No place like home ft. Bram

J’ai la trouille. La capuche enfoncée sur ma tête, j’avance comme je le peux dans les rues de Theed en évitant de croiser du regard qui que ce soit. Comme il fait sombre et que je ne montre pas ma nuque ni mon visage, aucune raison de croire que c’est une androïde qui se balade toute seule. Enfin je l’espère. Je ne peux pas m’empêcher de regarder derrière moi, de peur qu’on me suive. Ca y est, j’ai vraiment fini par devenir parano, mais dans mon cas c’est sans doute nécessaire. L’avantage d’avoir trainé dans la rue ces derniers temps, c’est que j’arrive maintenant à me repérer sans aucune difficultés. J’ai imprimé dans ma mémoire les plans de Theed, ses recoins et j’emprunte exprès des rue un minimum fréquentées. Je me souviens encore de la tentative d’enlèvement que j’ai subie et je n’ai pas franchement envie de renouveler l’expérience. Je n’ai probablement pas grand chose à craindre, mais j’ai quand même cette sensation désagréable dans le ventre.

Je ne sais pas ce que fous ici. Je n’aurais pas dû écouter Sun-Ja. Pourquoi je ne pouvais pas rester chez les Wun ? Bon en fait, je sais très bien pourquoi, mais je déteste avoir à l’admettre. Elle était chouette cette maison. Je m’y sentais bien, en sécurité. Et maintenant… j’ai de nouveau l’impression d’être vulnérable. J’aurais aimé qu’elle m’accompagne, mais bon, c’était sans doute trop dangereux. Je n’ai pas envie qu’elle court de risque à cause de moi. J’ai froid. Pas froid pour de vrai, je ne le ressens pas vraiment, mais plutôt froid de l’intérieur, enfin je crois que je pourrais le décrire comme ça. Et je ne sais pas comment faire pour que ça s’arrête.

J’arrive en direction de l’adresse que Sun-Ja m’a donnée. Je n’aime pas beaucoup ce quartier, je sais que la base de l’Alliance Rebelle n’est pas loin et ça ne me plait absolument pas. Et si c’était un piège ? Mais non, elle ne m’aurait pas fait un truc pareil, pas vrai ? J’ai beau le savoir, je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Mais je n’ai pas vraiment le choix. Je n’ai plus envie de dormir dehors, ni d’être toute seule. Alors si je peux avoir un toit sur la tête, encore un peu… je peux toujours m’enfuir si ça dérape, je commence à devenir douée à ce petit jeu. Je fais de mon mieux pour me me donner du courage et j’entre dans l’immeuble, puis monte les escaliers quatre à quatre. Je suis plutôt soulagée de ne croiser personne, je n’ai pas envie d’être repérée, ou pire qu’on ait envie de venir me parler. Je finis par arriver devant la fameuse porte. Il est encore temps de faire demi-tour et partir. Pourtant, je frappe quand même trois coups sur le battant. Et j’attends, en ayant l’impression que les secondes durent des heures. Si ça se trouve il n’y a personne. Sur le coup, je préférerais presque. Mais je ne suis pas entendue puisque la porte s’ouvre et laisse entrevoir un humain qui devrait plutôt être qualifié de géant, si vous voulez mon humble avis. « B’soir. » je lui lance, d’un air qui se veux détaché. Je me rends compte que mes mains tremblent et je les fourre dans mes poches. « Je viens de la part de Sun-Ja. » Je ne sais pas quoi dire d’autre. Je me sens totalement ridicule. J’espère juste que c’est la bonne personne, que je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien.

