❝ I observe more than I speak ❞ ft. Tadjedine Shaetris

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I observe more than I speak

Ses longs cheveux de jais étaient enroulés sur sa tête sous la forme d'un rouleau en arc de cercle, épousant la forme de son crâne. Une large coiffe dorée d'où pendait quelques bijoux avait été posée sur sa coiffure et le tout s'entrelaçaient pour se maintenir en place malgré les mouvements de sa tête. Son visage avait été légèrement peint de blanc pour unir son teint et sublimer le maquillage rouge de ses lèvres et sur son front, de même que le noir de ses yeux. Tout cela avait été fait avec l'aide de coiffeuses et maquilleuses habituée à effectuer ces coiffures inlassablement et appliquer des produits similaires sur sa peau chaque jour. Avant même de devenir chancelière, quand elle n'était que sénatrice, elle possédait déjà ces mêmes habitudes mais plus épurées. Ce style était associé à la monarchie de Naboo et bien qu'abolie depuis l'arrivée de l'Empire, Zaryna avait su conserver quelques symboles de celle-ci pour se montrer tant traditionnelle et patriotique que novatrice.
Très jeune déjà, elle avait appris que l'image était importante. Parfois plus que les mots, les gestes ou les attitudes. L'apparence était détaillée et analysée par les Naboo mais aussi les politiciens qui l'entouraient, qu'ils soient alliés ou rivaux. Un seul faux pas et cela pourrait lui porter préjudice pendant des années. Elle en avait fait lorsqu'elle était princesse, de nombreux mais en ce temps-là, elle était si jeune que son innocence infantile servait d'excuses pour qu'elle soit pardonnée. Aujourd'hui, elle n'en avait plus ce loisir, ni ce luxe. Elle était observée à chaque instant du jour et de la nuit, d'autant plus car elle était une femme. On aurait pu croire qu'il était épuisant d'être une personnalité publique à chaque instant mais l'habitude s'était installée depuis longtemps et elle avait appris à ne plus avoir de secrets ou d'intimité ailleurs que dans ses pensées. Ainsi, elle en était la seule détentrice et ne craignait la trahison que de ses propres lèvres dont chaque mot qui s'en échappait était longuement pesé et réfléchi.

C'était dans la pénombre du théâtre que Zaryna était le moins observée. Lieu de spectacle et de rencontres pour chacun, ils étaient bien plus absorbés par leur échange que par sa présence. Quelques fois, les spectateurs levaient les yeux vers elle mais loin, ils ne pouvaient ni la détailler ni l'entendre. Le théâtre céléste était souvent le lieu de rencontres plus informelles que celles qu'elle pouvait avoir au Sénat ou au palais, tant avec des alliés politiques que des rivaux. Jamais avec des amis car elle n'avait pas l'impression d'en avoir, elle n'avait personne à qui elle se confiait, à qui elle partageait ses pensées les plus profondes. Mais contre toute attente, cette solitude lui convenait. Pour elle, l'Empire était un environnement hostile et elle ne pouvait se permettre de faire un faux pas, au risque de disparaitre comme le reste de sa famille. Une parole mal interprétée, une pensée mal exprimée et répétée pourrait suffire à faire basculer l'équilibre précaire de sa situation pour laquelle elle avait travaillé durement. Pas par ambition ou soif de pouvoir mais pas altruisme envers son peuple et la planète sur laquelle elle était née.
Mais aujourd'hui, pour la première fois depuis son élection, elle n'avait aucune rencontre prévue. Le théâtre était un moyen d'échapper juste deux petites heures à la vie politique où tout changeait si rapidement. Elle vivait à un rythme effréné et à cet instant, elle voulait se retrouver avec elle-même, avec ses pensées et son esprit rempli de mille idées qu'elle devrait prendre l'une après l'autre et faire preuve de patience pour les mettre en œuvre. Mais avant tout cela, il fallait qu'elle travaille main dans la main avec l'Empire pour chasser la criminalité des rues de Theed, pour mettre fin à toute tentative de rébellion et ainsi préserver la vie des Naboo. Sa morale lui dictait que l'Empire n'était pas la solution, son cœur le haïssait profondément mais sa raison savait qu'il était son plus précieux allié à l'heure actuelle.

