ice in my veins (tavi#2)

La neige tombe encore sur Theed ; selon les secteurs, elle forme un tapis blanc sur lequel il est difficile de courir et d'établir une vitesse de course à la fois sécuritaire et entrainante. Taheer suppose que la chose amène un défi ; un niveau supplémentaire à l'exercice à accomplir. Ses chaussures restent adaptées et son attention est toujours à l'affût. Ainsi concentré, il travaille sa condition physique comme ses réflexions face aux terrains dangereux. Il suppose que la neige possède des avantages. Avant d'arriver sur Naboo, il n'en avait jamais vu. Tatooine n'en possède pas ; Tatooine n'est que sabre. Certains possèdent une rage envers la chose, après tout ce temps passé au travers de ces grains. Le Stormtrooper ne possède aucun sentiment envers la chose. Il s'agit d'un type de sol, d'une température comme une autre. À quoi bon posséder un sentiment amer sur la chose ? Il est préférable de s'adapter à tout, d'être préparer à tout. Certes, le premier hiver sur Naboo lui a apporté de grands frissons et certes, plusieurs rhumes l'on frappé, mais il n'a jamais laissé la chose l'arrêter. On apprend de ses erreurs ; ainsi, il a appris et s'est muni de vêtements chauds pour l'hiver, d'équipement adéquat pour continuer ses courses matinales et ses entrainements. La neige ne fait pas partie de ses craintes, ni la glace.
Il y a eu un peu de pluie, dans les derniers jours. Evi s'est plaint ; de maigres lamentations sur les structures de neige faites dans la rue qui n'existent plus, maintenant. Le stormtrooper suppose que son locataire a posé plus de complaintes sur la chose que l'enfant à l'origine de la création étrange. Qu'importe ; il n'est pas surprenant qu'Evi porte des commentaires similaires à ceux d'un enfant. Il suppose que la chose appartient à ceux qui ont grandi avec de multiples conforts dans la vie. Certes, il ne connait aucune information sur son passé, mais Taheer suppose que leur passé est plus différent que similaire. Il ne possède aucun jugement sur la chose. Il s'agit uniquement d'un constat aisé à faire.
La glace est présente, par endroit. Une fine couche s'étant posée sur la neige. Elle se cache dans les reflets aussi ; le bitume semble dénudé et pourtant, certains pas de courses sont moindrement vagues par la couche présente. Taheer peut le sentir, sous ses pieds. Qu'importe ; il a déjà exécuté quelques missions sur Hoth, la glace n'éveille aucune peur en lui.
Le véritable danger, sans aucun doute, repose entièrement ailleurs.
Taheer l'ignore encore ; il est bon, à l'occasion, d'ignorer une évidence. Pourtant, il n'est pas un homme de foi. Ses choix et ses jugements reposent sur des évidences. Il est triste de constater que même lui, si droit, possède de moindres faiblesses.
Un long moment s'est écoulé depuis son départ de l'appartement. Rares sont depuis de nombreuses semaines ses entrainements seuls. La venue de la glace empêche Sherveen de l'accompagner depuis quelques jours. Le Stormtrooper s'est gardé d'un commentaire sur la chose. Il accepte le raisonnement ; il serait regrettable que son genou subisse une nouvelle blessure alors qu'il est en voie de guérison, encore. Certains sacrifices doivent être faits, à l'occasion.
Le pas ralentit, lentement. Le souffle est contrôlé, régularisé. Une main contre son pouls, Taheer observe les secondes s'écoulent tout en avançant. L'appartement se trouve juste là. Les escaliers l'attendent. Il prend un temps d'arrêt, compte les derniers pouls avant de monter l'escalier.
La glace y est, un peu. Un commentaire a été fait à Evi, avant le départ. Faire quelque chose pour rendre les escaliers plus sécuritaires. Evi écoute un peu plus, depuis un moment. Voilà une information sur laquelle il n'est pas bon de s'appuyer.
Car le poids est déposé sur les pieds, et qu'un moment, bref, survient avant que son pied ne glisse et que brusquement, le stromtrooper se doit de s'accrocher aux barreaux pour ne pas tomber sous en bas. Un muscle s'étire, dans le bras. L'épaule, plus précisément. Les dents se serrent, les commentaires restent silencieux et d'un pas plus prudent, il monte le reste des escaliers et pénétre dans l'appartement.
- Evi qu'il fait déjà, sans retirer ses chaussures de courses. Il ne les essuie que brièvement avant de parcourir l'appartement à la recherche de l'autre. Il s'arrête quand il le trouve. Les escaliers. Le commentaire est simple et suffit. Il le fixe un moment, grave, avant d'expirer par les narines et de se détourner de lui. N'oublies pas la prochaine fois que je te demande quelque chose. Surtout si tu acceptes. qu'il gronde, allant vers l'entrée. Il lui faudra nettoyer les traces faites dans l'appartement.
Une grimace traverse ses traits, brève, tandis qu'il porte ses épaules vers l'avant pour défaire les lacets de ses chaussures.

Des sacrifices ont été faits, ces dernières semaines. Avec l’approche imminente des tests physiques de l’Empire, le choix n’en était plus un. Rencontrer un échec n’est pas acceptable, j’en crains beaucoup trop les répercussions. C’est bien connu, elles ne sont pas tendres, pour ceux qui ne connaissent pas la réussite. L’Empire n’accepte pas l’échec ou la médiocrité, Taheer me l’a bien souvent fait comprendre. Il doit sans doute se demander ce que je fous là, en fait, les trois quart du temps. A vrai dire, je me demande s’il a déjà pu penser une seule fois que j’étais à ma place. Sans doute pas. Il faut dire qu’il n’a pas tort, si j’étais à sa place, je me fatiguerais sans doute. Je me fatigue déjà. Ce n’est pas chez moi, ce n’est pas ma place, c’est tout le contraire. Pourtant, je m’y accroche. Je n’ai aucune idée de ce que je peux faire d’autre. J’ai délaissé mes paquets de bonbons, ceux de gâteaux, sous mon lit, n’y piochant qu’en dernier recours, de temps à autre - quand les repas de mon colocataire laissent à désirer, ou quand le coeur est un peu trop lourd. Je me prive, néanmoins, souvent. Je m’applique aux entraînements avec Taheer. Les premiers furent atroces : je n’étais clairement pas à son niveau. Je ne le suis toujours pas, d’ailleurs, mais ces derniers temps j’ai un peu moins l’impression de mourir; en essayant de le suivre: la chose reste épuisante, et je le soupçonne d’accentuer la difficulté de jour en jour. Le reste du temps, quand le stormtrooper ne peut pas m’accorder son temps, je m’entraîne seul, tâchant de me discipliner le plus possible. Malgré toute la douleur du sport, je ne peux nier que la chose est agréable, une fois qu’elle est terminée.

Il neige encore, sur Theed. La neige est associée au froid, à l’hiver. La plupart du temps, je ne l’apprécie guère. Surtout dans la ville, un manteau blanc est si vite souillé et dégueulasse, et lorsque la glace s’en mêle, c’est le chaos qui domine alors. Il n’y a que deux moments, lorsque la neige est belle et apporte du baume au coeur. La première sont les bonhommes et autres créations de neige ainsi que les batailles de boules de neige, qui apportent le rire et la chaleur dans le coeur des enfants. Ils les ont assurément apporté dans le mien, à l’époque. Une époque révolue, dont le souvenir ne m’apporte que mélancolie douloureuse. La deuxième, j’en profite encore aujourd’hui. Les flocons qui tombent sont un spectacle dont je ne me lasse pas, une activité qui apaise. C’est ce que je fais actuellement, installé sur le rebord de la grande fenêtre ronde de ma chambre. Il fait toujours trop froid, ici. Le regard est perdu sur la ville un peu en contrebas. La neige qui tombe est encore pure, alors, même dans la ville polluée, elle n’a pas encore été salie et il me semble être le témoin d’un grand secret. Les rêveries sont douces devant tel spectacle et dans la chaleur d’un plaid emmitouflé, les mains autour d’une tasse de chocolat chaud. Brusquement, la porte de ma chambre s’ouvre et je sursaute devant Taheer. Je ne l’ai pas entendu rentrer de sa course, sans doute trop enfoncé dans mes pensées. Je grimace à ses remontrances. La chose a été complètement oubliée, après avoir été acceptée alors que je m’entrainais ici alors que Taheer s’en allait pour sa course quotidienne. J’ai été happé par la neige tomber - le reste m’est sorti de la tête. Il s’éloigne. Je pousse un soupire, et, la mort dans l’âme, me défait du plaid et pose le chocolat chaud à moitié vide dans un coin avant de le rejoindre dans le hall d’entrée. « Je suis désolé, j’ai complètement oublié » L’aveu est simple, il n’y a aucun mensonge, cette fois. « how was the run? » Il me semble apercevoir une grimace douloureuse sur ses traits. « Did you fall? » L’inquiétude est présente. J’ai surveillé son épaule, ces dernières semaines. Je vois bien qu’elle le tend souvent. J’ai essayé de faire quelques allusions, mais qui n’ont eu aucun effet, pour le moment. Je n’aime pas le voir comme ça. Il y a quelque chose d’étrange, de me préoccuper un peu trop de son bien-être, mais j’imagine qu’à force de passer du temps avec lui, je m’attache, d’une façon ou d’une autre. Je m’en voudrais, s’il a empiré sa condition par ma faute. « I’ll do that now while you’re taking a shower. »

