec son visage, ne viennent qu'à demander un repas supplémentaire lorsqu'ils le voient apparaître. Il y a quelque chose d'étrange d'être si familier dans un lieu inconnu, et d'en faire sa demeure. Pourtant, il s'agit du résumé des dernières années. De se chercher une chez soi dans l'inconnu entier. De se chercher même au travers de son propre corps, de sa propre tête, sans savoir particulièrement à quoi peut bien ressembler le but de sa quête.
Il en connait les ombres, maintenant. Vee en connait certaines images, certaines ombres qui ne cessent de danser autour de lui. Avec les efforts de Heela, le passé le rattraper et lui revient sans qu'il ne puisse contrôler quoique ce soit, et Vee a simplement cherché à fuir. Theed possède des échos d'une épaule dont les rires et les beuveries ont été floués par une ombre qui ne sait jamais s'en aller. Une ombre douloureuse qui lui tord les entrailles et qui laisse des insomnies dans ses veines.
Il a fui, alors. Car le médic est plus lâche qu'on ose le croire, et car ses paroles sont souvent aussi lourdes qu'elles peuvent être vides de motivations. Certes, il est l'un des premiers à s'indigner pour tout et pour rien, mais lorsqu'il est temps d'agir, il ne peut que détourner le regard.
Peut-être qu'il en a marre. Peut-être qu'il aimerait être plus fort que cela. Il est difficile de savoir et de faire la différence, surtout lorsque le ventre reste tordu et que le passé continue de lui vomir à la gueule sans lui accorder une seconde de répit. Au moins ici, hors du monde, il possède un brin d'air frais. Outre la merde qui se fait sentir, évidemment.
Vee a l'habitude trainer dans la merde, depuis un moment.
Shireen y ramène son lot, forcément. Des merdes qui n'aident en rien le mal de tête et les tracas qu'il ressent, et qui bouleversent encore plus son coeur. Encore aujourd'hui, il existe certains jours où il possède un refus bien marqué sur les sentiments ressentis et qu'il met la chose sur le sentiment de solitude ressenti. Shireen fait parti, après tout, des maigres échos qu'il possède du passé. Qu'il possédait, du moins.
Aujourd'hui, il est moins aisé de se mentir. Les souvenirs reviennent, déboulent et l'envahissent. Le visage de Reen en marque plusieurs et laisse des sentiments étranges dans ses entrailles, plus profonds que ceux déjà ressentis. Ils étaient déjà trop forts pour lui. Vee a eu envie de fuir, encore.
Il ressent encore la chose lorsque l'autre apparait enfin dans son champ de vision. Les pieds sont braqués au sol, incapable de bougés, et la tête hurle de courir, de partir, de foutre le camp. Le coeur chante une connerie aussi mielleuse que douloureuse.
Le corps se fracasse contre le sien ; Vee n'a pas le temps de reprendre son souffle, de passer ses bras autour de lui. Il ne sent que les larmes de Shireen contre son cou, l'impact de son corps et aussi celui de son propre coeur. I love you vee. I'm sorry. Peut-être qu'il pleure aussi. En soi, le froid est assez agressif sur ses yeux et ses cils gèlent avec aisance. Voilà donc l'excuse remplaçant les allergies.
Sur les lippes se posent un baiser salé ; un baiser pour ceux qui n'ont pas été partagés depuis les dernières semaines, par les silences et par la tension. Combien de fois Vee l'a appelé pour tenter de rompre, incapable de supporter la distance, autant en colère contre Shireen que contre lui-même ? Il lui en veut autant qu'il s'en veut. Reen est une part de lui, après tout. Peut-être est-ce une assez bonne explication.