Longuement, durant des nuits d'insomnie, elle avait songé à l'Alliance Rebelle, cherchant à savoir ce qu'il adviendrait d'elle si celle-ci venait à gagner le contrôle de Naboo ou à détruire l'Empire. Serait-elle punie pour être restée aux côtés de celui-ci ? Pour avoir voulu faire ce qui était au mieux pour les millions de vie sur sa planète ? Elle songeait souvent à l'avenir, aux changements à venir et ce qu'il y avait de mieux pour ceux qu'elle servait et pour l'heure, il ne s'agissait certainement pas d'abandonner le tout puissant Empire qui, d'un simple claquement de doigts, pourraient réduire à néant des milliers de vie, qui pourraient opprimer les Naboo et leur retirer les nombreux privilèges qu'il possédait. Car elle ne se leurrait pas, Naboo était une planète privilégiée où il y faisait bon vivre. Elle avait vu la pauvreté et la guerre ailleurs lors de ses missions humanitaires et elle savait plus que jamais qu'elle refuserait que cela arrivait aux siens. Si elle avait eu plus de pouvoirs, elle aurait pu aider d'autres planètes, d'autres systèmes mais chaque chose en son temps. Elle n'était pas chancelière d'autres planètes que la sienne et elle ne pouvait pas se permettre de songer ainsi. Son cœur empli de compassion en était meurtri mais elle devait se montrer égoïste.

Un mouvement près d'elle la força à détacher son regard du spectacle qu'elle observait sans y prêter réellement attention, elle se sortit ses pensées et tourna la tête vers l'entrée de sa plateforme pour voir un jeune homme brun cherchait à obtenir un laisser-passer de la part des gardes. Zarina put reconnaitre ce visage, il avait bien grandi et les quelques années qui s'étaient écoulés avaient changées le jeune garçon sortant de l'adolescence qu'il était en un véritable jeune homme.

« Laissez-le passer. »

Ses mots tombèrent, ils étaient sans appel et les deux hommes s'écartèrent pour laisser passer l'ancien Sith. La chancelière resta silencieuse pendant de longues secondes, reposant son regard sur le spectacle. Il n'aurait jamais du venir ici, n'était-il pas toujours un fugitif ? Fut un temps, Tadjedine Shaetris et elle avaient été amis. Mais ce temps était dépassé depuis longtemps. Non pas qu'elle n'avait plus une certaine affection pour lui mais elle ne pouvait pas se permettre d'avoir des amis, encore moins lorsqu'il était des fugitifs.

« Bonsoir, monsieur Shaetris. Qu'est-ce qui vous amène ? »

Son ton était assez formel et détaché au moment où elle tournait à nouveau la tête pour poser son regard noir sur lui. Il n'y avait plus de trace d'amitié ou d'affection quelconque. Plus maintenant.

EPSILON

I am so tired of waiting aren’t you, for the world to become good and beautiful and kind? Let us take a knife and cut the world in two — and see what worms are eating at the rind -- @Zaryna Everis

