weapons don't weep (raedan)

Après son entrevue avec son père, Reen n'a qu'une idée en tête, se défouler. Comme toujours, la conversation s'est terminée dans ses éclats de voix et un bureau qui a failli passer par la magnifique fenêtre qui donne sur l'océan en contrebas. Une aubaine pour l'empire qu'ils ne confrontent qu'une fois par mois pour un conseil familial qu'il exècre où il faudrait souvent investir dans du mobilier. Il aurait tout cassé si il le pouvait, parfois il regrette de ne pas être devenu le seigneur sith de ses fantasmes, juste pour lui enfoncer son sabre en plein coeur et se délecter de sa mort.  Les poings serrés, Shireen avance d'un pas décidé dans les couloirs du Palais Impérial, les efforts de son droïde pour le calmer sont vains. Morales, tentatives de lui proposer d'aller se changer les idées de manière saine, Reen frappe le sol d'un pas déterminé et n'écoute que d'une oreille. B1 subit la colère de son maître sans un mot, se mure dans le silence de crainte, sans doute, de finir dans le décor, comme il a envoyé valser le service en cristal de son paternel. Le commandant s'en veut, il ne devrait pas reporter sa mauvaise humeur sur lui, il a toujours été là pour le soutenir. C'est aussi l'accepter dans ces moments plus sombre où il laisse ses émotions négatives le dominer. La seule fois où il ne sent pas faible comme un insecte que son géniteur pourrait écraser du bout de sa semelle. Le détester le rend plus fort, il se demande si ce n'est pas exactement ce que l'autre cherche. Si c'est le cas - ce qu'il l'est - c'est petit de sa part, mais diablement efficace. « j'ai besoin de m'entraîner. » Faire du sport est la seule chose qui pourra lui vider la tête. Si il continue sur sa lancée, il va finir par se venger sur un collègue qui n'a rien demandé. Juste pour le plaisir de renvoyer toute sa rage comme un miroir. Il réfléchit les états d'âmes qu'on lui envoie. Trop d'empathie dans son coeur.

A force de foncer tête baisser dans les couloirs, Reen réalise qu'il s'est éloigné des salles d'entrainement. Il n'a pas encore choisi son activité : combat, tir, il a l'embarras du choix. Le Palais est désert à cette heure, il ne croise pas âme qui vive. Naturellement, il sursaute quand il entend des pas, différents des siens, quelqu'un sur son chemin inverse. Ce n'est pas un visage inconnu. Le soldat cligne des yeux et s'approche. Shireen l'a déjà rencontré lors d'une mission, ou plutôt d'une alerte. Un vaisseau sans immatriculation s'est approché et il a eu besoin de l'aide du Seigneur Sith pour s'en occuper. Une longue histoire d'adrénaline et des bégaiements. Reen était très gêné quand les renforts demandés se sont avérés être le commandant du Resilient en personne et ses Stormtroopers. «   seigneur saevus. » Il sourit chaleureusement, même si l'homme ne lui rendra pas. Il y a une noirceur très profonde dans son coeur, Reen peut la sentir vibrer sans avoir reçu une grosse éducation dans la force. Il n'insiste pas, il ne pourra jamais sonder plus loin que des sensations, des a priori. A contre courant de son instinct, il s'approche, désireux de connaître un peu plus cet homme. Reen hait l'empire. Il est facile d'haïr toutes les personnes qui en composent ses rangs, mais puisqu'il existe et que Mavee a existé, il se dit que tout le monde n'est pas forcément mauvais. Le bien et le mal sont censés s'équilibrer. Il doit bien y avoir des choses chez cet homme qui valent la peine qu'on s'intéresse à lui. « j'allais m'entraîner. voulez vous m'accompagner ? » La requête est  saugrenue. Il s'en rend compte et baisse la tête pour regarder ses pieds avant de vite se rappeler qu'il ne doit pas baisser sa garde devant un homme de son rang. Il force un sourire sur ses lèvres. Au pire, on va l'envoyer bouler. Cela ne peut pas rendre son humeur pire qu'elle ne l'est déjà. Autant être furieux à deux.