La chambre d'Evi ressemble moindrement à quelque chose, cette fois-ci. Malheureusement, l'humeur du Stromtrooper n'est pas aux compliments et la chose passe inaperçue. Peut-être y pensera-t-il plus tard. Certainement pas. Taheer sait parfaitement que son colocataire possède un caractère qui est fortement sensible aux compliments et aux pensées positives. Il suppose que de nombreuses personnes fonctionnent ainsi ; qu'ils ont besoin, sur une base quotidienne, d'être relativement encouragées dans le bon sens lorsqu'ils accomplissent quelque chose d'appréciable. Taheer trouve la chose dérangeante ; s'il fait les choses comme il se doit, il ne s'attend à aucun commentaire. Après tout, c'est ainsi qu'il est supposé d'agir. Il s'agit de son devoir ; il n'accomplit pas la chose pour de tendres paroles. Il s'exécute car c'est ce qui attendu de sa part.
Pour l'heure, sa mission est aussi dérangeante que douloureuse. Au bord de ses lèvres restent des grognements qu'il ne prononce pas. Il est important de garder pour soi ses plaintes, parfois. Taheer a longtemps eu la parole cruelle et certes, plusieurs personnes le voient comme un homme froid, mais il reste suffisamment agréable face à ce qu'il a pu être, autrefois. Cela n'empêche pas la présence de paroles bien salées sur le bord de ses lèvres, un brin agressives. C'est un contrôle qu'il doit posséder sur sa personne, comme sur ses gestes. Il s'agit d'un cheminement contenu auquel il doit bien faire attention, comme il dit si souvent son thérapeute.
La voix d'Evi lui parvient tandis qu'il s'arrête devant une grande part du dégât causé par ses bottes. Il pince ses lèvres, dérangé.
- Je suis désolé, j’ai complètement oublié  Le souffle s'évade des narines et l'iris, un brin, se pose sur les traits de l'autre. Taheer s'abtient d'une réponse pour ne pas offrir une insulte salée. Après tout, Evi fait des efforts. Il serait désavantageux d'agir de la sorte. how was the run? 
Un mouvement, bref. Le dos geint et la grimace se pose sur ses traits, aussi vive que brève. Le Stormtrooper s'arrête, vite. Evi remarque déjà.
- Did you fall? Encore une fois, le regard est critique tandis qu'il se pose sur l'autre. Taheer serre les dents, cette fois. Il se garde d'un commentaire.  I’ll do that now while you’re taking a shower.
Un sourcil s'hausse. La langue se délit.
- Quoi ? Nettoyer le plancher ou les escaliers ? qu'il fait, brusque. D'un même geste, qu'importe la douleur, il retire son manteau et le pose sur le canapé avant de faire de même avec le sweatshirt de l'Empire qu'il porte. Sans ménage, il le balance au sol et y pose son pied pour entreprendre de ramasser le plus gros du dégât. C'est trop tard pour l'escalier. Mais oui, vas-y. Ça sera fait pour demain.
Son épaule lui tire horriblement ; c'est bien la seule raison pour laquelle il n'est pas à genoux au sol, déjà, à frotter comme une vraie ménagère. À l'instant, même un mouvement de pied trop éloigné de son centre de gravité lui apporte de brefs éclairs de douleur.
Déjà sous son pied, le vêtement est terriblement humide. Heureusement, ses chaussures sont encore à ses pieds.
Il abandonne le tissu et s'assoit - difficilement - sur le banc de l'entrée. Les dents serrées, il lui faut un grande inspiration pour parvenir à se pencher entièrement et atteindre ses lacets.
- Tu finiras ici aussi qu'il exige, sans le regarder cette fois.

Il est assez étonnant qu’il s’abstienne de me répondre quand il désapprouve clairement de mon oubli; il doit encore penser que je suis un bon à rien. Ceci dit, d’habitude, il ne se gêne pas pour me faire un commentaire. Ça a tendance à m’énerver, bien qu’avec le temps j’ai fini par m’y habituer et les remarques me passent souvent au dessus; tout comme ses regards bien lourd de jugement ( il y en a un, mais il est moins long que d’habitude). Peut être qu’il se lasse enfin un peu, qui sait. J’imagine que j’en saurais davantage dans les jours qui viennent.

« Les escaliers » je réponds calmement, tout en notant soigneusement qu’il a évité la question; je l’observe attentivement alors qu’il retire son manteau - je le récupère et le place sur le portemanteau instinctivement - puis son sweatshirt qu’il balance à terre. Je n’ai pas vraiment le temps de m’interroger sur la raison de cette action - trop distrait par le contour de ses muscles bien visibles malgré le marcel (le simple marcel) qu’il porte, réveillant des pensées qui surgissent habituellement plus tard - que Taheer a déjà mis son pied sur le vêtement et s’en sert pour éponger les restes de neige et de glace fondue au sol. Il y a quelque chose qui ne va pas. Je vois bien la tension dans ses muscles, il ne dit rien mais je peux le sentir serrer les dents; j’ai assez l’habitude de l’observer, de toute façon, pour comprendre que ça ne va pas, et si j’avais pu avoir le moindre doute je l’ai bien vu grimacer, il y a seulement quelques instants. Et la façon dont il s’assoit juste maintenant me confirme le tout. Je ne dis rien, et me contente de le regarder, de constater, d’attendre un moment propice - ou, peut-être, d’espérer qu’il en parle davantage, qu’il ne fasse pas l’autruche à ce sujet. Mais il se penche, en serrant les dents, je vois les traits marqués de son visage. « for fuck’s sake, Taheer! » Je m’emporte un peu, alors, avant de reprendre mon calme, mais le regard lourd et une détermination à toute épreuve dans mes propos; je m’assois à terre et tape un peu sa main pour la chasser de ses chaussures « Laisse moi faire et redresse toi, espèce d’idiot. » Je ne lui donne pas le choix et défais ses lacets pour le débarrasser de ses chaussures - j’espère qu’il ne va pas m’en foutre une, mais peut être qu’il est trop surpris pour ça. Je relève la tête. « Je vais te dire ce qu’on va faire. Tu vas prendre une douche, sans forcer ton épaule. Pendant ce temps là je vais finir de nettoyer ici et m’occuper des escaliers. Tu vas t’allonger sur ton lit et je viendrai évaluer les dégâts et te masser. » Je me dis que, sans doute, il va me dire que c’est complètement stupide, et pas du tout me prendre au sérieux (ce que je peux concevoir, j’imagine, je dois pas vraiment avoir la tête de l’emploi.) « I know what I’m doing. That’s what I studied before. » Je sens la panique monter brutalement. « before I joined the Empire » Je me redresse alors, le regardant d’un air qui, je l’espère, ne lui donne pas le choix. « and cut the bullshit Taheer. Ça fait des semaines que ton épaule te fait mal, j’ai remarqué je suis pas stupide. Je pense pas que tu puisses être pleinement efficace pour l’Empire si tu ignores le problème. » J’exhale, finalement; soudainement profondément anxieux, mais croisant mes bras sur ma poitrine et restant le plus ferme possible. Je sais que j’ai raison, pour une fois. Il ne peut pas laisser trainer ça.  « Et comme tu es tombé, et que c’est de ma faute, c’est le moins que je puisse faire, de toute façon » j’ajoute après réflexion.  

