LINKS. (SRODDÂW&ADRLEE)

La litanie qui résonne sans fin dans tes oreilles te vrille les tympans. La migraine qui t’assaille n’a d’autre origine qu’une puissance inconnue qui parfois dicte tes moindres faits et gestes sans que tu ne saches d’où cela peut venir. Assaillant les moindres aspérités qui composent ton âme sans que tu ne puisses te défendre face à ces idées venues d’ailleurs. Tout ce qui te reste de chance de faire passer ce mal réside dans le repos du corps et de l’esprit.

C’est pour cela que le lit dans la chambre principale du Convor reste la meilleure échappatoire, et tu t’y diriges, le pas lourd et traînant pour te glisser complètement nu dans les draps en fleuréline. Le sommeil ne tardant pas à venir, les paupières lourdes, un monde fait de rêves viennent envahir ton subconscient, ne te laissant pas une seule minute de répit depuis quelques jours. Tu aurais pu aller voir un médic afin qu’il puisse tenter un diagnostique, or, tu es persuadé qu’il ne s’agit pas là d’une maladie, mais plutôt d’un rappel à l’ordre, la Force cherche à te guider, mais tu ne peux décemment pas l’écouter, surtout pas quand l’Empire est à tes trousses cela pourrait avoir de graves conséquences.

T’enfonçant dans les songes oniriques d’une autre époque, une aura bleutée flotte autour des images qui défilent, comme des souvenirs qui ravivent des émotions et des sensations dans le creux de tes reins. Une chevelure flamboyante glissée entre tes doigts qui s’agrippent à son crâne tandis que des souffles courts s’évanouissent dans l’air. Cette proximité des deux corps qui t’était pourtant interdite eu raison de tes défenses ultimes. Ces images cheminent pendant des dizaines de minutes, revenant en boucle, et toujours cette petite ombre bleue qui brouille les pistes. Rappel constant que ce rêve n’est pas fortuit, qu’il y a une raison derrière celui-ci, quelle qu’elle puisse être.

Le corps en sueur, c’est ainsi que tu te réveilles dans ton vaisseau, toujours posé sur la planète Naboo. Au moins sachant où tu es, il n’y a pas d’effarement total. Sauf qu’une étrange impression se déroule progressivement. Et elle ne laisse qu’un seul mot, ou plutôt un seul nom : Felucia. Située à l’autre bout de la galaxie, il ne te faut pas plus pour choisir la voie à suivre.

Une toilette rapide effectuée, tu finis par t’habiller à nouveau avant de te diriger vers le cockpit du vaisseau.

– BD-8, entre les coordonnées de Felucia, j’ai besoin de toi pour mettre les gaz.

– Biiippp-zwooooop ?

– Je ne sais pas, quelque chose me pousse là-bas sans que je ne sache pourquoi, et ne t’en fais pas, je sais qu’il peut s’agir d’un piège.

Le Convor s’échappe du dessus de la forêt où tu l’as dissimulé, il est vrai que tu restes paranoïaque, mais c’est ce qui t’a permis de survivre aussi longtemps dans la galaxie sans te faire capturer par l’Empire. Rapidement, ce fut les étoiles et l’espace qui envahirent le champ de vision. Oh, tu n’as jamais été un très bon pilote, mais il a fallu que tu apprennes sur le tas, et ce petit droïde utilitaire t’as été très utile pour cet apprentissage forcé.

Le passage en hyperespace a été très rapide et te voilà donc dans le tunnel caractéristique, voguant vers la planète qui hante les méandres de ton esprit.

Une fois arrivé, il faut que tu puisses trouver ton chemin, mais rien ne te vient, comme si l’endroit devait se montrer à toi. Les pieds sur le sol de la planète, prenant bien garde de ne toucher à aucune plante sans l’avoir identifier. La marche à suivre est claire, alors tu te mets à genoux, fermant les yeux et plongeant profondément en méditation. Quoi qu’il advienne, la Force te montrera la voie, et te préviendra des dangers immédiats.

@Sroddâw Liskhart

Les flux et reflux de la Force qui circulent dans ton être envahissent chaque centimètre carré de ton organisme, les midi-chloriens présents en toi excités comme rarement ils l’ont été. A croire que tout était programmé afin que tu te retrouves en cet instant précis à cet endroit-là. En tant qu’utilisateur de la Force, tu sais que cela n’est pas anodin et que le destin joue parfois des tours assez complexes. Sauf qu’actuellement, cette part en toi hurle que c’était le bon choix. Il n’y a plus d’autre alternative, il faut se laisser consumer, au risque de se brûler les ailes.