Les mains sont brusques, contre les joues. Une caresse aussi vorace que son amour tandis qu'il emprisonne son visage entre ses doigts pour observer ses traits. Ils sont autant noyés par les larmes que brisés par cette cicatrice. Vee peine à y poser le bout de ses doigts. farg reen ; t'as foutu quoi Il y a une colère et une cassure dans sa voix. Quelque chose qui le force à poser un baiser presque transparent contre son front, suivi par deux autres. t'es tellement con bon sang. le pire des cons. qu'il gronde, laissant ses lèvres un moment contre la peau. Puis, il se recule. Les larmes n'ont pas eu le temps de sécher de ses iris. Ils brillent d'un bleu aqua. c'quand tu vas t'rentrer dans l'crane que t'as pas besoin d'être massacré pour v'nir me voir ? c'tait mignon au temps d'l'empire, mais c'fini c'bordel, non ? suis moi. Il y a la vérité avouée, un aveu face aux souvenirs qui reviennent et face à l'évolution qu'il a eu, dernièrement. Vee défait son regard du sien, incapable de le supporter, incapable de tolérer un contact si intime, avant de le trainer à sa suite à l'intérieur de la demeure. La blessure a l'air d'avoir été un brin soigné, mais rien n'est jamais assez bien pour Vee. Outre Reen, peut-être.

Shireen ne veut pas que Vee pleure, il ne veut pas être la raison de sa tristesse, de sa peine, il ne veut pas lui faire du mal. Il le fait sans le vouloir et il se jure que maintenant qu'il s'est sorti d'affaire, il fera en sorte de ne pas se retrouver à nouveau dans une situation où il rendrait le médic malheureux et mort d'inquiétude. Il ne veut plus blesser personne, ce n'est pas dans sa nature de causer du tort. Shireen a toujours voulu rendre les autres heureux, récolter des sourires et semer de la bienveillance, pour un monde meilleur. Un que le First Order lui a promit.
Les temps ont été dur pour eux. Il a conscience de ne pas avoir été le meilleur amant, l'empire a beaucoup occupé son esprit comme celui de Vee, d'une manière différente. Vee souffrait, il sombrait et il ne pouvait rien faire pour le sauver, pour l'empêcher de se noyer dans les éclats de souvenirs qui découpaient sa chair de l'intérieur. Il le regardait jour après jour. C'était souffrir de son absence ou regretter d'être venu le voir car même lorsqu'ils pouvaient partager des moments ensemble, cette ombre planait au dessus d'eux. Shireen devait se sauver, il ne voulait pas choisir. Il fallait qu'il prenne cette décision et il espère que Vee comprend ; et sinon qu'il comprendra un jour quand leurs jours seront meilleurs, que la neige aura fondue dehors et que les souvenirs eux aussi seront de retour. Et même si ils ne reviennent jamais. Cela ne changera pas ce qu'il ressent. Il voit le doute dans ses yeux, l'hésitation, peut-être la crainte qui sait. Il y a tant de choses qui traversent l'esprit de Vee, il peut sentir les turbines dans son cerveau chauffer d'ici. L'ancien commandant sourit. Pas besoin de réfléchir, il faut juste ressentir cette chose entre eux. Il n'a aucun mal à faire abstraction de ce qui l'entoure et simplement répondre à l'appel de son coeur. Il ferme les yeux et savoure les retrouvailles sur ses lèvres. Il savoure un peu de paix tant qu'il en possède car tout n'est pas fini.
Pour l'heure, il ne risque rien.

