How are we doing? The same as always - Arcturus

Arcturus est occupé dans un duel de regard avec sa bouteille lorsque sa sonnette le tire de ses pensées. Une première fois. Il ne bouge pas, son menton qui repose sur le marbre froid de la table du salon, il laisse faire. Il n'a envie de voir personne, il n'est pas d'humeur, si c'était quelqu'un d'important, il ne prendrait pas le peine de s'annoncer, il serait déjà rentré. Une seconde fois. Il donne une pichenette dans le verre opaque de la bouteille et soupire, exténué. Il irait bien se coucher. Dormir est la seule activité qui lui permette d'échapper à ses idées noires. Il lutte contre le reste, contre la boisson et les cachets qu'il prend. C'est plus dur avec les épices, il n'arrive pas à s'en passer. Il craque toujours. Troisième. Depuis sa conversation avec Nocte, il a commencé à remettre beaucoup de choses en question. Toute sa vie il s'est posé des questions, mais jusqu'à présent elles n'étaient pas très complexes. Il ne s'est jamais réellement posé pour se regarder dans un miroir et se demander ce qu'il veut de son avenir. Tout est instantané. L'avenir ? Il a toujours pensé qu'il n'existerait pas. Qu'il allait partir en fumée dans une course de pods. Qu'il serait assassiné par un concurrent. Qu'il allait réussir à... Mais non. Il a survécu. La quatrième sonnerie est ce qui le pousse à se lever pour allumer l'intercom et voir qui peut bien le déranger à cette heure-ci et se montrer aussi insistant. Il se gratte l'intérieur de la cuisse et appuie sur le bouton, la mine désabusée.

Son visage s'illumine quand il détaille celui de son interlocuteur. Arcturus se mordille la lèvre inférieure, essayant de réfréner la première pulsion qui lui vient à l'esprit. Qu'il aurait bien envie de boire un verre avec et oublier tous ses problèmes dans ses bras, le prendre puis le rejeter une fois qu'il lui aura rendu son foutu service. Qu'il a besoin qu'on l'étreigne au bout de la nuit tant le manque hante même ses cauchemars. Voilà le genre d'idée alléchante qu'il s'est promit de cesser de reproduire, mais il est comme attiré par les flammes et tant qu'il ne se sera pas brûlé une bonne fois pour toute, il imagine qu'il n'apprendra jamais. A moins qu'il se soit enfin réellement brûlé les ailes et que tout espoir de construire une relation sérieuse se soit définitivement envolé. Si c'était le cas, ce n'est pas un crime de profiter tant qu'il est encore désirable. Il secoue la tête. N'importe quoi, le type a juste besoin d'être piloté dans cette course très dangereuse où ils pourraient crever tous les deux, il est complètement fêlé. Au lieu de lui donner une réponse immédiatement, il contemple pendant une minute deux choix qui se proposent à lui. Accepter tout en sachant qu'il sera incapable de se retenir si on lui fait des avances et qu'on flatte son égo, ou refuser et prendre le risque que cette malheureuse bouteille finisse dans son foie. « C'est bon, entrez. » C'est la dernière bouteille de sa collection de liqueur galactique. Toujours mieux que se retrouver dans un bar où il y a plus de chance de finir avec des shooters. Il va enfiler un peignoir en attendant que l'homme arrive et lui ouvre la porte dès qu'il l'entend derrière. « Allez-y, je vous écoute. Pourquoi est-ce que je devrais vous aider ?... On se connait ? » Le mariage de Dia peut-être, sa tête lui est... vaguement familière sans qu'il puisse véritablement mettre un nom dessus.
Allez, sa dernière. Lorsqu'il referme la porte derrière lui, il se dit que cette fois-ci, c'est la bonne.
Son dernier vol et après il arrête, il laisse tout tomber. Les charmes, les hommes, les courses. Il prend des vacances.