I was doing fine without you, 'till I saw your face (veereen)

Il y a avant, et il y a maintenant. Voilà ce que Vee se dit. Voilà comment fonctionne sa vie, maintenant qu'il est de retour sur pieds. Le chemin a été difficile. Il se souvient, encore, des disputes nombreuses en compagnie de Jun-O mais de Bram également. Vee pense souvent chacun des mots qu'il prononce, même les plus violents, les plus vifs, venins. L'androide n'a jamais réellement tilté ; il a pris chacun des mots et les a fait sien, en a pris une part, celle lui convenant, et l'a déformé pour créer quelque chose d'acceptable. Vee lui a craché au visage, la première fois. Il l'a fait, réellement, lorsque Jun-O lui a mis sa propre jambe sous le nez. Lorsqu'il s'est fait implanté celle trouvée, grinçante et malmenée. Vee l'a détesté. Mais il a détesté Bram, aussi, presque aussi fort. Des paroles cruelles pour être en contraste avec les baisers posés au bord de ses lèvres. Des regards noirs pour ceux qu'il lui accordait, dans le noir. Il les a détesté parce qu'il se détestait tout au long de ces mois difficiles. À certains moments, Vee se déteste encore. Il possède un regard dur sur sa personne, sur ce corps qui l'a lâché, sur le passé qui est à moitié effacé. Les noirceurs de son esprit ont laissé des marques sur sa relation avec Bram ; les baisers ont cessés, comme les regards, mais parfois, Vee se demande si les hurlements sont toujours là. Il n'a pas réellement vu Bram, après tout, depuis leur dernière dispute. La relation a cessé dans un éclat comme plusieurs choses dans sa vie, certainement. Vee ne possède pas une connaissance parfaite de son passé ; il n'en possède rien, pas même des images précises. Il aimerait en posséder.
Il aimerait posséder plus que des fragments, plus qu'un sourire, qu'un écho étrange le prenant par les trippes. Le regard ne se défait pas de Shireen. Les yeux brûlent. Un mélange entre les allergies, la panique et l'angoisse, mais aussi son refus puérile de cligner des yeux. Il se dit que, fermer les yeux une maigre seconde, l'autre pourrait disparaître. C'est ainsi que fonctionne les rêves. Souvent, ils s'effleurent et brusquement, il n'en reste plus rien. Que des poussières dans son esprit, et le vent les envoie au loin. Vee a beau les chasser, tenter de les attraper entre ses doigts, il n'y parvient pas. Elles sont trop fines. Trop délicates, fragiles.
Un simple coup de vent et il n'en reste plus rien.
Les premiers temps, il y avait cette angoisse dans ses trippes, celle de voir ses nouveaux souvenirs finir comme ceux qui ne sont plus là. Le sommeil manquait, les yeux gardés ouverts. Le médic avait le sentiment que, les fermer, il se réveillerait le lendemain matin comme une page blanche, uniquement habitué par des échos venant de ses rêves et des profondeurs de son esprit. La peur est encore là, à l'occasion. Certaines nuits sont blanches pour que sa mémoire ne le devienne pas.
no... not me. Le souffle est court, faible, au bord de ses lèvres. Il tremble un brin. Les doigts aussi. Mavee ne cesse de s'accrocher de la même manière qu'il le faisait pour ne pas s'endormir. Il ne veut pas le voir disparaître. Peur enfantine dans son coeur qui se glisse dans l'ensemble de son corps. Il pourrait être habité par une forme de honte quelconque, mais Vee n'en ressent pas. Il n'y a que Tresh pour lui faire honte. I cried someone I cared for. someone I... Un silence. Un haut le coeur. Un tambour dans son ventre. Un tremblement dans ses doigts. Vee cligne des yeux et une éternité défile derrière ses paupières. Il a peur de tout perdre, que tout cesse mais quand il les ouvre, il entend ; someone I loved... Et il le sent se fondre contre lui, solide. Le coeur n'est plus contre sa main. Il est contre le sien. Et la tête lui tourne. Le geste est mécanique ; la main qui se pose contre sa crinière, contre sa nuque, pour le garder contre lui. Le regard se pose sur le bleu du ciel et Vee ne pense pas à l'odeur du port, à la puanteur de l'eau ou encore, à celle des fleurs venant du lointain. Il sent Shireen contre lui et n'entend que les paroles qui ont été prononcés. Guerfel qu'il fait, insulte, mais le ton est bas, et les doigts dans ses cheveux sont doux. are you crying again ? i'm just here. Il désigne son front et puis son visage, le libère de ses cheveux pour l'observer. Le sourire n'est pas là. Les yeux sont humides, rouges, comme les joues. Vee grimace et inspire un coup. Il y a des sentiments, en lui. Quelque chose qu'il ne prend pas le temps de définir. Il se demande, brièvement, s'il était ainsi avant. S'il s'attardait sur ses sentiments pour les comprendre et y mettre un nom. La chose semble profondément ancrée en lui. Tout ce qu'il sait, à l'instant, c'est qu'il n'apprécie pas la vue. Il n'aime pas ses larmes, n'aime pas l'absence de son sourire. Quelques minutes plus tôt, il entendait son rire. Maintenant, il chasse les larmes sur sa joue du revers de son pouce. stop now. you look dumb. Les yeux de Shireen sont sombres. Aussi sombres que l'univers l'est, quand les étoiles sont loin, quand aucun soleil ne se trouve à proximité. Ils lui rappelent le ciel de tatooine, la nuit, lorsqu'il se refusait à fermer l'oeil. Ou alors, peut-être est-ce l'opposé. Seul le passé possède la réponse. chut chut. hm, okay ? Mavee est mort. Vee est en vie. Vee est Mavee, mais Mavee n'est pas Vee. Ou peut-etre est-ce l'inverse. Les larmes ne coulent plus mais Vee les efface encore. Geste répétitif, le pouce caresse la joue. still crying after three years ? qu'il demande, mais les mots portent une autre question. it's a lot of feelings. Les mots sont dits bas, doucement. Le pouce abandonne enfin la joue. Les lèvres se défont d'un soupir et, dans un geste simple, Vee rapproche de nouveau la tête de l'autre. Un moment, le menton se pose contre le front. Le nez est chatouillé par la crinière folle. Le parfum l'agresse enfin. i like your shampoo. or whatever. Voix enrouée par quelque chose. Le menton s'éloigne pour être remplacer par l'effleurement de ses lèvres contre le front, près de la crinière.

Reen est à fleur de peau, ses sentiments exposés  comme si il était nu devant Mavee. Les étaler devant les autres et une mauvaise habitude qui ne l'a pas quitté, il est bien incapable de mentir, de faire taire dans ses yeux la lueur de chagrin. Bien sur qu'il pleure encore, toutes ces années après. Il l'aime encore comme au premier jour, c'est quelque chose qui n'a jamais eu la chance de grandir en lui et qui est resté cette petite graine plantée. Aller voir ailleurs ne lui a pas traversé l'esprit, il n'est pas dans sa nature de regarder autour de lui. Pourtant Mavee lui a tapé dans les yeux, comme une étoile au dessus de sa tête qu'il reconnaître parmi toutes les autres et qui le guiderait où qu'il aille. Il aurait pu l'oublier, mais le faire ne lui aurait pas apporté plus de réconfort, il serait retourné à une solitude qui cette fois aurait été pesante puisqu'il avait goûté à cette amitié, ce semblant de quelque chose toujours mieux que le néant des autres. C'est ce qui lui a donné la force d'alimenter ce feu contre l'Empire alors qu'il s'était complètement abandonné à leurs principes. Il est tombé amoureux de Mavee comme ça, sans vraiment s'en rendre compte et sans chercher à lutter contre. Il préfère donner, il n'aime pas recevoir. Reen ne sait pas  comment il doit le remercier. Comment réagir quand ses doigts viennent essuyer ses larmes. Personne ne l'a jamais fait, avant.
Il se demande si il aurait laissé quelqu'un d'autre le faire.


Ce n'est pas parce qu'il est de nature généreuse qu'il se laisse facilement approcher. Si il a retenu une leçon, c'est qu'il doit se protéger des autres, puisqu'il ne peut pas se protéger de lui même. Il relève la tête et l'observe, maintenant que son visage est proche du sien. Il peut voir tous les petits défauts qui le rendent unique. Ce qu'il préfère, ce sont ses yeux clairs. Une fascination qui vient de son propre reflet, les siens sont sombres. Il admire ce qu'il n'a pas, comme il admire son assurance et son franc-parler.  Il lui suffit de se mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser, si il le voulait. Mais il n'a jamais embrassé et doute de savoir comme faire, il a vu des gens faire, sans avoir envie d'essayer. Il s'est seulement demandé ce que les gens ressentent, si c'est aussi doux qu'ils le prétendent ou si c'est douloureux. Ce n'est ni le lieu, ni le moment, ses interrogations ne feraient que rendre la scène plus gênante qu'elle ne l'est déjà. Shireen se pince les lèvres et se défile. Il ne veut pas tenter le diable et trop en demander. « you do ? »  Il y a une lueur d'espoir dans ses yeux qui est resté éteinte longtemps et qui reprend vie. Son sourire qui revient sur son visage comme le soleil qui se pointe après les nuages gris, il n'est jamais bien loin. Juste caché. « do you still like me ? » Do you still want me ? Il doute encore, peine à croire qu'après tout ce temps et ce qui lui est arrivée, Vee puisse avoir envie de faire quelque chose de ce qu'ils ont failli être. Il n'est peut-être pas trop tard pour reprendre là où ils se sont arrêté. Shireen veut bien aller à ce date qu'ils avaient prévu. C'est le seule qu'il veuille faire. Le reste ne le motive pas, retourner à son quotidien, à tout ce qu'il connaît. Il veut de la nouveauté. Il veut Mavee.
Cependant... reste encore la question de l'Empire. « il ne faudrait pas qu'on te voit. » Reen caresse sa joue avec maladresse, il égare ses doigts sur ses traits pour mémoriser son visage, pour s'assurer qu'il n'est pas une illusion. Le repousser est la dernière chose qu'il veut. « you must leave. and I must go back to them. » Maintenant, Reen sait où il doit le chercher.  Tout comme il sait que les chasseurs de primes ne restent jamais longtemps au même endroit... « j'ai encore tes affaires. tu devrais les récupérer à la maison.   » La porte est laissée ouverte, trop timide pour l'inviter ouvertement. Ses effets personnels sont dans une boîte. C'est Reen qui s'est dévoué pour vider ses quartiers quand il est mort. Bien sur, il n'a rien jeté.