Chaque seconde qui passe paraît des minutes entières, la méditation fait voler ton esprit dans un monde extra, au-dessus des sensations terrestres, et il ne cherche qu’à retrouver ce qui a pu l’attirer sur cette planète. Le nouveau mot qui t’envahit résonne inlassablement : incomplet. Comme si une partie allait revenir, comme si le monde voulait que tu retrouves ce qui te manque et qui t’avais été arraché. Or, au plus profond, tu te sentais entier, comme en parfaite communion avec ce qui te composait. Étrange impression qui finit par s’amenuiser au fur et à mesure sans savoir exactement pourquoi.

Tu n’es pas seul, et dans cet état, cela est important, vulnérabilité suprême que tu offres aux prédateurs ; BD-8 veille sur toi, il scanne les environs afin de détecter quelqu’un, quelque chose ou même n’importe quoi d’autre qui pourrait constituer un danger. Sauf que tu ne te sens pas en danger, au contraire, cette sérénité apaise les moindres maux, les moindres désagréments que tu peux ressentir.

Et au bout de quelques minutes, tes paupières s’ouvrent, sachant que ce que tu attendais est arrivé. Indiscutablement, le moment est propice à une ouverture sur le monde comme jamais tu n’en as tenté.

– C’est bon BD-8, tu peux arrêter, souffles-tu entre tes dents sans quitter les alentours des yeux.

Le petit droïde émet quelques sons avant de retourner dans le vaisseau en sautillant sur ses jambes mécaniques. Ton sabre laser est resté dans ta cabine, il ne reste donc que ton blaster que tu caresses du bout du doigt arborant ta bague cachant le fait que tu sois sensible à la Force, prêt à dégainer au moindre signe alarmant. Or, une intuition murmure à ton oreille que tu n’en auras pas besoin, que le monde n’est que calme, que beauté et que tu le comprendras d’ici quelques instant. Tu ne parviens pas à articuler convenablement cette idée, et pourtant, tu l’acceptes, entièrement, pleinement.

C’est alors que parmi l’enchevêtrement des plantes hautes et des champignons géants, tu distingues quelque chose qui n’était pas là quelques secondes auparavant. Une chevelure rousse, comme dans ton rêve. Non… comme dans ton souvenir, il y a de cela plusieurs mois. Une chaleur intense, une sensation d’étouffer serre ta trachée. Pourtant, tu parviens à articuler quelques mots très simples :

– Pourquoi es-tu là ?

La voix est haute, perceptible pour lui, et de toute manière, il n’y a personne d’autre que lui. Vous vous êtes rencontrés il y a longtemps, vous avez eu l’outrecuidance de partager vos draps alors que les préceptes de l’Ordre Jedi te l’interdisait et vous vous êtes quittés, restant quelques temps en contact avant de rompre tout cela. Pourtant, jamais son souvenir ne t’a abandonné, comme si l’on refusait que tu puisses oublier quoi que ce soit entre vous.

– Montre-toi, cela fait bien trop longtemps.

Il doit se souvenir lui aussi, tu ne peux pas être le seul. La Force ne t’aurait pas guidé là sans faire appel à lui également. Ou peut-être que si, après tout, tu n’es pas assez érudit pour tout savoir, d’autant plus que tu n’as même pas encore terminé ton apprentissage. Tu n’es qu’un simple padawan qu’on a abandonné et qui a dû survivre par ses propres moyens, parfois pas très légaux d’ailleurs.

Quand tu perçois mieux son visage, tout ton corps exulte, les battements de ton pauvre myocarde sont tellement rapides que tu en ressens un vertige certains, ton ventre papillonne et te donne la nausée. Bon sang, que t’arrive-t-il ? Le plus étrange dans tout cela, c’est cette impression que rien de cela n’est naturel, qu’une puissance bien plus ancienne que toi dicte tout ce qui doit arriver.

@Sroddâw Liskhart

La méfiance naturelle. Il n’y a rien de plus normal en ces temps troublés. Tu en as également, ayant toujours peur de tomber dans les griffes de l’Empire, et tout le monde devient suspect à tes yeux. La paranoïa n’aide pas à maintenir l’équilibre primordial à tout Jedi. C’est pour cela également que tu te tiens éloigné de l’Ordre, leurs idées et leurs idéaux ne correspondent plus à ce que tu recherches. Alors tu te laisses vivre, au gré de tes envies et surtout en fonction de ce que tu dois faire pour survivre. Il sera temps plus tard de tenter d’achever ton apprentissage, peut-être une fois que les évènements dramatiques qui secouent la galaxie s’apaisent et qu’un ordre nouveau soit proclamé.

Pourtant, envers lui, et ce qui est étrange c’est qu’il n’y a plus méfiance, il n’y a plus que ce regard embrumé que tu n’arrives pas à détacher, comme s’il y avait une case qui venait de se remplir. Ce qui est étrange, c’est que plus il se rapproche de toi, plus cette impression se renforce. Ces belles boucles rousses, ces iris verts et surtout les courbes de ce visage. Il ne t’en faut pas plus pour sentir à nouveau le rouge venir colorer très légèrement tes pommettes.

