- Invité -
THE DARK SIDE
| (#) Sujet: Asylum || Cassandr Lun 19 Avr - 0:19 | |
| C'était arrivé dans ces moments où la sensation de liberté s'était étiolée au point où il avait l'impression que s'il avait eu des poumons, ils ne sauraient plus brasser d'air. Ce genre de moment où le silence l'éreintait tellement qu'il avait l'impression de pouvoir entendre lui-même le fuel venimeux de ses artères robotiques couler dedans. Y entendre la solitude le ronger. Drôle de sensation, pour un être qui avait été dénuée de toute sensibilité pendant si longtemps. Qui la trouve dans les chairs qui se boursouflent sous l'effet des coups, dans ses rires gras de cantiniers, dans ses regards froids sur sa carcasse tout aussi glacée. Évolue dans une violence qui n'est sans doute en rien similaire à ce qu'il connaissait dans son ancienne existence, qui semble lui coller encore à la peau comme une mauvaise pluie glacée, dont même une douche brûlante ne saurait la chasser. Incrustée dans ses os. Alors, même s'il s'était senti grisé au départ, de la cohue et de l'effervescence des bas quartiers... Peut-être bien qu'il avait besoin d'autre chose que ce carcan malfamé, de ce monde refermé sur lui-même, qui cherche à grignoter tout le reste autour. Son échine avec, pourtant déjà dévoré par un poids qu'il ne sait mesurer. L'androïde alors avait quitté les barrières qu'il s'était mise, sans même le vouloir. À quoi bon payer sa liberté si c'est pour l'entraver ? Et alors Naboo s'était dévoilée à lui sous un autre jour, comme une nouvelle amante qui n'avait pas osé se dévêtir de tous ses atouts pour les premiers moments, par pudeur, parce que lui-même n'avait osé effleurer l'épaule dénudée. Sur les remparts de certains bâtiments, il avait découvert au loin une nature qui semblait être l'appel le plus sauvage qu'il pouvait entendre, qui parvenait à lui faire oublier le fluide de ses pensées binaires.
Ainsi il s'y était finalement aventuré, d'avec assez de discrétion pour échapper aux yeux des badauds. Mais il n'avait pas prévu que c'était si grand, son enclos ayant été relativement petit finalement. Et ça avait été deux jours à patauger, sans arrêt, à tenter de retrouver la sortie de ce dédale, avec des allures de minotaure à qui on ne tendra jamais le moindre fil. Arianne endormie, sans doute, alors qu'il était encore à errer dans les marécages des heures avant, à se dire qu'il allait bientôt se décharger d'avant avoir retrouvé sa route. Ainsi s'achèverait alors sa liberté, dans une flaque qui saurait le rouiller bien plus effacement que n'importe quel ennui. Alors, quand il aperçoit enfin âme qui vive, au détour d'un coin bien plus dégagé que tout ce dont il vient de s'extraire, il entrevoit enfin ce sentiment proche de ce que la définition de l'espoir semble décrire. Reste pourtant impassible, de prime abord, parce qu'il y a comme une sorte de fierté encodée dans cette carcasse, comme si c'était plus simple pour survivre dans l'autre monde. La Ruche n'en a que faire des travailleuses trop faibles pour tenir le rythme. Alors ouais, son air patibulaire, il le garde même quand il faudrait pas. Et le dieu de la ferraille ne saurait déroger à sa règle, même quand il puait deux heures avant le défaitisme. "Hey." Interpellation, dans le silence de l'instant, alors qu'il se dévoile à cette âme qui, pour sûr, va le sauver. Mais à qui il faudra inventer un tissu de mensonges pour s'en sortir, parce que c'est vrai qu'il a techniquement pas tant le droit d'être là, qu'il aurait finalement bien fait de rester dans les bas-fonds. Mais qu'il avouera rien, qu'il préfère juste apostropher et miser sur le fait que, peut-être, l'inconnu ne lui posera aucune question quant à son état calamiteux.
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