Il y a des silences. Des silences aussi bruyants que n'importe quelle parole ; Vee possède un certain don pour ce genre de silence. Il s'est tu, longtemps. Les mots coincés dans sa gorge tandis que sa jambe était restée, en lambeaux, au traves des décombres de la capsule de sauvetage. Il ne parlait pas. Il ne voulait pas se servir de ses mots car sa voix était restée ailleurs. Pourtant, elle s'éveillait la nuit, forte et lourde, presque terrifiante. Combien de mauvais rêves a-t-il fait ? Il se souvient s'être réveillé une fois, une lame de couteau contre la gorge, Acil presque aussi paniquée que lui par le hurlement poussé. Elle n'a rien dit, un long moment. Ils se sont simplement fixés dans les yeux. Vee avait envie de lui dire de le faire, de le libérer, d'en finir. Peut-être l'a-t-elle entendu. Certains silences parlent plus que les mots, après tout. Pourtant, la tueuse s'est éloignée lentement, doucement, sans le quitter du regard. La lame a été rangé et, dans un geste presque tendre, elle a replacé la couverture sur lui avant de lui indiquer d'un signe de tête de dormir de nouveau. Vee suppose, encore aujourd'hui, qu'elle a veillé sur lui une grande partie de la nuit et des suivantes aussi lorsqu'elle était là. Comme si sa simple présence éveillée pouvait cacher les mauvais rêves. Mais elle était là, Acil, sans un bruit et sans un mot lorsqu'elle hurlait, juste à mettre une main sur sa bouche pour le taire. Elle savait qu'il ne voulait pas affronter le regard triste de Jun-O ou encore, de Bram. Elle avait raison.
Il y a des conversations sans un mot.
C'est une chose que Vee a appris. Il ne sait pas s'il le savait, avant. Peut-être que oui. Peut-être que Shireen le lui avait montré, déjà, par le passé, d'une autre manière.
Il y a une conversation sans un mot, sans un geste, sans un souffle, juste là.
Juste ses doigts contre sa chair, juste ses lèvres sur son front, un peu avant, et les iris qui se croisent un moment. Les mots étouffent et hurlent au travers du silence, pourtant. Mavee possède un milliers de questions. Il possède des insultes et des questions, des ravages et des douceurs, aussi, dans sa tête et dans son âme. Il est fragile à l'intérieur de lui, encore, mais solide sur ses pas. Shireen voit-il tout cela ? À quel point il a été blessé par ce qui est arrivé, et à quel point les dernières années ont laissé des marques sur lui, ont été difficiles. Il aimerait hurler. Lui demander pourquoi il n'a pas été là. Pourquoi il ne l'a pas sauvé, pourquoi il n'a pas sauté dans la capsule avec lui. Il y a cette connerie dans son coeur venant de Jun-O et de Bram certainement, qui lui fait croire que l'amour peut tout changer, tout sauver, tout réparer. Mais l'amour est une chose et la magie une autre, Vee l'a hurlé suffisamment sur Tatooine pour le savoir. Il ne croit pas aux contes de fée ni aux belles histoires, il sait que la vie est dure et que le bonheur se mérite et se crée, n'apparait pas de nulle part. Pourtant, il a cette impression de l'avoir au bout de ses doigts, juste là, comme l'est le visage de Shireen, et de ne pouvoir le goûter entièrement. Il y a un gôût amer dans sa bouche, un goût venant des moments oubliés, de tous ces fragments qu'il ne possède plus et pour lesquels il vit un terrible deuil, à l'instant.
L'empire a détruit des mondes. L'empire a détruit son monde.
Des larmes dans les yeux de Shireen, des blessures encore apparentes. Il n'y a pas que sa chair et son âme de marquer par les événements. you do ? Il entend les mots et les comprend, sait le sous entendu retenu. Vee détourne les yeux vers la droite. Vers les passants, les gens. Il ne répond pas Que pourrait-il dire ? Mais il retient sur ses traits, sonr regard. Il se repose sur son visage et le voilà qui sourit encore, Shireen. Le voilà qui l'aveugle, le comble et le dérange, tout ça à la fois. do you still like me ? La bouche s'ouvre et les mots étouffent. Ils étouffent souvent. Que peut-il dire ? Il ne sait pas, certains jours, s'il s'aime lui-même. Vee observe son reflet, voit les marques contre ses bras, ses jambes, et ce bout de métal dont il ne veut pas encore, à certains moments. Le passé a laissé des marques vives, contre lui. i should ask you the same qu'il gronde au travers du bruit de la foule, de la masse, du port. Il en détourne le regard, avec les mots, le coeur lourd. Lourd de quoi, exactement ?
Lourd de Shireen, probablement.
Le souffle se braque entre les lippes. Elles s'ouvrent, débordent presque de mots porteurs de doutes et d'angoisses s'en allant et prenant forme. Shireen parle d'abord. il ne faudrait pas qu'on te voit. Les sourcils se froncent et le regard va ailleurs, affronte les environs. Il n'apercoit aucun uniforme. Il les connait par coeur, qu'importe s'ils ont été si rare sur Tatooine. L'image est marquée à son âme. Les doigts sont doux sur son visage. Les yeux se ferment pour profiter de la caresse. Faiblesse acceptée ; le visage se tend vers la main, les doigts, pour quémander à ce que le geste perdure encore un moment. Ne t'arrête pas, qu'il murmure. you must leave. and I must go back to them. Encore là, un froncement. Mavee pince ses lèvres et ouvre les yeux, le dévisage froidement. Il ne pipe mot, encore. Il reste silencieux. j'ai encore tes affaires. tu devrais les récupérer à la maison.   La main retourne contre le coeur. Les doigts glissent sur le tissu de ses vêtements comme un soupir le fait de ses lèvres. i don't care about my old things. don't fucking go. Il racle sa gorge, la voix lourde par quelque chose de rauque. Vee inspire, un coup. Il essaie de calmer la tension, en lui. La colère est souvent présente pour eux ; un problème avec son contrôle des émotions, sa manière de les exprimer. Il s'est tu trop longtemps. Il a tombé, il s'est cassé. j'ai du m'déplacer pour c'rendez-vous sans bouffer. tu vas m'laisser comme ça ? Les mots quittent ses lèvres, brusques et mal polies, familières. Comment ? Il ne sait pas. C'est un écho en lui, c'est quelque chose dans le regard. tu - qu'il commence, cherchant dans ses yeux une réponse. tu m'avais pas promis un repas ? C'est un écho lointain dans la tête. Une parole déformée qui revient parfois dans les rêves, assez dérangeante pour le pousser à se réveiller le ventre plus creux que vide, la plupart du temps. Vee a cette faim constante pour un repas qu'il ne connait pas. Rien ne lui plait parfaitement. Il y a une absence, constamment. faut pas qu'on m'voit ? j'suis mort, shireen. l'empire a l'arrogance de croire qu'ils savent comment buter définitivement les gens. ils m'cherchent pas. j'existe pas. Il est mort. Il est un fantôme. C'est ce que Gabyn se plait à dire au travers de rires gras, plaisanterie liée à son titre au sein de la pègre. Vee est, de son côté, un autre type de fantômes. Celui qui garde les spectres en vie. t'as juste à m'emmener à un endroit où on m'verra pas, si tu t'inquiètes. S'il te plait, qu'il ne dit pas.
Emmène moi avec toi.

Il n'a pas envie de le voir partir lui non plus, pas maintenant qu'il vient de le retrouver. Shireen n'a pas cherché, il se sent coupable de l'avoir abandonné, livré à lui même. La part raisonnable de sa conscience le console, il ne pouvait pas savoir, ne pouvait pas imaginer qu'il avait survécu d'une manière ou d'une autre. Les faits étant les faits, il a écouté ce qu'on lui a dit et pour son bien, il s'est résigné. Entretenir de faux espoirs aurait été plus dangereux qu'autre chose. Dans d'autres circonstances pourquoi pas, mais rechercher désespérément un signe de vie de la part d'un traître lui aurait coûté le même sort. Il ne peut empêcher ce sentiment de gâchis, cette impression que si il avait mieux maîtrisé la force, il aurait pu le savoir, il aurait ressenti l'appel de son âme à l'autre bout de la galaxie. Mais Reen n'a jamais été entraîné pour ça, il a fui devant les responsabilités qui s'imposait, comme il a fuit la vérité en se cachant derrière la version officielle, sans chercher à repousser les limites. Les barrières de son esprit. Elles se tiennent droites et fermes, toujours dévoué à un mode de pensée unique. Shireen ne dit jamais, ne fait rien qui puisse contrarier ceux qui placent d'immenses espoirs en lui. Mais il pense, il pense très fort, tellement fort qu'il se demande pourquoi aucun Sith ne l'a entendu. Personne ne pense à regarder au fond de son esprit, c'est là pourtant que se cachent les véritables secrets. Il aurait aimé pouvoir agir. Quelqu'un d'autre l'a fait à sa place, quelqu'un à qui il doit son éternelle reconnaissance pour avoir maintenu l'existence de Vee, qui n'est plus vraiment Mavee.
Cela n'a pas d'importance, tout qu'il veut encore de lui. Shireen se fiche de savoir qui il a en face. Cela n'affecte en rien ses propres sentiments. C'est toute une personne dont il s'est entiché, dont il va pouvoir découvrir une face caché que l'Empire a étouffé. Qui n'aurait pas pu s'épanouir autrement. Le soldat ne peut pas prétendre autant, c'est une bonne chose que Vee ait oublié car il n'a pas l'impression qu'il y ait grand chose à découvrir sur lui. Ou alors, lui même n'a pas encore élucidé certains mystères qui le concernent, à commencer par sa plus grande énigme. Ce qu'il veut réellement, ce qu'il désiré faire au plus profond de son coeur. Quitter l'empire est déjà un début de réponse satisfaisant. Avec Vee à ses cotés, l'espoir de franchir le cap renaît. Doucement mais surement. Bien qu'il veut encore de lui. Il a envie de tout savoir, ce qu'il est devenu pendant ces deux dernières années, ce qu'il fait avec Gabyn et sa clique, il pourrait même se contenter de son repas de la veille. Parler pendant des heures jusqu'à en avoir la gorge sèche, n'importe quoi qui le concerne. Par dessus tout, il n'a pas envie de le lâcher et ressentir le vide de l'absence de sa présence. Il enlace ses doigts avec les siens et s'accroche. Lui montre qu'il peut lui aussi s'accrocher. Reen n'est pas rassuré. Il restera tout de même.

Tant de promesses sont passées entre eux sans qu'ils ne les définissent clairement. Tout un univers de possibilités s'ouvrent à lui et Vee. Cette fois-ci, il espère qu'ils auront le temps d'accomplir tout ce qu'il a toujours voulu faire en sa compgnie, à commencer par lui faire ses plats dont il lui a longuement parlé. Déjà il l'embêtait avec ce projet stupide d'ouvrir un restaurant végétarien, quand il était fatigué et qu'il plaisantait sur une possible reconversion. Fatigué des combats et de l'incapacité de certains. « I like you. a lot. » Qu'il sourit à nouveau. « tu veux venir manger à la maison ? ce n'est pas très loin et... on sera tranquille Les informations peuvent attendre. Il dira que le messager avait du retard et qu'il ne souhaitait pas déranger quelqu'un pour si peu. De plus, Vee doit absolument constater les efforts qu'il a fait en cuisine. Une fois remis de sa peine de coeur, il s'est déchaîné sur ses plats. « anything you want. do you have a preference ? » Il a eu une bonne goûteuse, dont l'appétit est aussi vorace que Vee. Eon ne laisse aucune miette. « avec ton speeder on devrait y être en quelques minutes. » Et comme ça, il pourra s'accrocher derrière lui et tenir sa promesse de ne pas le lâcher. just say yes. » Il supplie, un peu. Ne regrette pas particulièrement.

