Looking back [Taheer]

Le regard est critique, posé sur la jambe de Sherveen. Il est facile de faire taire tout commentaire ; nombreux ont été dits à plusieurs reprises et il serait embêtant de se répéter face à un adulte. Il est déjà dérangeant d’exécuter un pareil schéma en compagnie d'Evi qui ne comprend pas. Il serait honteux d'aborder un discours similaire face à Sherv qui, plus agé que lui et plus sage certainement, ne comprend toujours pas. Taheer se contente alors de lui adresser un regard lourd. Du moins, pour l'heure. Il s'agit après tout d'une nuit festive et d'une date importante pour chacun d'entre eux. Fiers membres de l'Empire, ils se ressemblent pour l'amour qu'ils portent à celle-ci mais aussi pour les valeurs qu'ils partagent. Leurs paroles sont souvent lourdes de sens et Sherveen possède un esprit clair et sensé. Le stormtrooper apprécie de partager des conversations avec lui et s'efforce de lui apporter son soutien pour son rétablissement qui, selon lui, n'est pas encore complet. Il suffit de poser un regard aiguisé sur cette jambe et ses mouvements limités. Le commentaire a été offert plusieurs fois au cours des mois, et Taheer est persuadé que Sherveen oublie les exercices offerts pour améliorer sa forme. Mettre la faute sur la neige et le froid est une chose simple ; travailler fort et améliorer son état, ses capacités, est une chose qui demande du temps et du travail, ainsi que de la persévérance. Il est certes demandant d'exiger pareille chose, surtout lorsque Sherveen s'en est sorti relativement bien vu l'incident dans lequel il s'est trouvé. Taheer reste pourtant exigeant et ne peut que voir le potentiel gâché de son ami. Il suppose que celui-ci préfère passer de longues minutes supplémentaires dans les cieux plutôt que de s'étirer convenablement. Malheureusement, un pareil choix ne fera que limiter son temps dans les airs au fil du temps. C'est un compte à rebours qui s’accélère au fil des jours où il néglige sa condition.
La prunelle est lourde de paroles tandis que le pilote s'assoit et masse sa jambe. Le geste ne ressemble en rien aux exercices offerts. Taheer ouvre la bouche, prêt à faire un commentaire, mais voilà déjà que Sherveen se perd dans un millier de paroles. Il tente de le distraire. C'est une chose qui ne peut que rarement fonctionner, car Taheer vit avec Evi et celui-ci possède un flot de paroles plutôt vif.
- Oui, le temps passe vite. C'est pour cela qu'il serait important que tu exécutes les exercices liés à ta blessure. Le ton est plat et il ne s'agit que d'un constat. Taheer se redresse déjà. Il serait dommage que le trop tard arrive trop vite et que tu ne puisses plus piloter à cause de cela. Reste assis, que veux-tu boire ?
Déjà, il se rend à la petite cuisine et observe les breuvages disponibles. Taheer sort deux verres qu'il essuie par réflexe, ne connaissant rien de l'entretien ménager de son ami. Il s'agit également d'un geste qu'il accomplit à l'appartement, car Evi parvient à ne pas faire la vaisselle proprement, à l'occasion.
- De nombreuses autres années restent à venir. Il est important que tu en fasses également parti. Si Sherveen lui a offert une réponse, Taheer lui sert pourtant un jus choisi par lui-même, comportant divers nutriments et éléments favorable à l'entretien de ses os et de ses muscles. Voilà. qu'il fait, revenant sur le canapé avec les deux verres.
Une nouvelle fois, il prend place à ses côtés, non sans un regard posé sur la jambe. Il faudrait que ses iris possèdent un pouvoir ; ainsi, il pourrait le guérir à force d'y lancer des œillades. Tout autant, peut-être qu'il posséderait moins de problèmes avec son colocataire.