– Tellement longtemps oui, que je me demande combien d'années sont passées, tu as une idée ?

– Je ne sais pas, lui réponds-tu en le voyant s’approcher encore plus.

Vos regards se croisent, et c’est une vague immense qui te submerge. Mélange d’eau glacée et de brasier intérieur, ce qui te provoque des démangeaisons dans le bout des doigts. Que t’arrive-t-il ? C’est une impression bien trop désagréable mais que tu chéris sans comprendre exactement les tenants et aboutissants de tout cela.

Sauf que la vérité, c’est que tu le sais exactement, cette réponse est une évidence, cela fait déjà deux années. Si au début vous êtes restés en contact, finalement, ce ne fut plus le cas. Abandonnant cela, mais ressentant toujours ce petit fil qui relie tes pensées à cet homme.

– Tu m'as manqué.

Un petit sourire se loge sur tes lèvres, ton regard s’illumine alors que tu les relèves vers lui, rien n’a changé, toujours ce poncho, toujours cet air serein qu’il arbore. Il est resté tel que tu t’en souviens, alors que ce n’est plus tout à fait vrai. En regardant plus attentivement, tu remarques des petits détails qui n’en sont pourtant pas. Tu as suivi son évolution, c’est le seul constat possible.

– Pour répondre aussi à ta question, j'étais à un temple Jedi ancien, mais je… un rêve, des souvenirs m'ont attiré ici, devant toi...

Alors que tu t’apprêtes à lui poser une question sur les raisons de son exploration d’un vieux temple Jedi, il te prend de court en te prenant dans ses bras. Là, tu ne sais plus quoi faire, les bras collé contre ton corps, c’est comme si on t’avait paralysé à l’aide d’un électrochoc. Tu n’étais pas prêt à cela, et pourtant… cette harmonie d’antan se révèle à nouveau quand tu te décides à l’entourer à ton tour dans tes bras, ton petit cœur battant trop vite.

En fermant les paupières, tu vois cette lumière bleue que tu avais dans ton rêve, mais cette fois-ci, elle relie vos deux enveloppes charnelles, allant attraper vos âmes. Tu ouvres les yeux, étonné et surtout perplexe suite à cette découverte. Mais diable qu’est-ce qu’il t’arrive ? Fort heureusement, cette étreinte que tu lui as rendu se termine et vous vous reculez, un peu gênés tous les deux.

– Tu faisais quoi dans un temple Jedi ? Ce sont les lieux privilégiés de l’Empire pour attraper ceux qui leur vouent un culte.

Sans savoir exactement de quoi il retourne, tu sais très bien que le rouquin ne porte pas vraiment l’Empire dans son cœur, ou tout du moins qu’il ne tient pas à être capturé. C’est donc une mauvaise idée que d’aller en exploration dans ces lieux. Et tu en sais quelque chose étant donné que pour aller forger ton deuxième sabre laser il a fallu que tu retournes sur Ilum qui était envahie par les Siths. Quelle épreuve.

De plus, cela te met la puce à l’oreille. Pourtant, tu ne poses aucune question. Se pourrait-il qu’il soit lui aussi un vestige… un ancien Jedi ? Cela pourrait expliquer beaucoup de choses. Or, tu serais également en danger, tu t’es tenu éloigné de tout le monde vu la purge actuelle. Cependant, à nouveau, tu ne te sens pas menacé, au contraire, c’est un apaisement le plus profond que tu perçois, malgré les battements de ton cœur trop rapides et ces palpitations dans ton bas ventre.

– J’ai entendu parler de raids des soldats impériaux dans de tels lieux, et à chaque fois, ça se termine très mal.

Et ce n’est pas exagéré, parfois il y a des exécutions sommaires pour les plus chanceux, pour ceux qui n’ont guère de chance, ce sont la torture et les conséquences du côté obscur qui les attendent. C’est ce qui est arrivé à ton maître, mais tu choisis de taire ce sujet, ne voulant pas raviver de vieilles blessures.

– Tu m’as manqué aussi.

La tension diminue peu à peu, tu préférais éviter de continuer à parler des lieux Jedis, cela aurait pu avoir une incidence sur ton secret. Personne dans la galaxie – ou presque – n’est au courant de ce que tu es, et tu préférerais que cela reste ainsi pour le moment. Le seul indice pourrait être la pierre contenue dans l’anneau que tu portes à l’index gauche, mais la pierre d’arimite est si bien camouflée que c’est impossible de la discerner à l’œil nu. Dans tous les cas, ce qu’il expose est une vérité simple, Srodd lui a manqué, quand bien même tout cela n’est que relatif, bien qu’il n’arrive pas à exprimer pourquoi.