Vee ne sait pas. Il ne sait plus grand chose, depuis un moment. La tête est vide et elle hurle pourtant. Le coeur déborde et il est sous silence, constamment. Il y a des choses qui ne se disent pas et d'autres qui ne devraient pas être là. Il possède une vision étrange de l'empire. Une image faite par les paroles prononcées d'Acil et de Gabyn, des élans passionnels venant de Jun-O comme de Bram, parfois. Il n'en connait rien. Il ne veut rien en connaître. Pourtant, dans sa mémoire, il y a des couloirs et des visages, des protocoles appris par coeur qu'il exerce encore lorsque ses compagnons sont blessés. Il y a des marques, en lui, faites au fer. Des routines que le corps n'a pas abandonné, des choses laissant des regards curieux se poser sur lui, parfois. On reconnait le membre de l'empire en lui, qu'importe si Mavee a perdu une part de son être et de son nom, en tombant du ciel. Il ne cherche pas à savoir quelle partie de lui-même leur appartient encore. Il ne pose pas de questions sur les choses qui ne l'intéressent pas. Vee préfère être en colère, hurler et gronder, demander le silence ou l'oubli au travers de sa rage étouffante. Il aurait besoin de discussion, à l'occasion, car lorsqu'il la laisse exister, c'est uniquement pour laisser planer un silence. Il ne trouve jamais quoi répondre. Mots trop nombreux dans sa gorge, dans son coeur, et rien sur le bout de sa langue. Bram lui en a voulu, longtemps, et lui en veut surement encore. Vee ne saurait dire ; il y a trop de choses dont il ne parle pas et le passé de leur relation en fait parti. Ils ont été quelque chose et elle s'est brisée, maintenant ils sont Bram et Vee, autrement. Il y a une familiarité avec la chose, comme s'il avait brisé un grand nombre de relations dans sa vie avant qu'elle ne se brise un peu comme lui. A-t-il brisé une partie de Shireen ? Le sourire dit le contraire mais Vee sait, pour cotoyer Jun-O depuis des mois. Les sourires sont plus douloureux que les larmes, parfois. I like you. a lot.   Mais le sourire est là, encore, et il brille aussi fort que les astres illuminant Tatooine. Les yeux de Mavee y sont sensibles mais il ne les détourne pas, pourtant. Shireen ne l'aveugle pas. Il lui vole juste le souffle, un moment. Et il teinte sa peau d'un doux rouge, également. tu veux venir manger à la maison ? ce n'est pas très loin et... on sera tranquille Des choses sont dites, d'autres restent sous silence. Des hurlements dans sa tête, des questions sur le bout de sa langue. Vee l'observe et ne dit rien. Les deux dernières années lui ont offert des silences qu'il ne sait pas manier. Des silences plus déconcertants que nombreuses de ses paroles. Il sait être franc, honnête, cru. Il blesse par ses mots. Il en porte les plaies. Mais ils étouffent, parfois, quand il y a trop. Ils restent dans le creux de sa gorge tandis qu'il observe Shireen dans les yeux. anything you want. do you have a preference ? Pourtant, il aimerait lui répondre. Les mots étaient là, il y a deux secondes. Maintenant, les doigts tremblent, le corps aussi. Vee est fragile, malgré lui. Il sent quelque chose dans ses yeux, pour obtenir ce qu'il désire. Loin des allergies qu'il oublie, proche de Reen qu'il a oublié aussi. Dont il se souvient, un peu, au travers de rêves et surtout d'espoir. La mémoire est cruelle. Peut-être lui crée-t-elle des souvenirs. Peut-être associe-t-elle cruellement Reen à toutes ces images de douleur qui l'ont effleuré, dans ses rêves. Il les a associé brièvement à Bram, autrefois, pour aussitôt réaliser que quelque chose n'allait pas avec le sourire. avec ton speeder on devrait y être en quelques minutes. Et Shireen continue, face au silence, et ne s'arrête. D'autres l'ont fait avant lui. Ils l'ont tous faits. Il n'y a que Jun-O qui s'accroche encore, qui ignore les cris lorsqu'ils naissent et qui détourne les yeux, au bout d'un moment, blessé par les projectiles. Mais il revient à chaque fois, acharné comme il est.
Reen est différent. Il reste, ne voit pas les plaies, ne voit pas les marques, ne voit pas les manques. Il voit Mavee, et Vee, l'un et l'autre, l'un sans l'autre. Vee ne sait pas. Vee sent ce noeud, dans sa gorge, qui s'accentue lentement. just say yes. Les yeux s'écarquillent, un moment. La tête oublie, toujours, les paroles juste avant. quoi ? qu'il demande, brusque, les sourcils froncés. Il se recule d'un pas. Le corps entier appuyé sur la jambe bionique, il n'a jamais été aussi solide et pourtant, il tangue par en dedans. t'es sérieux ? qu'il demande face à ce qu'il comprend. Il entend la confession dans le creux de son esprit. Il entend cette demande d'aller avec lui à la maison. j'ai une jambe en moins. des trous dans la peau. dans la tête aussi. t'as senti sous tes doigts. Il cherche des raisons, des excuses. Le médic liste les choses qu'il déteste, chez lui, ces choses dont il ne parle pas. Les mots débordent de ses lippes pour la première fois, qu'importe le nombre de fois où Bram et Jun-O lui ont demandé d'en parler, juste au moins une fois, pendant des mois. j'suis pas lui. j'ai oublié qui il est, lui. j'me reconnais même pas. Vee suit les miroirs, les glaces. Il connait son visage pour l'avoir observer, certaines fois. Il est aussi étranger qu'avant.
Il lui semble connaître le visage de Reen mieux que le sien, à présent. Combien de temps s'est écoulé, pourtant ? Si peu. C'est d'une niaiserie qui le ferait presque vomir. Mais il ne détourne pas les yeux, et tient ses doigts entre les siens. Il s'y accroche comme il refuse de le faire, au passé. Pourtant, Reen en fait parti. Et il lui demande de - farg. okay. sure. fine. why not ? Qu'il vomit presque de sa gorge, de son coeur, de son âme. Le regard reste ancré au sien. Vee hoche de la tête. yeah. why not. qu'il ajoute, plus bas, les lèvres se tordant faiblement. Le speeder est à quelques mètres derrière lui. Vee y lance un regard, l'iris revenant déjà sur Reen. Il hésite, brièvement, avant de lui tendre son casque. mets le. t'as qu'à conduire vu que  - qu'il a dit oui. Quelle idée. Vee fronce des sourcils, étrange face aux événements, mais calme. à la maison, c'est ça ? j'sais plus c'est où. Il part du principe qu'il a su, un jour. Selon les informations offertes par le bouclé, il a certainement su. m'achètes pas d'fleurs parce que j'ai dit oui. j'suis allergique. qu'il gronde, des paroles similaires à autre fois, un sourire bref au bord des lèvres, contenu mais vrai, qu'il dépose sur les siennes.

Si c'est sensé le décourager, c'est un peu trop tard. Reen ne comprend pas pourquoi Vee ressent le besoin de lui lister toutes les choses qu'il pourrait trouver repoussantes, ou qui sont sensées lui faire changer d'avis. Il se fiche bien de tout ça, pas un seul instant il ne pense à l'apparence de Vee. Si il est aussi agréable à regarder c'est un plus, même ses petits défauts ont de l'importance, c'est ce qui le rend unique. Reen les apprécie tous, c'est ceux là qui font qu'il aime Mavee et pas un autre, c'est parce qu'il a des détails que les autres n'ont pas. Qu'il soit entier ou non. Sa mémoire vacillante ou complète. Certaines choses ne changent pas, les souvenirs sont altérés, celui qu'il est au plus profond de son coeur est intact. Il le sent. Il est la personne la plus douce qu'il connaisse, rare sont ceux qui ont été aussi patients avec sa personne et qui ne cherchent pas à se servir de l'ascendant qu'ils peuvent avoir sur lui pour lui salir les mains. Un plaisir sadique, sans doute, pour tous ceux qui apprécient de voir son innocence se transformer en furie, répondre aux ordres sans le moindre doute malgré sa conscience qui s'en voudra après coup. Il voudrait mettre sa dévotion au service d'une cause plus noble qui ne les concerne tous les deux. Vee donne toujours un avis qui est sincère. Vee a toujours cette attitude qui laisse penser qu'il s'inquiète, qu'il fait de son mieux pour le manier avec précaution. Vee le regarde avec une intensité qui n'est pas présente chez les autres. Qui le bouscule, le déstabilise et fait naître un sourire spontané sur ses lèvres. Qui fait naître en lui une tornade d'émotions positives, rien à voir avec tous ses tracas lorsqu'il s'agit de l'Empire. Vee fait de lui un homme meilleur, un homme plus fort et qui plus satisfait de sa vie. Reen ne peut pas douter de lui. Il peut douter de lui même, d'être assez pour quelqu'un d'aussi solide que le médic, mais il ne peut pas douter du médic. Il lui accorde toute sa confiance, persuadé que ça en vaut la peine.
Entre ses mains, le casque, son poids et le poids des mots de Vee. Il fronce les sourcils et ne comprend pas où Vee veut en venir avec ses fleurs. Il n'a pas le temps de s'inquiéter des fleurs et des allergies de Vee parce qu'il l'embrasse. Ses lèvres sont sur les siennes. Reen se sent rougir avec violence. Il ferme les yeux et essaye de déterminer si il aime ce qui est en train de se passer. Demeure immobile et n'ose même plus respirer. Il ne se voit pas avouer maintenant à Vee que personne ne l'a jamais embrassé. Pas même pour essayer. Ce n'est pas quelque chose qui lui a traversé l'esprit, qui l'attire en premier lieu. Shireen est curieux, mais il n'a pas poussé l'expérience jusqu'au bout. Et maintenant, il a l'occasion d'être fixé. C'est agréable. Il ressent des picotements à l'intérieur de son corps. Encombré après le casque de Vee, il ne peut que glisser une main dans son dos pour essayer de faire durer le moment le plus longtemps possible. Il lui répond en initiant un autre baiser chaste, sur la pointe des pieds pour rivaliser avec sa taille de géant. Il reproduit le geste du médic, sur sa joue et sur ses lèvres. « It was my first kiss... » Il rit doucement. « ...with my first love. » Il trouve le courage de se détacher pour enfiler le casque et l'empêcher de continuer sur leur lancée. Pour se protéger de sa réaction si l'autre est refroidi pas son absence d'expérience. Reen se débat avec ses boucles avant d'être à l'aise à l'intérieur. Il est plus confortable que celui de l'empire. « tu as une petite tête » Il le nargue et rejoint le véhicule qu'il enfourche. Ils méritent un cadre plus sympathique que le port et les relents de poissons morts. Ils ont la maison pour ça. Reen est toujours nerveux en public, c'est plus fort que lui. Il s'attend à une humiliation, une attaque, il y a en lui le soldat vigilant qui ne connait pas de repos. « you comin' ? »