-  for fuck’s sake, Taheer! 
Les mots claquent et laissent une tension prendre place dans ses épaules, nouvelles. Dans une lenteur étrange, le stormtrooper lève les yeux vers son colocataire, mais celui-ci a déjà les genoux pliés et claque ses doigts brusquement. Le geste, peu anodin, le laise surpris et porte un froncement à ses sourcils. La machoire se serre sous le coup des mots et aucun ne sort de ses lèvres. Taheer dévisage, quelque chose braquant encore plus sa carcasse douloureuse. La surprise est une chose qu'il sait gérer ; savoir y faire face est une chose importante, apprise encore et encore. Elle ne vient pas seulement de l'Empire, elle a été apprise depuis la jeunesse. Pourtant, l'esprit possède une image et une idée précise d'Evi et à l'instant, l'homme s'en défait entièrement. Au travers des possibilités envisagées à longueur de journée, celle-ci n'a jamais été effleuré. Taheer reste donc surpris sur le coup, l'iris sombre et le regard braqué sur l'homme tandis que la colère est aussi calme dans ses veines qu'elle peut être présente.
- Laisse moi faire et redresse toi, espèce d’idiot. Le corps se redresse en accord avec les mots. Contre les épaules, le mur est froid. Le regard reste posé sur les traits d'Evi qui s'occupe de ses chaussures tandis qu'un sourcil reste haussé. Les lèvres pincées, Taheer ne se permet aucun soupir bien que, au final, la sensation du mur contre son dos ainsi que le fait d'être un peu plus droit lui permet de mieux respirer. L'un de ses pieds, débarrassé, se pose au sol et déjà, la chaussette est imbibée par la neige fondue. La sensation le tire un brin de ses pensées. Les sourcils se froncent un peu plus et le regard, sévère, reste posé sur les boucles d'Evi. Il ne peut voir que de moindres choses de son visage tandis que l'armurier retire sa seconde chaussette.
Lorsque les regards se croisent une énième fois, il ne dépince pas ses lèvres.
- Je vais te dire ce qu’on va faire. Tu vas prendre une douche, sans forcer ton épaule. Pendant ce temps là je vais finir de nettoyer ici et m’occuper des escaliers. Tu vas t’allonger sur ton lit et je viendrai évaluer les dégâts et te masser. Cette fois, les sourcils s'haussent de manière comiques, presque. Il le dévisage comme si Evi s'était cogné la tête.
- Quoi ? La voix gronde, serrée et dangereuse. Il n'apprécie pas l'idée qu'Evi puisse considérer savoir plus que lui, n'aime pas l'idée de devoir obéir à quelqu'un d'inférieur à lui sur divers points. Mais s'il s'apprête à dire autre chose pour contre-argumenter, Evi parle encore.
-  I know what I’m doing. That’s what I studied before. - before I joined the Empire  Les sourcils se froncent, encore. Dans le regard, une lueur de curiosité. Elle n'est pas grand chose dans la noirceur qui habite ses yeux, pourtant. Face à lui, Evi se redresse. Taheer pose ses mains sur le banc pour s'apprêter à faire de même. Il ne possède aucune envie de suivre les ordres donnés par le plus jeune, mais l'idée d'une douche était dans son esprit avant tout. Evi parle encore. and cut the bullshit Taheer. Ça fait des semaines que ton épaule te fait mal, j’ai remarqué je suis pas stupide. Je pense pas que tu puisses être pleinement efficace pour l’Empire si tu ignores le problème. 
La machoire se braque une énième fois et l'iris lorgne sur l'autre. Evi ne ressemble pas à grand chose, une mine sèvère sur les traits et les bras croisés sur son torse. La vision est aussi dérangeante qu'amusante et les lèvres se pincent, les mots étouffent et Taheer expire par les narines, lentement.
- Et comme tu es tombé, et que c’est de ma faute, c’est le moins que je puisse faire, de toute façon. Les derniers mots se font entendre et enfin, le stormtrooper prend le temps de se redresser.
Le regard effleure encore Evi, sévère et solide.
- Fine. qu'il gronde, juste, sans dire quoique ce soit d'autres. Il le contourne pour se rendre dans sa chambre, s'emparant de quelques vêtements. Les pensées restent embrumées par les expressions traversant les traits de l'armurier. Machoire serrée, il sort de sa chambre et s'arrête, un moment, pour dévisager Evi. Oublie pas les escaliers. qu'il lance, comme s'il avait besoin d'exiger quoique ce soit. Sans un regard, il disparait pour se laver.
La chose prend plus de temps qu'il ne faudrait ; peut-être se permet-il simplement de rester sous l'eau, chaude, qui masse brièvement ses muscles endoloris. Peut-être est-il pris dans ses pensées. Taheer ne s'attarde pas sur ces détails. Il quitte uniquement lorsqu'il se juge propre, prend un temps pour s'habiller convenablement avant de sortir de la pièce. Un certain temps est passé ; Evi est à l'intérieur, un brin de rouge sur les joues.
Les sourcils se froncent et la mine se fait dure.
- Habille-toi chaudement la prochaine fois qu'il crache, se défaisant de la vue comme si elle le dérangeait. Le ventre est creux par le faim et il serait temps de manger quelque chose. L'idée traverse l'esprit et le regard s'accroche un long moment à l'armurier. Puis, il souffle un coup et retourne dans sa chambre. Il n'invite pas Evi à le suivre. Il n'annonce pas son intention d'obéir à ses paroles. Il s'assoit sur le lit, s'empare d'un livre dont la couverture aborde l'insigne de l'Empire et entreprend d'en lire quelques lignes.
Lorsqu'Evi pénètre dans sa chambre, uen même phrase a été lu dix fois. Le regard, noir, se pose sur l'autre. Taheer le dévisage comme s'il en était responsable.
- Quoi ? qu'il gronde, le livre toujours en main. Il met un moment à le fermer. Tu comptes rester dans le cadre de la porte longtemps ? Il faut commencer par me dire quoi faire. Le corps s'étire un brin pour déposer le livre plus loin ; déjà, un tel geste laisse une grimace sur ses lippes. Le regard tombe une nouvelle fois sur Evi. Bouge. J'ai autre chose à faire que ça. Il ne déloge pas du lit, pourtant. Même que, après un souffle agacé, il se défait du sweatshirt brièvement mis - non sans une grimace - avant de s'allonger tel que demandé.

Il est rare que je me mette dans des états pareils. A vrai dire, je ne pense pas avoir un jour eu de près ou de loin ce comportement avec Taheer, que ce soit quand nous étions encore à l’académie, ou bien depuis que je me suis installé avec lui dans cet appartement sans qu’il ne m’en laisse vraiment le choix (je ne comprends toujours pas pourquoi il a fait ça d’ailleurs, à part cultiver son sentiment de supériorité). Cela explique, sans doute, la surprise que je peux deviner au fond de son regard, même si elle a été bien soigneusement contrôlée. Je me suis moi même pris de court, pour être très honnête. Il y a des situations, néanmoins, que je ne peux accepter; et celle dans laquelle se trouve mon colocataire est l’une d’entre elles. J’imagine que, de façon générale, être le témoin de la souffrance - physique ou psychologique - d’une personne proche de moi est suffisante à me faire prendre les devants, s’il le faut. Il y a des choses qui méritent qu’on se batte pour elles, même si on ne connait habituellement que la lâcheté. Et puis il faut croire que j’ai eu raison, quand je vois la façon avec laquelle Taheer ne bronche pas et fait ce que je lui dis, se redressant et me laissant m’occuper de ses chaussures et lui annoncer les plans. Je le vois bien dans son regard, et dans ses mots, pourtant, qu’il essaie de se rebeller contre cette idée, contre ce que j’ai décidé, pour une fois, à sa place. Et il a beau me lancer un regard noir, je ne démords pas de ce que j’ai annoncé. Je le soupçonne de rendre les armes uniquement à cause de mon commentaire sur son utilité pour l’Empire, et si c’est bien désolant, au moins, cela a l’effet escompté. C’est rassurant, parce que je ne sais pas comment j’aurais réagi, s’il avait refusé. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais le choix, puisqu’il est tombé à cause de moi. J’ai une responsabilité envers lui, maintenant.

