Les mains dans les poches, et l’âme en berne, tu fais tourner la bague en arimite autour de ton index tout en priant pour que ses pouvoirs de camouflage fonctionnent toujours. Cinq années qu’elle ne t’a pas quitté, cinq années de bons et loyaux services qui t’ont permis plus d’une fois d’échapper aux pouvoirs inquisiteurs des seigneurs Siths. Plus d’une fois tu as cru que s’en était fini pour toi, persuadé qu’ils allaient te trouver pour te plier à leur volonté ou t’achever. Sauf que tu es toujours en vie, parfois te demandant si c’est une bonne chose. La fuite, toujours la fuite. Finissant même par oublier ce que tu aspirais à devenir, tu n’es plus que l’ombre d’une ombre. L’ombre d’un Padawan dans l’ombre d’un Ordre pratiquement détruit. Ô ce qu’il est devenu ne t’a pas échappé. Aucun changement, à croire que les Jedis ne comprennent pas que c’est leur organisation et leurs préceptes qui ont été l’une des causes de leur échec.
Tu croirais même parfois encore entendre ton ancien maître te répéter inlassablement les choses, dire que tant que rien ne bougera, rien ne s’améliorera. A croire qu’elle avait finalement raison, même si ce qu’elle a fait fut horrible.
Non. Ne pas penser à elle. Tout sauf cela. A chaque fois tu en ressens une profonde déchirure au plus profond de ta poitrine, ton cœur se serre et se met à battre bien plus rapidement, loupant parfois des secousses pourtant vitales pour le bon fonctionnement de ton organisme. C’est une blessure ancienne mais qui ne veut pas cicatriser, toujours aussi purulente au début, toujours aussi douloureuse.
Tiré de tes pensées par les palabres de ton droïde perché sur ton épaule, tu soupires longuement.
– Oui, tu as raison BD-8. Ce n’est pas comme si nous avions le choix, je n’ai plus de rations et je dois aller chercher des pièces pour l’Ouragan.
Sortant de ton vaisseau, tu laisses ton compagnon pour qu’il surveille les environs et puisse te prévenir par le biais de ton comlink au cas où quelqu’un s’approcherait. Tu souhaites rester discret, l’Empire est là, et tu ne veux pas non plus que les Jedis puissent suivre ta trace.
A présent dans les rues de Theed, tu dois te diriger vers les endroits les plus malfamés, n’ayant pas les moyens de t’offrir des repas très élaborés, d’autant plus que traîner dans les beaux quartiers est un peu risqué depuis quelques temps. Tes maigres crédits dans la bourse que tu as accroché à ta ceinture, tu avances, peu serein. Ces rues sont toujours mal fréquentées, et tu ne tiens pas à ce que ton cadavre jonche le sol un jour ou l’autre. C’est d’ailleurs pour cela que le holster à sa cuisse contient toujours son blaster, sa fidèle arme qui ne t’a jamais fait défaut. Quant à son sabre laser, il est à l’intérieur de ta veste, dans la doublure, pour éviter que quelqu’un puisse le remarquer.
Devant la devanture de la boutique, tu t’aventures à l’intérieur, ta main posée sur ton blaster, jetant des coups d’œils à la dérobée et analysant la salle grâce à ta conscience. Il n’y a aucune velléité, personne ne semble même faire attention à toi, et c’est tout ce que tu demandes. Avançant vers le comptoir tu commandes rapidement des rations pour une semaine ainsi qu’un joint pour un carburateur, ne pouvant te payer plus avec ce qui te reste. Il serait grand temps que tu puisses partir en mission, histoire de renflouer tes caisses.
Tes victuailles dans ton sac à dos, retournant à nouveau dans les rues, tu regardes à droite et à gauche avant de percevoir une conscience qui est bien trop familière. Ce n’est qu’un écho dans l’ombre, une mélopée qui résonne en toi, comme revenue d’une sieste beaucoup trop longue. Grommelant dans ta barbe de trois jours, tu avances progressivement vers un endroit plus calme et te concentre longuement, sachant les risques que tu prends en prime.
– Si tu veux me retrouver, je suis dans une ruelle au bout de la rue à ta droite.
La communication mentale, c’est tout « nouveau » pour toi. Du moins, cela fait cinq ans que tu as du mal avec ce pouvoir. Mais là, il s’agit quand même d’une personne de ton passé que tu n’as pas vu depuis bien des années. Sauf que tu ne sais pas si tu peux lui faire à nouveau confiance. En autant de saisons de l’eau a coulé sous les ponts. Peu importe, tu n’es pas démuni, et en cas de problème, tu t’enfuiras, comme tu le fais toujours.
@Reva Tassar