Le plus étrange, c’est également de voir que vous avez eu la même raison pour vous retrouver, ce que tu te gardes bien de le lui dire, parce qu’il apparaît que cela apparaît comme évident, mais peut-être pas après tout, sauf que ce serait te trahir également, et tu ne le souhaites pas encore.

@Sroddâw Liskhart

Le beau roux te rétorque qu’il sait très bien comment se déroulent les raids impériaux. Tu n’en doutes pas, mais tu trouves toujours cela très stupide de tout risquer pour aller observer les ruines d’un Ordre Jedi qui est passé aux oubliettes, qui a failli à sa tâche : la protection de la galaxie. Ils ont été eux-mêmes les instigateurs de leur propre chute tant ils se sont crus invincibles. Tu ne partages pas les idéaux de ton ancien maître, mais tu dois admettre qu’elle avait raison sur ce point : l’immobilité apporte l’oisiveté, et avec elle, le déclin inévitable. Quoi qu’il en soit, tu voudrais qu’il arrête d’explorer ce genre de lieu, mais comment le lui demander de façon aussi positive que possible ? D’autant plus que tu n’es rien, ni personne pour lui, en tout cas, tu n’as aucunement le droit de le lui demander. Il est libre de ses choix, autant que tu l’es des tiens.

Néanmoins, tu constates avec effarement qu’il porte les stigmates d’une rencontre avec les impériaux quand il retire son gant. Tu avais déjà vu son bras mécanique quand vous étiez nus dans les mêmes draps, mais maintenant tu peux attribuer une raison à cela, et cela renforce encore ta détermination à fuir coûte que coûte l’Empire. Tu te doutes qu’il n’aime pas parler de cela, ou encore moins le montrer, et ce geste doit lui être dur, c’est pour cela que tu apprécies autant être témoin de tout cela, il te considère, et cela te fait chaud au cœur, malgré l’horreur de cette scène qui peut te venir en tête.

C’est à ce moment, une fois que tu veux détourner la conversation que tu l’informes qu’il t’a manqué également. C’est la stricte vérité. Cela fait bientôt deux années que vous ne vous êtes pas vus, et pas une seule journée s’est passée sans que tu ne penses à lui au moins une fois. De toute façon, son image s’imposait d’elle-même, comme une évidence alors que tu fermais les yeux pour sombrer dans le sommeil.

– J'ai bien cru être le seul qui allait dire cela.

Un petit rire échappe à Sroddâw, un de ces rires qui te fait sourire instantanément. Et tu le regardes aller s’asseoir sur une haute pierre non loin, le suivant de près, tu fais de mêmes en te positionnant à une distance assez raisonnable, encore trop peur sûr de la relation qui vous uni tous les deux.

– Alors, que deviens-tu depuis ?

C’est une très bonne question. Qu’es-tu devenu depuis que vous vous êtes parlé pour la dernière fois par le biais de comlinks. La vie n’a pas changé, et comme tu ne lui avais rien dit de ta situation, tu t’es fait passer pour un pèlerin, voguant de planète en planète. Ce qui n’est pas faux, mais n’est pas totalement vrai non plus.

– Tu n'as pas changé.

Cependant, ça, c’est entièrement erroné. Tu te sens différent. Probablement que tu l’es, mais il doit parler physiquement, il n’aurait pas pu deviner ta psyché, à moins que… non, tu secoues la tête, impossible, tu l’aurais su autrement.

– Tu es trop gentil. Mais c’est faux, j’ai gagné plusieurs cicatrices depuis la dernière fois, et j’ai bien peur d’avoir bien trop frôlé la mort pour en ressortir indemne.

Cela, tu peux le lui dire sans risquer qu’il ne devine la vérité, cela reste assez vague. Pourtant, les mensonges te pèsent lourdement depuis autant d’années. Tu aimerais pouvoir te livrer à quelqu’un, mais tu ne peux pas. Ce serait te servir sur un plateau d’argent à l’Empire, et tu le sais très bien.

Cependant, tu peux peut-être lui servir une vérité de plus, quelque chose qui renforcerait cette confiance que tu as en lui sans savoir exactement pourquoi. Les maîtres Jedis avaient expliqué jadis que parfois la Force faisait de drôles de choses, et c’en est un exemple parfait.

– Écoute Sroddâw… tu marques une longue pause le temps d’inspirer longuement pour avoir le courage de dire la suite. Je n’ai pas été totalement honnête avec toi. A vrai dire ma tête est mise à prix par l’Empire, et depuis… plusieurs années, je suis obligé de fuir aux quatre coins de la galaxie pour ne pas être attrapé.

