a song about the past (jadzia)

L'odeur colle à la chair ; une senteur horrible qui reste dans la crinière et dont il est impossible de se défaire. Il y a un froncement de sourcils sur les traits de Vee ; une irritation qui ne désire pas s'en aller. Le passé laisse des traces plus présentes depuis un moment. Des traces qu'il refuse et qu'il vit, encore et encore, sans pouvoir poser un mot précis sur ce qui constitue ce qu'il a été. Shireen possède peut-être des réponses ; les mots sont moindres depuis un moment et Vee doute de tout, même de sa moitié. Il ne sait pas. Il ne sait plus rien. Exécuter des missions devient une porte de sortie, un exutoire qu'il accepte qu'importe la mine sombre qu'il tire face aux propositions lamentables venant de Gabyn. On ne lui offre pas les meilleurs missions ; il existe encore une ombre sur sa santé, sur sa condition. L'inquiétude est silencieuse mais les paroles sont hurlées si fort dans les esprits qu'il peut en entendre les échos. Il n'en veut pas. Il ne veut rien de cela ; pas même du passé, peut-être. Certes, le médic est à la recherche de quelque chose, mais il ne saurait poser un mot sur ce qu'elle est, et pour l'heure, avec les derniers jours, les dernières semaines, il n'est pas certain de pouvoir connaître ce Mavee qui a existé avant qu'il ne soit que Vee. Les vagues souvenirs revenant sont aussi brisés qu'il a l'impression de l'être. Ils apportent une douleur, une terreur. L'esprit est saccadé, fragmenté en une multitudes de morceaux dont il ne possède pas la force de replacer.
Une mission suffit à occuper l'esprit. Les rêves reviennent la nuit, mais il se lève le matin et il continue sa tâche. Quelques jours loin des autres, en compagnie de Jadzia. Les paroles partagées sont moindres et les regards sont lourds ; ils s'appréhendent encore, apprennent à se connaître. Vee n'a pas entièrement pris le temps de la connaître, encore. Il pense à prendre le temps, à l'occasion. La pensée s'efface aussi rapidement qu'il est percuté par des souvenirs d'avant. Il se rassure hypocritement en se disant que Jadzia n'a pas envie d'être connue, de toute manière.
Elle ne partage rien. Son regard possède plus de mots que ses paroles.
Vee peut le comprendre ; il aimerait parfois être plus aisément compris d'un regard. Il donnerait beaucoup pour comprendre bien des choses d'un oeil d'oeil, tout autant.
La mission est finie, pour l'heure. La forêt de Naboo a été quitté depuis un moment et la ville les accueille. Le médic peut encore sentir l'odeur de la ferme et du fumier contre leurs vêtements et leurs cheveux qu'importe s'ils ne sont jamais approchés de pareilles choses. Il y a un picotement, dans son nez. Les allergies restent violentes et dérangeantes, malignes, tandis qu'ils se perdent lentement entre les hauts bâtiments du secteur Ouest de Theed. Le ciel s'est absenté, maintenant ; il voit par les néons qui se trouvent sur les immeubles, par les lumières nombreuses. Le ciel n'existe plus.
Qu'importe ; Vee a l'habitude de ne pas voir clair.
L'iris lorgne vers Jadzia, un moment. La livraison a été déposé un peu plus tôt. Il suffit de retourner aux speeders et d'ensuite, retourner à l'appartement ou encore, au Bumblebee. Les rues sont pleines ; les voix portent et le corps est tendu. Vee a les épaules serrées, la gorge aussi. Il renifle un coup et essuie ses yeux agressés par ses allergies avant de porter son regard autour d'eux.
Le pas s'arrête. On fait un arrêt. qu'il demande, exige. Le pas reprend déjà et Vee n'attend pas sa partenaire, se dirige vers la cantina se trouvant à quelques mètres d'eux. Vee n'y est jamais allé. Il n'en possède aucun souvenir, dans tous les cas. Pas de cette vie. Gabyn proclame qu'il est meilleur de boire chez soi ; l'alcool est moins cher et le lit est plus près pour finir presque mort mais heureux. Vee partage son avis. Ils chantent qu'il fait, bien con, presque insulté, à s'arrêter brusquement sur le pas de la porte. Un moment moindre passe avant qu'il ne sente Jadzia dans son dos. Elle ne s'y cogne pas ; elle possède de meilleurs réflexes que cela. Voilà bien une chose qu'il sait à son sujet. Il n'est pas si démuni. C'est un putain de kara - ah. Le mot bloque dans la gorge ; il la racle, il tousse même une fois, deux, et les iris se font humides sous le geste. Ou peut-être que les yeux l'étaient déjà, humides. Un reniflement encore, un regard de travers offert à sa collègue avant qu'il n'hausse des épaules et bouge. Autant boire un verre. qu'il gronde, la voix un peu étrange, avant d'aller prendre place à une table vide.