Le coeur de Taheer ne repose pas sur l'espoir. C'est une chose qui s'est lentement et douloureuse effritée au fil des années, à un tel point où il en a oublié le goût, la couleur et la texture. L'espoir d'un enfant du désert, un souffle au bord de ses lèvres qui s'est rapidement transformé en grimace. Les dents enfoncés dans la chair de ses lèvres, si fortement occupées à faire saigner qu'au final du temps, les dents d'enfant sont devenus des crocs et il a mordu, à son tour. L'espoir n'existait plus, à ce moment là. Peut-être en a-t-il retrouvé un grain lorsque la First Order a libéré son village, mais le stormtrooper ne peut poser pareil mot sur ce qu'il a vécu. L'espoir semble futile. L'espoir lui semble être une chose que l'on peut toucher, uniquement rêver. Il n'apporte rien, sauf des rêves réveillés. Ce qu'il possède aujourd'hui, il ne s'agit pas de rêves. Ce qu'il voit pour l'avenir est bas sur des faits précis et sur une croyance entière, posée en l'Empire. La foi offerte ne fait pas office d'un souhait, ni d'une rêverie. Elle est réelle, tactile sous ses phalanges. Il en croise les reflets dans les revers de son armure lorsqu'il la porte. Il en voit les échos dans les yeux des gens, qui souffrent encore et qu'il libère à son tour, qu'il défend. L'Empire est loin d'être un espoir ; certains en écoutent les récits et en créent des merveilles, mais l'homme ne s'attarde pas sur pareilles sotises. De nombreux, il est celui à croire le plus bien souvent, mais l'epsoir est un mot ayant quitté son vocabulaire.
Il croit, aussi simplement que cela, en les choses qu'apportent l'Empire.
Il croit en l'Empire, entièrement et totalement, avec son coeur et sa tête, et son âme peut-être.
Taheer n'en reste pas moins marqué par les paroles qui portent des reflets de cette chose. De l'espoir. Et Sherveen, dans son entourage, est celui qui lui offre le plus souvent des paroles justes malgré la rêverie qu'elles portent, bien souvent. Il y a quelque chose de délicat, chez l'homme. Une douceur dans les paroles qu'il offre, et dans la manière dont il rêve et voit ce que pourrait être l'avenir. Taheer se garde de faire taire ses rêveries ; elles portent après tout un fond de vérité et pour lui, ses souhaits sont similaires. Malgré tout, il ne peut que juger différentes les visions qu'ils partagent.
Si les mains de Taheer sont ternies et salies par ce qui a été accompli, Sherveen possède un regard pur sur ce qu'est le monde. Une éternité sous la terre l'a habitué à l'obscurité, et un simple brin de lumière est aisément brillant voire aveuglant, pour lui. il s'émerveille pour peu, peut-être.
Pourtant, un silence est offert, une écoute est apportée aux mots prononcées. Taheer est silencieux, son jus à la main, et boit ses paroles comme il en fait de même, avec le breuvage. Elle apporte un calme à son coeur après une soirée si vive. Certes, il est loin d'être un grand festif et peut-être envisage-t-il déjà ses entrainements du lendemain, mais le coeur marque une pause et se comble des phrases prononcées.
- Si tel est ton souhait, il faudra être plus vigoureux face à ton entrainement. qu'il dit pourtant, malgré l'émoi bref mais ressenti. Taheer dépose son verre, pose un regard sur la jambe tendue de Sherveen et, sans demander, la prend entre ses doigts et la pose contre ses genoux. Il entreprend d'en sentir les muscles, de chercher les traces de l'impact que l'on peut sentir encore certains jours. Il serait dérangeant que ces enfants tombent sur un visage bien moins chaleureux que le tien. Je doute qu'ils se sentent libérés à la vue de mon casque.
Le Stormtrooper posséde un amour véritable pour l'uniforme qu'il porte. Il sait pourtant que la chose le rend impersonnel, inhumain. Pour plusieurs, il ne devient qu'un soldat lorsqu'il porte la chose. Taheer ne possède aucun problème avec la chose. De toute manière, ce sont des gens comme Sherveen qui ont besoin d'être mis à l'avant pour rassurer ceux possédant un coeur déchiré, malmené.