@Bram Sulu

Je regarde son visage. Des gouttes de sueur perlent sur son front, il a les sourcils froncés. L’analyse me dit qu’il est perplexe, voire agacé. Peut-être qu’il ne sait même pas qui je suis ? Alors là c’est bien ma veine ! Et si Sun-Ja ne lui avait pas parlé de moi ? J’ai du mal à croire qu’elle ait pu me faire un coup pareil ! Je me sens nerveuse, à rester plantée comme ça sur le palier, avec cet inconnu. Et puis, j’ai peur que quelqu’un débarque, un voisin qui puisse me voir et me reconnaitre. Mais bon, je crois que ça finit par faire tilt dans sa tête puisqu’il a l’air d’atterrir et d’enfin voir de quoi je parle. On lui a même donné mon nom. « C’est ça. » Je marmonne en guise de réponse. Il finit enfin par me faire signe d’entrer, et je quitte le couloir de l’étage à mon plus grand soulagement.

Un soulagement qui s’éteint rapidement. A peine dans l’entrée, je ne peux pas m’empêcher de me sentir comme une souris prise au piège. Je n’ai pas envie qu’il s’en rende compte, alors je regarde un peu autour de moi, pour donner le change. « C’est joli ici. » Je suis pas sûre que ça soit l’adjectif qui convienne, mais les humains aiment bien quand on leur fait des compliments. Je me dis qu’il vaut mieux qu’il m’ait à la bonne si je veux pouvoir rester ici. Il parle à son tour, et je le regarde. J’analyse à son expression faciale et au ton de sa voix qu’il a voulu faire de l’humour. Alors je ne veux pas être désagréable hein, mais question humour, il y a vraiment des gens qui feraient mieux de s’abstenir. Comme je sais que les humains sont susceptibles, j’apporte la réponse appropriée et un léger rire sort de mes lèvres. « C’est ça, j’ai besoin d’un lieu sûr. » Je me demande ce que Sun-Ja lui a dit exactement. Elle ne sait pas tout non plus, je n’ai littéralement pas la possibilité de parler de ce qu’on faisait avec Orion, à moins que je me retrouve de façon certaine face à un membre de l’Alliance. Et j’espère bien que ce n’est pas près d’arriver.

Il referme la porte, la seule issue. C’est bizarre, je me sens à la fois protégée en en même temps sur mes gardes. Il me donne son nom, et je serre la main qu’il me tend. J’ai toujours trouvé ça un peu bizarre, mais ce sont les usages, alors je m’y plie. Bon j’avoue que le fait qu’il dise réparer les androïdes excite mon intérêt. Orion savait tout des androïdes, et j’adorais apprendre de lui. Peut-être que Bram aussi aurait besoin d’un coup de main ? Mais je ne veux pas avoir l’air trop empressée, alors je me contente de hausser les épaules. « Merci, je sais me réparer toute seule. » Bon, pour être honnête, ça pourrait s’avérer utile dans certains cas, je ne peux pas tout faire non plus.

Je vois qu’il attend ensuite que je m’assoie et je m’exécute. Cette convention aussi me semble bizarre, ce n’est pas comme si je pouvais me fatiguer. Mais je dois bien avouer que le moelleux du fauteuil a quelque chose de réconfortant, après tout ce que j’ai traversé pour venir ici. Et voilà qu’il me demande de lui raconter mon histoire. C’est quoi cette question ? Qu’est-ce qu’il veut savoir ? C’est un piège ? Je le regarde avec suspicion pendant quelques instants, puis je finis enfin par répondre. « Mon créateur était spécialisé dans la conception d’Androïdes. C’était un ingénieur très talentueux. C’est pour ça qu’il m’a créée, pour l’aider. On a fait ça pendant un an, avant qu’il soit arrêté pour trahison. Je me suis enfuie juste à temps. » Je hausse les épaules. Je passe vite exprès, parce que quand je parle d’Orion et de ce qui lui est arrivé mon estomac se noue, ma gorge se brise, mes yeux brûlent et c’est comme si mon coeur était arraché par petits bouts, même si je sais que ce n’est pas possible. Je lève les yeux vers lui et je le regarde, presque avec défi. « Et toi Bram, c’est quoi ton histoire ? » Orion aurait détesté que je sois si familière avec un humain. Mais Orion n’est plus là.

@"Bram Sulu"