Je roule des yeux à son rappel, alors que je viens de lui dire que j’allais le faire, mais laisse passer, et l’observe disparaître dans la salle de bain. Une fois que j’entends l’eau se mettre à couler, je peste un peu en terminant de nettoyer le sol puis en enfilant un rapide sweat avant de sortir pour m’occuper des escaliers. Ça me prend un moment, et quand je rentre de nouveau dans l’appartement, j’ai les mains gelées: je me fais critiquer par Taheer qui vient de sortir de la douche, mais le regard avec un regard lourd : il ne va pas se défiler.

Je lui laisse quelques minutes de répit pour me changer rapidement, puis passe dans la salle de bain avec le miroir encore plutôt embué pour me laver les mains et également les passer sous l’eau chaude un instant. Finalement, je récupère les affaires dont j’ai besoin et vient m’appuyer contre le cadre de la porte de mon colocataire pour l’observer un instant, avant qu’il ne daigne enfin reconnaitre ma présence. Je hausse un sourcil. « Sure. » J’attendais qu’il fasse tout ce que je lui ai demandé et il le sait - d’où son grognement alors qu’il retire son sweatshirt et s’allonger sur le ventre. Je note la grimace, bien sûr. J’observe la situation un moment, me perdant dans mes pensées quelques secondes. Puis, pousse un soupire en m’asseyant à ses côtés, sur le rebord du lit. « I wish we had a proper table to do that and not your bed, it’d be better. But anyway. I’ll make it work. » 

Je prends mon temps, pour me préparer. « Ok, I’ll start examining you okay? » J’explique lentement, mais fermement. Mes gestes sont lents - car je prends soin de bien me rappeler toutes mes connaissances - mais précis. «Tell me when it hurts » J’exige, et le laisse me guider pendant quelques minutes, tâchant de mon mieux de faire une évaluation des dégâts. « i’m not sure if that will be enough without seeing someone else - and in that case you will - but what I’ll do now should relieve the pain for a bit at least. Alright? » Ma voix est plus douce, désormais, alors que je m’exécute - et je mets du coeur à l’ouvrage. Si dans d'autres circonstances j'aurais été bien excité de pouvoir enfin toucher sa peau - je dois l'avouer - la situation ne s'y prête pas du tout. Je suis plus inquiet qu'autre chose. « Try and relax. I guess you haven’t got any soothing music in your holoplayer? »  

Il est agacé ; il est difficile, à l'instant, de trouver vers qui se trouve une grande part de son agacement. Il serait pénible de sa part de nier les erreurs accumulées au cours des dernières semaines. Le stormtrooper a eu conscience de la blessure causée à son corps et a préféré taire la chose. Pourtant, l'Empire possède de nombreux spécialistes pour chaque éventuel problème. Pourquoi s'est-il alors gardé de consulter un spécialiste au sujet de la chose ? La raison est simple bien qu'aucun mot ne sera posé sur le sentiment. Taheer soit énormément à l'Empire ; il se voit d'or et déjà comme un fardeau par le simple fait qu'il est un investissement couteux. Une somme est encore quotidiennement mise sur ses séances de thérapies et une autre, plutôt large, a été utilisé pour son sevrage il y a de nombreuses années. Il n'estime pas avoir besoin de plus que cela ; déjà, il est dérangé par le simple fait qu'il se doit de continuer les séances. Il n'est pas guéri, il ne s'ouvre pas ; voilà les mots offerts par le spécialiste s'occupant de son cas. Heureusement, il est jugé acceptable qu'il soit présent sur le terrain. Il ne pourrait se pardonner le contraire. Taheer fait sa part des choses ; du moins, il essaie. Une limite reste présente et lourdement ignorée. Son coeur n'a pas besoin d'être guéri pour servir l'Empire et leur rendre ce qu'ils lui ont généreusement offert.
Il est agacé, alors ; envers lui-même pour endommagé volontairement un bien de l'Empire. Envers lui-même pour s'être blessé et refuser d'aller se soigner pour la simple raison qu'il juge, dans la plus grandes des vérités, que l'Empire fait plus pour lui qu'il ne le mérite. Il leur doit trop, déjà. Ils sont bons. Il ne l'est pas ; il est de son devoir, jour après jour, de tenter d'être à leur hauteur et de faire son possible pour leur apporter quelque chose.
Il s'agit d'un cercle vicieux. Il n'aime pas s'attarder sur la chose ; qu'importe, au final. Il est encore capable de tenir son arme et de marcher, et de se battre. Le reste importe peu.
Evi pense le contraire, à voir les oeillades noires et entendre les paroles fortes. Il est dérangeant, étrange d'entendre l'autre agir ainsi. Certes, le stormtrooper ne cesse de lui demander de se prendre en main et d'agir en conséquence, mais il n'a jamais demandé à ce qu'un tel comportement soit dirigé vers sa personne. Il en est aussi agacé que fier. Dérangé d'y obéir après de simples paroles, regards.
Mais les questions ne se posent pas ; elles restent opaques sans l'esprit, ignorées et délaissées, comme ce qui appartient au passé. Son appartenance à l'Empire ne requiert pas qu'il s'attarde à une pareille chose. Cela lui suffit.
- I wish we had a proper table to do that and not your bed, it’d be better. But anyway. I’ll make it work. 
Un souffle est expulsé par les narines, lourd de paroles et de pensées qui ne naissent pas. Taheer, la tête tournée vers le mur et non vers son colocataire, allongé, n'attend que la chose finisse. Elle n'a pourtant pas encore commencée. Ok, I’ll start examining you okay? 
Il gronde pour répondre. Le corps est tendu, en soi. Taheer n'a pas envie de cela ; il en compte déjà les minutes et se sent particulièrement dérangé de ne pas pouvoir faire du ménage, des repas ou encore, de lire quelques pages de son roman du moment.
Les mans d'Evi sont froides ; le corps de Taheer n'est traversé par aucun tressaut pourtant. Il le constate juste ; ses mains sont froides par l'oubli de mettre des gants et de s'habiller chaudement. Il lui faudra faire un repas chaud pour prévenir un rhume quelconque, par principe. Il note l'information dans son esprit.
Les mains sont froides, les gestes délicats et la peau rêche, parfois. La chair de Taheer est bouillante, continuellement ; les soleils de Tatooine ont laissé un feu à l'intérieur de lui. Un feu qui résonne avec les contacts qui sont exercés contre sa chair et qui le dérangent, lentement et surement, un peu plus à chaque seconde. Il lui est impossible de fermer les yeux, qu'importe si ses muscles se détendent un brin.
- Tell me when it hurts La demande est faite et Taheer expire encore, les machoires braquées. Il prend un moment à offrir une affirmation et lui donner quelques réponses moindrement fournies face aux sensations. Les mots sont moindres ; faibles. Taheer offre ce qu'il juge acceptable pour que le traitement prenne fin le plus rapidement possible.i’m not sure if that will be enough without seeing someone else - and in that case you will - but what I’ll do now should relieve the pain for a bit at least. Alright? 
- sure fine qu'il gronde, exténué par le processus et par le temps que la chose demande. Taheer ne demande qu'à ce que tout cela prenne fin. Le regard ancré au mur, il ferme les yeux. contente toi de faire ce qu'il y a à faire. qu'il ajoute, pestant.
Les mains reviennent sur sa chair ; les muscles restent tendus, incapables de se décontracter. Il ne peut qu'être entièrement conscient de chaque moindre contact fait contre sa peau. Certes, il semble y avoir une pression quelconque dnas les gestes, mais Taheer n'est pas ouvert à la chose. Il ne s'agit que d'une épaule. La douleur s'en ira d'elle-même une fois les muscles plus forts. Il lui suffit simplement d'être plus fort.
- Try and relax. I guess you haven’t got any soothing music in your holoplayer? 
Le commentaire n'apporte qu'une tension supplémentaire dans ses muscles. Sans un mot, il se redresse au minimum - et grimace- pour observer Evi.
- J'ai une tête à regarder de la musique ? Certes, il possède un holoplayer, mais celui ne sert qu'à des audiobook dont le sujet est fortement évident. Laisse tomber la musique. Il ne s'agit pas d'une journée au spa. Contente toi de faire ton truc qu'on en soit débarrassé. Avec les derniers mots, le corps se laisse retomber contre les draps et les yeux se ferment une nouvelle fois. Il envisage, un moment, que Evi abandonne l'idée. Pourtant, un maigre moment s'écoule avant que les mains ne reviennent contre la chair de son épaule. Cette fois, elles sont moins tendres et plus fermes, décidées à appuyer là où semble se trouver le problème.
Le souffle coupe, un moment. Il reste bloqué entre les lèvres, scellé et incapable d'être entendu. Taheer subit le traitement sans laisser paraitre une moindre réaction, bien qu'Evi peut sentir, sous ses doigts, que les muscles se détendent lentement. La chose se fait au fil des minutes, des instants. Puis, à son insu, tandis que les iris sont fermés et que le souffle est plus calme, un bruit émane de ses lèvres. Une simple appréciation. Il ne remarque pas ; ne réalise pas. Le bruit nait et traine au bord de ses lippes, se fait entendre dans le calme dans la pièce et meurt, l'instant suivant. Puis vient à sa suite une multitude délicate mais aussi présente que le premier ; des souffles un peu plus audibles et des grognements étouffés qui prennent un court temps à exister. Tous se taisent aisément  ; ils passent avec les toucher offerts et les appuis divers posés contre sa chair.
Une pression plus accentue sur son omoplate laisse un grognement plus poussé quitter ses lèvres.
- Juste là. qu'il fait, première parole offerte depuis un moment. Il y a quelque chose de rauque dans le timbre de la voix, un mélange entre l'épuisement et la satisfaction venant du traitement. Appuie plus fort. Un moment passe avant que la demande soit exaucée. Il en reste surpris ; qu'importe s'il a demandé, exigé, Taheer est surpris sous le coup de la pression mise et du claquement qu'il sent lorsque le nerf, brusquement, revient à sa place. Farg Il gronde, le visage allant s'écraser dans les oreilles, un élan d'émotions lui prenant la tête. Les iris se noient un brin et il ne bouge plus, le visage camouflé. S'il sent les mains d'Evi revenir sur lui, le corps se dévie de la chose et roule sur le côté, assez pour lui priver l'accès. Faisant toujours face au mur, il reste sans un mot, sans une pensée, une sensibilité posée dans l'iris. La tension a quitté l'épaule, enfin. Une autre s'est posée ailleurs.