"Combien ?" Il réclame, grogne entre les canines qui se corsent sur l’invective. Ce n’est pas la langue commune, plutôt un jargon sy bisti qu’il maîtrise mal mais que le ton gagne à faire oublier les lacunes grammaticales. Il a trainé ses godasses au marché noir, caché par une criminalité qui l’apaise plutôt que de côtoyer les beaux quartiers calamistrés, propres à sa famille et au reste des sommités un jour amies, pour lesquelles aujourd’hui il n’avait plus que l’allure de la vermine. Sous le regard du Chiss, le gosse ne cille pas. Il se fait plus grand, comme un animal qui se défend étire son corps de sauterelle maintenant requinqué depuis qu’il a posé pied sur la base de l’alliance. La misère derrière lui, Tadjedine retrouve les traits nobles de son ancienne condition et les boucles épaisses que la crasse a planqués sous des jours sans pouvoir se laver ni se nourrir comme le réclame un corps si jeune. La peau s’est parée de ses constellations de tâches de rousseur et le sourire est plus facile à trouver mais devant l’autre qui s’est sévèrement penché par dessus son étale de bric et de broc, l’ancien apprenti se contente de redresser ses épaules. "Qu’est-ce que tu crois que tu peux en faire, gamin ?" L’autre, il a une voix de maton rodé à l’impertinence, fait grincer ses lèvres autour du mégot. La voix s’est enrayée sous le tabac. "C’est du supraluminite, à ton avis qu’est-ce que tu imagines que je peux en foutre, Sesu ?" C’est pas que le géant est con et méchant, c’est que Tadjedine sait parfaitement comment jouer de la patience de ce genre de roublard. Il y a un sourire et un rire gras du mec tout bleu, la gorge tousse d’avoir trop tiré sur les cigarettes. Elles s’enfilent entre ses lippes comme des perles sur un collier. "Tu devrais faire attention à ta gueule petit. Theed j’ai bien l’impression que c’est plus pour toi."
La sentence ne le froisse pas. C’est un fait dont il s’est saisi de toutes les échardes. Naboo, paisible et tranquille berceau de ses années adolescentes, a la gueule parée de dents qui entendrait bien le croquer si d’aventure il s’autorisait une incartade trop imprudente. C’est ironique autant que c’est drôle. Alors il sourit, le nez bien baissé sur la fiole d’aluminium qu’il tient entre ses doigts gantés. "Tu t’inquiètes trop." Il fait et le mec ça le fait marrer aussi. C’est-à-dire qu’il gagnerait gros à la dénonciation du gosse qui s’est fait si longtemps passer pour un commercial et se fraie aujourd’hui au vu et au su de tous un petit chemin tranquille parmi les brigands. Mais Tadjedine sait que si l’appétence du stupre pour ces profils est grande, la fidélité est davantage importante. Rapidement, il jette un coup d’oeil au bordel, prend quelques breloques pour les étudier, en fait tomber d’autres. Il s’amuse d’un genre de droïde minuscule à la forme d’arthropode qui s’agite sous sa saisie. Celui là ne plairait pas à Atlas, il se dit. Ce n’est pas, du reste, ce qu’il entend lui rapporter de sa petite virée à la capitale. Le sourire sur ses lèvres se fait plus tendre, la pensée a quelque-chose d’une caresse, avant qu’il ne revienne à la réalité. Rapidement, les pièces tombent de sa main, c’est plus que ce que ne vaut le supraluminite mais le Padawan ne fait pas d’histoire, alors que le regard est attiré par l’écran aux informations en continue derrière le Chiss.
De tous les bâtiments et de toutes les structures des quartiers est, l’opéra théâtre est sans doute celui qu’il a toujours préféré. Même retranscrit sur écran en qualité douteuse, il ne s’empêche pas de le trouver impressionnant, a fortiori lorsqu’un évènement comme la venue d’une troupe de Coruscant vient se donner en spectacle aux sénateurs et autre gratin. Tranquille, il s’appuie sur l’étale, provoque un début de grief de la part de l’autre alors que dans son crâne se profile une idée idiote, une idée très bête qui ne le quitte pas. Sur l’écran, le visage de satin finit par disparaître et la décision est prise. "Sesu, est-ce que je suis assez beau pour aller à l’opéra ce soir ?"
Il ricane.