Tout va bien. Il sait que tout va bien quand Vee à l'énergie de s'énerver et lui rapprocher un millier de choses. Il ferait un millier de bêtises pour provuqer une réaction, pour le provoquer, mais pas comme celle là. Celle là, il admet que c'est la dernière, un peu grosses, évidentes. Il espère que la cicatrice ne va pas le rebuter. Elle n'est pas discrète, peut-être qu'il finira par être dégouté de la voir à chaque fois que leurs regards vont se croiser. Lui a toujours eu l'habitude d'être parfait et d'effacer ce qui ne l'était pas, un corps immaculé comme une affiche de l'empire. Celle-ci, il préfère la garder pour le symbole qu'elle porte, pour la douleur qu'elle lui rappelle. Il en a besoin pour se souvenir de l'Empire, de ce qu'il a fait à lui et à celui qu'il aime. Tout va bien. Il le suit à l'intérieur, tremblant. Le froid qui lui mord encore la peau, ses vêtements sont trempés et il ne sait pas ce qu'il désire le plus. Un bon bain, ou une nuit complète de sommeil. Il se force à tenir debout, parce que Vee lui a manqué et qu'il refuse de patienter plus longtemps avant de pouvoir lui parler à nouveau. « He's dead. » Il y a une nouvelle assurance dans sa voix. Ce n'est plus un souffle, hésitant, de peur de réveiller les morts. Il parle, s'affirme, il est présent dans la pièce et le propre écho de sa voix lui fait lever les yeux en l'air. « Je suis parti pour venir ici Vee. Pour être avec toi. » Il est vivant, il respire et un poids énorme s'est décroché de sa poitrine. Il s'assoit sur une chaise, tremble encore et retire finalement sa veste. Il neigeait encore quand il est parti du temple. N'ayant plus de vaisseau, il a du faire la route à pied et ses bottes elles aussi sont humides, ses orteils gelés. Il n'y a qu'à l'intérieur de sa poitrine que tout s'enflamme. Il a besoin d'avoir Vee à coté de lui à nouveau, de ses baisers, de sa présence et peut-être de ses bras autour de son corps frigorifié.

Le coeur porte un milliers de douleur. La tête est un véritable bordel, encore. Soudain, toutes les boites ont été trouvés et chaque item se trouve au sol, jonchant au travers d'autres souvenirs et d'autres échos qu'il apercoit enfin, sans la moindre faille. Il reste une boite, plus lourde, abimée, dans un coin. Vee a fermé la porte du placard et n'y porte pas attention. La nuit, elle crée des ombres et des monstres, habite des cauchemars et transforme les bons rêves en ténébres. Qu'importe ; il apprécie le bordel se trouvant à l'intérieur de lui, pour une fois. Cette déconstruction de son être qui habite chaque parcelle de sa tête et de son coeur et qui le frappe d'échos à l'occasion, lui rappelant un souvenir ou un autre. Le médic n'a pas partagé l'information avec Reen ; trop de choses à voir, à dire, à faire. Peu de confiance, aussi, malgré les je t'aime. Le plus vieux n'est pas directement concerné ; Vee peine encore à se croire lui-même, alors comment peut-il croire un autre ? Seul l'équipage du bumblebee possède la totalité de sa confiance et la chose vient avec sa vie. Il leur offre plus qu'il ne s'offre à lui-même, peu importe à quel point ils sont sales et grotesques, souvent. Ils ne sont que des reflets les uns des autres, au fond. Ils portent tous et chacun les blessures de l'autre sur la peau comme sur le coeur. Sur l'âme aussi, peut-être, mais Vee n'est pas un grand sentimental. Il ne se perd pas dans les discussions d'âme. Ce genre d'histoires lui fait plus peur qu'autre chose, au fond. Un peu comme la force.
Un peu comme Shireen, juste là, au bout de ses doigts. Il lui en veut autant qu'il l'aime et qu'il le déteste, en même temps. Les sentiments sont nombreux et se confondent, constamment. C'est le coeur qui est autant saccagé que la tête lorsqu'il est question du plus petit. Le retour des souvenirs oubliés laisse une impression de calme qui ne l'est pas véritablement ; Mavee est dérangé par l'indifférence lourdement affichée et mensongères par le passé. Elle porte des souffles d'inconforts qu'il cachait derrière des silences et des regards, des grondements et des refus. Il y a plusieurs années, Mavee ne voulait pas Reen pour les mêmes raisons que Vee, aujourd'hui ; par peur.
Peur du sentiment.
Peur de la douleur.
Peur de la puissance de cet élément incontrolable et dévastateur, à l'intérieur de lui.
Médic et pourtant, il sait que les peines d'amour ne possèdent aucun remède véritable. Certaines maladies, on souhaite les garder à distance. Voilà ce qu'il a voulu faire avec l'amour, pendant longtemps. De toute manière, souvent, les gens ne restent jamais bien longtemps.
