Le calme qui règne à l’académie est étrange, presque oppressant. T’as l’impression que les gens chuchotent quelques secrets et ça te fait tiquer. Tu lances quelques regards en coin, tends l’oreille dans l’espoir de savoir de quoi il en retourne. Peut-être que tu te fais des idées. (C’est
sûrement le cas.) Un peu paranoïaque, la méfiance exacerbée par un conditionnement qui dure depuis des années, tu ne fais toujours confiance à personne. A quoi bon, tout le monde triche, tout le monde ment. Les pires… Les pires ce sont les Jedi. Ils se cachent derrière des faux-semblants, derrière des sourires artificiels. Vicieux, ils sont vicieux. Et t’es
presque pas assez crédule pour les croire. Au moins avec les gens comme toi,
les Sith, tu sais à quoi t’attendre. Baisse ta garde et t’es morte. Avec eux, les
autres, c’est plus complexe. T’as envie de croire à leur soi-disant bienveillance, à leurs attitudes charitables et prévenantes. Samara se serait laissée tenter, tu en es sûre. Trop naïve, trop prompte à laisser les gens s’approcher. Elle est pas comme toi.
T’estimes avoir assez médité pour aujourd’hui, trop perdu de temps dans cette pratique inutile. (On te dit que c’est bon pour toi, que c’est nécessaire pour apprendre à canaliser toutes ces émotions qui vrille en permanence dans ta petite tête. Que même si t’es supposée t’en nourrir, tu dois aussi savoir les contrôler. T’y crois pas trop.) T’aurais bien pratiqué tes compétences au sabre, mais la salle d'entraînement était déjà bondée de personnes que t’avais aucune envie de croiser. L’avantage de la salle de méditation, c’est qu’il y a rarement du monde. Tu peux t’y poser et ressasser tout ce qui te passe par la tête, le tout en gardant un oeil avisé sur les allées et venues dans la pièce,(principalement des Jedi, ils ont vraiment un problème avec la pratique de la méditation, à croire qu’ils passent leurs journées à ça.) Chaque fois que l’un d’eux entre, qu’on t’adresse un salut ou un simple regard, tu les dévisage d’un air dissuasif. Lèvres pincées, expression glaciale, t’enfiles ton meilleur masque. Qu’ils restent à bonne distance, ça te va très bien.
Les minutes se transforment en heures et t’as finalement réussi à te détendre un peu, à oublier les allées et venues intempestives qui ont tendance à te distraire un peu à chaque fois. L’espace de quelques instants, t’as une espèce de sensation d’apaisement. T’as l’impression d’être en paix avec toi-même et c’est assez dérangeant. T’es clairement pas habituée et ça te fait un peu peur. Les yeux toujours fermés, tes sens semblent s’éveiller soudainement, alertes. Une drôle d’impression te fais crisper le visage alors que tu ouvres soudainement les paupières. Un peu confuse sur le moment, l’environnement devant toi est pourtant toujours le même. Une salle pauvrement décorée et à la lumière un peu tamisée, un endroit propice à la méditation des apprentis. Et tu n’es pas seule, face à toi, à quelques mètres, ton regard s’arrête sur ce Jedi à qui tu as déjà eu affaire. Brom ?
Bram. Un type qui a la fâcheuse tendance à s’occuper de ce qui le concerne pas. (Comme avec les autres apprentis, il y a à peine quelques jours. De quoi il se mêle ?) Tu le fixes quelques secondes sans trop réussir à discerner l’expression qu’il arbore. Il veut quoi ?
Un peu confuse, tu arques un sourcil avant de te tourner légèrement, vérifiant qu’il n’y a bel et bien personne d’autre dans la salle. (Vous êtes seuls.) Doucement, lentement, tu reportes ton attention sur lui.
« … Quoi ? » tu demandes finalement, les yeux plissés, confuse.
« Si c’est des remerciements que tu veux, j’avais pas besoin d’aide. » tu grommelles en gonflant les joues, attitude d’enfant que t’essaies au mieux d’oublier.