Il est étrange d’utiliser de nouveau mes mains de cette façon; après tant de temps. Elles ne connaissent que les composants des armes mises à disposition des stormtroopers et autres soldats de l’Empire. Les armes n’ont plus de secret pour elles. Charger une arme, la démonter, la remonter, la réparer, ce sont des choses que mes mains font désormais par automatisme. Elles sont devenues contraire à ce à quoi elles étaient préposées il y a plusieurs années. Je me souviens encore de l’un de mes professeurs, sur Atlan. Navi, c’était son nom. Il disait que j’avais de l’or dans les mains. Il disait que j’étais un de ses élèves les plus brilliants et que je deviendrais un grand guérisseur si je travaillais dur. Je ne le serai jamais, ce rêve a été annihilé avec tous les autres: tous les autres rêves du peuple atlande, et avec eux ceux de Navi, piétinés avec pas une seule once d’humanité. Je me demande ce que Navi penserait de moi, s’il me voyait démonter, remonter, et réparer des armes. J’essaie de ne pas y penser. Navi est mort, comme tous les autres. Et mes mains font plus de mal que de bien désormais. Je tâche de ne pas me laisser aller aux souvenirs alors que mes mains retrouvent des automatismes que je pensais avoir oublié. Tout cela n’a plus d’importance. La nostalgie n’a pas sa place. Il ne s’agit que de survie. A cet instant, il s’agit de Taheer, qui est pour moi ce qui se rapproche le plus d’une famille, ces dernières années. Et malgré tous ses défauts, j’ai perdu trop de gens dans ma vie pour ne pas essayer de prendre soin de lui quand il semble refuser de le faire lui-même. Même ses indications, je les sens contrôlées, pas complètement honnêtes, Taheer rechignant clairement à la tâche. J’essaie d’être patient, roule des yeux à ses commentaires désobligeants. Il lui faut se détendre, mes mains ne peuvent aller à l’encontre de lui-même, s’il leur oppose une résistance - physique et mentale. « Laisse tomber la musique. Il ne s'agit pas d'une journée au spa. Contente toi de faire ton truc qu'on en soit débarrassé. » « enough with the attitude Taheer » ma voix gronde un peu « tu dois y être ouvert sinon ça marchera pas. Détends toi, pense à ta future promotion et à ton ailette à laquelle tu rêves je sais pas, pense à quelque chose d’agréable »

Mes mains reviennent sur sa peau. Elle est brûlante, sa peau, ou peut-être (sans doute) ce sont mes mains qui sont trop froides à cause de ma sortie dans l’hiver de Naboo pour m’occuper des escaliers glissants. Cela me ramène à la chute de Taheer, qui j’espère n’a pas trop aggravé son état. Les premières minutes sont longues, elles ne doivent pas agréables pour mon colocataire; bien que je le devine retenir une quelconque réaction. Mais ces quelques minutes sont également nécessaires. Peu à peu, je sens ses muscles se détendre sous mes doigts. C’est à peine perceptible, au début, et puis au fil des minutes, je le sens se dénouer, je sens sa respiration plus profonde, plus lente, jusqu’à entendre un souffle exhalé qui s’échappe, incontrôlé, des lippes du jeune stormtrooper. Je ne fais aucun commentaire, mais suis secrètement ravi de le voir se laisser aller, enfin, laisser tomber ses résistances stupides. Je me fais la réflexion que cela ne peut pas durer comme ça, il était bourré de noeuds et de tension, et cela ne l’aide ni lui ni personne. Enfin, je semble avoir trouvé un endroit particulièrement douloureux au vu du grognement soulagé qui s’échappe d’entres es lèvres. Il y a un ton rauque et profond dans sa voix que je ne lui ai encore jamais connu. « Juste là. Appuie plus fort. » Je reste silencieux, un instant, le coeur battant dans la poitrine pour une raison que je ne comprends pas tout à fait. Une sorte d’instinct que j’ai toujours ressenti si fort, parfois, mais qui s’est étouffé ces dernières années, est ce que c’est moi qui l’ai étouffé, est ce que ce sont les événements, est ce que ce sont les deux à le fois, je n’en suis pas certain. Mais c’est la première fois qu’il revient, aussi intensément. Je l’apprivoise, alors que Taheer a fuit le contact de mes mains en roulant sur le côté, il a fuit mon regard aussi, résolument tourné vers le mur. Il y a une fragilité. Je retiens mon souffle, quelques secondes. Je n’ai pas peur. Mais le moment me paraît important, je le ressens, profondément, et c’est l’instinct, encore, qui me fait me rapprocher, avancer un peu plus sur son lit. « Taheer. » Ma main glisse avec lenteur et délicatesse sur son épaule, épouse lentement les muscles de son bras. « it’s okay. Being connected to what you're feeling instead of bottling it up makes you stronger you know » Les mots sont simples mais il n'y a pas d'hésitation.