- Et personne ne désire un sauveur à la jambe défaillante. As-tu mal ? Il lui offre un regard, deux doigts appuyant contre le côté extérieur de son genou. J'ai rassemblé le nom d'autres spécialistes au cours des dernières semaines. Je t'enverrais la liste. Taheer ne sait jamais quand il fait trop, ou pas assez. Peut-être en fait-il trop pour toutes les fois où, réellement, il ne faisait rien.

Il est important de prendre soin de son corps ; c'est un fait qui s'est ancré à l'esprit de Taheer il y a de nombreuses années, déjà. Des paroles venant de sa vie d'avant, de sa vie d'autrefois. Le souvenir est clair ; les paroles résonnent dans son esprit, les traits du visage restent encore délicats et durs, à la fois. Il observait attentivement, même plus jeune. Taheer a toujours porté une forte importance aux figures d'autorité, peu importe le fond se cachant derrière leurs actions. Enfant suiveur, gamin à la recherche d'un peu de chaleur, même si c'est pour être celle du sang contre ses mains. Un corps en bonne santé est essentiel ; voilà ce qu'on lui a dit. Un coup de pied contre une carcasse vide de vie, un rire dans la gorge. Regarde le, qu'avait dit l'autre. Il n'était pas en bonne santé. Et encore petit, encore jeune, Taheer avait posé son regard sur l'homme mort, au sol, et s'était imprimé l'image comme les paroles, dans l'esprit. Les mots sont devenus les siens, rapidement. Des mots effleurant ses lippes pour dicter ses gestes et justifier les horreurs causées. Il n'était pas responsable. C'est eux qui n'étaient pas en forme. S'ils avaient fait plus, s'ils avaient été plus, ils ne seraient pas mort. Le fait est simple ; il faut être fort. Il faut entretenir son corps comme un outil, une machine, une arme. Le Stormtrooper n'a jamais eu de bras énormes, de muscles bien apparents, mais la forme a toujours été sienne, qu'importe les années, qu'importe les saletés qu'il pouvait bien manger, autrefois. Les coups étaient bruts et brusques, la colère aussi à vive que l'alcool présente dans ses veines. Il y avait une bête, en lui. Il était la bête. Il l'est toujours, peut-être ; seulement, il s'est procuré un nouveau maître. Cette fois, l'échine se courbe pour un maître bon et il sait que la cause qu'il soutient est bonne et juste. Ses actes sont rédempteurs de ceux qu'il a pu causer par le passé.
Chaque petit geste, chaque entrainement, chaque mission. Chaque choix est fait pour couvrir les noirceurs commises autrefois. L'âme de Taheer n'est pas pure ; elle possède des noirceurs nombreuses et certes, on juge l'homme droit mais il ne se voit pas comme ça. Il s'agit d'un idéal qu'il suit, qu'il exerce jour après jour dans le but d'être entièrememnt accompli et immaculé, un jour. L'empire a besoin d'hommes bons ; ainsi, il fait de son mieux pour parvenir à la chose.
Mais comment voit-il les autres si lui-même n'est pas à la hauteur de ses attentes ? La déception sera éternelle, certainement.
Qu'attend-t-il de Sherveen ? L'homme est plus vieux, plus meurtri par le passé, peut-être. Taheer ne connait rien de son histoire, sauf des brins. Il n'est pas de ceux à questionner sur la vie des gens. Il prend les informations offertes et ne se questionne pas. Pourtant, une curiosité sommeille tout de même en lui. Il n'y accorde simplement aucun temps. Sa vie est contrôlée, précise et efficace. Les sentiments sont bien la seule chose qu'il peine à entièrement calculer. Il préfère l'ignorer.