Adolescent, il a accompagné sa famille sur les tapis de velours qui brodent les escaliers en ne prêtant jamais attention aux colonnes vernies ni aux Stormtrooper déferrés à la sécurité. Il s’est gorgé de la richesse de son nom pour s’imprégner de tout ce qu’elle lui offrait, sans se poser plus de question que ne nécessitait sa position. Aujourd’hui il est édifiant de constater à quel point il est facile de glisser dans ce que l’on avait appris à haïr, par principe et commodité. Le paysage sculpté dans le marbre est resté le même. Les visages habitués ont peut-être pris un peu de rides, mais tout lui semble être à la même place que la dernière fois. Habile, le sourire sur la bouche comme dans les yeux, Tadjedine passe et passe les contrôles dans son identité fabriquée, repère les hommes en blanc pour ne pas se laisser apercevoir, grimpe entre deux corps massifs et bien endimanchés pour l’occasion qui l’escortent sans le savoir jusqu’au premier étage. A mesure que son ascension se précise, la foule est moins dense, lui se fait plus patient pour repérer une occasion de se faufiler, ingénieux, parmi les cerbères et autres clébards de la garde royale. C’est qu’il ne faudrait pas tomber sur un sénateur à la gueule bien connue. Certes Tadjedine s’est vu offrir quelques bons centimètres et la bouille s’est fait plus mature, mais la mâchoire a gardé ses angles bien particuliers, son nez la même arête en aiguille, ses cils les mêmes ourlets de poupée. Pour quelqu’un qui l’a connu, il sera simple de faire le rapprochement. Pour le Jedi en devenir, il n’y a pas meilleure cachette que la gueule des crocodiles.
C’est en tout cas ce qu’il a en tête, lorsqu’il sinue vers la silhouette haute et encombrée de tous les détails de feu sa royauté, patiemment assise et l’attention portée aux chanteurs sur la scène plus bas. Il ne prête pas attention, dans son élan, aux deux hommes qui lui saisissent les bras de chaque côté, lui coupe l’ardeur en un instant sous des protestations sourdes et qui se veulent discrètes. Tout gorgé par la crainte, le garçon se débat avant d’être coupé net par la voix sans appel de Zaryna. Les hommes de main ne demandent pas leur reste et les poignes se relâchent sur le gamin qui ne leur jette pas un coup d’oeil lorsqu’il prend place, sans un regard d’abord, aux côtés de celle qu’il avait un jour admirée.

"Your Grace." il commence et le sourire est carnassier. Le titre ne changera pas. Quelque-part, sans doute en est-il incapable. Il y a tellement de souvenirs aux côtés de celle qu’il a escorté aux quatre coins de ses convictions, sur des planètes dont il ne se rappelle même plus les noms. Zaryna avait tout d’une reine. Et désormais ? Un regard lui suffit pour comprendre que malgré tout ces jolis détails d’or et de pierres, son silence se veut à la gouvernance de l’Empire.
"Je suis venu voir une vieille amie." Lâche t’il, le ton blanc. Avec précaution, son regard se détache de la femme sur scène pour se poser sur la véritable comédienne de l’histoire. "J’ai pensé que l’occasion serait bonne. Comme autrefois." Les facéties de ses traits se mêlent à un regard plus lourd et il hume, tranquille et grave, sans s’encombrer de trop de parades pour s’adresser à une personnalité de son statut. Comme autrefois.

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I observe more than I speak

ft. @Tadjedine Shaetris

La Chancelière Everis avait une voix posée et un visage stoïque, un masque créé par les années et l'expérience.
À mesure que les années se sont écoulées, elle avait appris à masquer ses émotions et ses pensées pour se protéger. Cela lui avait demandé un long travail sur son souffle pour contrôler chaque tonalité de sa voix et ne pas se trahir mais aussi pour développer son éloquence en tant que sénatrice. Elle était bien loin de la petite princesse qu'elle était quelques années auparavant alors qu'elle ne prenait guère la peine de cacher sa joie ou sa déception, elle n'avait alors aucune raison de le faire. Mais maintenant, c'était bien différent. Elle devait laisser ses convictions personnelles de côté pour sa propre survie et d'un point de vue extérieur, cela aurait pu ressembler à de l'ambition ou de l'égoïsme mais il n'était pas question de cela pour Zaryna. Non, elle tenait à sa survie parce qu'elle pensait avoir la force nécessaire pour protéger son peuple et la planète sur laquelle elle avait vu le jour et grandit. Adolescente, elle aurait voulu lutter contre la corruption qui régnait dans les hautes sphères de Naboo et aujourd'hui, elle avait bien d'autres priorités avec l'Empire dominant la galaxie. Mais cela ne voulait pas dire que la corruption avait disparu et qu'elle ne désirait pas lutter contre mais il y avait tant d'autres choses à faire, de lois à proposer et de textes à suggérer au Sénat.