Fort heureusement sa maison n'est pas très loin. Détail important puisque le soldat n'a cessé d'être perturbé par Vee pendant le chemin. Il aurait préféré se concentrer sur ses mains agrippés à ses taille, malheureusement les doutes sont encore nombreux et entourent leur relation. Un avenir qui s'annonce flou et incertain, Reen a toujours eu au fond de lui la volonté de renier l'empire et tout ce qu'il représente pour lui. Il veut pouvoir s'en aller sans porter préjudice à Vee, pouvoir s'en aller sans que personne ne les trouve et être certain qu'il pourra rester avec lui, pour toujours. Il arrête le speeder devant une jolie arcade. Sa maison ressemble à toutes les petites maisons familiales de Naboo. Elle est seulement trop grande pour une seule personne. « on y est. » Reen lui rend son casque et replace ses boucles correctement sur ses épaules. Il prend le médic par la main et l'entraîne à l'intérieur. Sa portée d'entrée donne directement sur le salon avec une belle cuisine aménagée. C'est le coeur de la pièce. Sinon, l'ensemble est plutôt spartiate. Un divan chiné au voisin. Sur la table, l'hologramme d'une chaîne d'information parle dans le vide. Son droïde attend sagement dans un coin de la pièce. Il s'avance vers eux, un blaster tendu droit devant lui. par réflexe, Reen s'interpose entre B1 et Vee. Officiellement, le droïde croit lui aussi Mavee mort. Il anticipe sa réaction. Mais rien ne se passe. « SALUTATIONS OFFICIER MAVEE WAUL. » B1 baisse enfin son arme et retourne vaquer à son occupation favorite ; scruter le voisin. « euh... voilà. ça te plaît ? » Reen lui fausse compagnie pour aller dans la cuisine et faire réchauffer quelque chose. « désolé c'est un peu en désordre. » Faux, rien ne traîne. Reen n'a rien. « tu peux m'aider si tu veux. » Il lui propose, au lieu de l'inviter à s’asseoir et le regarder faire. Ce qu'il ferait si c'était Eon. Mais c'est Vee et il veut profiter de ça avec lui.

Un baiser est plus simple qu'un milliers de mois ; plusieurs choses lui manquent, d'avant. Vee sait, pourtant ; il sait qu'il a toujours favoriser les gestes aux mots car le coeur était vide de paroles, souvent, pour les autres. Il le sent ; il le sent, ce vide en lui, quand il pense aux formes floues qui ont parcourus ses draps et qui ont effleuré ses lèvres bons nombres de fois. Des questions ont été dans sa tête, brusques et violentes, lors de sa relation avec Bram. Tout était trop fort. Tout était trop brusques pour porter la douceur d'un amour comme Acil a pu lui en parler, une fois, quand elle en avait marre de les entendre hurler. Il pourrait en rire, Vee. Savoir qu'Acil lui a parlé d'amour. Et pourtant, la chose ne le surprend pas vraiment. Elle est silencieuse et cruelle, meurtrière, mais son amour pour chacun d'eux est aussi douce que féroce. Il suffit de l'observer, la cotoyer, pour savoir. Et Vee sait, en se perdant dans ses rêves et dans un passé fracassé, qu'iil n'y a jamais eu ça, en lui. Peut-être y a-t-il un écho lorsqu'il pense à cette femme, sa tante, presque une mère. Quelque chose de similaire, aussi, pour toutes personnes à bord du Bumblebee, même Tresh et sa manie de manger n'importe quoi. Même Bram, malgré les insultes et les coeurs brisés sans s'aimer comme on doit s'aimer, pour être à deux, mais s'aimer quand même pour que l'autre compte, au fond. Il ne sait pas encore, pour Shireen. Il ne sait pas et peut-être qu'il sait, au fond, à chercher ses yeux trop souvent, à s'accrocher et lui hurler des vérités que Bram lui a demandé pendant des mois, pourtant, et que Jun-o - Noon - demande encore, certains soirs, comme s'il se faisait psy à ses heures, quand ça lui tente. Comme si Vee avait besoin de parler de son coeur, comme s'il arrivait assez à le comprendre pour y poser des mots tout simple. Il n'y a pas que sa tête qui est en fracas. Le coeur a pris quelques coups, aussi, pendant la chute il y a deux ans. Les lèvres de Reen sont douces, sa main dans son dos aussi et le second baiser lui fait remarquer qu'elles sont sèches mais humides, en même temps, ses lèvres. Elles n'ont rien de parfaites. Elles goutent l'orangier. Pas le fleur, le fruit. It was my first kiss... Un rire s'élève et les yeux s'ouvrent. Déjà, Vee fronce des sourcils. Il y a quelque chose de lourd, de froid, en lui. Un milliers de questions, aussi. Il le dévisage sans comprendre à quoi pouvait bien ressembler leur avant. ...with my first love. Il reste là, les traits froncés et un rouge sur les joues, la nuque aussi, tandis que l'autre s'éloigne de quelque pas. tu as une petite tête Il tire une gueule, à l'entendre. Pour ce qu'il  a dit plus tôt, aussi. what ? qu'il gronde, parce qu'il ne comprend toujours pas. Il croit se souvenir que certaines personnes préservent certaines rôles pour la Force. Pour se lier devant la Force, quelque chose comme ça. Shireen voulait - you comin' ? Il expire par les narines, brusquement, le dévisage quelques secondes et oublie les questions. yeah yeah. sure. wait a sec. farg. Il marmonne les mots et presse le pas, le rejoint déjà et, sans hésiter, enjambe le spender et embarque derrière lui.

La route ne lui dit rien. Naboo, en soi, ne lui dit strictement rien. Vee a cette impression d'avoir passer une grande part de sa vie hors du monde, hors des mondes, loin des planètes. Un peu comme s'il se refusait d'avoir les pieds sur terre. Et pourtant, il se souvient des premiers moments à bord du Bumblebee lorsqu'ils ont quitté Tatooine pour se rendre ici. Il se souvient de la nausée, des maux de coeur. Peut-être venaient-ils de la panique, des échos de sa chute. C'est une question qui ne se pose pas, dont la réponse est évidente, pourtant. Mais Vee est dans le déni, fort, face à ces choses qui marquent un passé dont il se souvient, à l'occasion, malheureusement. on y est. Le regard quitte la nuque ; une simple boucle s'y trouvant, rebelle - pour se tourner vers la demeure. Vee tire la gueule, déjà. Elle est immense. Depuis combien de temps Reen est seul, dedans ? L'ont-ils acheté ensemble ? Sa tête est vide de ces souvenirs. Il ne les demande pas. Il y a une honte, quelque part, de se rappeler pareil chose. Il débarque et manque pied, brièvement, à cause du poids du métal. Les épaules se tendent et un casque finit entre ses doigts. Des boucles effleurent sa vision et des phalanges s'emparent des siennes. La lueur folle de Naboo les abandonne pour ne laisser qu'une lumière tamisée venant de la demeure. Vee cligne des yeux, prunelles sensibles. SALUTATIONS OFFICIER MAVEE WAUL. Il lève le menton - Reen est minuscule, malgré ses efforts de barrière - pour observer le droide de l'autre côté. ah. just vee now. qu'il répond, dévisageant la carcasse mécanique et le blaster tenu entre ses doigts. Il n'est plus pointé vers lui. euh... voilà. ça te plaît ? Le regard coule vers Reen, juste là, qui tient encore ses doigts. Vee ne sait pas trop quoi répondre. La décoration n'est pas au top. Devaient-ils la faire ensemble ? En soi, il n'a pas vraiment de goût, niveau déco. Sa chambre ne ressemble à rien. Le placard de Jun-O est plus en ordre et plus personnalisé que son lit et les maigres meubles qu'il possède. c'est okay. qu'il répond, honnête, sans vraiment savoir quoi dire sur l'environnement. Il ne saurait même pas dire si les couleurs sont agencées, c'est pour dire. désolé c'est un peu en désordre. tu peux m'aider si tu veux.  Le regard lorgne vers le droide, encore là, dans un coin. Il regarde quelque chose par la fenêtre. t'attends de la visite ou B1 est toujours aussi ... spécial ? Le nom percute, vient au bout de ses lèvres naturellement. Vee fronce des sourcils, une seconde. Il lorgne vers le droide un court instant avant de revenir sur Reen. Il est agité, sur un terrain inconnu. Le creux de son ventre n'aide pas. La chose ne s'agence pas avec les merdes qui ont lieu dans son coeur. peu importe. tu vas faire quoi ? Vee ne sait pas faire grand chose, en cuisine. j'peux m'occuper des patates si t'en as. on en faisait pousser sur tatooine. un vrai délire. tu connais tresh ? le p'tit compacteur. on s'en servait pour faire d'la purée. Il se garde de dire qu'elle avait toujours un drôle d'arrière goût. Celui de la paresse, certainement. Et un peu d'huile, aussi. Ou de graisse, au choix. Il mord sa joue, un moment, avant s'enfler ses joues une brève seconde. Il sait pas trop quoi faire, en vrai, Vee, au milieu d'cette maison. Y'a un truc qui lui dit qu'il y a jamais mis les pieds, et c'est le genre de choses qui l'agace. j'me sens comme un pauvre con qui s'souvient d'rien. qu'il balance, franc, cru, honnête. Le regard s'ancre à celui de Shireen. t'attendais un truc important ou j'sais pas, pour l'baiser ? parce que  - Il les désigne l'un l'autre, comme si ça expliquait toutes les merdes qui se trouvent dans sa tête. fIn d'solé si t'attendais l'mariage ou un signe d'la Force ou j'sais pas quoi. Il l'est pas vraiment, désolé. 'fin pas. j'suis pas désolé. qu'il crache, direct, dans ses marmonnements impossibles. Il hausse des épaules et ne continue. Il s'excuse uniquement si c'était un truc important que Shireen gardait. Ou peu importe.