Ainsi, il ne peut qu'être pris par un moindre malaise face aux paroles de remerciement offertes par l'homme. Les lèvres se pincent et un simple moment s'écoule avant qu'il ne détourne les iris pour se concentrer sur le genou.
- Pas besoin de ça. qu'il fait en grognant, la tête basse et l'attention portée au genou. Il le masse brièvement, avec les moindres connaissances qu'il possède. D'ordinaire, il exécute le geste sur son propre corps. Il est un peu étrange de le faire ainsi, mais il parvient tout de même à être efficace. Remercie moi en t'occupant de ton corps. Un bout de métal ne t'apportera aucun bonheur à l'intérieur de son vaisseau. Certes, les membres bioniques possèdent des pseudo-nerfs et les sensations sont presque similaires, mais Taheer n'apprécie pas la chose. Il possède une difficulté à voir une ressemblance avec la vérité.
- Porte une attelle à la maison. Ils savent, l'un comme l'autre, que le stormtrooper qui a déjà fourni une longue liste des meilleurs modèles sur le marché. Il s'est gardé de lui en acheter une ; dépenser des chromiums inutilement n'est pas souhaitable. Le choix appartient à Sherveen, bien que Taheer est souvent fortement tenté à le pousser dans la bonne direction. L'empire a besoin d'hommes comme toi plus que d'hommes comme moi. qu'il avoue, presque, et la chose est unique. L'iris va brièvement sur les traits de l'autre, dur, avant de retourner vers le genou. Si l'embarras est ressenti, Taheer n'en démontre rien.

La vision est peut-être similaire, quelque part. Non pas dans les grandes lignes, celles que l'on entend toujours, que l'on récite éternellement, mais dans les plus délicates, dans la finesse des détails. Il y a quelque chose de similaire, dans leur vision. L'iris de Sherveen s'émerveille encore face à la lumière et au moindre rayon du soleil. Celui de Taheer a été brûlé mainte et mainte fois par les soleils jumeaux de Tatooine. La moindre lueur laisse une grimace sur ses traits et apporte une méfiance en lui. Il faut, lorsque l'on se trouve sur Tatooine, toujours redouté les soleils. Ils sont aussi aveuglants que redoutables. Le coeur de son ami n'a pas été sali par le sable comme le sien ; les engrenades ne grincent pas, ne coincent pas sous le poids des grains qui se glissent en leur sein. Il y a quelque chose de pur dans la vision qu'il possède. Taheer est dur avec lui, autant qu'il peut l'être avec les autres. La vérité est que, même s'il ne le prononce pas, Sherveen lui apporte un vent de fraîcheur. L'homme est droit, meilleur que lui. Les passés se ressemblent mais les actes sont différents ; là où les mains de Sherveen ont été sales par un ouvrage difficile mais juste, ceux de Taheer l'ont été pour des actes cruels mais choisis pour un sentier plus aisé.
Il n'aime pas les compliments. Il n'aime pas les remerciements. Il suffit d'entendre les demandes, multiples, de Lay'la. La générale ne cesse de lui offrir des postes et des promotions en dictant ses compétences et en soulignant qu'elles seraient essentielles pour un pareil grade. Taheer remercie mais détourne le regard, refuse et ne voit pas, quelque part, ce que les autres peuvent bien voir.
Il entend ; entend chacune des paroles, la moindre délicatesse déposée contre son âme. Il a conscience de chaque chose, entièrement, mais il est impossible pour lui de se laisser atteindre par les mots et surtout, de les croire.
Il y a un malaise, en lui. Un lourd inconfort qui danse dans ses tripes tandis que le regard se baisse et que les prunelles se posent sur ses mains, ses phalanges. Il existe des cicatrices, des marques par ci par là, traces du passé. Des vestiges de ce qu'il a pu faire, de ce qui résonne encore dans son coeur aujourd'hui, qu'importe les années. Alors les mots ne percutent pas, non. Ils l'effleurent et s'en font, pris dans le vent. Rien ne se pose sur sa chair, comme rien ne pousse sur Tatooine.