Elle repoussa ses pensées, cette soirée, elle devait laisser tout cela loin d'elle pour reposer son esprit et se libérer des nombreux poids qui pesaient sur ses épaules. Mais bien vite, sa situation se rappela à elle lorsqu'elle remarqua la présence de son vieil ami et qu'elle le laissa passer pour qu'il puisse rejoindre sa plateforme et prendre place à côté d'elle. Il prononça ce surnom qu'il avait toujours employé pour elle malgré ses protestations et elle sentit son cœur se serrait en lui rappelant les années d'insouciance qu'ils avaient connu ensemble mais son visage peint en blanc resta impassible. Ils n'étaient plus dans le même camp désormais.
Comme autrefois. Il ne restait rien de cette époque et ces mots étaient douloureux à entendre. Ils ne pourraient plus être amis, plus maintenant. Pourtant, sans doute avait-il eu raison de fuir l'Empire et les Sith. Elle aurait fait de même si elle était née sans responsabilité, simple citoyenne vivant dans les rues de Theed libre et sans contrainte. Cependant, elle refusait de fuir et préférait ployer le genou pour assumer ce rôle pour lequel elle était visiblement née.

« Cette époque est, depuis longtemps, révolue. »

La jeune femme ne pourrait nullement le laisser partir d'ici librement, il était un hors-la-loi et recherché. Si elle ne tentait pas de l'arrêter, elle irait à l'encontre des lois de l'Empire qu'elle servait et avec lequel elle s'était désormais alliée. Elle tourna la tête et prit une inspiration, délicate, discrète mais suffisamment profonde pour lutter contre le pincement qu'elle ressentait au plus profond de son cœur. Elle était entrainée à masquer ses émotions, pas à lutter contre. Au fond, sous le masque de la Chancelière, la véritable Zaryna compatissante, aimante et tolérante était encore en vie et n'attendait que le jour où elle pourrait se montrer à nouveau. En attendant, elle continuerait de porter un masque avec fierté.

« Un hors-la-loi n'a pas sa place ici. »

Zaryna aurait voulu ne jamais avoir à dire ses mots à un ami mais elle devait cesser de le considérer ainsi pour son propre bien, pour sa survie et pour Naboo. Serait-il à même de le comprendre ou briserait-elle définitivement le lien qui les avait uni pendant un temps ? Aussi douloureux que cela puisse être, elle serait en revanche prête à sacrifier ses amitiés et trahir ceux qu'elle avait autrefois apprécié pour protéger le plus grand nombre.

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I am so tired of waiting aren’t you, for the world to become good and beautiful and kind? Let us take a knife and cut the world in two — and see what worms are eating at the rind -- @Zaryna Everis

