help me face the truth (tavi#3)

J’ai le coeur qui cogne si fort dans la cage thoracique que c’est presque douloureux. Il y a la chaleur de Taheer, tout contre moi; sa peau contre la mienne, quelques minutes après avoir fait l’amour - sans doute lui n’appelle-t-il pas l’union de nos corps comme cela, mais « coucher » ou « baiser » me semblent être bien loin de ce que c’est, réellement. Je ne dis rien. Lui non plus. On reprend notre souffle, tous les deux. Mes doigts caressent son épaule avec douceur. Voilà quelques semaines seulement que les événements de la cérémonie des lanternes ont eu lieu, et si la bacta a depuis longtemps soigné ma main; les conséquences publiques, et personnelles, surtout, m’étouffent de plus en plus. Mon regard se lève, se perd sur la fenêtre, un instant. Il y a un insecte, là, qui semble prendre un bain de soleil. J’observe sur la vitre quelques marques que le soleil a dévoilé, je me garderai d’en parler à Taheer, il voudra tout nettoyer sur le champ et honnêtement, c’est pas si sale que ça. J’ai surtout autre chose en tête. J’ai du mal à dormir, depuis plusieurs jours. Je me ronge les sangs. J’ai peur. Je ne pense qu’à mon appareil holocom, au fond de mon placard dans ma chambre, dont la petite diode rouge clignote pour m’annoncer des nouveaux messages - que je ne peux consulter. Ça fait trois jours, que c’est comme ça, depuis que j’ai pu l’allumer après voir réussi à récupérer un vieux chargeur au marché noir. Je passerais les détails de l’entrevue avec le type en question. L’appareil est trop vieux, et a été endommagé par plusieurs voyages; et il m’est impossible de consulter les messages indiqués. Je l’ai étudié sur toutes les coutures. J’ai essayé de le démonter pour pouvoir le réparer, mais force a été de constater qu’une pièce semble hors d’état de marche, et que pour faire fonctionner l’holocom, je vais avoir besoin de la remplacer. Trois jours, que je ne sais pas quoi faire. Ou plutôt, je sais quoi faire mais j’en ai une trouille monstre, car cela implique beaucoup trop de choses. Trois jours, que je suis enfermé dans ma chambre, à refuser tout net de m’entraîner avec Taheer, ou de manger avec lui quand il revient du travail. Il a bien compris que quelque chose n’allait pas, il n’est pas idiot, mais d’une façon ou d’une autre j’ai réussi à rester dans ma chambre - je me suis forcé, aussi, à aller travailler aujourd’hui. Mais cela ne peut plus durer. Je ne peux pas rester dans l’expectative ainsi. L’inconnu est étouffant et la lumière qui clignote me rend dingue. Si ça se trouve, c’est juste un défaut, et il n’y a rien, mais je peine à croire à une telle coïncidence. Il y a des messages, sur ce satané holocom. Le rythme cardiaque ne se calme pas, et l’avant-bras vient se glisser sur mes yeux. « Taheer » La demande raisonne, dans la chambre impersonnelle du stormtrooper.  « I need your help » Je déglutis. J’ai la gorge serrée par une émotion qui ne part pas. Je prends une inspiration. Retire mon avant-bras. « Something that I own is broken, and. I need to fix it. »  Il y a une pause. « la seule personne qui possède la pièce dont j’ai besoin, à ma connaissance, fait partie de la pègre and last time I went there- » je ne m’épanche pas de commentaires. La dernière fois, c’était il y a trois jours, et ma maladresse m’a coûté la colère noire du propriétaire. Heureusement, j’avais déjà le chargeur et j’ai pu filer sans demander mon reste. « but i need that piece. I need to fix my thing, I really need it I- can you come with me to this guy? » J’ai l’impression que mon coeur va se décrocher sous l’angoisse. Mes doigts frottent mes yeux. « please… » j'ai la foutu voix qui tremble un peu, parce que j'ai peur des conséquences, aussi, et du résultat.

Le silence est lourd dans la chambre ; les bruits ont cessés depuis de nombreuses minutes, déjà. Taheer ne se déloge pas des draps ; il y a une humidité mi-chaude, mi-froide contre sa chair. Une morsure éveillant un frisson contre son épiderme et lui dictant la suite des événements. Les minutes s'accumulent et l'instant tarde, pourtant. Le moment s'étire un peu plus, délicatement, au fil des fois et des semaines. Taheer se garde de poser une moindre pensée sur la chose. Il n'y réfléchit pas. Pourquoi le ferait-il donc ? Aucune explication est nécessaire. Rien n'a lieu, là, au travers de ses draps. Il n'y a rien, là, au travers de ses bras. Caresse délicate offerte contre son bras et aisément ignorée. Tolérée. Le stormtrooper laisse son souffle, plus calme au fil des minutes, glisser hors de ses lèvres. Les yeux s'ouvrent ; depuis combien de temps sont-ils fermés ? Qu'importe.