Il n'aime pas être à fleur de peau ; le sentiment ne lui appartient. C'est le contraire, entièrement ; il appartient au sentiment. Taheer ne se juge pas fort contrairement à ce que l'on ose croire ; l'homme a parfaitement conscience de la faiblesse l'habitant ; celle qui est liée à ses sentiments et qui fait de lui un être faible, pitoyable et dangereux. Il ne désire pas être cette personne ; il ne désire pas être à la merci des battements de son coeur ou des réflexions profondes et émotives pouvant prendre place dasn son esprit. Il y a des choses qui possédent trop d'importances et qui ne méritent simplement pas d'en obtenir. La mécanique de son coeur n'est pas adéquate, le flux de ses sentiments est contaminé. C'est une chose gravée dans la chair et le sang ; c'est une raison pour laquelle ses mains portent le sang d'autres depuis des années et que son esprit est pourri par les erreurs qu'il a commises. Son passé est souillé ; son coeur est pourri, comme la chair de ceux qui se trouvent sous terre, après qu'il les ait tué. Il n'est pas bon, ni saint. Il est une bête capable d'obéir au plus terrible des maîtres simplement pour l'ébauche d'une caresse ou un compliment à demi pensé. Taheer ne possède aucune estime de sa personne ; il a conscience, entièrement, du potentiel et de la force qu'il possède. Il sait, sans le moindre doute, que ses forces peuvent servir pour le meilleur et pour le pire. Il a vu les deux cas ; les dernières années lui ont apporté une nouvelle chance qu'il n'ose pas encore mériter et qu'il essaie d'acquérir le droit de la vivre, de l'obtenir, jour après jour. Rien n'est suffisant à ses yeux. Le coeur est fermé, les pensées sont limitées et toute la conscience est ancrée vers une entitée bien meilleure qu'il ne peut l'être. Qu'il ne le sera jamais. L'Empire.
Il reste un homme, il reste un être faible, lamentable. Le coeur porte des battements, le corps des réactions et son esprit, de minables pensées. Il reste encore ce gamin du sable, quelque part, celui ayant tourné le dos à sa famille pour plonger ses mains dans le sang et la crasse, juste pour des rires gras et des tapes dans le dos, si peu sincères.
Il reste toute cette fragilité qu'il possède, qu'il enfouit et qu'il enterre, jour après jour, et qui fait surface lorsqu'il possède une confiance trop accrue en lui, lorsqu'il devient aveugle face à la réalité de son être. Lors de ces moments, Taheer est frappé par la honte et par ses fautes, ne peut que s'entrainer plus fort et s'enfermer plus lourdement loin des autres.
Le coeur palpite, à l'instant. Le corps est porté par un frisson, l'iris est grand ouvert malgré l'écho des larmes contre ses cils. Les sourcils sont froncés et le souffle, lourd, est stoppé entre ses lèvres. Taheer cherche à en regagner le contrôle. La honte pourrait le pousser à détourner les yeux, fuir le regard d'Evi, mais le stormtrooper refuse d'être un lâche. Il se refuse d'être qui il est, entièrement. Alors il le dévisage ouvertement, lourdement, le regard aussi sombre que perdu, l'iris aussi opaque que tremblant.
Le poids est un peu plus présent, sur le lit. Le corps se braque un peu plus, comme une arme, comme la corde d'un arc. Il est prêt à frapper. Il est prêt à se casser.
- Taheer. que dit Evi et si Taheer ne l'avoue pas, le regard se dévie et fuit, un maigre instant. Il ne désire pas l'affronter. Voir le poids de ses sentiments, de son jugement sur lui. Sa paume est bouillante contre sa peau lorsqu'elle s'y pose. Le souffle tressaute, meurt et reste enfermé à l'intérieur. Il y a une prison à l'intérieur du stormtrooper, pour les émotions. it’s okay. Being connected to what you're feeling instead of bottling it up makes you stronger you know 
Le regard est aussi brusque que chambranlant. Il aborde encore les larmes qui s'y sont posées et qui ne partent pas.
- Bullshit qu'il gronde, non sans éloigner la main. Avec le mot, le souffle reprend et se fait tremblant. Il ferme les yeux et essaie de s'ancrer, de retrouver pied, mais le corps possède une fragilité à vif qu'il ne peut ignorer. Taheer ne peut lui faire confiance.
Il ne peut lui laisser le contrôle ; il se doit d'être maître, toujours, de lui.
- Personne parle de sentiments. qu'il gronde, pour lui comme pour Evi. Cette fois, il bouge pour être entièrement sur le dos, exposant ce qui doit être exposé. Il est plus aisé de gérer la réaction de son corps que celle de son coeur. Le noeud a été défait, ça a fait du bien. C'est aussi simple que ça. Il n'y a aucun tremblement dans la voix ; elle est terne et brève, directe. Soufflant un brin, il passe une main contre son crane. Le coeur est encore en vrille, la tête aussi. Signe de faiblesse, il ramène son avant bras contre son visage, cache ses yeux. Taheer a conscience du geste. Il se déteste pour cela.
Les dents serrées, il continue.
- Va falloir que tu dégages si tu veux pas que je m'occupe de mon problème devant toi. qu'il fait, horriblement franc, dégageant le bras déjà, lui offrant un regard fixe, sans détour, qu'importe les larmes encore accrochées à ses cils. Dans sa poitrine, le coeur est encore affolé. Taheer ne l'écoute pas. Il est sourd, bien souvent.

Cet instinct, dans le fond de mon bide, je l’ai depuis que j’ai vu Taheer, la première fois, dans les couloirs de l’académie. Au début, j’ai pensé que c’était juste pour me dire qu’il était dangereux. Qu’il fallait que j’essaie de l’éviter. Qu’il allait m’apporter des ennuis. Ce qui s’est avéré, les premières semaines, les premiers mots, où je n’ai vu que son côté insupportable, fanatique de l’Empire, sans aucune complexité, un bon petit mouton suivant tous les ordres qu’on lui donnait, un rat qui balancerait n’importe quel traître à ses supérieurs; et qui s’était donné pour mission personnelle de m’emmerder jusqu’à la fin. J’ai compris, plus tard,  avec les mois et les années, que c’était beaucoup plus compliqué que cela. Cet instinct ne me disait pas uniquement que Taheer était quelqu’un à éviter. Il me disait qu’il fallait que je m’accroche. Que cette personne était importante, dans mon existence. Qu’il y avait quelque chose, sous les couches de prétention, de parfait petit soldat. Il y a des couches, que j’essaie de creuser depuis des mois, mais elles sont tenaces. Il y a une fragilité, aujourd’hui, bien visible, et c’est la première fois que je la constate, aussi clairement, aussi apparente. Je l’ai déjà vu, ressenti surtout, sous-jacente, quelque part, dans le fond de son regard ou  simplement une intense impression dans mes tripes. Mais ainsi, jamais. Jamais d’une façon aussi flagrante.

J’ai un peu l’impression d’approcher un animal blessé alors que je m’approche sur le lit, souhaitant le soulager tout craignant de me faire mordre. Il faut dire que je ne suis pas pleinement certain de sa gêne. Est ce qu’elle est physique, est-ce qu’elle est psychologique? Les deux, peut-être? Je ne veux rien pousser ou faire allusion à quelque chose si je n’en suis pas certain. Ma tentative de lui faire comprendre qu’il n’a pas à ressentir la moindre honte pour ce qu’il ressent n’est pas la bienvenue. Comme j’aurais pu m’y attendre, Taheer rejette mes propos en bloc, je me demande s’il accepte seulement de réellement les écouter. A fleur de peau, il jure, repousse brusquement ma main, gronde aussi. C’est lorsqu’il se retourne sur le dos complètement que je comprends pleinement la nature du problème, et de son embarras. Bien qu’il semble évident qu’il y a aussi autre choses, des émotions, au vue de ce que je peux lire dans son regard. « Le noeud a été défait, ça a fait du bien. C'est aussi simple que ça.  » il s’empresse de donner une explication. Je me pince un peu les lèvres, essaie de ne pas sourire. « hm » je commente, sans rien ajouter, d’abord, honnêtement surpris de la chose. Il cache son regard d’un bras, et j’ai un léger sourire aux lèvres devant le geste qui ne lui ressemble tellement pas, du moins de l’image qu’il veut donner aux gens et que je lui connais principalement. Il y a quelque chose de précieux, au moment. Va falloir que tu dégages si tu veux pas que je m'occupe de mon problème devant toi.

Mon sourire menace de s’élargir un peu plus et je dois prendre sur moi pour rester assez neutre. Je me suis rassis sur le lit et ai ramené une jambe vers moi. Je laisse le silence s’installer, pendant quelques secondes. « well actually I don’t mind watching at all » je lance l’air de rien, attendant quelques secondes, avant d’avoir un sourire amusé - bien que j’ai le coeur qui manque de se décrocher, à l’intérieur. « Or… » Je me redresse un peu. « I could help you… with that problem » Je me penche légèrement au dessus de lui, le contemplant un instant. Il est beau, Taheer. « Come on, you must know how fragging attractive I think you are and how badly I want you by now » Et c’est un euphémisme. Ma main s’est déplacée des draps à son visage avec douceur, un instant, le pouce écrasant une larme coincée au coin de son oeil; je suis partagé entre mon envie de le rassurer, et mon envie de lui, tout simplement. Avec lenteur, je m’installe à califourchon sur lui, et retire mon t-shirt; avec un peu de provocation. Ma main se pose sur son torse. Sa peau est brûlante. Dans ma poitrine, mon rythme cardiaque s’affole.« So, what do you say, Taheer? » Je me penche, le visage juste au dessus du sien. Je lui laisse quelques secondes. Et puis je l’embrasse. Comme ça.