Tu lui laisses le temps d’imprimer cette idée. Tu espères juste qu’il ne te berne pas et qu’il ne te dénoncera pas, autant dire que tu aurais l’impression d’être trahi et qu’en prime tu ne pourrais faire confiance à absolument personne.

– C’est pour cela que je n’ai pas forcément trouvé le temps de te contacter, ni de… quoi que ce soit même d’ailleurs. Je ne trouve même plus le temps de vivre tant je dois tout faire pour au moins survivre.

La vérité, c’est que cette dernière année a été particulièrement compliquée, et tu as vécu pas mal de choses que tu aurais préféré ne pas vivre. Tu fermes les paupières en tâchant d’évacuer toutes ces images de tes pensées en inspirant à nouveau une grande bouffée d’air avant de te retourner vers lui et le regarder avec une peine non dissimulée.

– Toi, cependant, tu as changé.

Oui, il a changé, tu le sens différent, peut-être plus mûr, peut-être plus sûr de lui également, et même si tu le ressentais, tu sais qu’il y a eu du changement en lui. Pourtant, tu as peut-être dit cela d’un ton un peu abrupt, et tu t’en rends compte bien trop tard. Les rudiments de la société te sont devenus opaques, et tu parles comme tu le penses.

– En bien, je veux dire.

D’ordinaire, tu te serais moqué d’être convivial avec quelqu’un, mais pas avec lui, tu ne le peux pas, et tu voudrais qu’il puisse te voir d’un bon œil, parce que cela est important à tes yeux. Et même si tu ne sais pas pourquoi, cela te semble être vraiment très important, presque autant que de respirer ou de te sustenter.

@Sroddâw Liskhart

Sroddâw semble également être recherché par l’Empire, du moins, par rapport à ce qu’il laisse sous entendre. Ceci n’est guère étonnant puisque lorsque vous étiez encore en contact, le bel éphèbe bougeait constamment, tant et si bien qu’il était compliqué d’établir un lien par le biais de vos comlinks.

C’est probablement pour cela qu’il a dû perdre son bras il y a longtemps, mais pour cela tu n’oses guère faire de suppositions. Tu ne cherches que la vérité, pas à l’imaginer, et c’est bien mieux ainsi. Dans tous les cas, tu préfères garder le silence à ce sujet, puisque parfois cela est bien pire de devoir l’expliquer que de le vivre réellement. En effet, raconter des événements tragiques ravive des souvenirs et fait revivre ces scènes dans les esprits. Et ce n’est pas ce que tu souhaites, tu ne veux que son bien, pas le blesser par tes propos.

Mais tu es persuadé que ce changement est le bienvenu chez lui. Les épreuves marquent profondément les personnes qui y sont confrontées, tu en es le parfait exemple. Tout ce que tu as pu traverser t’a renforcé, même si tu ne l’aurais pas souhaité, c’est certain. Tu as gagné en courage, en témérité ainsi qu’en logique et survie, c’est ainsi que tu as pu rester en vie. C’est bel et bien le signe d’un changement positif même si des actes négatifs ont pu te conduire à cet état de fait.

Et pourtant, te voilà à te jeter dans la gueule du loup parce qu’un rêve et une intuition t’ont guidé sur cette planète, sur Felucia. D’ordinaire, tu n’aurais pas agi ainsi, mais cette envie était trop forte, il s’agissait même d’un besoin vital que tu ressentais, comme si quelque chose de mauvais allait se passer si tu ne cédais pas à la tentation. Tout cela pour finalement te retrouver face à lui, que tu vois régulièrement dans tes rêves.

– Alors ça va si c'est en bien. Mais physiquement, moi aussi, j'ai mon lot, entre combat, entre chutes, entre crashs, entre plein de conneries du genre, on a aussi notre quota. Mais niveau caractère aussi, j'ai tout de même changé, crois moi.

Bien évidemment, tu n’en doutais pas, vivre dans la galaxie et être pourchassé par l’Empire ou par « quelqu’un » comme il le dit si bien n’est pas de tout repos, bien au contraire. On n’écope souvent de vestiges, de stigmates de ces voyages et de ces batailles qui marquent à tout jamais. Si certains ont des blessures physiques, pour d’autre, il s’agit bien plus de cicatrices psychologiques. Dans tous les cas, cela n’est jamais une bonne chose si l’on ne s’occupe pas de les panser pour tenter de guérir.

Cette fois-ci tu gardes le silence, il ne s’agit pas de dire quelque chose qui serait mal perçu, voilà pourquoi c’est bien plus adéquat de ne pas paraître désobligeant, préférant te consacrer bien plus à être sociable et agréable. Ce n’est pas dans tes habitudes, tu préfères bien plus laisser libre court à tes envies, mais pas cette fois.

– Mais sache que pour moi, même si tu as changé, même si tu es recherché, je tiens toujours à toi Adrlee.

