I plead guilty - Arcturus

Il ne l'a jamais vu aussi pâle, pareil à un fantôme. Il ressemble à un cadavre. Nerveusement, Arcturus jette des coups d'œil à ses constantes vitales avec toujours cette peur qu'il ne se réveille pas. Il ne veut pas avoir à annoncer la nouvelle à Aziel. C'est impossible. Après tout ce qu'ils ont fait, il y a intérêt à ce que Horion soit de nouveau sur pied et rapidement. Les blessures physiques ont pu être soignées et de ce qu'il a pu obtenir comme informations, il n'est plus en danger immédiat. Pour ce qui est de l'esprit en revanche... Il s'est trouvé suffisamment proches de Siths, par curiosité, pour craindre leur pouvoir et il ne doute pas de la cruauté de l'Empire envers ses traitres. Il s'est déjà brûlé les ailes en agissant de manière trop prétentieuse, il n'imagine pas si on avait vraiment eu des choses à lui reprocher.
Quand ils l'ont trouvé dans cette cellule, il ne ressemblait en rien à l'homme qu'il a connu des années plus tôt dans un bordel, encore moins le soldat qu'il a croisé à la cours de vaisseaux - la dernière fois qu'ils se sont vu. Avant son arrestation.  Il ne ressemblait à rien, rien de plus qu'un amas de chair tuméfiés gisant sur le sol dans cette cellule Vivant. C'est le plus important. Horion est vivant, tout le monde est vivant. Ils n'ont pas à déplorer de blessés grave, tout s'est bien passé. Personne ne l'a reconnu. Pourtant, l'inquiétude est toujours présente au fond de son estomac et il n'a pas trouvé la force d'avaler grand chose. Il y aura des conséquences à ce petit tour de force.

Arcturus ne sait pas pendant combien de temps encore il pourra rester sur la base. Il a conscience d'y être toléré, plus qu'admis, uniquement parce qu'il les a aidé. Même si, dans le fond, il n'a fait que piloter un vaisseau. Il n'a pas participé aux échanges de tirs, il a fait exprès de viser à coté quand il a réalisé que celui qui leur tirait dessus, c'était Sherveen. Incapable de lui faire du mal, incapable de se résoudre à lever son arme contre quelqu'un qu'il considère comme un ami. C'est la raison pour laquelle tout ce temps, il a refusé de prendre parti. Il savait qu'un jour, ses intérêts entreraient en conflit et qu'il y aurait des deux cotés des gens qu'il aime. Mais il a franchi un cap dont il sait qu'il ne reviendra pas et il ne peut pas fermer les yeux plus longtemps, pas après ce qui s'est passé. Il revoit Horion, à l'agonie et la balance penche dangereusement d'un coté. Ses poings se crispent.
Aziel est intenable. Si il n'est pas présent, c'est qu'on a du le forcer à se reposer. Il peut compter sur Kahl pour ça. Le pilote essaye de ne pas trop penser à lui et son ex mari qui avaient l'air proche pendant la mission ; comme des collègues ou comme plus. Ce n'est pas de la jalousie, ça en a peut-être l'air et dans les faits, c'est un peu lié, sauf que c'est différent. Il se fait doucement à l'idée que Kael refait sa vie et il peut s'estimer heureux d'avoir encore une place dedans, après le mal qu'ils se sont fait. En attendant que Horion se réveille, il se rembobine les derniers évènements et se demande comment il est en arrivé là et à quoi va ressembler la suite. En l'espace de quelques années, beaucoup de choses ont changé. Il s'est déjà rongé les ongles jusqu'à la peau, il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre. Une longue attente.

Enfin, Horion ouvre les yeux. Arcturus le laisse prendre la parole, ses premières paroles depuis qu'il est sorti d'un long sommeil. Ses premiers mots à l'intention des lumières, assez pour le faire sourire. Il espère qu'il a bien dormi, car les prochaines nuits ne seront pas aussi paisibles que celles offertes par les médicaments. Il en sait quelque chose des cauchemars.  Pilote célèbre. Bien, Horion n'a pas perdu la mémoire, c'est une bonne chose. « Arrête, tu comptes plus qu'une de mes courses. » C'est vrai. Il lui tend un verre d'eau. « Tu pensais qu'Aziel serait là. » Il termine sa phrase, ce qu'il suppose être sa pensée. Qui d'autre ? Il se doute bien que la seule personne qu'il veuille voir présentement, c'est l'homme qu'il aime et Arcturus lui vole ce privilège. « Ne me remercie pas, remercie Aziel. C'est lui qui m'a demandé. » Il sourit faiblement. Sans quoi, il n'aurait jamais su. Son frère de coeur se serait jeté dans le feu de l'action et aucun des deux ne serait jamais revenu. « Il a besoin de se reposer lui aussi, tu aurais du voir son état. Enfin, j'imagine, tu le connais, quand il est inquiet... Si ça peut te rassurer, personne n'a été blessé, nous sommes tous rentrés sain et sauf. » Il ment, cachant volontairement qu'il a prit un tir de blaster. Pour sa défense, il ne s'en est rendu compte que lorsqu'il a retiré l'armure du stoormtrooper. Arcuturus ne sait que peu de choses sur la relation qui unit Aziel et Horion, qu'il y a quelque chose, des sentiments qui lui paraissent évident vu la façon dont son ami pilote a essayé de "gérer" la situation.  « Comment tu te sens ? » Il s'inquiète, sincèrement, prenant sa main dans la sienne.