Dans sa cuisine, c'est l'effervescence. Reen court de droite à gauche, sans vraiment courir. Il allonge ses pas, ouvre un placard et saisit un plat avec aisance, il n'a pas même pas besoin de regarder où il met les pieds. Tous ses gestes tombent sous le sens d'une danse qu'il est le seul à maîtrise. Il sifflote un air qu'il a entendu à l'extérieur, sur lequel il ne remet aucun nom. La présence de Vee le rassure entre ces murs trop blancs, trop grands, dans cette pièce qui est si froide au quotidien. Il ne cache pas son sourire quand l'autre reconnait le droïde qui lui tient compagnie depuis la fin de la guerre maintenant. Il a toujours été comme ça, lointain et très loin de se comporter comme un droïde de combat écervelé. Reen n'aime pas l'emmener avec lui lors de ses missions, effrayé qu'on puisse lui voler sa moitié. Il s'y est attaché, l'aime aussi fort qu'un être humain. Même plus fort encore que des amis qu'il a pu se faire lorsqu'il était à l'école, à l'armée. Certes, il ne peut pas avoir de discussions complexes avec lui, même si B1 a de nombreuses connaissances - qu'il n'est au passage pas censer possédé. Shireen a rapidement comprit qu'on l'avait reprogrammé. Pour une raison qui lui échappe, c'est lui que le droïde à choisit comme maître. Il hausse les épaules, ne sachant pas comment raconter tout ça à vie sans verser dans le mélodrame. Histoire d'un petit robot qui a perdu son papa et qui ne va jamais le retrouver. Shireen n'a aucune envie de le rendre, il a initialement cherché dans la base de donné son créateur, en vain. Pas une seule information sur lui, comme si on l'avait effacé. Ou qu'il était à la feraille depuis tellement longtemps qu'on s'est débrassé du peu de fichiers sur ses services. « il monte la garde. en fait, il se comporte comme un animal la plupart du temps. juste... non... ne lui envoie pas de balle. » La dernière fois qu'un ballon s'est égaré dans le jardin, il s'est fait pulvériser. Gérer la crise B1 a prit des heures.
Par morceaux il reconstitue les mésaventures de Vee, découvre qu'il était de passage sur Tatooine. « yes, you can do that. I want to cook with you. » Est-ce là qu'il s'est écrasé ? A t-il perdu sa jambe dans le crash ou bien on lui a fait du mal ? « tresh is your friend too ? it's so cuuuuute... j'ai un boite avec pleins de trucs qui servent à rien, tu devrais lui donner il sera content. » Reen n'a pas cherché à savoir et ne se voit pas lui poser la question. Nombre de ses mots lui paraissent étranges, or il ne veut pas le brusquer. Arracher des souvenirs douloureux qui doivent prendre le temps de remonter à la surface si le médic ne veut pas finir noyé sous le poids de sa propre identité volée. Ce sont des choses épuisantes, Shireen ressent sa confusion à travers la force, mais il ne sait pas comment faire taire ses inquiétudes sans lui apporter encore plus de questions. Quand il lui demande pourquoi il s'est préservé et parle de mariage, cette fois, Reen sort le nez de la sauce qu'il en train de préparer avec des restes de viandes et de légumes marinés. Il l'observe longuement. Le souffle coupé. Il doit y avoir un malentendu. Il ne se souvient pas... enfin... Non. « uh what ? » Sans grand éloquence, il essuie son front avec son tablier et frotte ses mains sur un torchon pour se rapprocher de lui. Il encadre son visage et caresse sa joue du bout des doigts. Un geste qu'il se met à apprécier. C'est sa manière de le rassurer, de lui exprimer ses sentiments. Il a vu d'autres personnes le faire et il aime le concept. « what are you talking about I... » Il soupire. « I never wanted to. you it's different. I don't understand why, but it's different. » C'est aussi simple que cela. Est-ce que dans la culture de Vee, un baiser équivaut un mariage ? Reen n'est pas contre, même si c'est un peu tôt. « don't you want to try me before ? I mean... you don't even know If you're going to be happy with me. » Et si il n'aimait plus sa nourriture ? Si il n'arrivait pas à le satisfaire ? Il sera forcément déçu, quand Reen lui avouera qu'il n'a jamais couché avec personne et qu'il ne saura pas le rendre heureux sur ce plan là. Il peut le nourrir autrement, mais tout le reste est entièrement nouveau pour lui. L'effraie terriblement. Reen ne veut pas le pousser dans une relation qui le rendra malheureux. Il mérite mieux, tout de même. Il mérite d'être heureux et qu'on lui fiche la paix. Sa main quitte son visage pour attraper les siennes qu'il pose sur son coeur. Ça aussi, c'est un geste qui leur appartient maintenant. Reen doute, mais ne se décourage pas. « it was great. i can't wait to do it again with you. kissing. » Il sourit, à nouveau, un grand sourire. Vee le fait toujours sourire.
Vee le rend tellement heureux, qu'il se rend compte qu'il avait oublié ce que c'était vraiment. Le bonheur.

Le regard lorgne vers la boite de déchets offertes et s'en défait. Tresh, un ami ? Vee a ce sourire, un brin, au coin de la gueule, à entendre la manière dont Reen entend les choses. C'est un peu débile ; c'est débiilement con, même, mais ça le fait rire un peu, à l'entendre parler comme si Vee avait 10 ans et qu'il lui parlait d'un autre môme qu'il avait rencontré à l'académie. Et puis quoi, encore ? Il garde un soupir entre ses lèvres et le rejoint dans la cuisine, le regarde faire et hésite, un moment, avant de se mettre au travail, aussi. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il n'aime même pas faire à manger. Vee s'ennuie presque des repas de la cantina. Il n'en connait plus la saveur certes, mais il se souvient de juste payer un plateau et de manger ce qui se trouve à l'intérieur. De ne pas se prendre la tête avec la préparation du repas. Il n'a jamais la patience, pour ça. Il n'en a pas plus, maintenant. Acil mange un peu n'importe quoi, souvent comme un ogre, tandis que Gabyn ose avoir des caprices à l'occasion. Des plaintes insupportables, des commentaires par ci par là, comme si Vee lui devait un parfait repas ou une connerie du genre. Vee sait bien, à voir sa gueule et ses yeux qui brillent comme s'il était devant des joyaux quelconque, que le mercenaire se paie sa gueule. Il serre les dents et l'assasine d'un regard plutôt que de répondre, quand il voit son air fier sur sa gueule, parce qu'il sait que l'homme veut juste le faire réagir. Comme s'il faisait sa part des choses en le mettant en colère. À force de l'entendre si silencieux, sur Tatooine, Gabyn est heureux quand il gronde haut et fort, peu importe la raison.
Vee n'aime pas la cuisine. Il sait faire des repas, il sait couper les légumes, mettre les épices, mélanger les ingrédients. Il n'en a pas la patience, juste. Il y a des droides, non, pour couper les patates ? Le regard lorgne vers B1, une seconde. Peut-être qu'il pourrait l'aider plutôt qu'à regarder par la fenêtre. Jun-O propose toujours son aide. Jun-O propose toujours son aide pour tout et n'importe quoi, moins dernièrement, parce qu'on joue dans sa tête et qu'on essaie de défaire les merdes loyales qui ont été instaurés dans son esprit. Vee regrette juste qu'il s'offre moins souvent pour faire la cuisne et l'aider mais encore là, l'androide sait pas cuisiner. Son estomac s'en rappelle encore.
Les lèvres se tordent ; fine moue presque gamine, avant qu'il ne se concentre sur ces patates à la con. Il a proposé son aide, après tout. Et il a parlé de purée. Vee n'aime pas revenir sur ses paroles. uh what ? Occupé à retirer la peau des pommes de terre, il tourne la tête vers Shireen, brièvement. L'autre a cet air, sur la gueule. Il paraît bête avec ses deux trois mèches qui lui tombent sur le front. Boucle d'or devrait attacher sa crinière pour faire la cuisine. tu r'ssembles à rien qu'il commente entre ses lèvres, paroles grondées. Shireen s'essuie et s'approche, pose ses mains qui sentent la viande crue et les épices contre sa gueule. Elles sont froides. Vee grimace un peu, avant de croiser son regard. La moue reste là. La nuque est rouge. what are you talking about I... Finalement, peut-être que couper les patates étaient un peu moins chiants que parler. Vee n'a pas forcément envie de communiquer. C'est une merde qui l'emmerde un peu plus que couper les légumes. Surtout parler de lui-même. Parler d'eux, il ne sait pas. Il ne connait pas. Avec Bram, ils hurlaient d'eux. Ils n'en parlaient pas. Ils en soupiraient aussi, dans les draps, mais parler ? Vee ne voulait pas parler. Il n'a jamais voulu parler de choses qui n"étaient pas là. Pour dire quoi ? Je ne t'aime pas ? Il aimait Bram. Juste, pas comme ça. Il l'aime encore, loin, et peut-être qu'il aurait besoin de lui parfois pour sa jambe qu'il déconne, mais Vee n'a pas encore pris le temps d'aller le voir depuis qu'ils sont arrivés ici. I never wanted to. you it's different. I don't understand why, but it's different. Vee l'observe, dans les yeux. Les mains de Shireen sont un peu plus choses. Ses machoires sont toujours serrées. Il expire, un brin, par les narines. hm Il marmonne, comprend un peu. Il ne connait pas sa tête, trop en bordel. Il ne connait pas son coeur, aussi malmené que l'autre. Mais il comprend ça, au moins. don't you want to try me before ? I mean... you don't even know If you're going to be happy with me. Il tire la gueule, sur le coup, Vee. try you ? the fuck are you takling about. you're not some prototype or whatever. L'ironie des mots. L'ironie du coeur. Vee a testé plus de lèvres que de coeurs. Vee les a jeté comme de vieilles chaussettes, avant, car le coeur n'était pas atteint par leurs émois. Tragédie de les voir s'éprendre de lui lentement, douloureusement, tandis qu'il se rendait compte au fils des semaines qu'il ne les aimait pas, de son côté. Et pourtant le voilà à cracher sur l'idée proposée, sur la tournure des mots. it was great. i can't wait to do it again with you. kissing.   Et il ose être niais, en plus, cet idiot. Avec son sourire et ses boucles et ses yeux à la con qui brillent, comme l'espace. On dirait la putain de vue qu'on peut avoir d'un hublot, une fois dans le ciel. Vee expire par les narines, encore. ouais ? bah pourquoi tu l'fais pas ? qu'il demande, et il n'attend pas particulièrement de réponse, se contente de poser ses mains contre les poignets de l'autre et de se pencher un brin pour l'embrasser, encore. such a farging good little soldier. do what you want, Shireen. for once in your life. Le souffle est brûlant contre la joue de l'autre tandis qu'il gronde ses mots. Mavee y dépose un baiser et un autre, près de sa tempe et une autre, dans sa crinière, avant de l'embrasser encore, plus fort. B1 stop looking. MES EXCUSES OFFICIER VEE Un bruit sec, dans la maison. Quelque chose qui se casse au sol. Le droide s'est tourné trop brusquement, peut-être. Vee expulse un semblant de rire par ses narines. Le front prend appui sur celui du soldat impérial. t'demande pas pourquoi t'as jamais embrassé si t'as c'truc toujours prêt à mater. qu'il commente, le regard allant vers le droide posé à la fenêtre, ses pouces caressant la peau de ses poignets, s'attardant sur l'os prédominant. arrête d'te casser la tête avec des questions d'merde. j'voulais juste savoir si j'avais dérangé ta religion ou j'sais pas. respire. t'as personne a impressionner. j'sais déjà t'es pas l'plus brillant, t'avais aucun mot d'passe pour ces infos à la con, reen. Les doigts restent contre sa peau quelques caresses supplémentaires avant de s'en défaire. ouais. arrête d'essayer d'impressioner. ça va juste m'donner l'goût foutre le camp. j'suis même pas entier. j'foutrais quoi avec un p'tit soldat impérial parfait ? Il y a deux ans, Vee avait cette même réflexion dans la tête. Une réfléxion qui le faisait ignorer, souvent, les regards offerts par Shireen et les espoirs qui pouvaient se trouver dans ses yeux. Et puis il avait cédé, quand même, juste pour. Quelque chose. Un sentiment, peut-être.
Il ne lui demande pas son poste encore. Vee ne sait pas si Shireen est important ou non, dans l'empire. Il n'en a rien à faire, dans un sens. L'empire compte si peu à ses yeux. Elle est floue, loin de ses souvenirs. Ce dont il se souvient est fragmentée, un peu comme si on avait jouer dans sa tête.