S'attendant à être ignoré, Shireen est surpris qu'on daigne lui répondre. Il ne compte plus le nombres de fois où ses supérieurs ont volontairement ignoré sa présence. Maintenant, c'est à lui de se montrer suffisamment intéressant pour que le Seigneur Sith ne change pas d'avis et passe son chemin. La pointe d'insolence en lui voudrait lui rétorquer pourquoi pas ?. Parce qu'il n'est qu'un homme ne fait pas de lui quelqu'un de faible, c'est sa sensibilité qui le rend fragile. Aujourd'hui, il n'a pas envie de laisser cette part de lui prendre le dessus, il en a assez de se lamenter sur son sort, n'a aucun désir d'aller se réfugier dans ses quartiers personnels pour aller pleurer sur le verbe incisif de son paternel. Cela n'a jamais rien arrangé, jamais soigné les blessures de son coeur. Il se sent bien quand il oublie ses principes. Eos avait raison ; il y a un monstre qui sommeil en lui et il est affamé. Il a besoin de déchaîner toutes ces émotions et n'est-ce pas exactement ce dont les Sith font la promotion ? La passion brute, la rage à l'état pure. Il en regorge. Des ressources qu'il garde précieusement en enfouie depuis l'issue de la bataille de Kashyyk en l'an zéro. Il a déjà vaincu des Jedi. Affronter un Sith n'effraie pas Shireen. Il en aurait pu en être là, mais il avait peur à l'époque. Peut-être qu'en avoir un dans la famille le rend particulièrement naïf sur le sujet. Lui fait croire qu'il peut déceler leurs points faibles et savoir mieux que quiconque ce qui les anime et leur manque.  Il ne sait pas si invoquer Remus est une bon argument. Ce n'est pas dans son ombre qu'il veut prospérer.  Il y a va à l'audace, de toute façon il n'a rien à perdre. « Parce que vous avez autant envie d'en découdre que moi, n'est-ce pas ? » Et il est fier Reen. Fier de l'assurance qui parvient à soulever dans cette phrase qu'il jette à l'instructeur, droit dans les yeux.

Il se détend légèrement, les mains toujours dans son dos pour lui montrer son respect et se donner de la prestance. Darth Saevus est un géant à coté de lui. « Vous êtes instructeur à l'académie n'est-ce pas ? » Il s'est renseigné un peu plus sur cette homme qui lui est venu en aide. Il est nécéssaire de bien connaître son adversaire et Shireen n'est pas dupe. Parce qu'ils sont alliés ne fait pas de lui quelqu'un dont il ne devrait pas se méfier. Surtout si il compte un jour retourner sa veste. Mais pour l'heure, il n'y pense pas. Son regard dévie sur son sabre, l'envie brûlante dans ses yeux. Il a toujours été fasciné par les sabres lasers et l'art guerrier des jedis comme des siths. Malheureusement, il n'en a reçu que des bribes aux cotés de son aîné. Il ne pourra jamais apprendre à maîtriser la Force comme ils le font, mais il n'est peut-être pas trop tard pour forger son corps. « Alors vous êtes la meilleur personne avec qui on peut s'entraîner. » Il ne sait pas si c'est une bonne idée de jouer la carte de l'ego flatté. Il a cru comprendre lorsque l'homme est venu sur son vaisseau qu'il aimait l'obéissance. Ça tombe bien. Il n'y a pas plus fidèle que Shireen, plus fidèle qu'un droïde, il est d'humeur loyale. Quand il ne sait plus où il en est, il se tourne vers l'Empire qui a toujours été là pour le rassurer. Il sait où est sa place. Il ne devrait jamais en douter.  