Horion a toujours eu ce coté vulnérable, cette douceur en lui qui lui a donné immédiatement envie de le protéger, de le prendre dans ses bras et ne pas lui imposer la rudesse d'un monde qui n'est pas fait pour ceux qui ont un grand coeur. Le voir dans cette chambre d'hôpital lui brise le coeur. Le pilote ne lui montre pas, reste fort. Il doit l'être pour lui, pour Aziel et pour tous ceux qui ont toujours eu besoin de sa présence. Loin d'être un exemple ou le meilleur ami qu'on puisse avoir, Arcturus sait répondre présent quand on le demande, il n'hésite jamais à se jeter sous les tirs de blasters et prendre son vaisseau si il peut sauver une vie. De toute manière, il a déjà tenté maintes fois de flinguer la sienne, quitte à partir, il a encore le maigre espoir de pouvoir claquer la porte en héros, dans un acte qui répandra de l'espoir. Il aurait sans doute fait un bon rebelle dévoué à sa cause, ou un terrible soldat de l'empire, si il malgré tout il ne tenait pas à minimum à sa vie, pour ce qu'elle a encore à lui offrir. Quand il faut, il barricade son coeur et laisse les émotions à l'extérieur, il joue le plus fort des deux. Arcturus se garde de lui avouer que Aziel s'est effondré tout court. Il a même eu peur qu'il retombe dans la drogue, dans ses mauvais penchants. Il s'est inquiété et si il n'avait pas pu prendre part à la mission, il serait sans doute devenu fou de l'apprendre par quelqu'un d'autre. « On s'est occupé de lui oui. » Il sourit faiblement et se rallonge dans sa chaise, la main d'Horion toujours dans la sienne. Enfin, le pilote s'autorise à être pleinement soulagé. Tout devrait rentrer dans l'ordre, normalement. Pour Horion, les choses risquent d'être compliquées. Il sera recherché, comme tous ceux qui ont participé à son évasion. Il pense à Kahl, qui a mit son identité en danger. Lui n'était qu'un couard sous son masque de troopper, même si il n'avait pas le choix. Son visage l'aurait vendu immédiatement. Il est connu de tout Theed et encore plus de l'empire. Il est connu de celui qui leur a donné l'alerte.
Ne voulant pas l'assaillir de ses propres inquiétudes, il se force à penser à autre chose.

Le survivant a toujours des remords. Horion se sent coupable. Il n'a pas à l'être. Arcturus ne sait pas comment trouver les mots qui lèveront ce poids de ses épaules. Il est sauvé, parce qu'il est important, peut-être que l'alliance peut se permettre de la considérer comme une cause perdue, mais pas ses proches. C'est ce qui fait toute la différence. On ne laisse pas les gens derrière. Personne ne veut suivre un dirigeant ou un groupe de personnes qui abandonnent ceux qui ont des ennuis. Arcturus n'a pas le droit de penser ainsi alors que ses proches l'ont sauvé à maintens reprises en dépit de leurs blessures personnelles. Il est à un tournant de sa vie, au moment où il doit fair ele bon choix. Il a l'impression de prendre la bonne route, là. « Tu sais comment elles ont été conçues alors tu sais comme les détruire Horion. » Le pilote ne lui offre pas d'excuses, ne lui fait pas croire que la culpabilité n'est pas nécessaire et qu'il ne doit pas l'éprouver. A vrai dire, c'est gaspiller sa salive que d'essayer de le raisonner. Il préfère une approche plus pragmatique des choses. Il a fait ce qu'il devait faire, c'était sa mission et si il a participé à la conception d'armes, c'est toujours mieux que de se retrouver face à quelque chose d'inconnu. « Tu as suivi les ordres Horion. Tu as accompli ta mission. C'est la guerre, les gens meurent. » Et il est désolé, lui, de son manque d'empathie, de la froideur avec laquelle il est capable d'énoncer ce simple fait. C'est juste la réalité des choses, et pleurer ceux qui sont tombés ne va pas les ramener. A quoi bon. A cet instant alors qu'il le regarde dans les yeux, Arcturus réalise qu'il ne reste plus rien du jedi. Il ne l'a jamais connu, mais peu importe qui était Horion avant Kashyyk, il n'existe plus. C'est un homme neuf qui a vu et vécu trop de choses. « Tu dois prendre soin de toi maintenant et régler les choses avec Aziel. Tu l'aimes, je me trompe ? » Il sourit, tendrement. Il sait que son frère de coeur a des sentiments pour le roux. Il ne doute pas une seconde de la réciprocité. « Tu n'es pas un gâchis Horion.  Tu mérites tellement mieux. » Il l'a toujours pensé. Depuis leur rencontre.