Quand il y pense, il y a tout un tas choses qu'il a voulu faire dans sa vie. Le plus lointain souvenir, c'est d'avoir dit à sa mère qu'il voulait construire un nouveau type de vaisseau, capable de voyager en instantané, le plus rapide de l'univers. Il passait beaucoup trop de temps à regarder des retransmissions de courses de pods, autant à s'effrayer des dangers et se convaincre que son idée n'était peut-être pas la bonne. L'enfin qu'il était vouloir créer quelque chose de ses propres mains, être un inventeur, une lumière, apporter à cette galaxie ce qu'il lui manquait. Les idées ne manquaient pas, mais il n'avait clairement pas les ressources nécessaires pour mettre à terme ses projets. Bien assez tôt, on l'a bercé aux histoires de siths et de jedis, plus de siths que de jedis. La question de choix ne se posant pas. Il serait comme son père, comme son grand-frère, comme tout le monde dans sa famille. Ce n'était pas ce qu'il voulait, il appréciait suffisament l'idée pour se dire qu'il était sienne maintenant. Le jour venu, il a rebroussé chemin, quand il a réalisé que non. Ce n'était pas ça encore. C'est le problème de Reen, il renonce au dernier moment et laisse tomber tout le monde après leur avoir fait croire qu'il était sur la bonne route. Il continue de faire croire que l'Empire est toute sa vie, alors que c'est le noeud central, celui qu'il rêve de défaire. Aujourd'hui si il y a une chose dont il a plus envie encore que Vee, c'est de quitter cet endroit glauque. Qu'on lui fiche la paix. Il y a toujours au plus profond de lui l'envie d'ouvrir un restaurant et de partager sa passion, ou jouer les chasseurs de primes et choisir les contrats qui lui plaisent. Au moins, ne pas avoir de supérieur pour penser à sa place.
Reen ne sait pas penser pour lui même. Il va falloir que Vee lui répète de nombreuses fois ces quelques mots qui manquent de débloquer la situation. Il apprend vite si on sait être patient avec lui, et même si il faut se brusquer. Il a l'habitude. I don't know what I want to do. Il n'a jamais eu à prendre de grandes décisions pour lui même, ses parents ont tracé sa route quand il était petit, son nom avait décrit écrit l'histoire avant qu'il naisse. La seule exemple de Kirk qui se soit éloigné de la famille n'en fait plus partie. Mais qui est Reen sans sa famille ? Elle représente tout pour lui. On l'a éduqué pour ça. Pour ne pas savoir, alors il ne sait pas. Il embrasse Vee, mais au fond de lui il ne sait pas si c'est ce qu'il veut ou ce qu'il doit faire, si il suit encore des ordres - inconscients - ou si il écoute pleinement son coeur. Ce serait horrible de lui mentir de la sorte, de ne pas être complètement avec lui. Vee va se lasser. Parce que Reen est un bon petit soldat. Il est l'incarnation parfaite, pas une égratignure sur son visage alors qu'il a combattu des ennemis bien plus puissants que lui. Un mensonge odieux, réparé par la chirurgie pour rester éternellement désirable, éternelle pur de la guerre. Celle là même qui a de toute façon, blessé son âme. « then go. because, this is what I am. a soldier. » Vee lui s'est échappé, par la force des choses. Il n'a plus à faire semblant. Il n'a pas besoin d'y retourner. Il est libre, il est mort, il a disparu de leurs radars et il n'iront pas le chercher. Ils se fichent de savoir ce que ses os deviennent, s'il a été bouffé par les vers  ou si il continue de flotter dans l'espace dans un tombeau de métal. C'est une chance qu'il a su saisir, qui lui a coûté beaucoup aussi. « ... its commander now. it's commander kirk. » Il a l'impression de le trahir en lui avouant la vérité. Il n'est plus seulement un bon petit soldat. Il est un bon petit commandant qui dirige de bons petits soldats. « also I don't care about your leg. you're perfect for me. I love you vee. with you I want... » Il essaye de chasser l'air triste dans son regard, de ne pas lui donner l'impression qu'il est préoccupé. Il pense trop, tout le temps. Encore plus maintenant qu'il est de retour. Il veut partir loin d'ici. Avec Vee. Shireen le prend dans ses bras et le serre fort contre lui. « I want to quit... but he will never allow it. »

Vee est une coquille vide. Vee est un coquillage tombé sur la roche, abandonné, fracassé. Il y a des marques, par ci et par là, l'eau salée qui entre et le sable aussi, qui le comble. Il est entier mais il est vide, aussi. Il ne sait jamais, parfaitement, si c'est le passé qui fait écho en lui ou si ce sont des rêves, simplement, qui hurlent plus fort que toutes ces choses qu'il a oublié. Naboo fait résonner des échos, dans sa tête. Il y a le pas qui s'arrête dans la rue et le regard qui suit un visage, une silhouette, les sourcils froncés. Rien ne lui vient, pourtant. C'est une pièce qui manque, un morceau qui n'est pas là, et le vide qui réclame et qui constate. Vee sait mais ne sait pas ; il a conscience des absences, des ombres de lumières qui se créent sur les choses qui ne sont plus là, les visages comme les mots. De Shireen ne lui vient que des élans venant de ses sourires et des chasseurs qui enflent son ventre. Il l'observe et aucune image ne se dessine, rien ne lui vient, aucun mot. Pourtant, la tête et le coeur sentent le manque et chaque seconde éveille une question qui ne sait pas prendre forme, qui ne trouve pas réponse.
Mavee n'aime pas le sentiment. Mavee n'existe pas, plus. Mavee est là, entre ses bras, à s'accrocher à lui et à cracher des mots d'une voix basse. Il serait aisé de quitter les lieux, de dire à Gabyn que la mission a été faite et qu'il ne désire plus s'occuper de ce client. Les autres le laisseraient faire. Ils ont cette protection, envers lui. Les souvenirs de Tatooine sont encore vrais. Le corps de Vee porte encore les plaies qui ont eu du mal à guérir. Il ne désirait pas panser ses propres plaies. Il voulait laisser des cicatrices.
Des rappels contre sa peau qu'il oublie, pourtant, tandis que l'iris est accroché à celle de Shireen. Il ne sait pas ; il ne sait rien. De l'Empire, sa mémoire n'en porte que les traces sur la peau et ce dont la capsule a pu lui dire, quand ils ont cherchés des informations. Vee est persuadé qu'Acil sait plus de choses qu'elle n'ose le dire. Elle reste silencieuses, l'iris posé sur lui, mais elle sait. La femme est un requin, assoifée d'informations. Elle pourrait certainement lui dicter son passé avec plus d'aisance que lui l'aurait fait, avec son accident. then go. because, this is what I am. a soldier. Et elle aurait déjà une lame contre le cou de Shireen pour le simple fait qu'il le reconnaisse. not for me. for me you're just this smile. qu'il murmure, laisse entendre, au travers de ses dents serrées. Il y pose le bout de ses doigts, un petit instant. Juste un toucher qui s'efface déjà. Les épaules sont douloureuses, tendues. Vee est en guerre contre le passé et contre son corps, contre sa tête et son coeur aussi, à l'instant. Il ne sait rien et trop de choses veulent se faire entendre. ... its commander now. it's commander kirk. Un son quitte ses narines, un souffle. Un rire, peut-être. Une surprise, aussi. sound stupid. like a name in a shitty sitcom. qu'il commente, sans s'éloigner. Il ne le touche plus. Il y a un monde entre eux. Un pas seulement, mais un univers tout entier, aussi, qu'il a oublié. also I don't care about your leg. you're perfect for me. I love you vee. with you I want... Au moins, l'un d'eux sait. Vee l'observe, le dévisage. Il voit ses traits, la tristesse dans ses iris, si sombres. Il y voit des multitudes. Un vide trop plein qui lui donne le vertige, encore plus que ces choses se trouvant dans sa tête. Il avale, lentement, les machoire toujours serrées. Il pourrait lui demander quoi. Vee ne demande qu'à savoir. Mais il sait, aussi, que Shireen le lui dira.
Mais d'abord, il le prend dans ses bras et le serre contre lui, fort. La sensation est étouffée. Elle lui envoie des échos de mauvais rêves, de ces instants passés dans la capsule de secours, prisonnier. Peut-être le sont-ils, prisonniers. Chaque prison est différente. I want to quit... but he will never allow it. Celle de Shireen possède un nom, certainement. Vee garde son visage contre son cou, un instant. Les yeux ouverts, il ne voit rien, ne sent que ses boucles contre son visage. Il inspire et expire, garde son calme et tente, du moins. so what ? t'as besoin d'son autorisation ? La voix est faible, contre sa peau. Vee inspire une dernière fois et sort de là, l'observe une seconde de travers avant de poser son menton contre le sommet de sa tête et de le serrer à son tour, fort. what a stupid commander you are. Le regard fixe sur les armoires, il ne les voit pas. Sa tête bourdonne, un peu. Un mal de tête qui se présente. ta maison est pas mal. ma chambre à l'appartement ressemble à rien. mais si y'a un truc, le lit est ok. Les paroles glissent de ses lèvres en même temps que celles-ci glissent pour se poser sur son front. Il y pose un baiser, puis deux, avant de défaire l'étreinte d'un geste solide, mais doux. ta viande va cramer. ça m'dérange pas trop mais bon. Il hausse des épaules, lui offre un regard long, qui étouffe de mots qu'il ne prononce pas. Vee hausse des épaules, encore, et retourne à ses patates. Il en coupe une entière avant de dire. pour autant que c'pas toi qui crame. Il lui dit de faire attention. À sa manière, dans tous les cas, il lui montre son inquiétude avec maladresse.