Cette fois-ci, un sourcil se arque sur ton visage. Comment ça il tient toujours à toi ? Tu ne comprends pas ce qu’il cherche à dire. Le mot toujours te laisse perplexe puisqu’il sous entend clairement qu’il y a déjà eu ce qu’il décrit. Or, peut-on considérer leur simulacre de relation à de l’attachement ? Tu n’en mettrais pas ta main à couper. Du moins, tu n’en sais absolument rien. Tout ceci est bien trop saugrenu pour que ce soit explicable par des mots.

Et cette lumière bleue assaille de nouveau tes sens, sans que tu ne saches exactement ce qui irradie de cette lueur dans le paysage, mais il s’agit d’un symbole qu’il te reste à déchiffrer pour comprendre les tenants et aboutissants.

– Comment cela ?

Aucun doute n’est permis, tu es bel et bien perplexe et c’est sans surprise que tu poses cette question. Tu es trop jeune, bien trop pour comprendre tous les aléas de la vie. D’autant plus quand ils te paraissent aussi sombres que ceux que tu ressens en ce moment. Sauf que le mot sombre n’est pas adéquat, il faudrait plutôt parler de lumineux, mais l’idée d’obscurité sous-jacente exprime que tout est opaque et que tu ne parviens pas à le comprendre, à l’analyser.

L’honnêteté entamée ne doit pas faiblir, et tu veux continuer sur cette lancée, parce que tu as confiance en lui, parce que tu sais que cette lueur bleuâtre ne t’aurait pas attirée dans un piège, à moins que tu te fasses berner sur toute la ligne, mais il ne te semble pas que ce soit le cas.

– Je ne sais pas ce qui est… tout ce que je sais c’est que au plus profond de moi, j’ai toujours les images de cette nuit que l’on a passé à deux, j’ai toujours la sensation de tes doigts qui me frôlent. C’est perturbant alors que cela fait quasiment deux ans que l’on ne s’est pas vus.

Dans tous les cas, tu ne comprends pas, et cette façon de t’exprimer révèle bien ton incompréhension de tes sentiments et impressions. Il faudrait que tu fasses de l’introspection, mais chaque fois, c’est la même chose, une question sans fin qui te tourmente. Une question tournant autour d’un interdit que tu as déjà franchi à quelques reprises.

– Dans tous les cas, parfois, cette sensation de ne pas être seul est réconfortante.

C’est certain, tu voudrais bien comprendre, mais cela ne fonctionne pas comme cela dans le monde. Longue est la route vers la compréhension, et cette quête te taraude, tu aimerais la comprendre, mais tu n’as pas la sagesse des maîtres Jedis, même si un jour tu souhaites avoir cette opportunité de pouvoir acquérir autant de savoir. Cela te permettrait de comprendre ce que représente Sroddâw pour toi, et pourquoi cette aura et lueur bleue te semble si belle, si chaude et si agréable alors que le monde n’est que brutalité et désolation.

@Sroddâw Liskhart

La vérité, c’est que tu sais que tu n’es pas du tout en capacité de pouvoir expliquer le pourquoi du comment de ces visions récurrentes, ou encore ce qui t’a poussé sur cette planète, prêt à te jeter dans les bras de l’incertain Sauf qu’il ne s’agit pas de l’inconnu, puisque tu te retrouves exactement là tu dois être. Prêt de lui, et là non plus l’incompréhension est la plus totale. Cette situation t’exaspère au plus haut point et les songes d’un passé lointain qui t’assaillent ne te laissent pas la moindre chance de pouvoir y réfléchir plus sérieusement.

– Tu m'as manqué, je ne saurais expliquer, mais tu m'as manqué.

Il n’y a probablement aucune explication à apporter. Peut-être s’agit-il d’un état de fait indéniable. Parfois, dans le monde, il ne vaut mieux pas chercher à expliquer tout ce qui entoure, certaines fois, le mystère permet de garder la tête froide, de ne pas s’écharper indéfiniment pour trouver des raisons à tout ce qui existe, ni à tout ce qui est. Tout du moins, c’est ainsi que Sroddâw semble fonctionner, mais ce n’est pas ton cas, tu veux toujours tout savoir, assoiffé de connaissances que tu peux être.

– J'ai encore aussi les images, j'ai aussi la sensation encore des baisers, des caresses, des mouvements et du plaisir. Je me souviens aussi de tout ça, de tout ce qu'il s'est passé malgré les années de passées. C'est comme ça, c'est plus fort que moi.

A l’évocation de ces souvenirs, tu sens une forte vague de chaleur envahir ton organisme, ainsi que ton corps réagir violemment, comme si tu étais poussé par une attraction incontrôlable vers lui. Ce n’est qu’à grand peine que tu parviens à dissimuler cette protubérance, mais également le fard de tes joues, signe d’une gêne quelconque.