Pourquoi Shireen aurait été différent ?
Et pourtant, il est toujours là. La froideur de sa main au creux de la sienne. Ce con.
- He's dead. Si profondément con. Les doigts de Vee se pressent contre les siens, plus fort, et il accélère le pas. Par dessus son épaule, sourcils froncés, il lui offre l'ombre d'un regard. Le médic sait de qui il parle. Que peut-il dire à ce sujet ? Je suis parti pour venir ici Vee. Pour être avec toi. Les iris se croisent et le souffle se braque. La tête se détourne et d'un mouvement, il pointe une chaise à Reen. L'ancien soldat s'y laisse choire, tout simplement.
La veste fait un bruit ignoble à tomber sur le sol. Vee ne peut que gronder, dérangé. Il a lavé les planchers un peu plus tôt dans la journée.
Il lui faut des tâches, nombreuses, pour s'occuper. La méditation ne l'aide pas pour réorganiser les souvenirs saccagés. Le ménage lui apporte presque un calme.
- C'est sympa Reen mais on s'installe pas ici sur le long terme. qu'il avertit. De ses doigts, il caresse la crinière humide et gronde. tu vas tomber malade si tu restes habillé comme ça. lève les bras. Il n'attend pas que le geste soit fait pour commencer à lui retirer son haut. Il rejoint la veste au sol avant que le médic ne s'agenouille, s'occupant des bottes et des chaussettes. i'm proud of you qu'il gronde, souffle d'une voix basse et rauque, tandis qu'il envoie valser les pauvres chaussettes au loin. Un moment, ses mains emprisonnent un pied à la fois dans une maigre tentative de les réchauffer. c'pas possible reen. tu veux une douche ? un bain ? qu'il demande, levant les yeux vers lui.
Le regard se pose sur la cicatrice, une nouvelle fois. Les iris sont sombres, qu'importe le bleu de ses prunelles. Vee expire par les narines, fort, restant calme.
- ta cicatrice. La voix est agitée. Il y a tant à faire. Il ne sait pas par où commencer. Son monde entier est une mer sans fin et Reen est une tempête agitée ne cessant de le prendre par surprise. Il bouscule tout son intérieur.
Armé d'un linge humide pour nettoyer la plaie, Vee s'assoit face à Reen et capture son menton entre deux doigts, attentif. Il nettoie les saletés avec minuteux.
- i know a guy for the fake ID. c'est le même qui s'est occupé des miennes. Son regard caresse le sien, aussi agité que calme. j'suppose qu'on pourra partir sur Waul, hein ? Kirk c'est horrible de toute manière. Ça fait pseudo sauveur de l'univers. ça f'ra office de mariage, on dira. c'pas comme si tu t'attendais à un truc truc grandiose ou quoi. Un sourcil haussé, l'air bourrin et les joues aussi rouges que sa nuque. Il lui offre qu'une œillade, encore. L'iris reste loin, se pose uniquement sur la plaie à traiter. 'fin sauf si tu veux ça. j'sais pas. j'sais pas comment ça fonctionne c'genre de truc. y'a des prêtres d'la force ou quoi ? ça a l'air compliqué. bouge pas. La pression des doigts s'accentue sur le menton. Les sourcils se froncent ; Vee dévisage Reen. quoi ? ah farg. t'es g'lé ? attends. Il lâche son visage, se redresse et fait grincer la chaise, prêt à aller chercher des vêtements et des couvertures.