Déchu de son statut sous impunité, Tadjedine glisse un pied dans le traquenard tendu par ses propres soins. Il n’en prend pas la mesure - pas encore - trop occupé à penser ses amitiés comme des entités immuables incapables de changements. Les bonjours et les au revoir, les sourires cristallisés dans sa mémoire qui ne se fanent pas même face à la réalité. Il lui faut du temps pour faire la part des choses ; c’est la où se joue sa candeur. Mais voilà, le gosse est là, avec ses traits frais et à peine adultes, rompu à l’exercice d’infiltration et trop orgueilleux pour croire que l’on lui placardera l’étiquette de crétin gobe-mouche à grands coups de couteaux dans le dos. Les années élimées à être le judas n’ont en rien entamé la confiance quasi déifiée qu’il a su tisser de son passé à la lumière du first order et de ses passes-droits. Tadjedine avait toujours trouvé fades les ambitions de sa famille; elles n’avaient pas valu le coup de payer si fort le prix de sa trahison. C’est factuel. Qu’il cherche ou pas, sous chaque casque blanc, le visage, la carrure de sa soeur, rien ne saurait rattacher ce qu’il a volontairement coupé. Il n’y a plus rien à regretter sinon, parfois, les amitiés laissées derrière. C’est un moindre mal. Sa présence est un coup de moue.
Il ne sait pas ce qu’il est venu faire par ici. Il ne comprend pas sa présence sur le balcon, au dessus de la roture de Theed, à regarder d’un oeil torve la superbe sur scène. Le chant est lyrique, donne a l’espace une dimension qu’il ne lui connait pas. Une seconde, peut-être deux, il le laisse s’infuser pour mieux reprendre le contrôle de sa respiration. C’est pas la providence qu’il vient trouver, c’est pas la réunification miraculeuse ni les embrassades d’une femme qu’il n’a connue que sous ses traits royaux. C’est même pas un sourire, qu’elle lui a pourtant jadis accordé.
Zarynas Everis, reine des reines.
Reine de rien du tout, gouvernante d’une famille disparue et sujet de ceux qui l’ont écrasée.

Le regard se plisse et Tadjedine redresse sa colonne, la déploie lentement pour mieux s’avachir contre le siège de velours. Il grince à peine, sous son poids. En pianotant à la diction d’un métronome sur l’accoudoir, ses doigts gantés ne font pas de bruit. Il s’impatiente mais ne dit rien, trop occupé à savourer le soulagement qu’elle l’ait reconnu et l’inquiétude de connaitre sa position sur leur présente relation. Il y a un rictus, minuscule et que l’on ne voit pas, entre ses sourcils. Un froissement de ride, une lèvre qui frémit et l’émotion qui lui dégringole du regard jusqu’à lui faire serrer les dents et stopper net le battement régulier de ses phalanges. La musique s’arrête et pousse l’effet dramatique. Tadjedine ne bouge toujours pas, à l’instar de son homologue coincé dans ses dispositions. Il sait trop bien ; toutes ces choses que l’on est prêt à faire pour protéger ses convictions. Les syllabes grincent, pourtant Zaryna continue. Cette fois, l’ancien apprenti se prête à un regard vers elle. Il n’y a plus de sourire, il n’y a plus de boutade jetée à la figure princière. Ils se rencontrent, au travers des yeux se cherchent et se trouvent. Ils se rencontrent et le Jedi n’aime pas ce qu’il voit.

"J’aurais aimé un autre choix de votre part." Qu’il fait, la voix blanche et calme. "Les sièges du Sénat ne vous sont pas hostiles pour le moment, mais vous savez mieux que moi que la politique est un patrimoine passionnel." En se penchant un peu vers elle, il retient sa respiration. "Le jour viendra où vous n’y aurez plus votre place, Zaryna. Demain ou dans trois ans, ce n’est que du sursit que vous vous accordez." De nouveau, le chant enrobe le ventre de l’opéra et met en musique cette scène tristement définitive. Derechef, Tadjedine s’installe, spectateur improvisé d’une pièce dont il ne connait même le nom. Lorsque les notes s’aiguisent et montent, il sait déjà par quel chemin il faudra partir. "Ne les appelez pas encore."

L’enfant n’a pas besoin de négocier pour sa liberté, il ne fera don de rien et ne demandera pas la réciproque. Le goût n’est pas amer, à peine aigre sous la langue. Chacun à sa place; il se dit. Peut-être que celle de Zaryna se trouve sous à la lumière de l’Empire, fardée de promesses et du poids de ses espoirs. S’il fallait, par nature, devenir ennemis alors il ne disposera plus de cartes à lui offrir et reprendra sa main tendue. Les méfaits tombent dans la même poussière, et ils n’auraient plus rien à se dire.

A NEW HOPE THE DARK SIDE

» brennisteinn. (tadjedine)
» the lost tomb (Tadjedine)
» dissolve the night (tadjedine)
» unnatural selection » tadjedine.