Combien de fois a t-il lorgné le sabre laser de son frère durant leurs entraînements ? Combien de fois s'est-il imaginé à sa place, maniant l'épée et pourfendant ses adversaires ? Shireen s'est toujours considéré comme dépourvu de toute ambition. Quand on lui demandait où il se voyait plus tard, au commandement d'un vaisseau ou à la tête d'un bataillon, il ne savait pas quoi répondre. Encore aujourd'hui, il lui arrive de ne pas comprendre pourquoi on l'a nommé à son poste, ce qui justifie une telle confiance tant son incertitude lui est évidente. Mais il sait bien maintenir les apparences. Il avait presque envie de leur dire qu'il se voyait à la cantine en train de servir le repas de tout le monde, bien loin des batailles et des conséquences qu'elles peuvent avoir sur les vies innocentes. A la place, il leur a dit qu'il serait là où on attendrait de lui qu'il soit. Dire aux gens ce qu'ils veulent entendre est un bon moyen de s'en sortir quand on a pas le courage d'être honnête.
Il n'y a qu'en compagnie de Remus qu'une autre voie lui semble ouverte, qu'il n'a pas eu le courage d'explorer quand il était enfant. Une part de lui même qu'il est capable de garder en cage et de libérer lorsque la situation lui demande. Peut-être à at-il échoué exactement là où il devait pour réussir plus tard. Héros de guerre malgré tout dans son propre camp. Ce qui ne l'empêche pas de se sentir comme un imposteur qui a adopté des principes, une doctrine, qui ne lui parle même pas. Shireen se fiche bien des Jedis et des Siths, tout comme le pouvoir absolu, la richesse ou la gloire ne l'attire pas. Il veut au mieux vivre une existence dans laquelle il n'aura aucun regret. Être libre. Tant de désirs qui se mettent en contradiction.

Il n'a même pas besoin de répondre à ses questions. Le Seigneur Sith peut lire en lui comme dans un livre ouvert, Shireen n'est pas en mesure de lui cacher quoi que ce soit et ce n'est pas dans sa nature de luter face à un ennemi qui est trop fort. Cela s'appelle le retrait, cela ne veut pas dire qu'il baisse sa garde. Il ne se prive pas de lui laisser accès à toutes les doutes qui l'ont ébranlés. Tôt ou tard, l'autre l'aurait su. Il se laisse faire avec presque une pointe d'arrogance, le regard défiant. Qu'il prenne ce qu'il y a prendre.  Shireen est curieux de voir quelles conclusions il va prendre à son égard. La partie n'est pas terminée, il n'a pas perdu d'avance. Les tâches sur son parcours, il a su les effacer ou les faire oublier pas d'autres faits d'armes. Il a passé peu de temps à l'académie, des cours privés, réservés aux Kirk. L'avantage de son nom. Assez pour savoir se défendre face à certaines adversaires et ne pas trembler de peur. Lorsque Saevus évoque Kashyyyk cependant, il vacille. C'est là qu'est la contradiction. Entre sa fierté de voir les Jedis morts à ses pieds et la honte d'avoir trahi un ami. Entre l'accomplissement de son destin et la culpabilité de ses crimes. « oui, j'y étais. » Sa voix a retrouvé son timbre naturel, calme et songeur. Il doit choisir avec précautions ses mots. Parler du massacre avec fierté le dérange. « J'ai tué les Jedis comme on me l'a demandé. » Lui, le pauvre officier en qui absolument personne n'a placé cet espoir. Son frère le lui a demandé et il s'est exécuté. Il fait ce qu'on lui dit. Ni plus, ni moins. « je pense que j'ai les moyens de vous surprendre, mais peut-être n'aimez vous pas les surprises. » Il n'a pas reçu une éducation traditionnelle. Il lui arrive parfois de se battre par instinct, sans vraiment réfléchir, c'est inné chez lui sans doute. Il connaît les bases, les enseignements rudimentaires. Le reste, il fait à sa sauce. Il observe, analyse et trouve le point faible. Inutile de rester fixer sur une seule méthode, c'est le meilleur moyen de perdre. Pour obtenir la victoire, il a juste à regarder et attendre l'erreur qui fera s'imbriquer toutes les pièces du puzzle. Encore faut-il avoir de l'endurance.

