the lost and the found ✶ h a d a s s a h

when our souls were in the lost-and-found he came along to claim it, does that make us slaves to this creature's whims or slaves to our own weakness ? two girls reflecting in the same mirror -- @hadassah meron

AN 6, février ; appartement d'hadassah meron, quartier sud de naboo / 26 ans

La silhouette tout de noir vêtue s'engage dans la cage d'escalier étroite, dont l'odeur nauséabonde lui fait apprécier de ne pas être douée du don de psychométrie des Kiffars... Il y avait des choses que même elle, ne voulait pas voir si elle pouvait se l'épargner, bien qu'elle ait sans doute déjà été témoin de pire. Eon grimpe silencieusement les marches jusqu'à l'appartement dont elle avait enregistré l'adresse sur le pad-gps de son poignet, fait face à une porte simple, qui semblait un peu plus solide que le reste de la bâtisse. Avant de faire savoir sa présence, elle attend, observe. Réfléchi. Quel genre d'ingénieure aérospatiale de l'Empire pouvait vivre dans un taudis pareil ? Et sans la moindre sécurité en plus. Elle avait dû payer une place sécurisée pour s'assurer que son speeder soit toujours là à son retour. Les rues du sud de Naboo avaient leur réputation, elle ne s'y aventurait jamais par plaisir, seulement pour affaires -certaines pouvant sembler combiner les deux, comme ses son ancienne fréquentation d'hyperion. Quelques rares occasions, rarement joyeuses pour ceux qu'elle devait rencontrer. A cette pensée, ses mains se serrent, ses muscles se contractent, elle s'assure encore une fois qu'elle n'est pas suivie, que personne, sur le lieu du crime, ne l'a vue et pourrait remonter jusqu'à celle qu'elle visitait. (pouvait-on seulement parler de visite, alors qu'elle n'était nullement attendue ?)
Sur sa joue, elle l'ignore, mais une petite traînée de sang décore la peau pâle, elle trahie le petit accident qui l'avait ralentie, sur le chemin. Son gant droit pend exceptionnellement à sa ceinture, à cause de ce rejeton de wookie avec un couteau qu'il avait voulu planter dans sa main -à sa place, un de ses doigts mécanique avait pris. Il faudrait qu'elle s'assure qu'il n'y avait pas de dégât. L'assaillant avait cher payé, pour vouloir voler la bourse à chrorium de la mauvaise personne. Il n'a pas eu de chance qu'elle pense, les émotions encore brûlantes, le sang bouillonnant suite à la violence trop brève, l'opposant trop faible. Sur tous les habitants de Naboo, il avait choisi une sith. En voilà un qui n'aurait pas du sortir de chez lui ce matin.

Eon n'est pas calme. Elle ne connaît plus le calme, for calm is equilibrium, and equilibrium si no more. Mais elle n'est pas venue aussi loin pour rebrousser chemin.
Elle sonne, droite comme un i, masque impassible en remplacement de celui qui cachait habituellement son visage. Lorsque la porte s'ouvre, elle est prête. Et elle dégaine, sans attendre, parce que l'existence de cette femme la hantait, depuis des jours, continuellement présente à l'arrière de son esprit comme un boulet l'empêchant d'être au summum de ses compétences. Cette femme, à l'existence anormale, cette inconnue qui n'aurait pas être autorisée à exister.

« Je suis l'apprentie de Darth Akhssart. » Eon jauge les réactions provoquées par ses mots dénués d'intonation, économes et préparés à l'avance. Elle va droit au but, cette Hadassah Meron n'est pas une mission officielle qui demande délicatesse, après tout. « Tu es l'enfant qui vit dans mon ombre. » Ce n'est pas une enfant, pourtant, qui se tient devant elle, c'est une femme, et Eon n'est plus certaine de savoir pourquoi elle voulait tant la rencontrer, mais elle est là et c'est trop tard pour rebrousser chemin, trop tard pour tant de choses, il ne reste qu'à embrasser le présent, savourer la Force présente en chaque être, surtout en ceux comme Hadassah, les sensibles au potentiel gâché... Ou pas. Quel destin tragique ! Vivre dans l'ombre d'un autre était, Eon le avait, étouffant, mort cruelle car infiniment lente. Mais vivre dans l'ombre d'une ombre ? C'était inédit. Une anomalie. Cette femme, cette enfant, cette apprentie de pacotille, qui ou quoi qu'elle soit... Sa position n'était pas envieuse. Et c'est sans doute la seule raison qui empêche à la laisse enserrant la rage d'Eon de se briser pour se relâcher sur celle qu'elle n'espère être qu'une pâle copie d'elle-même.

