You can lose your way groping among the shadows of the past. (sroddaw)

Pour se rassurer, Shireen se dit souvent que la culpabilité qui l'habite est la preuve que quoi qu'il arrive, son humanité ne lui a pas totalement été arrachée. L'obscurité n'a pas dévoré son coeur, c'est là sa crainte la plus profonde, celle qui l'a éloigné de la voie des Jedi et des Sith. Ironique pour un régime qui prétend sa suprématie, alors que ceux qui l'orchestrent sont dépouillés de toute sympathie, il n'a pas l'impression de participer à l'essor de la race humaine. Juste sa propre destruction et celle de ses valeurs. Le sang sur ses mains ne pourra jamais être lavé. Il repense presque tous les jours aux Jedi qu'il a du tuer et ceux qu'il a blessé. Personne ne lui a forcé la main, il l'a fait en connaissance de causes, pour rendre son frère fier. Il pensait que c'était le choix juste, qu'il serait couvert de gloire. Finalement, il est la risée de ses camarades, on se moque de lui et son père n'a pas plus confiance en lui. Tuer des Jedi n'a pas suffit à faire cesser ses coups. Cela n'a rien changé. Si ce n'est qu'il a perdu une occasion de s'enfuir, une opportunité de faire ce qu'il a vraiment envie de faire ; disparaître. Ce qui le marque encore après toutes ces années et le fait sursauter, c'est le souffle, l'explosion de Kashyyyk et le silence qui a suivi. Un silence qui l'envahit quand il cesse de penser. C'est une journée particulièrement triste pour lui. Reen, les mains dans les poches, erre dans les rues de Theed, encore en uniforme et son arme accrochée dans son dos, perdu dans ses pensées et flanqué de B1, son droide de combat. Un tableau mélancolique auquel il ne manque que la pluie. Le ciel est plus clément, il est cotonneux. Le droïde reste à une distance respectable de son maître et semble le regarder avec tristesse, bien qu'aucune émotion ne soit exprimée à travers ses yeux robotiques. Son modèle n'est pas pourvu de sentiments. C'est un hasard, si sous certains angles, il paraît moins stoïque. Le soldat n'a pas le sourire habituel sur ses lèvres, c'est plutôt la soupe à la grimace. Il tire dans un cailloux et le regarde tracer sa route et cogner dans le corps d'un petit droïde.
Shireen le trouve familier, sans savoir pourquoi.

Il sourit en s'approchant. Il apprécié la compagnie des droïdes et eux aussi l'aiment. La preuve avec B1, qui s'obstine à agresser tout le monde, mais n'a jamais levé un de ses bras mécaniques sur lui. Il l'a même prit dans ses bras une fois. C'était maladroit, mais bienvenu. Reen s'agenouille devant le droïde, curieux. « oh désolé, je n'ai pas fait attention. » B1 reste sur la défensive, il tient son blaster en position d'attaque et Reen l'entend chauffer. « du calme c'est juste un droïde. » Il hausse les épaules. Il n'a pas l'air dangereux en plus. « tu es tout seul ? »  Des pas l'alertent et lorsqu'il relève la tête, son sang se glace dans ses veines. Ce n'était donc pas seulement une impression, sans doute la force qui l'a mené ici. Son intuition qui l'a poussé à se ressasser ses actes passés. Un de ses crimes se tient droit devant lui. Il le reconnait. Sans aucune hésitation de sa part. Il a déjà combattu ce Jedi et l'a grièvement blessé, mais il n'a pas eu le courage d'en finir. Après tout ce qu'il avait fait, ajouter un nom de plus à sa liste ne l'intéressait pas. Il était fatigué, comme il l'est aujourd'hui. De cette guerre qui ne prendra jamais fin. Il se relève et leurs regards s'effleurent. Il se sent bénit de ne pas pouvoir effleurer ses émotions, de ne pas avoir développé de telles capacités. Reen ne sait pas quoi dire, il est tenté d'excuser. De continuer à la jauger. Au cas où il est prêt à dégainer. Il prend une grande inspiration à la place et décidé de faire comme si il ne l'avait jamais vu même si ses yeux le trahissent. «  c'est votre droïde ? il est adorable. vous devriez faire attention, il y a des voleurs dans le coin. » Maintenant, il croise les doigts.  

Shireen n'est pas outré par le sarcasme qui teinte les paroles du jeune homme. Il ne s'attendait à rien d'autre, peut-être plus de violence de sa part. A moins qu'il réalise que s'attaquer à un office de l'armée impériale en plein jour n'est pas la meilleur tactique pour assurer sa vengeance. C'est une émotion qui peut obscurcir le jugement, il en sait quelque chose. Quand lui pense à tout ce qu'il aimerait faire à ceux qui l'ont rabaissé et humilié, ses visions sont tâchées de sang et de ténèbres. Il n'imagine aucune issue paisible, cette voie n'est pas la sienne. Le pardon n'est pas quelque chose qui fait l'unanimité dans ce monde, encore moins dans le sien. Il n'existe pas de terme comme celui-ci au sein de l'empire, tout est juste rétribution. Une vie pour une vie. Si son adversaire d'autrefois veut régler son différent, Shireen n'hésitera pas, bien qu'il espère pouvoir éviter. Son honneur est encore quelque chose de précieux, qu'il préserve, mais vaut-il vraiment la peine de rouvrir des vieilles plaies . Il pourrat se défendre, prétendre qu'il ne faisait qu’obéir à des ordres. C'était le cas et ça l'est toujours. « hum, vraiment ? Il ne lui fait pas peur, ce droïde, peut-être parce qu'il n'est pas un voleur. L'est-il ? L'Empire a pillé des planètes, détruits des civilisations et s'est approprié les trésors des Jedi. D'une certaine manière, il a volé, des objets et des vies. Il aurait pu voler celle du jeune Jedi il y a 5 ans. Mais pusiqu'ils ont tous les deux survécu l'un à l'autre, il n'arrive pas à trouver nécessaire d'achever ce qu'il a commencé.  