– Disons que ce n’est pas désagréable d’y repenser, murmures-tu si bas que tu n’es pas certain qu’il l’ait entendu.

Non, ce n’est pas désagréable, et le plus étrange, ce sont lorsque sans le voir venir, tes mains parcourent ton propre corps, à la recherche d’un désir insatiable à satisfaire. C’est plus fort que toi, comme si tu étais mu par une puissance que tu ne peux maîtriser, beaucoup trop faible face à elle.

Tu le vois s’installer en face de toi, un petit sourire au bord des lèvres, ce petit air mutin qui t’a immédiatement attiré quand vous vous êtes rencontrés sur Tatooine, il y a de cela deux saisons bientôt. Il était beau à se damner, et tu n’as pu faire autrement qu’aller lui parler, sentant au-delà de sa beauté, une impulsion qu’à nouveau tu ne pouvais contrôler.

C’est comme si à chaque fois en ce qui le concerne, il y a cette puissance étrange qui dicte tes moindres faits et gestes. Serait-ce de la sorcellerie ? La galaxie regorge de secrets, et tu serais un idiot si tu pouvais dire avoir connaissance de tout ce qui peut exister. Dans tous les cas, c’est un état de fait, il t’a attiré.

– Un jour, on comprendra, enfin, tu comprendras en premier, je suis une loque pour comprendre les choses rapidement pour ma part.

Vous vous mettez alors à rire tous deux de concert. Peut-être pas pour la même chose, mais tu sais très bien que c’est un grand impatient, mais également un prudent. Pour ta part, tu chercheras, et peut-être qu’un jour tu trouveras les réponses, qu’elles se trouvent sur une terre ou dans les étoiles.

Ayant des fourmis dans les jambes et une furieuse envie d’aller marcher pour faire en sorte de te dégourdir, cela fait plusieurs jours que tu n’as que ton vaisseau comme lieu à visiter et pour déambuler, c’est pour cela que tu décides de te lever et de t’étirer en mettant tes mains les plus haut possible et te hissant sur la pointe de pieds.

– Je crois que j’ai fini par saisir quelques bribes. Néanmoins, ce n’est pas assez pour tirer des conclusions. Quoi qu’il en soit, je savais que nous allions nous retrouver un jour. Et que ce jour-là, ce ne serait sûrement pas pour rien.

Tu baisses les yeux pour le regarder, ce fin sourire sur les lèvres, content de pouvoir partager à nouveau un peu de temps en sa compagnie, c’est toujours très agréable. Vous vous parliez un peu avant de vous perdre de vue, mais ce n’était pas pareil. La présence physique d’une personne vaudra tous les hologrammes du monde.

A vrai dire, vous ne vous êtes pas vraiment perdus de vue. Tu le ressentais. Tu savais qu’il était en vie, quelque part. Un pressentiment, et quand tu pensais à lui, tu pouvais pressentir qu’il sillonnait à nouveau les étoiles, comme il disait le faire souvent. Tout comme toi à vrai dire. Fuyant tous deux, pas pour les mêmes raisons non plus d’ailleurs.

– J’ai fait quelques aménagements dans le Convor d’ailleurs.

La vérité, c’est que c’est dans ton vaisseau que vous avez passé cette nuit-là, dans les draps de ton lit, dans la fraîcheur bienvenue. C’est dans ses bras que tu as ressenti ce que voulait dire l’expression être un homme et non plus un jeune garçon. Sauf que c’est sans aucune arrière pensée que tu lui évoques cela, simplement parce qu’il s’agit d’un vaisseau de l’ancien temps et que Sroddâw semblait l’avoir apprécié. La vérité, c’est que tu ne savais pas trop quoi dire, d’où un sujet de conversation aussi lambda.

– Veux-tu marcher un peu avec moi ? J’ai besoin de me dégourdir les jambes, lui proposes-tu en lui tendant la main afin de l’aider à se relever.

@Sroddâw Liskhart

Le Convor, c’est un peu ta plus grande fierté. Mais c’est également ta plus grande cicatrice. Il a appartenu à ton ancien maître, à chaque fois que tu es dedans, tu ressens sa présence dans tous les composants, derrière le moniteur, derrière les commandes. Néanmoins, tu n’as jamais su t’en débarrasser. Beaucoup trop sentimental, ce vaisseau représente ton lien avec la Force, avec les Jedis, et tu ne veux pas le rompre. C’est pour cela que tu continues à l’entretenir alors qu’il te coûte une fortune. D’autant plus que ce vaisseau, c’est un carrefour, des gens – de confiance – vont et viennent à l’intérieur, tu les laisses pénétrer dans cette antre qui regorge de côtés divers et variés. Tu es peut-être recherché, mais tu n’es pas un ermite, du moins, tu ne l’es plus. Lors de ta première année suite à l’avènement de l’Empire, tu es resté totalement seul pendant un an entier, besoin de te ressourcer, besoin de réfléchir et de faire une introspection pour découvrir quelle serait ta nouvelle voie. Tu l’as trouvée, venir en aide dès que tu le peux, survivre à tout prix et continuer à explorer la Force seul. Certes parfois tu as failli y laisser ta peau, mais à chaque fois tu te recentres pour suivre le chemin que tu t’es choisi, ne faiblissant jamais.