Il n'a rien à cacher, sinon la flamme vacillante de sa loyauté. Mais dans un moment pareil, il n'y porte que peu d'attention et ce n'est pas sur elle qu'est portée l'attention du Sith. C'est son passé, qui se dévoile dans toute sa clarté. Shireen le laisse fouiller dans sa mémoire et dans son esprit, y ouvrir les portes qu'il maintient fermée. Le commandant ne s'est jamais vanté de ses exploits, les occasions de le faire se sont pourtant présentées. Il pourrait rendre au centuple les brimades qu'on lui fait subir, mais il se contient, choisit de se faire invisible. Ils devraient le craindre. Ils devraient se méfier de l'eau qui dort. Les ténèbres qui l'habitent sont bien là, il y a des années de cela il les a enfermé à l'intérieur de son coeur pour ne pas devenir ce qu'il craignait, elles ne demandant qu'à s'épanouir à nouveau. Parce qu'on ne change pas sa nature profonde, même si il embellit le tout avec sa voix douce et sa gentillesse.  Saevus veut voir ce qui s'est passé ?  Reen espère que le spectacle sera à la hauteur de ses espérances. La chirurgie a effacé les stigmates de sa peau, mais le traumatisme qui représente toute cette violence, lui, est intact.

C'était hier, il lui semble.
L'épreuve du courage qu'il rate de son plein grès. La déception dans les yeux de ceux qui plaçaient en lui tant d'espoir alors que lui dans son for intérieur sait très bien qu'il pouvait. Il n'a simplement pas voulu. La lumière et l'ombre qui le tiraillent.
Les entraînements avec son frère. Ceux plus intimes avec son père jusqu'à ce qu'il soit trop épuisé pour se tenir sur ses jambes. L'acharnement. Encore et encore recommencer. S'élever dans les classes à l'académie pour décrocher le poste qu'il mérite.
L'ordre impérieux de son frère qui l'invite à s'en prendre aux Jedi en fuite. Kashyyyk. Le jour où l'ombre a enfin vaincu. Les tirs de blasters. La surprise de certains quand il n'hésite pas à parer leurs coups et les électrocuter. Eos qui s’apprêtait à s'enfuir et lui tend sa main. Une proposition. Fuir avec lui ou tuer le jedi. Quoi qu'il arrive, c'est toujours l'ombre qui gagne. Shireen n'a pas hésité à trahir un ami fidèle. Les ordres sont les ordres. Gloire à l'Empire.
Un arrêt dans le temps, qui l'arrête dans sa furie. Le seul Jedi qui a croisé sa route ce jour là et qui a pu s'enfuir. Kashyyyk qui disparaît dans une explosion. Puis plus rien. Le silence. Sa mémoire flanche à partir de ce moment, il se réveille seul dans le garage où vient d'avoir lieu le dernier affrontement et saute dans un chasseur pour quitter l'épave du Destroyer avalée par les flammes. Un festival d'émotions, une part de fierté, de satisfaction, de soulagement que tout s'arrête et de la tristesse. Il n'a pas envie que le Sith puisse la ressentir, mais il n'est pas assez fort pour refermer les vannes. Tout ce qu'il voit, Saevus le voit. Tout ce qu'il a ressenti, le Sith le ressent. Inversement, il peut voir les actions du Sith. Il y a de l'admiration, qu'il voudrait réprimer mais elle est là. De l'excitation, rencontrer quelqu'un qui était là, qui a participé à la purge, qui s'est battu comme lui s'est battu. Un profond respect. Shireen écarquille les yeux. Il aurait aimé, il est vrai, se tenir à la place de Raedan. Avoir l'honneur de se battre à ses cotés, égaux. « J'avais peur. » Qu'il admet. Parce qu'il n'y a rien à cacher. A l'époque ou il aurait pu devenir grand, il a succombé à la peur. La peur de ce dont il était capable. Mais craindre son potentiel ne l'a pas empêché d'accomplir ses crimes. Bien au contraire.  Il sourit en coin. Ils sont similaires, d'une certaine manière. Des tueurs. Il n'a jamais été proche de Saevus et ne le sera plus jamais, parce qu'ils sont bien trop différentes et n'appartiennent pas au même monde.  Il avait peur. Aujourd'hui, il ne peut pas dire qu'il est effrayé, il est indécis, incertain. Ce qui est pire, car il n'y a pas la place pour de l'hésitation dans un combat. Alors quand il doute, Reen fait ce qu'il lui semble être juste depuis toujours. Un genre de loyauté par défaut, qu'il adopte lorsqu'il n'est pas en capacité de se positionner.