La chair appelle à la chair  ; il est normal de prendre, de convoiter et de posséder. Voilà ce qui a été dit à un gamin, de nombreuses années plus tôt, tandis qu'il accompagnait sans cesse les plus vieux du groupe vers le bordel des environs. Voilà ce qui était dit et cru tandis que les rires gras résonnaient de l'endroit clos et qu'une main, lourde, était posée sur son dos pour l'envoyer dans une chambre en compagnie d'un esclave. C'est un murmure fier qui s'est répandu dans le village de Taheer, encore presque un enfant, lorsqu'on a proclamé qu'il était devenu un homme. Les mains déjà envahies par le sang depuis un moment, il avait tâché la chair d'autres de sa personne. Il s'était approprié un corps, à peine adolescent, loin d'être un enfant. L'événement n'a jamais été nié. Pourtant, la vérité reposait dans l'iris de l'esclave face à lui, dans cette chambre, tandis que Taheer restait dans son coin, ne dérangeait pas, et lui permettait de dormir un moment, juste, entre deux clients. Ce n'est que de nombreuses années plus tôt que la chose a été donné, partagé avec une autre personne, une autre esclave enfermée entre quatre murs qui, de son côté, avait enfermé son coeur  précieusement entre ses mains, lui volant une miette à la fois au travers de nombreux baisers. Tatooine était derrière lui, à l'époque ; un dernier saut sur la planète avant de rejoindre ses sauveurs, après de longs mois à extraire les fautes de son âme comme les toxiques de ses veines. Un dernier baiser, une promesse oubliée et une caresse partagée, entière et dévouée, avant qu'il ne parte.
Taheer ne se retourne pas, jamais. Le sentiment s'est essoufflé, au fil des années. Un peu trop lourd à porter, il est tombé dans ses talons et sur le chemin, il est resté. Le Stormtrooper s'est vu un peu mieux respirer, un peu mieux avancer. Il ne s'est pas posé de questions sur la chose.
Les fois suivantes, le corps s'est perdu contre d'autres uniquement par besoin, sans sentiments, désirant laisser ceux-ci loin de ses pensées. La force habite son corps, elle ne réside pas dans son coeur.
Il y a un mécanisme, dans les gestes, dans les caresses. Une marche à suivre, un protocole trouvant sa logique quelque part dans son esprit. Taheer en est respectueux, constamment, depuis les dernières années. Il trouve une aise, un confort dans la chose. Un mécanisme calme, simple, qui ne demande aucune prise de tête.
Le regard d'Evi hurle quelque chose qui n'aborde pas la simplicité. La courbe de son sourire porte un poids qu'il n'apprécie pas, qui pèse contre le torse de Taheer et qui, sur le coup, le fait profondément froncer des sourcils et pincer des lèvres. Si un commentaire peut être fait, il n'existe pas. Taheer dévisage son locataire comme il pourrait obtenir un ennemi.
- well actually I don’t mind watching at all Le souffle est expulsé par les narines, le regard reste ancré sur ses gestes, son visage, ses iris. Taheer observe Evi, entend le ton emprunté, laisse les questions être mais ne s'y accroche pas. Il attend ; sait-il quoi ? Certainement pas.  Or… Contre son visage, son bras glisse un peu plus, dégage ses traits. Les prunelles sont aussi lourdes, aussi sombres. Evi s'approche pourtant tandis que, normalement, il fuit constamment. Le terrain est inconnu. I could help you… with that problem 
La vue est entièrement axèe sur Evi ; quelques mèches tombent le long de son visage, bouclées. Taheer n'y porte pas son regard.
- Et pourquoi j'en aurais envie ? qu'il fait, le ton lourd par son agacement. Le son de sa voix ne ressemble rien sous la folie parcourant son torse.
- Come on, you must know how fragging attractive I think you are and how badly I want you by now La main est froide contre ses cils ; Taheer ferme les yeux un moment, dérangé par l'intrusion. Quand le contact disparait, il l'observe de nouveau, iris ouverts, regard fixe. Aucun mot ne quitte ses lèvres ; aucun refus, aucun déni. Il dévisage uniquement ; le stormtrooper n'a pas l'habitude. Pas à cet air sur les traits de l'autre, ni à ce timbre de voix, ni cette confiance dans ses gestes. Il observe et toise, essaie de comprendre et n'y arrive pas, qu'importe si un corps se pose sur son bassin et qu'Evi le chevauche.
Une main contre son torse ; sent-il les battements de son coeur ? Taheer serre les dents, pose les siennes contre les cuisses du plus jeune. Le regard porte une pointe d'agacement.
- So, what do you say, Taheer? que s'élève la voix de nouveau, et elle porte une confiance nouvelle que Taheer ne connait pas, chez l'autre. Elle le dérange, elle l'agace, autant qu'elle le rend fière, peut-être.
- Tu fais chier. qu'il répond juste avant que les lèvres ne se rencontrent et s'accrochent, longuement, les unes contre les autres. Il y a quelque chose de sucrée, dans le baiser. Il y a quelque chose de vorace, aussi. L'une de ses mains se déloge de ses cuisses pour aller s'accrocher à ses boucles, contre sa nuque.
Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'il écrase sa tête contre les oreillers, éloignant son visage. Evi suit ses lèvres sans retenue. Les jointures se crispent contre la crinière et tirent, lentement et fermement, pour éloigner les traits des siens. Le ventre se tord à l'entente d'un son.
- you taste just like sweet qu'il gronde, le regard aussi sombre qu'embrûmé. the fake kind. Un sourcil s'hausse, accusateur, avant d'exercer une nouvelle pression contre sa prise et de ramener le visage d'Evi près du sien. Les lèvres effleurent la ligne de sa mâchoire, les dents s'y posent un brin, comme les lèvres et la langue. Il gronde. and salt. Évidemment qu'il ne s'est pas lavé après avoir dégagé la glace des escaliers. La main contre la cuisse quitte sa position pour aller sur son fessier, qu'il claque, et les hanches amorcent un mouvement pour envoyer le corps de l'autre contre les draps, près du mur. Taheer se défait de l'emprise et se redresse, assis.
- douche, et brosse tes dents. qu'il commande, se redressant déjà et, par la même occasion, ajustant son confort dans ses pantalons. Il offre un regard à Evi. t'attends quoi ? qu'il gronde, le regard se détournant déjà. Le reste des mots vient avec un inconfort, qu'importe l'assurance qu'il dégage. Le paraitre est important. À moins que l'absence de baisers te dérange pas, bouge toi. J'prépare la douche. Ton huile sent et de toute manière, il y a des préparations. qu'il fait, sans le moindre tact, quittant déjà la chambre pour aller dans la salle de bain. Même en s'éloignant, le coeur palpite toujours autant.

Evi et son manque d’assurance. Evi et sa timidité, sa lâcheté, sa peur de tout, Evi et ses crises de larmes la nuit et quand il croit que personne ne le regarde. Evi qui ne fait pas de vagues, qui se fond dans la masse et qu’il est si facile d’ignorer car il n’a aucun intérêt. C’est cette vision qu’on les gens de ma personne, rien d’autre. Il n’y a pas grand chose d’autre à voir, à savoir. Il faut dire qu’elle est vraie cette perception, et que je cherche à la cultiver, aussi, du moins ce côté insignifiant. Il ne faudrait pas qu’on me remarque, qu’on me pose trop de questions. Baisser la tête, obéir et s’écraser, c’est ce que je fais de mieux, il faut croire. Il n’est donc pas étonnant de lire toutes ces questions informulées dans le regard de Taheer, ces doutes et cette surprise qui le traversent. Ce que je lui montre n’est clairement pas ce qu’il connaît de moi. Je me demande ce qu’il en pense. C’est trop tard pour reculer, de toute façon, je pense alors que je le chevauche, et que ses mains simplement posées sur mes cuisses me brûlent. Si j’ai une peur, à cette instant, c’est qu’il me repousse; que je me retrouve comme un con avec un désir non partagé parce que franchement ça ferait chier. Mais le reste, je n’en ai pas peur. A l’embrasser, mon rythme cardiaque s’affole. Je m’extasierai comme un idiot plus tard, d’avoir pu enfin connaître le goût de ses lippes; pour le moment je ne pense plus à rien, si ce n’est à lui, laissant mon corps se mouvoir sans réfléchir. Je chasse ses lèvres alors qu’il écrase sa tête sur son oreiller. Sa main dans mes cheveux agrippe, et puis tire - je le laisse faire et m’arrache au baiser, non sans laisser échapper un grognement. Mon regard accroche le sien, et je m’y plonge sans peur. « guilty » j’avoue sans mal; je veux rajouter quelque chose mais le souffle est court à l’exploration de Taheer sur l’arrête de ma mâchoire, j’en ferme les yeux, crispe un peu ma main sur son torse.