my monster, come to find me //
an 6


« Je suis l’apprentie de Darth Akhssart. Tu es l’enfant qui vit dans mon ombre. » C’est comme des éclats. Des morceaux de ses organes qui se froissent et se détachent comme des pétales pour mieux tapisser l’intérieur de son ventre. Elle a chaud, puis elle a froid, devant la figure adverse qui se tient devant elle, et si son regarde semble se désengager, Hadassah comprend parfaitement ce qui est en train de se passer. Son opposante n’est pas beaucoup plus jeune et si les traits sont fins, elle a dans son regard une dureté qu’elle n’avait connu que chez peu de gens – ceux qui souffrent assez pour embrasser totalement l’obscurité. Ceux que la guerre a rompus sous la charge de ses exigences et de ses sacrifices. L’ingénieure, sans en saisir les raisons, n’est pas surprise de la présence si solennelle. Quelque-part, il est légitime que cela arrive un jour. Devant elle, alors qu’elle prend son temps pour relever chaque détail du visage sith, respire le succès qu’elle aurait peut-être pu être. Peut-être, si elle n’avait pas laissé sa place. Peut-être.

La veille avait été particulière. Un moment attendu, lorsqu'il était annoncé. Les communiqués gouvernementaux, même minimes, elle ne les loupait jamais. Pourquoi cela aurait-il été différent cette fois-ci ? Bien entendu, au regard extérieur, être sujet de l’Empire primait comme intérêt. C'est le genre de routine à laquelle on adhère lorsque l'on a besoin de se rassurer. L'Empire et son quadrillage; ses comptes rendus au vitriole d'une menace grandissante, cet emploi du temps et ces règles bien faites. Quelques minutes de propagande à laquelle elle n’avait plus besoin d’adhérer, et ce fut terminé. Occuper ses journées à tant s’acharner sur l’obstination de la perfection ne suffisait pas à gorger les petites perforations de ce qu’elle était. La sensation était devenue envahissante. Elle l’avait laissé nécroser ses désirs et faner ses ambitions, c’est qu’elle avait appelé l’amertume. Pour autant, Hadassah continuait, elle vivait, se suffisait. Il n’y avait pas de place pour trop de fébrilité. Après avoir éteint l’écran en plein milieu de l’annonce, la jeune femme s’était levée, avait lacé ses bottes et s’était fait avaler par la nuit pour courir les rues de la ville. Laisser suer ses ivresses de ressentiments était encore le meilleur moyen qu’elle avait trouvé, en dehors de ses mathématiques, pour se débarrasser de ses autopsies quotidiennes. Avancer, voilà tout. Continuer.

La course le long de Solleu s’était terminée aux portes de l’Académie Royale. Un moment elle avait observé les portes en serrant les manches de ses bras croisés par-dessus son blouson moite. Elle avait reniflé, reporté son regard sur le fleuve dans lequel se noyaient le reflet des étoiles. De l’autre côté de la rive, le grand arbre versait sur la place la lumière de ses décorations printanières. Une famille de gungan s’y était arrêtée. Il n’était pas encore minuit lorsqu’elle était repartie, parce-qu'une pluie fine avait commencé à tomber sur la capitale. Alors elle s’était remise à courir, laissant son souffle se réguler seul et sans effort de la conscience, serrant le ventre de la façon dont Taheer lui avait appris. Celui-là, peu importe d’où il sortait, officier général des armées ou capitaine de bâtiment, avait au moins eu le bénéfice de lui accorder des conseils sans fioritures, simplement nécessaires. Ses foulées étaient devenues moins erratiques. Ses muscles plus nerveux sous sa carne affinée. C’était peu, mais il lui semblait retrouver un minima d’emprise sur sa situation quotidienne depuis que cet homme de nulle part s’était mis en tête d’aiguiller ses entrainements. Mais, comme les autres avant lui, celui-ci avait fini par disparaître pour ne laisser dans sa vie qu'une vague trace de qu'il avait pu lui donner. Les étoiles avaient disparu pendant son retour et le ciel s’était amassé en nuages lourds aux plis mousseux. Les gouttes avaient fini par consteller son visage rouge, sucrer ses lèvres ouvertes et il y avait eu comme une plénitude au sein de ses poumons. Lorsque Hadassah avait fermé les yeux, elle avait retrouvé Hoth et ses déserts blancs. Une paix soudaine. Pleine. L’armistice s’était arrêté devant les portes de son immeuble et le reste de la nuit avait coulé de la même façon que les autres, blanche, sans humeur. S’en était suivi un jour égal.