Il y a un désert en lui.
Il y a une gêne, aussi.
Une gêne venant des paroles de Sherveen. Car les rêves et les croyances de l'homme sont nombreuses et souvent, Taheer se laisse porté par les paroles qu'il prononce. Rien ne se laisse voir sur ses traits, le regard reste dur et peut-être, trop vite, s'entête-t-il a contesté ce qui a pu être dit pour amener des faits et des améliorations à faire. Car pour Taheer, toute chose se doit d'être mieux, meilleur. Rien n'est parfait et certainement pas lui, certainement pas les autres. Il y a sur une quête impossible, une quête qu'il mène loin de son coeur, de son âme. Sherveen, quant à lui, s'y noie entièrement. Ses paroles portent une teinte dont il n'en connait pas les nuances, mais laissent une lourde trace sur lui, un sentiment inconfortable. Taheer peine, souvent, à porter son regard sur son ami tandis qu'il parle de sa vision des choses. Il possède une manière de parler, de voir les choses qui l'atteint plus qu'il ne le voudrait, et qui le dérange.
Il n'aime pas les rêveurs pour cela. Taheer ne rêve pas ; lorsqu'il ferme les yeux, il dort.
- Beaucoup sont ceux possédant un jugement sur ces casques qu'il commente, sec, froid. La chose n'est pas envers Sherveen. Taheer fait seulement abstraction de ses sentiments, trop souvent. On oublie les libertés qu'ils apportent, et qu'ils essaient d'apporter. Les lèvres se pincent, les doigts s'exécutent encore, sur la jambe. On pourrait croire qu'il cherche un remède miracle, juste là, entre deux os, entre deux muscles. Taheer ne sait pas abandonner. Qu'ils croient ce qu'ils veulent. La vérité reste ce qu'elle est.
Les doigts cessent de bouger, contre le genou. Ils ne s'en dégageant pas pour autant. Du moins, une main y reste tandis que l'autre va s'emparer de son verre, et l'homme prend une gorgée. Dehors, le bruit des feux se fait encore entendre. Ceux-ci, par contre, ne sont pas de l'Empire. Le Stormtrooper suppose que des fêtards s'amusent. Il serait réglementaire de quitter les lieux pour partir à leur recherche, et ensuite informer les autorités concernés, mais il suppose également que de nombreuses patrouilles se trouvent déjà dans les rues. Taheer déteste seulement l'idée de rester assis et de ne rien faire. Une simple absence de mouvement le force à réfléchir, et il n'est des plus talentueux dans cela.
- Il y a beaucoup à faire encore. Il y a toujours trop à faire. Mais qu'importe ; l'Empire est en place, et elle s'exécutera. Une planète à la fois, un système à la fois. Il n'y a pas le moindre doute, dans ses mots. Taheer est un fervent croyant. Que pourrait-il penser d'autre que cela ? Si ses mains sont un peu plus propres, aujourd'hui, c'est grâce à eux. Le regard se porte sur Sherveen. Et tu seras à mes côtés. qu'il affirme, sans la moindre gêne. Le ton ne possède rien de sentimental. Pourtant la signification est profonde, même si Taheer lui-même l'ignore.