Vee a oublié ce qu’il était avant. Pour Vee, il ne peut que être ce Shireen. Celui qui aime faire la cuisine et qui imagine des milliards de saveurs entre elles, qu’il peut goûter sur sa langue juste en y pensant. Celui qui rêve de se perdre dans les étoiles. Il sourit de plus belle, ce sourire que l’autre aime tant. Qu’il n’a pas censurer derrière un casque ou parce qu’il n’est pas approprié d’être enjoué quand on travaille avec un seigneur sith. Il fait l’effort d’être heureux pour lui, pour eux, même si il y a ce poids dans la poitrine. Il sait, lui, que les choses ne seront pas aussi simple, il lui faudra beaucoup de courage, de volonté, de la chance sans doute, si il veut s’échapper. Il doit disparaître lui aussi, mais il ne veut pas le faire sans leur laisser un cadeau empoisonné, sans une vengeance. Ils ne peuvent pas attendre de lui qu’il reste courbé, qu’il ne se rebiffe pas au moins un peu, c’est comme ça qu’ils l’ont enseigné. A être mauvais. Et Reen peut l’être, il peut montrer le visage du monstre quand il est blessé, quand il sait ce qu’il veut et que rien ne l’arrête. Il a ce pouvoir au fond de lui. Il ferait tout pour protéger Vee et ce qu’ils ont, pour ne pas laisser une fois de plus le bonheur lui filer entre les doigts. Il ne savait pas à l’époque ce que c’était, maintenant il en a pleinement conscience. Il sent qu’il peut apprécier la douceur d’un quotidien comme celui-ci, se contenter d’une vie simple. Peut-être qu’il pourrait retourner sur Hoth et se réchauffer toute la nuit contre le corps de Vee. Il plaisante en passant une main dans ses cheveux, trop courts à son goût, mais toujours aussi doux au toucher et coloré à ses yeux. Ils sont embrasés comme les soleils de Tatooine, mais Vee est plus beau que Tatooine. « tu m’as proposé d’aller dans ta chambre, oui. Je dois récupérer ta brosse. Elle me sera plus utile à moi qu’à toi » C’est sa manière de s’inviter chez lui, lui faire comprendre qu’il attend un retour. Reen l’a laissé investir sa maison, il veut pouvoir faire de même. Voir dans quoi il vit depuis qu’il est parti.
Reen décide de ne pas parler plus longtemps de l’Empire et de pensées qu’il a à son égard. Ils auront le temps de s’en inquiéter, ils viennent de se retrouver, Vee se tient là où il aurait du se tenir des années plus tôt, si il était venu à ce fameux date. Si il n’avait pas du mourir entre temps, pour une raison probablement stupide. Ses inquiétudes attendront qu’ils aient le ventre le plein. « avant que tu partes, tu devais venir ici pour que je te fasse goûter. » Il sort deux assiettes pour commencer à dresser le burger. « and you know… I won’t burn. if I burn, they will burn with me. » Il y a un sérieux dans sa voix, quelque chose de lourd et de menaçant. Tandis qu’il plante avec délicatesse la lame du couteau dans son pain pour le couper en deux, proprement, sans le déchirer afin qu’il reste présentable. Il empile des légumes frais tranchés et enfin, les steaks. Reen pose les assiettes sur la table et s’assoit à coté de la place réservé à Vee, plutôt qu’en face. « bon appétit.  » Il ne touche pas à son plat avant que Vee goûte. Attentif à ses réactions, trop fiers de pouvoir enfin lui présenter ses talents. Ceux avec lesquels il l’a tant embêté. Le médic lui a dit de se lancer un jour, de ne plus le faire chier et proposer sa candidature à la cantina. Il a hésité.

Le couteau entre les doigts, Vee coupe. Il coupe les patates. tu m’as proposé d’aller dans ta chambre, oui. Je dois récupérer ta brosse. Elle me sera plus utile à moi qu’à toi Et manque de se couper un doigt. Et de s'étouffer, par dessus ça. Le début de la conversation est loin, ailleurs, dans son esprit. Oublié, presque, comme des milliers de souvenirs qui ne sont plus les siens. Il se souvient, pourtant, du sous-entendu de ses propres mots lorsqu'il a prononcé de paroles paroles. L'iris lorgne vers Shireen et s'y pose, y reste un instant. L'idiot possède une innocence sur ses traits, dans ses yeux. Les lèvres se pincent et il secoue la tête, retourne à ses patates et les coupe, toutes, enfin. Il y a des mots, sur le bout de sa langue. Des mots qu'il ne prononce pas ; il les garde dans le fond de sa gorge, bien qu'ils résonnent fort. Le temps a passé rapidement. La tête tourne, un peu, peut-être. Vee ne sait pas comment il se sentira en quitant la demeure. Peut-être devra-t-il se glisser dans son lit et s'enrouler dans ses draps pendant de longues heures, sans dormir, avant de pouvoir être traversé par une pensée cohérente. Peut-être devra-t-il s'enfermer dans le placard de Jun-0 pour calmer ses nerfs, sa tête, ses souvenirs. Il ne sait pas. Il tâche de ne pas penser à ces choses là. De penser à toutes ces choses qui sont liées à lui, terriblement, et qui l'affecte continuellement. Il ne sait pas gérer son coeur. Il ne sait pas gérer sa tête. Il se demande s'il en a été capable, un jour, avant que son crane soit fracassé contre le métal et qu'il soit ensanglanté complètement, de passé s'écoulant de lui aussi rapidement que le carmin.
Les pensées tournoient, là, dans sa tête. Les patates sont au four, la cervelle est trop pleine. Vee garde les machoires serrées, le souffle court, le regard qui parcourt la maison. Il fait quelques pas, légers, pour découvrir et tourne l'iris vers Reen, parfois, et d'autres B1, comme si le droide allait lui fournir les réponses qui lui faut, les informations qui lui manquent. Les choses seraient plus simples s'il possède un disque dur plutôt qu'une tête. Au moins, il saurait retrouver sa mémoire. Et puis, il pense à Jun-0 qui se souvient de son passé, souvent, et qui s'enferme dans son placard. Ils se ressemblent un peu. Vee ne saurait dire quand est survenue la dernière fois où il est resté dans son lit après un rêve du passé mais il sait que la chose surviendra encore. Il est comme Jun-0, un peu, avec son placard à la con. avant que tu partes, tu devais venir ici pour que je te fasse goûter. Le regard se défait des livres sur la bibliothèque pour se poser sur le commandant, dans la cuisine. Vee l'observe monter les assiettes sans un mot, ne le rejoint pas encore. Il se contente de l'observer. De graver l'image dans son esprit pour ne pas l'oublier une nouvelle fois, peut-être. and you know… I won’t burn. if I burn, they will burn with me. Les sourcils se froncent, lentement. Le regard se fait plus sérieux, sur l'autre. Mavee expire par les narines, lentement et s'approche en passant une main dans sa crinière folle. idiot. qu'il gronde en s'approchant. Il ne dit rien de plus. Qu'y a-t-il à dire ? Qu'il sera à ses côtés ? Qu'il brulera le monde avec lui, s'il le faut ? Les paroles hurlent dans son esprit, dans son coeur, mais Vee ne trouve pas la force de les prononcer. Il ne sait pas encore ; il doute de lui-même, continuellement, à cause de cette cicatrice qui longe le fond de sa tête et qui lui enlève des parts de lui encore aujourd'hui.
Il s'arrête aux côtés de la table. Shireen y pose les assiettes. L'odeur est bonne, dans l'air. Plus venant du burger que des frites. Il n'est pas certain que ses frites goutent quoique ce soit de formidable. Il n'a jamais été un grand cuisinier. bon appétit. Les lèvres pincées, il porte un regard sur sa crinière folle et inspire avant de tirer la chaise et s'asseoir face à son assiette. thank. you too i guess. qu'il fait, petite pause maladroite assis là, juste devant son plat, avant de s'emparer du burger et d'en prendre une bouchée. Elle est trop grande, forcément, et il lui faut de longues secondes à mastiquer avant de pouvoir avaler quoique ce soit. Il sent l'une des garnitures lui couler sur le rebord de la bouche et l'essuie du revers de la main, renifle en même temps car, forcément, la chaleur du plat fait fondre toute la saleté accumulée dans ses narines. s'good. qu'il dit la bouche encore pleine, un peu, hochant de la tête. Shireen ne le quitte pas des yeux. Vee fronce des sourcils, un peu. Il essuie son visage, encore, comme si quelque chose s'y trouvait. Il ne sait pas. Le regard de Shireen est trop lourd, prononcé. what ? qu'il gronde avant d'avaler entièrement, enfin, et de renifler une nouvelle fois. s'hot. qu'il commente aussi. Il renifle encore et prend une autre bouchée, plus petite cette fois. Le ventre est toujours aussi creux. La nourriture enfin prise, il en sent la faim qui résonne encore plus fort, folle, désireuse d'être comblée. Il ne ressent pas de gênes, Vee, face à la vitesse à laquelle il finit le burger offert. Il cache moindrement sa déception face à ses propres frites un peu ternes, à côté du burger, pour au final laisser son dos se poser contre le dossier de la chaise. Il soupire, juste, un instant. j'sais pas. Il lève les yeux vers lui, une frite entre les doigts, toujours au fond de son assiette. j'sais pas c'qu'on fout là. tu comprends plus que moi, reen ? Il regarde, sérieux, perdu, un peu. L'iris parcourt son regard, cherche une réponse. i - qu'il commente, une multitude de confrontation entre les lèvres, mais elles étouffent. fuck. who are you ? who am i ? qu'il fait, brusquement, dans une voix faible qui finit dans un rire, bas. Il se défait de la frite, l'abandonne, et secoue la tête. Il inspire, le médic, et se lève, quitte la chaise. Les pas le mènent vers la porte, la sortie. Les pas s'arrêtent. Le noeud dans sa gorge ne cesse pas, reste là, grandit encore. La tête se penche vers l'avant et Vee porte ses mains à son visage, à ses cheveux, inspire et soupire. who the fuck - qu'il commente, et la voix est basse, fragile, comme lui. Les épaules sont basses, recourbées vers l'avant. who am i ? qu'il fait, presque implorant, se détournant de la porte, de la sortie, la fuite, pour porter son regard vers le membre de l'Empire. Il ne le fixe pas, pourtant. La mine reste basse. j'comprends rien. j'comprends rien. Il répête une, puis deux fois. Il secoue sa tête, encore, et brusque, cogne l'une de ses paumes contre son crane, comme pour libérer l'information, la découvrir. i don't understand. nothing. but i - fuck. i feel - i need Il s'arrête, Vee. S'arrête et inspire, expire. Glisse ses doigts dans ses cheveux et prend un souffle, plus deux. Il ne sait rien. Il y a un moment, déjà, qu'il a perdu bien des informations. Encore aujourd'hui, il peine à expliquer ce qu'il fait, en tant que médic. Ses doigts et son corps s'en souviennent, juste. it was a fucking good burger, man. qu'il finit par dire, si loin des larmes, dans ses yeux, sur ses joues. Il renifle, encore. Ce ne sont pas les allergies, cette fois. Juste un trop plein de tout, en dedans. Ses épaules lui font mal tant elles sont tendues, qu'importe le nombre de fois ou il expire et inspire. can i have a stupid hug right now ? Il ne bouge pas, là, entre la cuisine et la sortie. Les yeux sont rouges et bleus. La peau est blanche et rouge. Et de son coin de l'appartement, de la fenêtre, B1 est le premier à s'approcher. no - not you. qu'il fait, brusque, à pointer le droide, le rouge s'accentuant cruellement sur sa gueule.