Heureusement que Vee est là, il ne sait pas ce qu’il aurait fait son lui. Déjà, il serait mort dans ses infections, il aurait trouvé le moyen d’ouvrir ses plaies tout seul et peut-être qu’il se serait vidé de son sang, avant d’agoniser lentement. Ce n’est pas son genre de voir les choses d’une manière aussi dramatique, pourtant il réalise qu’il n’est pas passé loin d’un drame, un vrai. Il hoche la tête à sa question, bain ou douche ? Sans donner une réponse convenable. Juste quelque chose, ne plus porter ces vêtements que la neige a rendu humide et qui lui donnent l’impression de s’y rouler nu like a whorm, c’est déjà un bon début. Shireen se laisse faire, c’est le boulot de Vee de soigner les autres, il parle presque tout seul et beaucoup, signe qu’il y a quelque chose qui le tracasse vraiment. Vee n’aime pas le soigner, parce qu’il n’aime pas quelque chose n’aille pas chez lui, qu’il soit blessé, qu’il ait mal. Il se demande si déjà à l’époque c’était une marque d’affection ou simplement du professionnalisme. Même si c’est comme ça qu’il gagne sa vie, il doit préférer que les gens restent entier, tout comme, si il devenait chef, alors il préférerait que les gens ne meurent pas de faim. Dans sa tête ça fait sens du moins. Vee lui dit qu’il est fier et il hoche à la tête à nouveau, silencieux. C’est assez large, fier de quoi ? On ne lui a jamais dit ça, sauf quelques supérieurs satisfaits de son travail, mais sans le regarder dans les yeux. Il a ses joues qui rougissent, pas a cause du froid cette fois. Vee peut être dur, tout comme il peut énoncer des faits qui ont le don de changer sa vie, juste en modifiant la perception des choses.

Waul.
Il est déjà Waul. C’est vrai qu’il ne lui a pas dit. Il a commencé à assurer ses arrières, cacher de l’argent. Il s’est fait passer pour Waul quand on lui a donné son nom, peut-être qu’il devrait changer de prénom ou juste demande ce qu’on l’appelle Reen, comme si Shireen et Reen, c’était différent. Au moins, il ne porte plus son nom, celui dont il a tant voulu se défaire, dont il a passé des années a le détester. Shireen Waul, sa nouvelle identité qu’il portera fièrement si Vee le veut vraiment. En tout cas lui est tenté, si l’autre demande c’est qu’il est d’accord. Alors, d’accord.

Il attend qu’il revienne avec des couvertures et les enroule tous les deux dedans, incapable de rester immobile. Reen a la bougeotte et c’est plutôt bon signe. C’est son immobilisme qui devrait l’alerte, si un jour il n’a plus la forcer de se lever. « Mariage ? » Il répète les choses, un peu bête, comme il le ferait avec le moine qui vit dans la forêt, avec ses ewoks. Un mauvais tic qu’il prend. « Vraiment, c’est ce que tu veux ? Je veux dire c’est bien. Oui. On peut. » C’est peut-être précipité, mais il s’en fiche du regard des autres. Qu’est-ce que peut lui faire maintenant, bandit, traître et époux. Il ne manquerait qu’un gosse pour couronner le nous, mais il n’en a pas plus envie que Vee. Ils ont Tresh et B1 et c’est déjà assez de soucis. Le petit droïde lui manque autant que le sien. A cet instant et même si la ferme est un endroit chaleureux, le Bumblebee lui manque. C’est ce qu’il connaît de plus proche d’un Destroyer, là où il a grandit. Un vaisseau, de la tôle, une petite chambre avec peu de place. L’espace c’est quelque chose qui l’effraie car inévitablement il demande a être comblé. Sauf qu’il n’a jamais rempli les choses de lui même, on lui a servi les idées dans sa tête. On a fait le travail pour lui pendant longtemps. Cette ferme est belle autant qu’elle est vaste, qu’elle est calme et pleine de rien. Shireen ne sait pas encore encore comment on gère ça. Tant de choses qu’il doit apprendre et qui doivent paraître si évidentes aux autres. Il caresse la joue de Vee, distraitement. Au moins il sait que dans le doute, il peut remplir son coeur d’amour pour lui, il peut lui laisser toute la place qui reste. Le laisser se glisser dans les coins et les fissures, colmater ce qui a été détruit ou embellir les choses. Il l’aime tellement, comment a t-il pu le perdre une première fois ? Il se serre plus fort contre lui, parce qu’ils ont là, tous les deux.