Le regard se défait du sien ; les paroles sont entendues et gravées dans son esprit. Il suffit de peu pour que l'inconfort soit un marbre profond dans ses entrailles. Ainsi, il délaisse enfin la jambe. De nombreuses choses restent à faire et peut-être possède-t-il un carnet contenant divers exercices et diverses méthodes pour aider son ami à l'appartemant, mais jamais il ne lui montrera la chose. La vérité est que Taheer est porté à vouloir faire énormément pour les autres, qu'importe s'il en dévoile très peu. La condition de Sherveen, peu critique en vérité, éveille souvent son besoin de l'aider et lui apporter un certain confort. Heureusement, les missions laissent une certaine distance entre eux et laissent une plage horaire plutôt serrée dans laquelle ils peuvent s'accorder des soirées ensemble. Taheer n'est jamais à l'aise avec ce genre de sortie, de toute manière. Lorsqu'il n'est pas question de l'Empire, il peine à trouver quel sujet abordé et comment maintenir la conversation. Une simple mention aux sentiments ou à la vie privée laisse un inconfort se glisser dans ses veines et glacer son sang. Le Stormtrooper n'est pas à l'aise avec la chose ; autant à un autre instant qu'à celui-ci, précisément. La jambe se voit donc déposée sur le sol et la gorge raclée. Les paroles de Sherveen sont gravées, comme son regard. Une part de lui, silencieuse, porte des échos de Raja. Son frère laisse un manque dnas ses veines, mais Taheer se souvient aussi du poids de son regard lors de leur dernière rencontre et n'ose pas y penser. Entièrement conscient de ses fautes, il cherche à les faire pardonner en se donnant totalement à l'Empire comme si la chose était réparatrice de toutes erreurs.
Il serait plus aisé de laisser un pardon quitter ses lèvres mais outre dans le cadre du travail, le mot s'évade rarement de ses lippes. Il est difficile pour lui de voir ses fautes et de les avouer lorsque le coeur est concerné. Après tout, il préfère ne pas en écouter les battements. Ils sont étourdissants.
Il hume face aux nouvelles paroles de Sherveen et ne lui accorde qu'un hochement de tête, sans regard.
- Tout autant qu'il répond juste, approuvant les paroles. De nombreuses choses pourraient être encore dites. Taheer est un bon fervant de leur employeur et pourrait écrire des discours sur ses accomplissements. Il est plus aisé de parler de l'Empire que de ses sentiments. J'en suis heureux qu'il ajoute juste, ensuite, avant de se racler la gorge et de se redresser. Il s'empare des verres, maintenant vides, pour aller les déposer dans la cuisine. Je débarasse. Il se fait tard. Je devrais rentrer.
Une journée chargée l'attend déjà, dans quelques heures. L'horaire est gravée à sa mémoire. Un itinéraire précis dans sa conscience pour l'empêcher de s'égarer entièrement. Taheer est un homme de routine. Il a besoin d'être encadré. La chose l'empêche autant de commettre des horreurs que des erreurs. De penser à des choses en profondeur, également.
Les mains vides de verres, il observe son ami dans le salon, un moment. Taheer détourne l'iris et se dirige vers l'entrée. N'oublie pas de prendre quelque chose pour ta tête. Et de t'hydrater. Certes un jus a été donné, mais il ne connait pas la tolérance de Sherveen a l'alcool. Par son passé, Taheer se souvient qu'il lui fallait divers verres pour se défaire d'un mal de coeur lorsqu'il ne continuait pas la course alcoolisée. Rares étaient les journées où il n'était pas sous l'influence de l'alcool ou de la drogues. Et brosse tes dents. Il serait problématique qu'un officier sente son haleine. Certes, ils portent des casques, mais Sherveen porte plus souvent le sien sous le coude que sur sa tête. Il apprécie offrir son sourire généreux aux gens. Taheer suppose qu'il peut le comprendre.
Les bottes enfilées, il se redresse et l'observe, un dernier moment.
- La soirée était - agréable. qu'il commente, sans grandes émotions outre l'embarras et le manque de finesse. À l'expression qu'il aborde, on pourrait fortement douter de la chose. Ou encore, en rire. N'oublie pas de prendre soin de ta jambe. qu'il s'empresse de dire, se détournant. Ainsi, il s'empare de la poignée de porte et l'ouvre pour s'en aller. Prends soin de toi. Bonne nuit. qu'il fait, sans un regard, fermant la porte derrière lui. Le visage aborde un brin de rouge, dehors, mais la chose vient de la neige plus que de l'émoi.