Sroddâw semble intéressé quant à l’idée de retourner voir l’intérieur du Convor, depuis deux ans, beaucoup de choses ont changé. L’aménagement surtout, si auparavant il y avait peu de chambres, désormais il possède cinq couchages, une cuisinette, une armurerie et un laboratoire qui sert également d’atelier. Tu es fier de ce que tu as pu créer, des aménagements, et cela n’a pas été gratuit, il a fallu travailler à la sueur de tes bras souvent pour débourser les crédits nécessaires à ces travaux. Mais le résultat en valait clairement le coup.

Puis tu lui proposes d’aller marcher, lui tendant la main en espérant qu’il la prenne pour se relever. Par là, tu espères un contact peau à peau, aussi fugace puisse-t-il être. Malheureusement, c’est avec sa main gantée qu’il se redresse. Tu ne montres rien, pas même ce petit rictus déçu qui s’affiche en temps normal aux coins de tes lèvres. Son bras métallique ne te dérange pas, la galaxie est un endroit dangereux.

– Alors marchons mon cher.

Tout ce que tu as droit, c’est une tape dans le dos. Un geste peu brusque qui ne te convient pour de telles circonstances, mais tu ne t’en formalises pas pour autant. Chaque personne gère différemment, toi quand tu es gêné, tu as tendance à être taciturne. Le fait de parler autant est un exploit alors que d’ordinaire tu n’aurais rien dit et tu te serais terré dans un coin en attendant que les choses se passent.

Vous commencez alors à marcher, parmi cette forêt tropicale et cette chaleur étouffante qui règne sur la planète Felucia. Tu n’es venu qu’une seule fois ici, c’était il y a fort longtemps, et les plantes géantes t’ont toujours intrigué, de même que les structures des autochtones. Cet endroit est un paradis pour une personne comme toi ayant vécu sur une planète désertique.

– Tu étais où avant de venir ici ? Mais je comprendrais si tu ne veux pas répondre.

Réfléchissant deux secondes, tu préfères savoir si c’est une bonne idée de lui raconter la vérité ou de rester vague. Néanmoins, depuis plusieurs minutes, tu lui as révélé des choses que tu n’as dites à pratiquement personne. Il serait curieux de faire machine arrière. Puis, d’autant plus que cette aura bleutée t’indique que tu peux lui confiance, même si tu ne sais de quoi il s’agit avec exactitude.

– Je suis retourné sur Savareen, dans la bordure extérieure. Probablement que j’étais nostalgique de retourner sur ma planète natale.

Un vrai tout perdu, il ne s’y passe jamais rien et les paysages sont déprimants au possible. Tu n’as que peu de souvenirs de cette planète, tu as été recueilli à l’âge de trois ans par les Jedis. Pourtant, tu y es allé régulièrement, ta famille est décédée depuis longtemps, mais cela ne t’empêche pas d’y passer quelques jours de temps à autre. Quoi qu’il en soit, ces grands déserts et ces étendues océaniques à perte de vue bien que démoralisants pour certains, réussissent à te calmer d’une manière que tu ne comprends pas.

– Mais je ne sais pas où je vais aller après, comme d’habitude, je vais me laisser guider, cela ne me fera pas de mal, enfin espérons le.

Alors que vous continuez à avancer progressivement sur ce sol peu stable, le paysage défilant légèrement, vous arrivez au bout d’un promontoire qui surplombe le vide et qui offre une vue spectaculaire, voire même à couper le souffle. Un petit sourire illumine ton visage devant l’horizon.

– J’ai rarement vu quelque chose d’aussi… somptueux, finis-tu ta phrase après l’avoir laissé quelques secondes en suspens, cherchant le mot approprié.

C’est la vérité, les champignons géants, les arbres aux couleurs bigarrées, les habitations boisées, les plantes qui se meuvent de façon autonomes. Cet endroit respire la nature et non la civilisation. Un havre de paix dans lequel tu pourrais finir par t’installer définitivement si le cœur t’en disait. Sauf que tu es un homme d’action, tu ne peux rester comme un casanier, beaucoup trop sédentaire, beaucoup trop aventureux.

@Sroddâw Liskhart