« Je ne pouvais pas choisir entre les voie des jedi ou des sith. J'étais jeune et idiot. » Maintenant, cela ne fait plus de doute. « La question ne se pose plus aujourd'hui. » Sur ces mots, il emboîte le pas du maître jusqu’à la salle d'entrainement. Il a obtenu ce qu'il désirait et plus encore.
Qu'il ne retienne pas ses coups, Shireen n'est pas effrayé par la douleur. « Allez-y, j'ai vu pire. » C'est elle qui l'a construit, même si il aurait apprécié que la vie soit plus douce. Qu'il en soit autrement. Si devant les autres il baisse le regard et accepte son triste sort, quand il doit se battre il la laisse resurgir. Cette colère lui donne son énergie. C'est cette colère qui lui donne sa force, quand il la dirige contre son adversaire. Il lui suffit d'imaginer qu'il est le responsable de tous ses maux et toute notion de pitié est oubliée. En face de Saevus, il s'imagine qu'il a enfin le courage d'affronter son père. Tous les coups qu'il voudrait lui porter, il serait sans pitié. Il ne lui laisserait probablement pas la vie sauve. Shireen sait qu'il n'a aucune chance de vaincre Saevus, mais il n'est pas à la poursuite de victoire. Elle est éphémère. La victoire de Kashyyyk était éphémère. Ses faits d'armes ne l'ont pas propulsés dans les sphères qu'il désirait. La violence est un puits sans fond, il est toujours possible de tomber plus bas. Shireen se met en garde, son arme projette des ombres violacées sur son visage qui font disparaître l'espace d'un instant les hématomes sur son visage. Foncer dans le tas n'est pas la meilleure manière de combattre. Il tourne autour du Seigneur Sith. La première phase du combat est une phase de jauge. Il observe sa manière de bouger, de se déplacer. Prend une seconde pour admirer la lame qu'il aurait tant aimé posséder. Il porte un coup, à hauteur de ses hanches, facile à parer. Il s'attend à une parade. Essaye d'estimer si il y a des failles, un talon d’Achille. La ruse est un de ses nombreux talents. Ne trompe t-il pas si bien son monde après tout ? On pourrait presque le plaindre. Saevus a lu en lui, alors il sait, toute sa dualité. Ses intentions loin d'être aussi saintes que son visage.  

Il hausse un sourcil aux menaces du maître. Il a plutôt l'impression que si un homme comme Raedan l'avait entrainé, il aurait fini par le briser. Si il y a une once d'amour dans le coeur charbonneux de son père, c'est minuscule éclat qui l'a toujours gardé d'aller trop loin. Alors, soit il serait mort, soit il serait devenu un monstre comme l'homme qui lui fait face. Le commandant n'est pas particulièrement effrayé, il ne fait pas l'erreur de penser qu'un agneau se cache sous le loup. Il sait qu'il n'y a rien de bon chez lui, seule une infinie mer de ténèbres qui dévorent son coeur et lui donnent tout son pouvoir. Il lui envie cette confiance, cette fierté qui illumine ses yeux. Il le jalouse, quelque part. Shireen se concentrent sur toutes les émotions négatives que ce moment lui inspire pour qu'elle lui donne sa force. « Qui sait ce qu'il serait advenu de moi. » Seuls les plus forts doivent survivre. Il peut l'être, il l'a déjà été par le passé. Il peut l'être à nouveau. « Quoi qu'il en soit, je suis ici aujourd'hui. » Il a survécu, malgré la lâcheté que l'on veut lui attribuer, la déception qu'il prétend incarner.  Le guerrier en lui demande son tribut de sang. Il lui suffit de repenser aux entrainements douloureux de son père, Aion, pour sentir l'adrénaline brûler dans ses veines. Il l'imagine à la place de l'instructeur. Leur technique est similaire, vive et violente, puissance dans ses coups. Shireen n'en connait pas le vocabulaire exact, il a essayé longtemps de trouver la clé pour rivaliser enfin avec son géniteur sans réussite. Il aurait fallu pour cela qui possède des informations que les forceux gardent jalousement pour eux. Alors il doit faire avec, se fier à son instinct qui jusqu'à présent s'est entrainé au flair. Il se fait confiance et espère que son coeur suivra. Son souffle en tout cas ne lui fait pas défaut. Il a l'endurance de quelqu'un qui s'est entraîné jusqu'aux portes de l'inconscience.