Il y a quelque chose qui ne change pas. Shireen n'est pas un sith. Ce n'était pas à lui de faire ce sale travail. Si il avait su où tout ça le mènerait, il aurait accepté la main tendue et aurait fuit, se serait fait passer pour mort dans les décombres des vaisseaux. Profitant de la confusion suite à l'annihilation de Kashyyyk. « ainsi nos chemins se croisent à nouveau. » Les pieds vissés dans le sol, il n'ose pas bouger et son droïde non plus, trop occupé à admirer son congénère. Il y a peut-être un courant qui passe entre eux, mais il ne faudrait pas que B1 décide de s'attacher, car il ne s'agit pas d'un allié. Rien n'est un hasard. Dans sa famille, c'est une certitude, si Reen ne s'est jamais ouvert à la force, il sait que c'est elle qui détermine tout à l'avance, que leur rencontre était prédite et qu'il ne peut s'en échapper ainsi, sans un mot. Espérer fuir face à son destin. « les excuses ne ramèneront pas ce que je t'ai prit. » Et il ne veut pas se retrouver à lui implorer de pardonner, d'effacer du tableau ses péchés. Il n'en a pas besoin. Après tout quand il rentrera chez lui ce soir, il aura peut-être oublié son visage, préoccupé par autre chose. Par ses propres problèmes. Ainsi est la guerre. Il y a des vaincus et des vainqueurs. « pour que l'histoire ne se répète pas, tu ne devrais pas rester sur cette planète. » Est-ce une menace ? Lui même ne sait pas. Il tient à l'avertir. Son devoir serait de le reporter, de prévenir sa présence, de trouver un moyen de le pister, car il se trouve ici, peut-être est-il en contact avec d'autres. C'est une basse besogne, qui doit malgré tout être accompli. Il peut faire comme si il ne l'avait jamais rencontré, si leur échange ne s'éternise pas. Au delà, son devoir prendra le dessus.
Shireen aimerait que les choses soient autrement.

Un tic nerveux fait relever sa lèvre supérieure avec mépris. Et c'est avec ce genre de beaux discours que les Jedi se prétendent mieux que les autres. Shireen a bien conscience que son camp porte ses torts et que le combat a amené cette blessure irréparable. Il ne soutient au final aucune des deux entités, de plus en plus persuadés que le bien et le mal n'existent pas quoi qu'il en soit. Chacun possède ses idées et essaye de les promouvoir. Dans tous les cas, ça ne se termine qu'en bain de sang et des gens meurent, des innocents, d'autres qui se sont salis les mains. Fait-on la différence dans les charniers ? C'est la guerre. Il se trouve d'un coté de la balance, ne lui reste que son empathie pour les autres. Ce n'est pas son rôle de les protéger. Il n'attend pas de la pitié de la part de ses ennemis, Shireen s'est résigné depuis longtemps à mourir comme il a combattu. Il est un soldat.

Shireen reste maître de lui même. Il saisit la garde de son éléctrostaff et l'allume, mais il demeure immobile. B1 fait un pas en arrière, hésitant à tirer. Deux contre un, mais c'est un jedi, c'est une manière d'équilibrer le combat. Combat auquel il n'a aucune envie de prendre part. Il est légitime que son interlocuteur ressente toute cette colère. Aux yeux de l'impérial, elle ne fait que prouver que Sith et Jedi ne sont séparés que par un pas dans les ténèbres, elles sont accessibles à tous et il est plus facile de se sombrer que de résister à la haine. Aurait-il adhéré à une plus belle philosophie si l'occasion s'était présentée ? Même menacé, il ne refuse de porter le premier coup, il demeure dans sa provocation verbale qu'i estime porteuse de vérité. « que vas-tu faire ? me tuer ? me prendre mon bras ? je croyais que vous ne laissiez pas la colère vous dominer. » Il ne fait que répondre à des ordres. Peut-être que c'est uniquement une phrase qui l'aide à dormir la nuit, peut-être que c'est une atroce vérité que personne ne veut entendre. Les frontières sont floues entre la responsabilité de ses actes et celles de son ordre. « vas-y. attaque moi si ça te fait plaisir. tu ne seras jamais différent à mes yeux de ceux que je côtoie. »

La Force est puissante et dangereuse. Il pense souvent que ce n'est pas seulement l'Ordre Jedi qui aurait du tomber ce jour là, lors de la bataille de Kashyyyk. Ils ont mal visés. Il aurait fallu s'en prendre à ces femmes et ces hommes qui possèdent un trop grand pouvoir eux et qui ont la prétention de l'ériger à une si haute place dans la société. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, tout ce qu'il voit ce sont des enfants à qui, tout comme lui, on a mit des choses dans la tête.