year zero. (remus)

year zero.

You taught me the courage of stars, before you left, how light carries on endlessly, even after death. with shortness of breath, you explained the infinite, how rare and beautiful it is, to even exist. --- @remus kirk

Tic, tac, tic, tac, tic, tac.
L’unique son perceptible dans la cellule froide où Azazel Seastar était détenue depuis deux semaines, tel un rappel que le temps était compté, que l’exécution serait proche si elle ne coopérait pas. Mais une Jedi pouvait-elle se permettre de ployer le genou face à l’obscurité ? Non, même pas dans ses rêves les plus fous. Pourtant, les valeurs prônées par le Code Jedi lui semblaient à l’heure actuelle plus que bancales. Si ce code d’honneur était si précieux, pourquoi l’avaient-ils abandonné ? Son propre frère de sang, ainsi que ses frères d’armes. Eux, en qui elle croyaient tant, l’avaient abandonné. Jédiaël avait délaissé une sœur, lâchant volontairement prise sans un regard en arrière. Quant aux autres, ceux-ci s’étaient retournés contre leur commandante. N’avaient-ils donc aucune éthique de vie, aucuns principes ? Et Icare, si hardi pouvait-il l’être, pourquoi ne revenait-il pas à elle afin de la libérer ? La pensait-il morte ? Quatorze jours qu’une multitude de questions se bousculait dans son esprit et qu’elle ne trouvait pas la paix, victime d’une obsession pour la trahison dont elle avait été victime. Le choc avait été trop brutal pour qu’elle trouve l’envie de converser ou d’insulter qui que ce soit. Comme si elle avait besoin de temps pour méditer… ou pire, se noyer dans les affres de la colère et de la vengeance et ce, pour la première fois en trente années d’existence. Elle qui décrivait naturellement comme une force tranquille, se trouvait être embrasée par la fureur. Et intérioriser cette fureur était encore plus mortel que l’extérioriser, consumant sa lumière et l’épuisant un peu plus chaque seconde.

La brune semblait avoir perdu l’usage de la parole, se refusant à adresser le moindre mot à ses visiteurs : geôliers, Darth Taarq en personne, autres fonctionnaires de ce nouvel Empire, Remus. Son tendre et cher Remus, le premier être qui l’avait touché en plein cœur au sein de l’Académie, près de trois décennies en arrière. Son meilleur ami et fidèle allié, malgré qu’il était Sith et elle, Jedi. Ensemble, Azazel et Remus étaient parvenus à unir leurs différents, à montrer que la lumière et l’obscurité pouvaient se côtoyer. Pourtant, même Remus n’avait pas réussi à lui arracher ne serait-ce qu’une syllabe, malgré de fréquentes visites. Constatant qu’elle ne se nourrissait pas vraiment dans les premiers temps, sa seule réussite avait été de lui faire finir une pomme entière et un verre d’eau. Tout Sith qu’il était, Remus ne l’avait pas abandonné, contrairement à ses confrères.

Tac, tac, tac.
Le son si caractéristique de ses pas.
Remus Kirk n’abandonnait jamais.

Azazel replia ses jambes contre sa poitrine, toisant le Sith lorsque celui-ci pénétra dans la cellule. Cette fois-ci, le regard de son ami se faisait plus grave et son visage, affichait une expression plus tendue que la normale. La belle rompit le contact visuel, détournant ses yeux sombres vers sa gauche, ignorant de sa superbe la présence de Remus désormais installé à ses côtés sur le banc.

Tic, tac, tic, tac, tic, tac.
L’horloge, mélodie solitaire scindant le silence glacial de cette pièce. Le compte à rebours était lancé, peut-être était-ce la dernière fois qu’elle reverrait Remus Kirk. Lui faire présent de ma voix avant ma potentielle exécution serait de bon goût, pensa-t-elle avec ironie.
Son regard se plongea dans celui du Sith, insondable mais plein, plus vivant qu’il ne l’avait été depuis deux semaines. « Vont-ils m’exécuter, Kirk ? » murmura-t-elle avec lassitude. Son poing droit se resserra, ses ongles s’enfonçant violemment dans la paume de sa main. « Tu n’étais pas obligé de venir me dire au revoir, tu sais. » Des mots et une intonation aussi durs que la pierre, masquant la pointe d’effroi qui la tenaillait. De quoi la Mort avait-elle l’air ?

year zero Cinq heures. Une aube nouvelle teinte l’horizon de la planète Naboo. Matinée rougeoyante qui secoue la galaxie. Le monde tel qu’on l’a connu s’est éteint. Astre mourant devenu poussière d’étoiles. Le coeur tambourinant, un homme traverse les couloirs du palais qui l’a vu grandir. Un sith. Vêtu de noir, sa cape fend l’air à grandes enjambées. Course folle contre la voie celeste du temps. Il y a urgence. La tête haute et l’air résolu, Darth Kirk se rend jusqu’aux tréfonds de la bâtisse où se trouve la dernière personne qu’il lui reste au monde. On dit que les siens n’ont pas droit à l’amour, pourtant le palpitant s’agite indéniablement pour celle qu’il rejoint. Plus qu’une soeur. Amitié intrinsèque et fidélité immortelle qu’il ne saurait abandonner. Il traverse plusieurs couloirs jusqu'à atteindre, enfin, le quartier dans lequel elle se trouve. Aussitôt, il sent sa présence. Elle est là, celle pour qui il donnerait tout. Celle avec laquelle il partage un lien écrit dans les cieux constellés. Kirk perçoit la teneur si particulière de sa Force, d’une luminosité presque aveuglante. Sa colère, aussi. Et sa peur. Une relation fraternelle pure, qu’il chérit plus que tout.

Remus effleure les barreaux qui les séparent. Il meut ses dextres et brusquement la cellule s’ouvre. Les traits s’adoucissent tandis qu’il s’agenouille face à elle. Il l’observe un long moment, sans toutefois pouvoir formuler de parole. Tendant l’oreille, il l’écoute respectueusement. Malgré les apparences, la voir au fond de cette cellule ne l’enchante en rien. Il n’a cure de la position des Sith et Jedi sans elle. De la fumée au vent comparée au poids de leur lien. Leurs regards se croisent et elle s’exprime enfin. Vont-ils l’exécuter ? Éternellement de marbre, la question le laisse ici pantois. Il pose sa pogne gantée sur son bras, ses ambres se voulant réconfortants. “T’exécuter ?” Répète-t-il lentement, sa voix grave se faisant écho dans la pièce. “Non, Azazel. Je suis venu pour t’emmener avec moi.” Il marque une pause. “C’est bien toi l'élue. Le monde change, il faut que tu illumines l’Ordre Sith de ta lueur. Tu es celle qui amènera l’équilibre dans la Force. La future reine de la galaxie. Ma soeur.” Il baisse le regard et caresse lentement les paumes de ses mains. Il aimerait y déposer un baiser mais il se retient. Pas maintenant. Pas ici. Son visage traduit pourtant toute l’affection qu’il ressent pour elle. “J’ai besoin de toi pour nous guider, Seastar. C’est ce que nous avons toujours voulu, toi et moi. N’est-ce pas ?” murmure-t-il enfin.