Raedan est rapide et Shireen peine à tenir le rythme. Il esquive à chaque fois au dernière moment, essayant d'anticiper mais réalisant qu'il fait une erreur juste avant que la lame manque de détacher sa tête de son corps. A un moment, le sabre de son adverse effleure son visage au point où il sent sa peau le tirailler. Ce n'est pas passé loin. Shireen est rapide lui aussi, assez pour pouvoir s'en sortir à la dernière, mais ce n'est pas assez. Il ne gagnera pas en se contentant de parer, il ne va pas épuiser Raedan de la sorte. Il a la surprise de son coté, son seul atout largement basé sur la chance. Il renverse la tendance à l'aide du feinte, faisant mine de trébucher pour tenter de s'attaquer à l'un de ses flancs quand il se redresse brusquement. D'un oeil spectateur, leur combat ressemble à une danse, mêlant sa respiration chaotique à la clameur du métal qui rencontre  le kyber. Un opéra tragique, car il sait déjà que la défaite sera sienne. Pour autant, il refuse d'abandonner, ce n'est pas ce que ferait un soldat, un vrai Sith. Il se battrait jusqu'à la fin et arracherait la dernière goutte de sueur de son adversaire si il ne peut pas se satisfaire de son sang. Il tente de viser des articulations, de s'en prendre à son équilibre, derrière ses genoux, ses coudes, l'arrière de sa nuque ou le plexus solaire avec l'extrémité de son staff.

Ses efforts ne payent pas. Son adversaire est plus puissant que lui et la ruse n'est pas quelque chose qu'il doit envisager sur le long terme si il veut s'en sortir sans trop d'égratignures. Peu à peu, Shireen oublie qu'il s'agit d'un entrainement. Cela ne ressemble plus à deux soldats qui testent leur technique, ce n'est plus deux vétérans démontrant l'un à l'autres leur expertise ; il s'agit d'un combat pur et dur. Un combat qui pourrait presque, de l'extérieur, donner l'impression d'un affrontement à mort. Il n'a plus uniquement se désir de survivre, il veut gagner. Aveuglé par une soif de sang et de bataille qui l'envahit généralement quand il se retrouve sur un champ de bataille. Il apprécie cette sensation, autant qu'elle déroute et le dégoute. Il est étonné de la simplicité avec laquelle il s'y fait, s'adapte à ce nouveau rythme qu'on lui impose. Feintes et esquives vont simplement l'amener à la défaite. Il serre les dents quand le sabre de l'adversaire effleure sa peau, une fois, deux fois, les assauts de Saevus sont répétés, ils viennent de partout, droite, gauche, derrière, sans suivre de logique précise. Plus rapides, plus puissants, il ne se contient pas, il s'adapte à ce que Reen lui offre. En échange, le sith raté décide de rentrer dans son jeu. Il ne cherche plus à fuir, il rentre dans le feu de l'action, il rend les coups avec violence. Ses membres sont douloureux et il est trempé de sueur, mais il ne va pas se défiler. Il ne va pas s'avouer vaincu. Il va continuer même si il doit s'écrouler d'épuisement. Il en a besoin. Se défoule, se vider la tête, laisser exploser toute sa colère. Il fait mine de baisser sa garde une fois de plus pour mieux sauter sur l'occasion et le frapper. Il fait tout pour ne pas se retrouver coincé contre un mur, dans une impasse. C'est son adversaire qu'il tente de pousser dans ses derniers retranchements, en le privant de sa mobilité.