Le frisson est agréable, contre la chair. Qu'il vienne de la chaleur ou encore, du toucher contre son épaule, la chose n'a que peu d'importance. Le moment touche à sa fin. Il s'étire déjà depuis trop longtemps.
Le corps ne bouge pas. Le froncement s'accentue sur les traits qui, pourtant, sont plus détendus qu'au cours des derniers jours. Au moins cette fois, Evi est à ses côtés. Aucune explication a été offerte pour les caprices et les silences, que des baisers pour faire taire le quelconque sentiment gonflant dans son ventre. Il est plus calme, pour l'heure. Il l'empêche de gronder, de chercher avec insistance des réponses pour l'abandon des derniers jours. Un entrainement ne se délaisse pas ainsi. Les tâches ménagers non plus. Ni l'emploi. Ni les repas.
Un souffle quitte sa gorge, plus brusque que les autres. Il reste malgré tout doux, calme, comparé aux sons émis plus tôt. Les lèvres sont pincées, l'esprit aussi calme qu'agité et un bref mouvement se fait. Taheer se convaint à bouger.
- Taheer  que fait Evi, premier mot offert depuis un moment, outre ceux partagés dans les draps. Les iris sont sombres, posés sur lui. Un bras cache le visage de l'armurier. Taheer lorgne avec un peu plus d'amertume, quelque chose de lourd dans la gorge. Il n'a pas le temps pour ça. Il n'a pas besoin de ça. Evi est terriblement insupportable.  I need your help 
Le bras glisse et se presse contre le sien, de nouveau. Taheer se déloge d'un mouvement, prend l'appui sur l'un de ses coudes pour l'observer. Dans l'esprit, un millier de scénario. Certains comportent une trahison envers l'Empire. Le ventre se tord. La pensée est chassée. Aucun mot n'est prononcé. Evi continue.
- Something that I own is broken, and. I need to fix it. la seule personne qui possède la pièce dont j’ai besoin, à ma connaissance, fait partie de la pègre and last time I went there- Les traits se déforment un peu plus à la mention de la pègre. Quelle idée. Quel idiot. Pourquoi se trouvait-il là ? Pourquoi est-il allé là-bas ? but i need that piece. I need to fix my thing, I really need it I- can you come with me to this guy?  Les machoires se braquent et la bouche s'ouvre presque aussi, douloureuse, pour un refus net. please…  Voix brisée par la demande exagérée.
Machoires qui se crampent de nouveau, qui claquent et qui restent fermées, un moment. Taheer expire par les narines, le regard fixé sur les traits de l'autre. Il y a des marques sur sa chair, faites par ses lèvres et ses mains. Des raisons dessinées contre son épiderme, des raisons pour accepter et aussi, pour cruellement s'éloigner. Sur le lit, le stormtrooper a la tête vide. Elle bourdonne pourtant de pensées qui résonnent avec pleine puissance, qui demandent à être entendues mais qu'il préfère ignorer. Taheer sait se faire sourd des vérités qui sont difficiles à s'avouer.
- Outre que dans le cadre d'une mission, il est interdit de faire affaire avec la pègre. qu'il commence à dire, dictant presque les règles de l'Empire. Il y a quelque chose de réconfortant dans la chose, dans ce qui est connu et appris par coeur. Pourtant dans le timbre de sa voix, il y a moindre certitude. On y trouve plus une exaspération, celle naissant souvent lorsqu'il est question d'Evi. Je peux savoir pourquoi tu - La voix se coupe, les mots meurent. Evi lui a dit pourquoi. L'explication est moindre, des informations sont manquantes, mais des mots ont été dits malgré tout. C'est pour cette raison que tu as agi comme un enfant à t'enfermer dans ta chambre pendant trois jours ? qu'il gronde, exaspéré. Des informations manquent, et Taheer est dérangeant. Il n'aime pas la chose.
Il prend appui sur son bras, une nouvelle fois, pour s'extirper du lit. La sueur a séché de son corps, mais il a toujours froid. Il faudrait prendre une douche. Pourtant, il s'empare d'un calecon et commence à s'habiller.
Les doigts s'emparent d'un haut et le regard se pose sur Evi, encore. Ses yeux luisent. La raison est différente d'un peu plus tôt. Le stormtrooper serre des dents, des doigts aussi, sur le vêtement. Il le dévisage et sent le poids, encore, dans son ventre. La situation le dérange déjà.
- Et c'est important à ce point ? qu'il demande, encore incapable de digérer son comportement des derniers jours. L'absence a été marqué, ressenti, et Taheer n'est pas certain d'être confortable avec l'événement.