Je fronce les sourcils, un peu courroucé alors qu’il s’est défait de mon emprise et m’a poussé sur le côté. A l’étroit dans mon pantalon, je ne le quitte pas du regard, craignant qu’il ne change soudainement d’avis. Ce n’est pas le cas. C’est juste…. Taheer being Taheer. Je fais les gros yeux mais ne bouge pas. Il gronde. Je continue de l’observer sans bouger pendant quelques secondes, écoutant ses derniers mots. Je retiens un léger sourire amusé de venir sur mes lèvres. Un peu de tendresse, aussi, quelque part. Mon regard se coule sur sa silhouette et l’observant quitter la chambre, poussant un soupir en reposant ma tête sur le lit; tâchant de remettre de l’ordre à l’intérieur - le coeur bat un peu trop fort d’anticipation. « fine » je souffle alors même qu’il ne peut m’entendre. Je finis par me relever et quitte la chambre pour aller dans la salle de bain où il a commencé à prendre sa douche. Je m’appuie contre le lavabo en me brossant les dents consciencieusement - manquerait plus qu’il y trouve encore à redire - le regard sur la silhouette dans la cabine et mon imagination s’affole. Les quenottes toutes propres, je finis de me déshabiller; et ouvre la porte de la cabine pour me glisser à l’intérieur. Il fait chaud, à l’intérieur. Taheer se retourne vers moi, et je m’approche avec lenteur jusqu’à le presser contre la paroi. J’y pose une main. L’autre se glisse dans le cou du stormtrooper, je me penche, m’approche,  le toise un peu; caresse l’arrête de sa mâchoire de mon pouce. « Kiss me Taheer » Je demande. On s’embrasse. Je ne sais pas si c’est lui qui s’est exécuté, ou bien si c’est moi qui ai capturé ses lèvres, mais le moment est aussi doux que brûlant. Je glisse ma main sur ton torse, son ventre, sa hanche. Elle s’y agrippe avec force. Il est difficile de rompre ou de m’arracher aux baisers qui se succèdent. J’en veux plus. Je me presse un peu plus contre lui, le désir est lourd, intense, un peu étouffant, presque. Je m’arrache finalement aux baisers, me perd dans son cou, agrippe sa nuque; le souffle court sur sa peau. « you’re beautiful » je soupire, capture ses lèvres encore une fois, après quelques minutes; presse mon front contre le sien. Je n’ai que peu de filtres, dans ce genre de situations. Et avec Taheer, c’en est encore plus exacerbé. Joueur, j’empoigne un instant une de ses fesses et lui mord un peu la lèvre inférieure. Et puis je m’éloigne. « Come on. I’ll finish showering and join you in the bedroom. » Je l’embrasse encore brièvement. « and before you ask I have everything we need »  

Lentement, méthodiquement, un protocole se dessine et prend place lentement dans son esprit. Il est important, après tout, de rester attentif et surtout, concis. Taheer n'apprécie pas l'incertitude. Celle associée aux sentiments, aux désirs primaires plus principalement, ne l'enchante pas. Peut-être est-ce pour cela qu'Evi le dérange particulièrement depuis leur rencontre ; car l'autre est simple, souvent, et qu'il cède à ses envies avec une aisance fortement dérangeante. Taheer a besoin d'une précision dans sa vie ; d'un cadre à suivre, qu'un but à atteindre. Chaque chose possède une raison particulière, chaque geste possède une explication et chaque instant de sa journée mène à un but certain. Il ne s'attarde pas sur les futilités ; il ne s'attarde pas sur un cookie par envie, ni sur une série à la télévision ou encore, sur un visage qui éveille de l'intérêt, chez lui. Il n'a pas confiance en ces envies ; il n'en voit pas l'intérêt mais surtout, il sait que le mal peut s'y coller avec facilité.
Le stormtrooper relativise, à l'instant. Dans sa poitrine, le coeur tambourine avec puissance. Il pourrait avoir l'impression qu'il va lâcher si Taheer ne savait pas déjà à quel point il est solide.
Les vêtements tombent au sol, les émois aussi. Taheer les laisse choir contre le carrelage tandis qu'un schéma et qu'une logique précise se construit dans son esprit pour retirer toute impulsivité liée à ses actes. Ses gestes deviennent alors logiques, nécessaires. Il y a un but, une raison, un pourquoi. De manière méthodique et rassurante, il s'occupe de son corps, de ce qui doit être fait, dans une procédure qui lui apporte un brin de calme, peut-être.
Il ne s'agit pas d'une impulsion, d'un battement de coeur peu nécessaire. Il y a une logique, dans l'instant. Quelque chose qui, tandis que l'eau coule le long de sa chair, que la porte s'ouvre derrière lui et qu'Evi le rejoigne, ne s'attarde pas dans les émois futiles. Il y a une réflexion constante dans son esprit, un ancrage auquel il s'attarde alors qu'une main parcourt sa chair, qu'un regard se pose au fond du sien et n'en détourne pas.
Taheer ne dévie pas son regard, non plus. Il reste fier, malgré le frisson contre sa chair. Malgré le souffle moindrement fragile, au bord de ses lèvres. Il y a un froncement dans ses sourcils, un mensonge dans son esprit. Un plan, un but, un pourquoi du comment aussi tremblant que son souffle.
- Kiss me Taheer
La demande est faite et aussitôt exécutée. Il est plus confortable de l'embrasser que de l'observer. Sur ses lèvres, il n'affronte pas les reflets qui se trouvent dans ses iris. C'est mieux ainsi. Plus confortable. Il préfère la morsure de ses doigts contre sa peau que celle de son regard, lourd, au creux du sien. Evi est aisé à lire ; il est facile de savoir qu'il possède des secrets, comme nombreux, mais tout comme il est aisé de découvrir autre chose, dans ses prunelles.
Taheer n'a pas envie de les découvrir, ces choses là. Il préfère s'en détourner au travers des baisers, s'accrochant à sa chair comme il fait de même avec la sienne.
- you’re beautiful que l'autre dit encore, après un moment, contre ses lèvres. Taheer ferme les yeux, ses paumes posées sur l'os de ses hanches. Il pourrait y laisser une marque tant la prise est ferme.
Les paupières ne s'ouvrent que lorsqu'une prise indécente est faite sur son postérieur. Le regard est sombre, posé sur les traits moqueurs du plus jeune. Il y a quelque chose de nouveau, de dérangeant dans la chose. Une nouveauté qui éveille une vague chaleur en lui, un frisson contre son échine aussi. Taheer serre des dents, sur le moment. Il expire par les narines et ignore la morsure qui résonne encore, sur sa lèvre, tandis qu'Evi s'éloigne.
- Come on. I’ll finish showering and join you in the bedroom. Le regard s'accorde une seconde et il ne bouge pas. and before you ask I have everything we need Faible grimace au bord de ses lippes, iris sombres qui s'attardent sur ses traits. Il détourne le regard lorsqu'il croise le sien ; Taheer ne désire pas le voir, pas s'y perdre. Il serait problématique de laisser son esprit et son coeur se perdre, de nouveau, face à ce qu'il peut bien y voir.
- Ne prends pas trop de temps. Il ne s'agit pas d'impatience. Voilà ce qu'il se dit en quittant la douche et en s'emparant d'une serviette pour essuyer sa peau. J'ai autre chose à faire, plus tard. qu'il ajoute. Si Evi s'attarde trop, le choix est aisé. L'instant n'aura simplement pas lieu.
Avec lui, il amène la serviette et essuie le peu de cheveux se trouvant sur sa chair. Il essuie, encore une fois, son corps de manière méthodique. Il est important de posséder des rituels, une organisation précise dans les divers événements de sa vie. Taheer fonctionne ainsi ; il y trouve un confort rassurant, une manière de ne pas perdre pied.
Le tissu tombe au sol lorsque la chair d'Evi se presse contre la sienne, de nouveau. Elle est humide, loin d'être parfaitement essuyée. La réprimande de Taheer se perd au bord de ses lèvres, au début d'un baiser. S'il tâche de garder pied, son talon percute le bord du lit et, malgré la logique et le raisonnement fait au cours des dernières minutes, il suffit d'un moindre effort pour le faire basculer. Les yeux fermés, il se garde de prêter attention à ce qui le fait tomber.
Il trouvera une explication plus tard.