Jusqu’à cet instant. En entendant sonner, Hadassah avait senti un petit picotement lui chatouiller la pulpe de ses doigts. Quelque-chose dans l’air changea. Quelque-chose dans son ventre savait. Et à ce moment précis, à la vue bien singulière du Sith, son sentiment se précise. L’impériale regarde, enlisée par l’appréhension, la silhouette autoritaire de la jeune femme. " Entre. " Elle dit simplement. Sa voix ne tremble pas, elle lève même un peu le menton. " Ce n’est pas la peine que quelqu’un te voit ici. " Encore moins pour elle.

--  @eon dreplo

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C'est presque anti climatique, lorsque le pesant silence, le duel des regards est rompu par la voix de la femme blonde. Elle l'avait déjà entendue, cette voix, mais distendue par l'holocom et ses interférences. Elle était beaucoup moins impressionnante en personne, d'une certaine manière. Pas qu'il y ait grand chose qui impressionne Eon. Parfois elle avait l'impression d'avoir déjà trop vu, trop entendu, trop vécu.

Et parfois cela lui revenait en pleine figure, violemment. Hadassah Meron. Blonde et angélique et humaine. Sans peur.
Du moins en apparence.

Elle ne se fait pas prier. Entre, comme si elle s'était invitée elle-même, comme si elle n'avait pas attendu dans l'embrasure de la porte un signe, un geste, un rien lui indiquant la marche à suivre. Eon n'avait pas de plan. Elle n'avait que ses émotions, turbulentes, pesantes, qui l'avaient guidées jusque là. Elle ignorait si elle voulait se débarrasser de cette femme, ou la décortiquer, l'ouvrir, comprendre pourquoi, comment elle en était arrivé là.

Alors Eon entre. Ses yeux se plissent. Elle commence à faire le tour du misérable appartement, comme si elle régnait sur ces quatre murs. Même si elle n'en a pas le droit, elle le prend. Eon ne juge pas, mais elle se questionne. Tout est désordonné, malgré l'espace réduit. Les murs sont couverts de feuilles, calculs, graphismes. Elle s'approche, étudie. Ne comprend pas. Ou juste assez. Assez pour savoir que cette ombre est intelligente, immensément. Ce n'est pas surprenant, vu son emploi officiel. Mais qu'elle est aussi désordonnée, peut-être justement parce qu'elle est trop brillante. Le choix du papier est singulier. Eon préférait personnellement les PAD, ne serais-ce que pour la sécurité et la conservation. Ses doigts de chair glissent sur les feuilles, les caractères d'encre. Elle étudie son habitat comme celui d'un animal et d'une cible, prévoie les sorties possibles, se familiarise avec les alentours. Mieux vaut être prudent. Méfiant.

Pendant sa ronde, elle ne la regarde pas, mais elle a parfaitement conscience de sa présence, dans son dos. Tous les sens d'Eon sont étendus, elle est sur ses gardes, prête à réagir à la moindre menace. La Force pulse, autour d'elles, en elles, c'en est presque étouffant. Ce n'est pas ce à quoi elle s'était attendue, mais les apparences étaient trompeuses, elle en savait quelque chose. Eon elle-même était une contradiction. Son corps semblait appartenir à une brindille, une pousse verte et tendre facile à écraser sous un talon. Mais la brindille se relevait toujours, plus forte, plus grande et plus vénéneuse. Le talon tombait, rongé par la corrosion. Eon est dangereuse et ne s'en cache pas, ce n'est pas une visite de courtoisie.

Eon est furieuse. Mais moins qu'elle n'est curieuse.

« Give me one reason to let you live. » Ce n'était pas ce qu'elle voulait dire. Les mots échappent à son contrôle, s'écrasent dans le vide et le silence. Eon se sent trahie. Bafouée, dans sa fierté quasi inexistence. Trompée, par ce maître qui la formatait depuis plusieurs années, qui l'aiguisait comme une arme redoutable, sans lui dire qu'il avait une copie, un remplacement à portée de main.

Elle se retourne enfin, très délicats peinturés de rouge, regard brûlant comme le désert de Tatooine. Eon jauge, interroge, juge, accuse. Eon est un peu plus brisée qu'elle ne l'était avant de savoir qu'Hadassah existait. Un peu plus rompue par la chienne de vie et l'implacable ordre sith. Mais Eon ne peut pas haïr Hadassah autant qu'elle haïe Akhssart. Et qui sait, peut-être est-ce mutuel ?