Il pourrait le regarder pendant ses heures sans s'en lasser, à juste redessiner du regard encore et encore les traits inquiets de son visage. Il se demande ce qu'il pense à cet instant, ce qu'il ressent, ce qui lui passe la tête, si il se pose autant questions que Reen s'en pose. Ca, il n'en doute pas. Il devrait pouvoir lui apporter des réponses. Le soulager un minimum. Il sent dans la force que quelque chose n'est pas à sa place, la mémoire fragmentée de Vee qui l'empêche d'être complètement là avec lui. Il le voit dans ses yeux, se perdre dans ses pensées. Il y a un malaise sur lequel il n'est pas capable de mettre un nom. Shireen sait que rattraper le temps perdu, quand bien même il ne s'agit que de deux années, ne sera pas de tout repos. Il s'est passé beaucoup de choses dans la tête de Mavee, depuis, il s'en est effacée de nombreuses qu'il n'est pas capable de réécrire. Avec la perte de sa mémoire, le passé est une toile blanche, il doit l'aider à redessiner et le soldat ne sait même pas par où commencer. Reen hésite sur ce qu'il doit réveler et ce qu'il doit garder secret, ce qui sera bénéfique pour l'ancien médic et ce qui ne fera que le plonger dans le trouble. Son but n'est pas de lui mentir, de lui cacher la vérité. Le soldat admet qu'il veut le protéger, de lui même, de ce qu'il a pu subir, avant d'être exécuté. De quelqu'un de Vee n'a peut-être plus envie d'être. Le calme se trouble, Vee s'agite. Vee doute. Vee retourne dans son tourment. Il est là, impuissant, hésitant sur la marche à suivre.

C'est beaucoup d'émotions pour une seule personne, même pour Shireen qui a l'habitude qu'elles se mettent en travers de sa route. Il n'y a pas de réponse évidente à ses questions. Il est beaucoup de chose, il est surtout lui même. Il se lève et se rapproche de lui. B1 a du comprendre ce qu'il a dit, car il quitte la pièce pour aller faire quelque chose -Reen ne sait quoi- dans la chambre ou la salle de bain. Du ménage, c'est ce que droïde fait quand la fenêtre l'a laissé. Quand il a comprit que son maître désire de l'intimité. Il s'approche à pas de loup. « I'm your friend Vee. and you, you are the best medic I know. » Bien plus encore, il voudrait. Pour le moment, il lui propose de tenir ce rôle. D'être son ami, avant d'être quoi que ce soit. D'être présent, de pouvoir soulager ses épaules fatiguées. Il se met sur la pointe des pieds pour pouvoir attraper l'arrière de sa nuque et cogner son front contre le sien. Un ami qui s'inquiète pour lui, qui veut son bonheur. « you just came back. you need time... here...come on... » Il le prend dans ses bras, comme plus tôt, avec un peu plus de poigne. La position n'est pas agréable pour son dos -il est trop petit. Il le serre fort contre lui, comme si il n'y avait plus qu'eux autour, au monde. Il n'y a que lui qui compte. Shireen fait le serment de le protéger si des êtres mal-intentionnés essayent encore de s'en prendre à lui. « you need to rest, you look so tired... do you even sleep at night ? wanna take a nap with me ? I can hold you if you want, will never let you go, will make the nightmares go away... maker... did not know a burger would have this effect on you. » Il rit doucement.


Reen se demande comment il est possible de ressentir autant de choses quand quelqu'un sourit, parce qu'un sourire c'est l'acte le plus simple à réaliser au quotidien. Le sourire de Vee est son monde. Il ferait tout pour le revoir à nouveau. Il en est tombé amoureux quand il s'est éprit du médic. C'est une chose simple et évidente. Pour lui du moins. Pour l'autre, le chemin est semé d’embûche. Son coeur se brise à le voir ainsi, incertain, perdu dans cette vie qui est la sienne. C'est ce que l'empire fait à ceux qui ne sont pas de son avis. Il leur en veut. Depuis longtemps, il sait qu'il a besoin d'une impulsion, qu'on l'assure qu'il est en train de faire le bon choix, qu'il n'est pas en train de ruiner quelque chose. Que se retourner contre tout ce qui fait de lui un Kirk n'est pas une immense connerie. Reen sait ce qu'il possède, il sait tout ce qu'il a un perdre. Il ne sait pas ce qu'il a à gagner si il devait quitter l'empire et suivre Vee où il irait, pour ses beaux yeux, parce qu'il est amoureux. Il ne sait pas si c'est une raison suffisante pour aller de l'avant et faire ce qu'il a toujours eu envie de faire. Le sacrifice est un immense, la récompense à la clé moindre. Il sera pourchassé jusqu'au restant de ses jours, pour avoir voulu dresser quelques burgers sur une station lointaine de la bordure extérieure. Il se dit sans cesse qu'il a besoin d'une raison, que son choix doit être étudié. Il réfléchit comme le commandant qu'il est, ne veut rien prendre à la légère.
La raison est là, entre ses doigts. La raison c'est Vee et elle est suffisante. Il veut l'éloigner ça, définitivement, le protéger. Veiller sur lui.

« I love you Vee. I wish I told you sooner. That I was falling in love. »

Il y a cette agitation, en lui. Une tempête qui ne peut être arrêtée, de grandes et vives vagues qui ne cessent de le percuter. Le souffle est saccadé ; malgré les inspirations et les expirations, il est difficile de se défaire de cette tension, cette pression, et de s'en libérer entièrement. Vee a cette impression d'avoir la tête sous l'eau. Quand arrête-t-elle donc, cette impression ? Elle est si vive, si présente, presque constamment. Il étouffe. Il étouffe et pourtant, il ne nage pas, il ne cherche pas la surface. Le bruit est trop vif, là-bas. Tout est trop clair, trop brusque ; peut-être que ses souvenirs sont là. La lucidité est une chose qu'il appréhende et qu'il connait par moment, qu'il croit posséder entre ses mains avant de la sentir s'enfuir, lui échapper. Les yeux sont inondés non pas seulement par les allergies mais par la peur, la panique, les questions qu'il ne pose pas et les réponses qui l'agressent sans savoir pourquoi. Des vérités qui s'offrent à lui, vives et étouffantes, sans qu'il ne demande quoique ce soit. Shireen est une, de vérité. Du moins, il le croit. Son amour aussi, certainement. Une vérité brusque et étouffante, lourde et apaisante. Elle prend une place, trop de places ; envahit les noirceurs qu'il ne parcourt pas, comble les doutes qu'il caresse à chaque jour depuis sa chute sur tatooine il y a un long moment. Les heures sont moindres pourtant ; peu de temps, trop de sentiments. Peu de temps, trop de choses qui le bouleversent, qui se bousculent, en dedans. Vee a les pieds fermes sur le sol, constamment. Il sait marcher de nouveau depuis de nombreux mois mais la confiance en sa jambe reste maigre, encore. Il tangue à chaque avancée et le commandant le percute brusquement avec tout ce qu'il est, sauf les souvenirs, comme s'il s'agissait d'un champ de bataille galactique.
Vee a hurlé si souvent dans les dernières années ; la voix manque, à l'instant. Les mots se coupent et se brusquent les uns contre les autres. La voix reste basse, presque étouffée, et il implore. Il demande et il n'aime pas ça, il demande et il ferme les yeux, fort, pour ne pas voir la pitié chez Shireen. Il n'en veut pas de la pitié des gens. De leur larmes. Jun-0 a tellement pleurer pour lui que Tatooine n'a pas eu besoin de lui, pendant qu'ils se trouvaient là-bas.
Shireen est inconnu. Un tout inconnu, à l'intérieur de lui, qui l'ancre au sol et l'empêche de fuir. Qui garde sa voix basse malgré les cris qui résonnent dans son coeur, les rejets qu'il pourrait gronder fort, comme le tonnerre. Shireen est là et il ne le connait pas. Il ne se souvient pas d'eux, de ça. Il ne s'en souvient pas, outre l'écho d'un sourire, outre la vue de ses boucles, un peu. Tout est noir et Vee déteste sa tête, déteste la marque qui la longe, celle qui a pris ses souvenirs. I'm your friend Vee. and you, you are the best medic I know. Les lèvres tremblent et s'ouvrent, laissent un rire soufflé se faire entendre. Un front s'ancre au sien et le souffle reste agité, brusque. Mais Vee colle son front au sien, aussi, comme si le simple contact pouvait lui ramener ce qu'il a oublié et qu'il a besoin de se rappeler. you just came back. you need time... here...come on... Une chaleur l'englobe, l'étouffe. Différente de la tempête, différente de la mer folle. De ces cauchemars qui l'ont percuté si fort, souvent. Vee inspire par les narines, souffle un peu, dans les tremblements. Il a envie de lui dire ; il n'est pas revenu. Il ne reviendra pas. Il y a des bouts qui ne sont plus là. Il y en a d'autres qui guettent dans l'ombre et qu'il ne peut atteindre, jamais. Il y a tant de choses à dire, tant de paroles lourdes et pénibles à prononcer. Vee les étouffe dans sa gorge, reste contre lui et boit ses paroles et son souffle, aussi, pour calmer le sien. you need to rest, you look so tired... do you even sleep at night ? wanna take a nap  with me ?  I can hold you if you want, will never let you go, will make the nightmares go away... maker... did not know a burger would have this effect on you. Des paroles, des promesses et un rire. Vee n'en entend que des brides, perdu dans le flou de ses pensées, perdu dans ces choses oubliées desquelles il ne peut jamais se rappeler. Le monde est difficile, compliqué. Tatooine était calme et peut-être qu'il aurait du y rester, ne pas leur dire qu'il était enfin prêt à s'en aller. Mais Vee n'aimait pas l'idée d'être un poids et il est là, maintenant, un poids dans les bras de Shireen. it was a good burger qu'il fait, toujours contre lui, toujours à sentir sa chair, son souffle, ses cheveux, son corps, son rire. Il s'accroche à lui pour ne pas dériver. Pourtant, Shireen le fait dériver vers quelque chose, lui aussi. les frites étaient à chier. sorry. Il renifle, contre lui. Le front qui quitte la crinière folle pour s'appuyer sur le sien, de nouveau. Vee inspire, le souffle un peu plus calme. Les doigts tremblent toujours, autour de sa taille. I love you Vee. I wish I told you sooner. That I was falling in love. Le souffle se coupe et il gronde, inspire et soupire, le front allant contre son épaule. farg. stop it. qu'il se plaint, épuisé et las, énervé, en colère, mais calme. Trop de choses à la fois. i don't even know if - qu'il commence, qu'il avoue, parce qu'il remet tout en questions, toujours, surtout ces subtilités qu'il ignore. Surtout lui-même. Il ne se connait plus. Il ne reste que des pièces brisées de l'homme qu'il a été. fine. good for you. you love a broken thing. qu'il gronde, le visage contre le tissu de son vêtement, à s'y frotter, pour y effacer les larmes qui ont coulés. Il y a un moment, un instant. Un silence léger et lourd, plein de choses qu'il ne connait pas lui-même. Puis, Vee se défait de son emprise, effleure son regard et baisse le sien, vite, à dire. me too qu'il avoue, offre, à lui-même comme à l'homme devant lui. Il y a cette maladresse dans les mots, la même qui se trouve dans ses sentiments, car il ne connait pas ce que c'est, exactement. Il n'aime pas y être confronté. Pourtant, il décide de s'y accrocher. let farging sleep now. Il reste là un moment, avant de faire une expression exagérée, pressée, si impatient, car Shireen ne bouge pas. Il ne sait pas ou se trouve la chambre. maker reen. i need a bed to sleep . come on qu'il presse, tirant sur sa main, caressant pourtant, de son pouce, le revers.
Les cauchemars ne fuient pas, lorsque Shireen le tient dans ses bras. Mais l'autre est là, quand les yeux s'ouvrent dans le noir.