I built your walls around me ~ Noon

prénom et matricule : je porte le nom d’un chien crevé, ça aide à se sentir bien dans son enveloppe corporelle. Feu Noon était l’akk dog chéri de feu mon ancien propriétaire ; il s’est écrasé dans les bas-fonds de Coruscant en voulant courser un speeder. Et en oubliant qu’il n’avait pas de petites ailes sur le dos, ni un turboréacteur dans le cul. J’étais donc destiné à un avenir prometteur. Peut-être pour ça que le seul chiffre dans mon matricule est un zéro. 0-NUJ, que des idiots ont foutu à l’envers pour me rebaptiser Jun-O. Il leur en faut peu pour être fiers, aux humains. Etrangement ou pas, je n’ai jamais rencontré d’autres androïdes de ma série. Ils ont dû finir dans une décharge intergalactique. Comme moi. trigger warnings : torture, sang, dépression. date de conception : relique de l’an -7. Complètement obsolète. Je ne vaux plus rien sur le marché noir, quelle tristesse. planète d'origine : première activation sur Coruscant, cette planète entièrement recouverte par l’horreur humaine où il fait bon vivre, où l’air est frais et respirable. Quand on est riche, en tout cas. Au niveau mille et quelques, les poumons de mon propriétaire auraient tué pour de l’oxygène sans toxine. Fun fact, ils l’ont tué. type d’androïde : à l’origine, androïde personnel bas de gamme. Cadeau d’anniversaire de mon vieux taré de propriétaire, généreusement offert par sa progéniture. Ou comment annoncer à son père qu’il est trop sénile pour s’occuper de lui-même en toute délicatesse. Mais j’imagine qu’après un séjour à la décharge, une cinquantaine de mises à jour et des membres en pièces détachées, j’ai droit au label androïde particulier. Euphémisme pour déchet. lieu de vie : un placard dans le sud de Naboo. Au milieu d’un repaire de truands. J’en ai un dans le Bumblebee, aussi. Mes placards me rendent heureux. Ils sont si étroits que personne ne peut rentrer dedans avec moi et je peux les verrouiller de l’intérieur. Que demander de plus ? attachement à d'autres : les humains sont mignons. Ils veulent bien croire qu’on les aime, comme de fidèles bestioles, polies et serviables, inoffensives, mais l’infime taille de leur cerveau les empêche d’envisager qu’on puisse aimer vraiment. Parce que tout ça, c’est programmé. Alors je voudrais dire à ceux qui pensent que je les apprécie, même vaguement : c’est faux. L’unique raison pour laquelle je ne vous envoie pas chier, c’est parce que tout ça, c’est programmé. Enfin, ça, c’était avant. Maintenant je suis capable de dire je t’aime. Ou plutôt, je t’aime, connard. profession ou rôle : ma mise à jour comme assistant médic m’est très agréable, je ne connais rien de plus relaxant que de cautériser une plaie au laser. Sur Gabyn. Sans analgésique. Honnêtement, j’ai toujours détesté le sang. Ça fait désordre, ça fait pas propre. Quand je suis arrivé sur le Bumblebee, c’était d’ailleurs ce que je faisais, traquer la saleté et les chaussettes qui traînaient. Et pleurer pour une tache de sang par terre, aussi.  caractère : une chose est sûre, je n’ai pas été acheté pour ma personnalité débordante de joie de vivre, ni pour ma personnalité tout court. Mon créateur, ça devait être l’assistant du concepteur, voire le stagiaire de l’assistant. Vous voyez quand on dit tout dans le physique, rien dans le crâne ? On a préféré me filer des abdos plutôt que l’aptitude à faire la conversation. J’ai été conçu comme un droïde purement utilitaire agréable à regarder. Y’en a pour qui ça suffit, mon deuxième propriétaire avait un faible pour mon regard vide. Le premier, lui, a commencé à m’apprécier quand il a découvert que j’étais plein de bugs, des maladresses, des absences. Il aurait dû me renvoyer à l’usine. Il voulait pas. Il disait que j’étais comme lui, cassé. Je ne crois pas que ce soit considéré comme quelque chose de bien, mais avec lui, ça l’était. Et ça me suffisait. Il y a des jours où j’aimerais vraiment retourner à l’époque où je ne ressentais rien, quand je n’avais qu’une conscience limitée de l’humanité et que je pensais qu’être enfermé dans un placard était un gage d’affection. Pourtant, ça n’a duré que deux courtes années, séparées par trois ans de néant. Après, il y a eu la peur, la douleur, le sang, les larmes. Récupéré par des trafiquants d’androïdes plus doués (pas de chance) que le stagiaire qui m’a programmé et revendu à ce que les humains appellent communément un psychopathe. Il ne m’a pas épargné. Les humains ne m’ont pas épargné. Ils m’ont donné en pâture à un tortionnaire sans me retirer la faculté de m’attacher à lui, tout en m’offrant des sentiments. Je l’ai pleuré. Je les ai haïs de l’avoir  tué. Puis je les ai haïs de m’avoir fait l’aimer. Ces années ont fait de moi un misanthrope incapable de refuser son aide à un être vivant, parce que c’est écrit dans ma carte mère. Politesse, patience, serviabilité, passivité ; les qualités robotiques par excellence. Que ma dernière mise à jour a violemment massacrées. Je ne peux toujours pas m’empêcher de soigner quelqu’un de blessé. Mais c’est satisfaisant de le faire en l’insultant, et sans m’excuser quand je lui fais mal. Pauvres petites choses fragiles. groupe : neutre, je n'ai pas été créé pour me battre, ils peuvent bien s'entretuer sans moi. des personnalisations dans la fabrication ? Aucune à la fabrication, je n’ai pas coûté assez cher pour ça. A la demande de mon très cher psychopathe de dernier propriétaire, les trafiquants ont fait de moi une bonne victime, capable de saigner. Un accessoire thérapeutique idéal pour un meurtrier à la retraite, qui avait besoin de sa dose d’hémoglobine journalière. Il y eu les tatouages, aussi. A chaque blessure, à chaque réparation, il en ajoutait un nouveau, comme une commémoration morbide de notre temps passé ensemble. Il était du genre romantique. J’en ai un bras et tout le dos recouverts, de ces merdes. un propriétaire ?  Le premier est mort sans que je ne le remarque, le deuxième est sans doute mort à cause de moi et le dernier est mort sous mes yeux. Alors, qui veut être mon nouveau propriétaire d’amour ? perception des hommes : j’aimerais tant être humain, avoir toutes les excuses du monde pour être un monstre. Parce qu’ils n’ont pas été créés pour servir, ni même pour être aimables. Ils ont le choix d’être libres, bien que peu le fassent, là où je n’aurai jamais le choix, où je dépendrai toujours de ce qu’on implémentera dans mon système défaillant. Les humains ne buguent pas, je les envie. Ils sont pleins de petits défauts qui les rendent uniques, porteurs de merveilles et de désastres, et je les envie pour cela  aussi. Il y aura toujours un abîme entre eux et moi, heureusement j’ai un placard pour les fois où l’abîme me semble infranchissable. que cherches-tu plus que tout ? Un sens à mon existence, autre que de servir et protéger,  puisque mes défauts de fabrication m’ont empêché de le faire trop souvent. Peut-être revenir en arrière et m’auto-désactiver avant que ce ne soit trop tard. Et sinon, un placard confortable suffira.