Nombreuses sont les réflexions se trouvant dans son esprit. Mavee a l'habitude ; elles résonnent, toujours. Elles hurlent et aboient, crachent et se lamentent constamment. C'est une éternelle mélodie qui claque au creux de son esprit depuis qu'il a ouvert les yeux, une jambe en moins, il y a un moment maintenant. Les accords sont familiers, les notes aussi. Les cris ne changent pas, la panique non plus, mais il en connait l'impact des vagues et le fracas qu'ils peuvent avoir, tous, contre son coeur. Le bordel n'a pas cessé. Il ne disparait toujours pas de son esprit. Peut-être sera-t-il toujours là. Vee suppose, maintenant, qu'il doit se faire à l'idée. Il est paumé, brisé. Le passé reste où il est, peu importe si les souvenirs se sont ramenés. Il ne se sera jamais qui il a été, autrefois, car le mec a été expulsé hors d'un vaisseau et qu'il est mort. Mavee existe à l'occasion au travers des lèvres de Reen mais sinon, il est six pieds sous terre. Il voltige encore dans l'espace, comme un souvenir. Rien ne peut l'attraper. Même le médic lui-même ne saurait comment capturer la personne qu'il a été entre ses doigts pour le devenir.
Il ne sait pas.
Si, il sait.
Le passé reste où il est. Vee n'a pas envie de courir après une chose qui est aussi brisée, paumée. Les souvenirs sont joyeux à l'occasion, mais avec eux, le coeur n'est pas pris dans une tempête.
Il y a quelque chose de lourd lors ses iris se posent sur Reen. Il y a quelque chose de lourd dans son coeur quand il pense aux gens du bumblebee. Les souvenirs fantômes, entremêlés et floués, ne lui apportent rien. Rien d'autre que des mauvais rêves. Il est peut-être heureux, un peu, de les retrouver, mais le sentiment est fragile. S'il cherchait quelque chose, le passé ne lui a pas apporté.
Les mouvements sont brusques tandis qu'il enroule Shireen dans le plaid. Il lui frotte les bras à travers le tissu, concentrer pour lui apporter un peu de chaleur. L'autre idiot n'a toujours pas répondu à sa proposition et voilà ce qui affole le plus son coeur. Le passé, quant à lui, n'y est pour rien. Certes, des images de Reen lui sont revenus, mais Mavee restait loin de lui, avant. Il ne se laissait pas approcher.
- Mariage ? que fait Shireen, et Vee fronce des sourcils, lui apporte un peu plus de chaleur mais n'en reste pas moins dérangé par une réponse aussi stupide. Il gronde un semblant de réponse, pas grand chose, parce qu'il pourrait l'insulter. Son sang n'a pas été froid depuis un bon moment déjà. Vraiment, c’est ce que tu veux ? Je veux dire c’est bien. Oui. On peut. La caresse a beau être douce contre sa joue, le regard de Vee ne l'est pas. Il fixe Shireen comme s'il était con. Cette fois, le sentiment se cache difficilement.
- C'mment ça on peut ? qu'il aboie, la voix grognant plus qu'autre chose. c'toi qu'a d'mandé y'a j'sais pas c'bien d'temps. Les mots s'affaissent les uns contre les autres, la voix est aussi rapide que dure. Le malaise glisse contre sa nuque. Il blame Shireen qui est aussi froid que la neige, contre lui. m'dis pas qu'tu perds ta m'moire juste quand j'retrouve la mienne, pauvre con. sinon j'te claque.    Regard noir posé sur les traits, la pupille grande et les joues rosées. Il le dévisage et détourne le regard, déjà, posant ses mains contre les joues de Shireen pour bouger l'angle de son visage et s'occuper de sa plaie, de nouveau. t'fais chier. ya pas d'mande. on est d'jà marié.   Les souvenirs sont revenus, la tête est toujours aussi saccagée. Vee sait maintenant que la relation n'a jamais existé. La demande reste pourtant intacte dans ses pensées, bien qu'il doute une brève seconde. Il fronce des sourcils. laisse tomber qu'il marmonne, doutant brusquement de lui, se concentrant sur la blessure.