avoiding death / @ran saavisCa le fait rire quand il la regarde s’échiner à maudire on ne sait trop quoi de mort ou de vivant. Elle tombe encore, précipitée dans son humeur et son impatience adolescente, il ne s’escrime même plus à demander si ça va ou si elle a besoin d’une main compatissante. Ran est une tempête dont il ne désire pas les vents et il a déjà trop tâté de sa fierté farouche. Alors il se contente de s’étouffer un peu, les crocs bien plantés dans le sandwich, fait un léger signe du menton alors qu’elle marmonne une invective.
Ran Saavis, acte 3, scène 2. Le vaisseau ça fait deux fois qu’il plante, à force Tadjedine ne trouve plus rien à dire. La mécanique, il la laisse à son oncle, à Bedee ou à Four mais ses doigts à lui ne sont des fées que pour le sabre qui pend à sa ceinture. Le cul sur la carcasse du taudis de métal, le Padawan déplie lentement ses jambes en épingle, fait craquer les tendons autour des rotules et s’accoude un peu mieux à ses cuisses.
Il la regarde, mâche sans ouvrir la bouche, elle fait des allers et retours. Il l’entendrait grogner de là où il est, elle se contente d’oeillades sous des sourcils froncés. Ses bottes s’enfoncent dans la boue, il a du pleuvoir et ça risque de revenir parce-que le ciel recommence à se gorger de sa mauvaise humeur. Lorsque Ran se tourne, elle est dos au soleil et sa peau pâlotte est un peu rouge. L’homme hume doucement, relève l’arête étroite de son nez cabossé, il y a les les miettes accrochées à ses lèvres qu’il dégage d’une caresse de l’indexe.
"Ah ouais ? Et tu comptes trouver un vaisseau où, l’affreuse ?" C’est pas qu’il soit particulièrement nonchalant et défaitiste mais il lui faut se rendre à l’évidence. Les seuls sur qui il allait falloir compter sont sûrement nichés dans la cime des arbres là, au dessus de leurs trognes de gosses débarqués de nulle part. Les longs doigts n’ont pas de délicatesse lorsqu’ils replient le craft autour du pain à peine entamé. Les Ewoks ne sont pas connus pour leurs prouesses techniques, à bouffer des racines et balancer des cailloux sur des buissons magiques. Très peu pour lui lorsqu’il s’agit de remettre debout une épave censée traverser autant l’espace que le temps.
Il tape du talon.
Comme ça. Sur la carlingue, ça raisonne.
C’est l’impatience qui chante, quand Ran fait des allers et retours sur elle même, tourne comme un poisson dans un bol de flotte. Ce qu’il fait simplement, c’est lever les sourcils, souffler un peu, pour balancer une jambe dans le vide et se retrouver à se réceptionner sur ses bottes aux semelles qui s’encrassent. Le saut est souple, il a l’air de rien, on dirait un chat. Tadjedine est serein, il l’est même quand la pilote se casse encore la gueule, disparait dans les branches pour rouler plus loin. A peine un rictus, une petite moue rieuse, un sourire sous les pupilles.
"Tranquille ?" Il marmonne et la voix porte dans ce couloir qu’il distingue mal même en plissant les yeux.
Il avait décidé que cette mission se passerait très vite. Il avait décidé qu’il s’emmerderait pas longtemps à slalomer entre les impériaux, qu’il gagnerait à localiser rapidement ce temple paumé et que Ran et lui pourraient se tirer vite fait. C’est ce qu’il a promis à Atlas ; de revenir vite.
Pourtant, Tadjedine semble avoir oublié ce que cela fait, de se faire écraser par ce qui le gouverne. Ce n’est pas qu’il perd de sa gouverne mais le visage est moins mielleux, plus concerné et les mots ne sont pas nécessaires pour souligner son orgueil.
"Ce sont des runes." il fait simplement.
"Je ne peux pas les lire." La pulpe de son doigt se glisse dans la rainure d’un symbole et le geste est presque tendre.
"La Force est puissante, ici. Fais attention à ce que tu fais. Et ne jure pas tant que l’on n’est pas sortis, space leprechaun." Un regard appuyé et entendu, alors qu’il la voit s’agacer sur la pierre. C’est qu’il la pratique, la pilote à la sale bouche. Un instant, le Padawan se concentre, essaie de repérer des notes, de pressentir quelque-chose mais la
mère est silencieuse et ne chuchote que sa présence.
Rassuré de l’absence de Sith, le gosse se redresse un peu plus sur ses pieds, tend une main sous le cuir de son gant et laisse tout ce qu’il peut sentir et puiser de la Force pour que l’énorme roche consente à se laisser manipuler, centimètre par centimètre. Lui serre les dents. Il y a la sueur, sur sa nuque, qui lui colle les boucles et le nez se plisse.
Il n’y a rien, d’abord. Seulement de la poussière, un bref appel d’air et une odeur d’escarbilles et de champignons. Lorsque l’entrée dégagée est assez large pour faire passer leurs tailles d’épingles, Tadjedine affaisse soudainement le bras, essoufflé par l’effort mais ravi du résultat.
"T’as peur des araignées ?" Sur le coin de sa gueule il y a un sourire plein d’insolence.
"A toi l'honneur, championne."